11. Une distraction

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J'interromps si brusquement ma marche que Semkei pivote vers moi avec inquiétude, demandant :

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Je souffle dans un filet de voix :

- Rien...

Il faut absolument que je prévienne l'empereur ! Heureusement, à part Semkei et moi, il n'y a personne dans les parages. Les autres couples sont trop loin pour retenir l'attention du fantôme. Ce n'est pas parce que la plupart des gens ici sont incapables de le voir que ce spectre ne peut pas s'en prendre à eux. Chacun, avec ses propres émotions, humeur, et surtout, avec son énergie, peut être susceptible d'attirer un fantôme...

Dans un premier temps, je dois éloigner Semkei d'ici, non seulement pour le protéger mais aussi pour que je puisse m'isoler et contacter Kianshei. Plaquant un sourire sur mes lèvres, j'annonce :

- Je crois que... en fait, je ferais bien une pause.

- Tu veux qu'on s'arrête ici ? dit-il, hésitant, balayant les alentours d'un air sceptique. Tu veux qu'on s'assoit dans l'herbe ?

- Non, je veux dire... je resterais bien seule. On refera des jeux ou une balade après, mais là... j'aimerais faire une pause, toute seule.

Par les esprits ! Je viens de le gifler avec mes mots ! C'est à peine si je le reconnais tant il a perdu sa contenance habituelle ! Déboussolé, vulnérable, c'est un adulte redevenu adolescent qui m'observe, la bouche entrouverte. Ça ne dure qu'un instant. Puis, il redresse les épaules, ses yeux s'attristent et son visage se ferme. Comme une évidence, il lâche avec amertume :

- J'ai dit un truc qu'il fallait pas.

Ce n'est pas une question, c'est un constat qui sonne comme si ce n'était pas la première fois.

- Non ! Non, pas du tout ! Ça n'a rien à voir avec toi ! Je passe une très bonne journée ! C'est juste que... je n'ai pas souvent l'occasion d'être seule et... j'aimerais l'être un peu maintenant. Tu ne me déranges pas ! Mais... ça me fait du bien d'être seule, de temps en temps.

Il n'a pas l'air de comprendre, et je ne lui jetterai pas la pierre, mais au moins il semble me croire.

- D'accord.

Histoire de me rattraper, je lance d'un ton encourageant :

- Je te retrouve tout à l'heure ? Sur la place ? J'apprécie d'être avec toi, pour de vrai !

Il sourit à demi.

- Tant mieux, fait-il soulagé. À tout à l'heure alors.

- À tout à l'heure !

Toujours un peu indécis, il repart dans l'autre sens, en direction du cœur de la fête. Je suis ennuyée de l'avoir blessé avec ce stratagème grossier, mais je n'ai pas le choix ! Immédiatement ensuite, j'inspecte les alentours. Aucun des couples, à plusieurs pas de moi, ne me prête attention. Ce sont tous des adultes, bien occupés à se faire la cour. J'aperçois mon professeur de lecture qui badine comme les autres, avec une noble différente de ce matin.

Sur le ponton, le spectre n'a pas bougé mais, hélas, il continue de surveiller le moindre de mes mouvements. Pas de temps à perdre ! Je me dirige aussitôt vers un grand saule qui pourra m'abriter des regards indiscrets. Au pied de son tronc, je m'assois pour sortir la boîte à éther.

Même si à première vue je suis tranquille, il s'agit de rester prudente. Heureusement, mes jupes, comme les longues et larges manches de ma tenue, me permettent de très bien dissimuler le bijou.

Je ramène donc mes genoux vers moi et, au milieu du fouillis que forment les couches de soie, j'ouvre précautionneusement le petit livre. Après l'avoir calé au creux de ma paume, j'insère le plus vite possible la clé. Dès que c'est fait, je rentre la main dans ma manche pour qu'on ne puisse plus du tout deviner le bijou.

