2. Un esprit en sommeil

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- Suirei ?

D'un battement de paupières, je suis de nouveau avec Rinsheng et l'empereur. Ils guettent ma réaction depuis le seuil de la pièce et je grimace piteusement :

- Comme je m'y attendais... rien d'utile pour l'instant ! Je suis désolée, j'espère que vous ne vous ennuyez pas trop. Qu'est-ce qu'il y a ?

Je remarque alors seulement qu'ils me fixent tous les deux d'une drôle de manière.

- À partir du moment où vous êtes entrée dans cette pièce, la reine, comme tous les esprits vengeurs, ont disparu ! s'écrie la prêtresse, enthousiaste. L'atmosphère a totalement changé ici ! Et vous... C'était fascinant à regarder ! C'est à peine si on vous reconnaissait !

- Vraiment ?

- Donc non, nous ne nous ennuyons pas, pour répondre à votre première question ! ricane l'empereur.

Je sens que la reine est là, avec moi, sereine, bien plus près de la surface que d'habitude.

"Tu vois ? Ce ne sont pas tes ennemis."

Je lève les yeux vers l'empereur et lance :

- J'aimerais tenter quelque chose, mais vous serez sans doute contre.

- Dites-moi toujours.

- Si nous lions nos énergies en tant que chasseurs, je pense que les esprits vengeurs ne s'en prendront pas à vous. Et je pourrai alors vous emmener avec moi dans les souvenirs. Ceci dit, je comprendrais que ça vous semble imprudent.

Ses yeux me sondent longuement en silence, songeurs.

- Je ne suis pas contre, répond-il ensuite à ma grande surprise. Mais la reine n'acceptera jamais que je vienne avec vous.

Je n'ai même pas besoin de lui demander, je sens sa réponse.

- Elle est d'accord, nous pouvons faire un essai... si les esprits vengeurs surgissent, nous ressortirons aussitôt.

Je viens de prononcer quelque chose qui amène enfin un timide sourire sur les lèvres de l'empereur, en même temps qu'un regard d'effroi chez la prêtresse.

- Très bien.

- Majesté ! s'inquiète Rinsheng en posant la main contre son bras. Il ne vaudrait pas mieux faire ça quand nous serons plus nombreux ?

Ses yeux anxieux font des allers-retours entre l'empereur et moi. Mais il nous surprend toutes les deux en déclarant :

- Si ça dégénère, nous combattrons et nous sortirons au plus vite.

Rinsheng n'est pas convaincue, mais quelque chose dans le ton intransigeant de l'empereur la fait clore ses lèvres et reculer. Je tends la main vers lui et, son sourire s'élargissant encore un peu, il la saisit avec douceur.

Ce contact m'est maintenant étrange. Je ne sais plus trop s'il m'est agréable ou s'il me dérange. Mais je m'impose les mêmes paroles qu'à Hiulsuya : ici, nous ne sommes que deux chasseurs d'âmes, point.

Prudemment, l'empereur met un pied dans la pièce. Puis un autre. Nous attendons quelques instants. Je sens ses doigts qui s'accrochent aux miens, comme si cela pouvait aider à repousser l'arrivée des spectres.

L'endroit demeure calme, tranquille. L'empereur croise mon regard, enthousiaste.

Nous restons près de l'entrée, au cas où, et nous concentrons nos dons. Mon énergie n'est plus tout à fait la même à présent, je me sens à la fois plus chargée, et plus légère. Lorsque je fais appel à Hiulsuya, ma façon de revivre ses souvenirs également a changé.

Les images, les sensations, les émotions, les pensées... tout est plus lumineux et palpable. Mais je ne suis plus elle, je suis une visiteuse qu'elle transporte, avec l'empereur j'imagine. Plus étrangement : il me semble que tout va plus vite, sans que cela ne m'empêche de suivre.

Je vois défiler chaque scène, chaque moment de vie, comme si j'y étais. La reine qui retrouve le prince sous la pluie, à l'abri des regards. Leurs sessions musicales. Leurs moments de tendresse volés. Leurs doutes. Quelques leçons avec les manipulateurs d'énergie... ils sont très nombreux au palais apparemment ! Certains plus talentueux que d'autres, mais hélas elle ne s'attarde pas sur eux. Ce qui l'effraie le plus, ce sont les regards soupçonneux que le Jireshaxin lui lance toujours avant de sourire.

Je vois le moment où Koshayaran remet à Hiulsuya le renard de jade blanc, en gage de son amour et de sa promesse de mariage. La joie de la petite reine qui n'ose y croire...

Cela fait beaucoup trop de scènes. Ce n'est pas possible que nous ayons le temps de voir tout ça, alors que nous n'avons commencé qu'il y a un instant ! Ou alors nous avons commencé il y a des heures ? Je ne sais plus. Tout est si limpide, et si confus à la fois.

Et puis... quelque chose cloche. Cela fait aussi beaucoup de scènes qui ne se sont pas déroulées dans cette pièce. Nous ne devrions pas pouvoir les voir. Je ne comprends pas ce qui se passe ! Nous assistons même au mariage interrompu, que j'avais pourtant vu dans l'autre bâtiment !

Dès que je reconnais la scène où Hiulsuya s'apprête à découvrir les corps de ses proches assassinés, je me dis qu'il est temps de s'arrêter, de peur d'énerver les esprits vengeurs. Mais c'est comme si cette pensée arrivait trop tard, que tout allait beaucoup trop vite pour que je réagisse !

La reine pousse son cri, les âmes s'enracinent dans le lieu, et lorsque je sens les doigts de l'empereur enserrer fortement ma main dans un geste protecteur, la vision est terminée. Nous ouvrons les yeux en même temps.

Nous ne sommes plus à l'entrée de la salle. Nous sommes, je ne sais comment, arrivés en plein milieu. Les esprits vengeurs sont là, massés en cercle autour de nous, mais statiques et distants de plusieurs pas. Pour la première fois, ils ont un visage distinct. Des traits humains.

Ganrultasar, Boldeneruk, Ogiundereg, Khursuyoreg, Enkiajaraï, Sekhimaruk, Mekalgaseg, Churaïtusar... la liste est longue, mais je les connais tous. À voix posée, je souffle :

- Surtout ne lâchez pas ma main. On ne sait jamais...

- Je n'en avais pas l'intention, certainement pas, confirme l'empereur à voix basse.

- Tout va bien ? nous lance Rinsheng, anxieuse.

- Oui, répond l'empereur.

Je m'inquiète, levant la tête vers lui :

- Vous avez pu voir les souvenirs, vous aussi ?

- Oui. Exactement comme vous les décriviez. La reine et le prince, leurs rendez-vous, le renard de jade blanc, le mariage, sa mort... il y avait beaucoup à voir. Mais rien pour l'instant qui nous en apprenne beaucoup plus qu'avant. Tous les manipulateurs qui ont dû circuler ici, rien qu'à cette époque..., finit-il par souffler avec découragement.

- Oui... j'ai vu.

Cette fois-ci, c'est à la prêtresse que je m'adresse :

- Est-ce que nous avons été longs ?

- Pas du tout ! Cela ne fait peut-être que quelques minutes que vous êtes là ! Vous avez avancé lentement vers le centre de la salle, vous vous êtes arrêtés, et les spectres sont apparus. Cela n'a rien à voir avec tout à l'heure !

Ça alors, c'est vraiment curieux. Les spectres nous regardent, comme s'attendant à quelque chose. Ou plutôt : c'est moi qu'ils guettent, et non l'empereur. Je remarque alors seulement quelque chose :

- Il manque ceux qui étaient venus pour la cérémonie de mariage de la reine...

- Effectivement ! Intéressant.

D'une voix forte, je propose aux spectres :

- Vous voulez que je vous aide ?

Aussitôt, l'empereur pivote vers moi, aussi surpris que réprobateur. Mais il n'a pas le temps d'ouvrir la bouche que je lâche :

- Quoi ? Nous sommes là pour ça ! Je croyais que vous vouliez les faire partir ?

- Certes. Mais si c'est comme pour la reine et qu'ils vous demandent mille et une choses avant de pouvoir enfin être libérés... Aider la reine, m'aider moi, aider ces spectres, vous ne pouvez pas tout faire à la fois !

- Pourquoi pas ? Peut-être que ça peut même nous aider. Et ça ne coûte rien de leur demander s'ils veulent être libérés, puisque nous sommes là.

Il soupire avant de céder :

- Bon, dans ce cas, demandez-leur, mais ne vous engagez à rien d'autre pour l'instant !

Levant les yeux au ciel, je m'exclame :

- Évidemment ! Ce n'était pas ce que je comptais faire, majesté !