Les genoux repliés, les bras posés devant moi dans mes jupes... normalement si quelqu'un s'approche, il ne devrait rien repérer de suspect ! Mes yeux font des allers-retours entre la lumière rose qui pulse sous ma manche de mousseline, et le spectre aux yeux rouges.

Le temps me semble long tandis que la lueur refuse de passer au bleu. Je m'en veux d'avoir contacté l'empereur l'autre soir. Si ça se trouve, il croit que je ne cherche qu'à discuter et que ça peut attendre... comment pourrait-il savoir que c'est parce que c'est important ? J'aurais dû conserver l'usage de la boîte uniquement pour les cas comme maintenant !

Et si l'empereur ne répond pas, qu'est-ce que je dois faire ? Comment à la fois le prévenir, et empêcher qu'un accident se produise ? Il est hors de question que ce spectre blesse quelqu'un alors que j'aurais pu empêcher ça...

 La lueur s'obstine à rester rose pendant que je tâche de me calmer afin d'ouvrir ma vision. Le fait que j'aie pu avoir accès brièvement à un souvenir d'Hiulsuya signifie au moins une chose : elle doit être en train de se réveiller, c'est une bonne nouvelle. Peut-être que si j'utilise mes dons, je pourrai la contacter elle, et l'envoyer prévenir l'empereur.

-Bar her oh ha...

De jour, et anxieuse comme je le suis, ça me demande plus d'efforts. Je ne peux m'empêcher de toujours guetter le spectre, la boîte à éther, les alentours... je ne suis pas assez détendue. Alors tant pis, je finis par fermer les yeux pendant de longues minutes, lâchant prise.

Ce n'est pas suffisant pour que les contours du passé se superposent au paysage actuel. Mais cette corde invisible qui nous relie la reine et moi devient, elle, de plus en plus nette. Et tout au bout, je commence enfin à ressentir une étincelle d'énergie.

J'appelle en moi-même "Hiulsuya...". Pas de réponse. Je recommence, fermant les yeux, réunissant tout ce que j'ai d'énergie "Hiulsuya...". Ça y est ! Je sais qu'elle est là ! Et que j'ai toute son attention. "Hiulsuya, écoute-moi, il faut que tu..."

- Votre prétendant a osé vous abandonner ? Quel goujat !

Cette voix douce me fait sursauter et rouvrir brutalement les yeux. Le lien est rompu, Hiulsuya est redevenue aussi lointaine qu'avant. Par réflexe, mes doigts se crispent sur la boîte à éther. Je me dépêche de plonger les deux mains entre mes genoux serrés, priant à présent pour que l'empereur ne réponde surtout pas maintenant !

Rhanxei m'observe avec une mine contrite. Je réalise alors que, isolée ainsi sous ce saule, recroquevillée sur moi-même, tête baissée et yeux fermés, je donnais sûrement l'air de me lamenter dans mon coin !

- Non, c'est... je... en fait...

Je saisis nerveusement la clé entre mon pouce et l'index. À l'abri sous les couches de soie, je la tourne puis la récupère. Soulagée, je resserre plus fort les poings pour cacher, dans une main la boîte à éther, dans l'autre la clé. Sans avoir réussi à trouver un meilleur mensonge, je bredouille :

- J'avais juste besoin d'être un peu seule.

Mon professeur me contemple avec une tendresse amusée avant de répondre :

- Vous êtes quelqu'un de fier, ce n'est pas la première fois que je le remarque. Mais il n'y a pas à avoir honte ! Que ce soit de n'avoir pas su retenir l'intérêt de ce garçon, comme d'avoir besoin d'une épaule sur laquelle pleurer. Je ne fais pas le meilleur des confidents, je l'admets ! Mais n'hésitez pas à chercher du réconfort auprès de vos amies, plutôt que de rester seule ici, à vous tourmenter...

Son air empli de sympathie me fait culpabiliser. Souriant aimablement, je rétorque avec gratitude :

- Merci. Je vais y penser.

Nous nous étudions l'un l'autre en silence, sans bouger. Pourquoi est-ce qu'il ne part pas ?! Mais sans doute se pose-t-il la même question... Pour l'encourager à partir, je déclare :

- Je pense que... je vais encore rester un peu seule ici.

- Je ferais un bien piètre professeur si je vous laissais là toute seule ! souffle-t-il en secouant la tête.

Je me retiens de pester lorsqu'il s'installe à mes côtés et s'appuie paresseusement contre le tronc d'arbre. C'est pas vrai ! Sur le ponton, le spectre reste immobile, et ne me regarde plus... tant mieux. Mais jusqu'à quand ?

- Ce n'est pas la peine ! Je suis bien toute seule, vraiment ! fais-je, désespérée.

- Suirei, je suis au regret de vous dire que vous mentez généralement plutôt mal...

Rougissant, je change donc de stratégie :

- Mais vous n'avez pas quelqu'un à retrouver ? Vous n'allez pas rester ici à perdre votre temps avec moi.

- Allons, allons, me préoccuper de mes élèves n'est pas du tout une perte de temps ! Peu importe les charmantes demoiselles de la cour ! Elles seront encore là demain, ne vous en faites pas.

C'est là que je commence à regretter d'avoir sympathisé avec lui durant nos cours. Si je m'étais montrée distante et désagréable, peut-être n'aurait-il pas tant tenu à me venir en aide.

- Vous avez envie de me parler de ce jeune homme ? Ou de ce qui s'est passé ? suggère-t-il gentiment.

Je fais non de la tête.

- Je vois, soupire-t-il en se méprenant sur les raisons de mon refus. Quel dommage que vos cousins ne puissent pas être avec vous aujourd'hui ! Ils feraient de meilleurs compagnons que moi, j'en suis certain.

À l'évocation de Xemtei, je n'ai pu m'empêcher de m'assombrir. J'espérais le voir aujourd'hui, comme lors de la dernière fête. Ma réaction arrache une moue compatissante à Rhanxei, qui souffle :

- Je suis sûr qu'ils sont aussi déçus que vous de ne pouvoir être là. Enfin, quoique... il paraît qu'ils ont un accès illimité à un buffet privé. Lequel regorge de mets exquis ! Quels veinards !

Son but est sans doute de me faire sourire. Je souris donc : s'il voit que je vais manifestement mieux, peut-être s'éloignera-t-il ?

- Vous n'avez pas faim, vous ? me demande-t-il alors. Nous pourrions aller vous chercher une douceur ?

Ah, non, en fait il cherchait à me consoler avec de la nourriture.

- Non merci, c'est gentil.

Du coin de l'œil, je surveille le spectre . Il semble ne s'intéresser à personne pour l'instant, il s'est tourné vers le lac. Ouf !

- D'un autre côté, vous avez la chance d'avoir vos proches à la cour ! Si vous ne les voyez pas aujourd'hui, vous savez que vous les verrez un autre jour... mais ça reste dommage qu'aucun d'eux ne puisse passer du temps avec vous aujourd'hui, soupire-t-il finalement.

- Oui, mais c'est comme ça.

- Oh, tout de même ! L'empereur a bien assez de personnel pour se passer de votre cousin ou de votre cousine. Surtout un jour comme aujourd'hui.

Haussant les épaules, je réponds :

- Peut-être qu'ils jouent tous ensemble ? S'ils s'amusent, je suis contente pour eux. Je crois que Rinsheng et mon cousin sont amis, ou en tout cas, qu'ils se connaissent bien.

Je jette distraitement un œil au ponton. Le spectre est toujours là, qui semble fixer l'eau. Il me paraît plus pâle. Il est possible qu'il n'ait pas assez d'énergie pour agir et rester présent encore longtemps.

- Rinsheng ? répète mon professeur, interloqué.

- Oui. La prêtresse. L'amante de l'empereur, dis-je en le voyant sceptique.

- Je sais bien de qui il s'agit ! Mais vous pouvez être certaine que ce n'est pas avec Rinsheng que l'empereur passe la journée !

- Ah ?

- Mais oui ! Aujourd'hui, il est avec tout le monde sauf Rinsheng, voyons !

Je croyais que l'idée était de faire croire à la cour que l'empereur était encore trop amoureux de Rinsheng pour penser sincèrement à quelqu'un d'autre. Mais peut-être qu'il profite de cette fête pour rassurer tout de même certains nobles en se rapprochant de leurs filles ? Après tout, l'idée est aussi de ne pas les décourager. Et moi qui culpabilisais de passer la journée avec Semkei !

- J'ai l'impression que cette nouvelle vous rend perplexe ? s'étonne Rhanxei, voyant mon expression contrariée.

- Non, c'est... enfin, c'est juste que je pensais que lui et la prêtresse étaient très épris.

- Bien sûr ! Mais la Fête de la Montagne n'est pas là pour l'amour ! Elle est là pour le mariage. C'est sa principale raison d'être dans la tête des nobles, et l'empereur le sait très bien. Il ne va certainement pas la gâcher en perdant son temps auprès d'une prêtresse qu'il n'épousera jamais, il a trop besoin de leur soutien !

 Je fais mine de m'étonner :

- Vous pensez qu'il n'épousera jamais Rinsheng ?

- C'est certain ! Elle n'a rien à apporter à l'empire, la pauvre, en dehors de son bien joli minois.

- Mais l'empereur peut très bien faire un mariage d'amour !

- Haha ! Vous pensez comme trop de nobles de la cour ! rit-il avant de lever les yeux au ciel. L'empereur ressemble peut-être à son père, et il prétend peut-être être aussi romantique que lui, mais c'est un leurre. En réalité, c'est un homme bien plus rationnel. Il bataille actuellement pour réparer les conséquences du choix désastreux de son père. Vous pensez qu'il va se risquer à commettre la même erreur que lui ? Je ne crois pas !

Boudeuse, je rétorque :

- Vous n'en savez rien.

Rapidement, je vérifie que le spectre est toujours là. C'est le cas, même s'il est de plus en plus blême.

- Vous verrez pourtant que j'ai raison, m'affirme Rhanxei. Je sais quelle éducation il a reçue, je connais ses anciens professeurs et je sais comment il fonctionne. Il ne fera pas un mariage d'amour, mais un mariage diplomatique. C'est un homme intelligent, et les empereurs intelligents ne cèdent pas à leurs sentiments. Il faut dire qu'ils ont rarement beaucoup d'humanité... l'empereur actuel est sans doute celui qui en a le moins d'ailleurs, ajoute-t-il d'un air énigmatique.

Je dois lui offrir une expression si effarée qu'il m'explique aussitôt :

- Ce n'est pas un défaut dans sa position ! Il vaut mieux une machine pour gouverner l'empire, qu'un être irrationnel, esclave de ses émotions ! Bien sûr, j'imagine qu'un juste milieu serait l'idéal, mais il ne faut pas trop rêver avec la lignée impériale.

- Vous avez beau déguiser vos reproches en compliments, j'ai l'impression que vous n'aimez pas beaucoup l'empereur...

- Et moi, j'ai l'impression que vous l'appréciez un peu trop ! rit-il.

Le rouge me montant aux joues, je m'affole :

- Pas du tout !

- Oh, je vous en voudrai pas si c'est le cas ! Vous ne seriez pas la seule ! s'amuse-t-il. Mais mieux vaut ne pas vous faire d'illusions, je doute que vous soyez sur sa liste. Les Murcan ont une bonne place mais, comme Rinsheng, ils n'ont rien à offrir à l'empire qu'il ne possède déjà.

- Je ne me fais pas d'illusions, je sais très bien où est ma place.

Ma dernière phrase sonne malgré moi avec une drôle de mélancolie, si bien qu'il me prend en pitié.

- Beaucoup de nouvelles arrivées à la cour s'amourachent de l'empereur... mais ça vous passera, ne vous en faites pas. Vous êtes trop naïve et honnête pour lui de toute manière.

Vexée, je réplique :

- Vous avez esquivé ma remarque tout à l'heure, quand j'ai dit que vous n'aviez pas l'air de beaucoup l'aimer.

- Ah ! Pas si naïve en fait ! rit-il. Je vous ai vexée, je vous demande pardon. Et pour vous répondre : je n'apprécie pas ce qu'il est - sans doute - obligé d'être. Mais je ne suis pas son ennemi. J'ai une très bonne place actuellement, j'enseigne dans une des meilleures écoles de l'empire, où les professeurs sont les mieux traités ! Et tout ça parce que mes anciens maîtres me tiennent en respect, et que l'empereur les tient, eux, en respect ! Je ne suis pas certain que ça restera ainsi si un autre le remplace.

Je ne peux m'empêcher de demander, songeuse :

- Quand est-ce que sa position ne sera plus menacée ? 

- Bonne question. Ses victoires militaires lui ont assuré le soutien de l'armée, la crainte de nos voisins, ainsi que de la renommée dans les classes populaires. Mais tout commencera à aller véritablement mieux quand le patriarche Bralizem cessera de comploter, et viendra enfin lui présenter ses respects à la cour ! C'est le père de la fiancée de l'ancien empereur, m'explique-t-il en voyant ma mine perdue. Quand ce sera fait, ceux qui cherchent à déstabiliser l'empire se calmeront.

- Hum...

- Oui, ce n'est pas pour tout de suite ! me fait-il dans un rictus.

Je demeure silencieuse, perdue dans mes pensées. Il me contemple, ravi, avant de s'écrier fièrement :

- Ah ! Je suis content de moi, j'ai réussi à vous faire oublier vos malheurs !

Oh non ! Le spectre aux yeux rouges, je n'y pensais plus du tout ! Je m'en veux d'autant plus quand je découvre qu'il n'est plus sur le ponton. Je cherche du regard partout autour de nous, mais il n'est visible nulle part ! Il a peut-être disparu parce qu'affaibli, ou bien il s'est déplacé, et le danger court toujours, comment savoir ?

- Quelque chose ne va pas ? s'étonne mon professeur.

- Non, c'est...

Bon ! Au moins, je n'ai plus de raison de rester dans les parages. Il faut que j'essaye à nouveau de parler à l'empereur, que ce soit via la boîte à éther, ou via Hiulsuya. Mais cette fois-ci, en étant cachée pour ne pas être dérangée.

-... vous savez où sont les toilettes les plus proches ?

Ma question le fait écarquiller les yeux.

- Eh bien ! Toujours aussi directe ! rit-il. Oui, vous avez un petit pavillon à cet effet, juste là.

Il se retourne pour pointer un bâtiment du doigt, en direction de la fête. Je me mets aussitôt sur pieds avant de me rappeler mes bonnes manières :

- Euh... merci pour m'avoir remonté le moral.

Même si en réalité, il m'a plus dérangée qu'autre chose.

- Mais de rien ! Et ne vous inquiétez pas, je vous accompagne !

Je n'arriverai donc jamais à m'en défaire ?! J'espère qu'il marche d'un bon pas ! Je m'élance donc en direction du pavillon tandis qu'il parle de tout et de rien, joyeux. C'est à peine si je l'écoute, je suis trop préoccupée. Si je n'arrive pas à joindre l'empereur, alors j'irai directement au temple trouver Rinsheng ! J'espère que je n'arriverai pas trop tard et que rien de grave n'arrivera à cause de mon incompétence !

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