- J'ai un prénom, siffle-t-il entre ses dents avec agacement.

Désignant la prêtresse du menton, je rétorque :

- Rinsheng ne vous appelle pas par votre prénom. Je ne vois pas pourquoi je le ferais.

- Parce que vous êtes ma femme.

- Mais nous savons tous les deux que ça ne compte pas.

- Ah bon, et pourquoi ça ? Vous n'allez pas me dire que notre contrat de mariage, vous ne l'avez pas signé peut-être ?

- Attention, ne lâchez pas ma main et restez calme ! fais-je alors que ses doigts commencent à s'agiter au gré de son humeur, et les spectres avec.

Il suit mon regard. Voyant l'air menaçant des fantômes, il prend une longue inspiration pour se détendre. Je reprends ensuite :

- Écoutez, ne jouez pas sur les mots, vous savez très bien ce que je veux dire. Nous verrons si nous devenons amis un jour. En attendant, ça me semble plus naturel de vous appeler par votre titre. Je ne vois pas où est le problème... Ne vous énervez pas ! dis-je sentant qu'il se crispe à nouveau. Ça attire leur attention sur vous !

Il prend une nouvelle fois plusieurs inspirations et expirations silencieuses, au lieu de me répondre. Tant mieux. De mon côté, j'ouvre la bouche et commence à demander aux spectres :

- Est-ce que vous souhaitez...

- Hier, vous étiez beaucoup plus aimable avec moi, m'interrompt-il finalement avec irritation.

J'arque un sourcil, l'innocence incarnée :

- Il ne me semble pas avoir été une seule fois mal-aimable avec vous aujourd'hui.

Je cherche du regard la prêtresse, la prenant à témoin. La pauvre préfère faire semblant de ne pas m'entendre, les yeux ailleurs.

- Vous savez très bien ce que je veux dire, ne jouez pas sur les mots ! répond l'empereur en reprenant mes paroles.

- Non, je ne sais pas. Je suis une chasseuse d'âmes qui fait son travail. Et qui, accessoirement, vous permet de rester en vie. Ce pour quoi je n'ai pas encore entendu de merci. Je me suis engagée à tout faire pour vous aider, ce pour quoi je n'ai pas non plus entendu de merci. Et pourtant, vous remarquerez que je m'en suis pas plaint. J'ai continué ma tâche sans aucune animosité. Donc non, je ne vois vraiment pas ce que vous voulez dire.

J'ai réussi à conserver un ton détaché, professionnel, mais ma satisfaction est de courte durée. L'empereur riposte aussitôt, vexé :

- Vous avez la mémoire courte ! Je n'ai pas spécifié les détails, mais je vous ai remerciée de tout ce que vous faisiez pour moi il y a quatre jours ! Et pardon de ne pas vous avoir remerciée tout à l'heure pour votre empressement à vous débarrasser de moi ! Ça semblait être une telle libération pour vous ! Mais merci. Et ce que je veux dire, puisque apparemment c'est obscur pour vous, c'est que vous semblez mettre un point d'honneur à créer de la distance entre nous. Vous êtes bien plus froide que d'habitude !

Je ne peux m'empêcher de pouffer en entendant ça !

- Plus froide et distante que d'habitude ? J'ai du mal à imaginer comment ça pourrait être possible, je l'ai toujours été, c'est dans ma culture parait-il...

Déconcerté, il fronce les sourcils sans savoir quoi répondre. Je poursuis :

- Mais peu importe ! On dirait que ça ne vous fait pas plaisir de ne plus être maudit ! Vous ne seriez pas heureux de ne plus avoir votre vie constamment menacée à cause de moi ?

- Je me suis fait à l'idée que je ne ferai pas long feu m'avoue-t-il sombrement. Je ne dis pas que la perspective d'être sauvé un jour ne serait pas un soulagement, mais ce n'est pas le plus grand qu'on pourrait me faire à l'heure actuelle. Et je ne trouve pas très flatteur votre enthousiasme à vouloir vous enfuir d'ici !

Ah. C'est donc ça qui le vexe. Qu'on n'aime pas la vie dans son beau palais...

- Je n'ai jamais caché que je préférerais être chez moi.

- En effet. Mais j'espérais que cela avait pu changer ces derniers temps.

- Je ne vois pas comment.

- C'est ce que je constate, oui ! ronchonne-t-il.

- Écoutez, ça vaut mieux pour vous. Plus je suis motivée à partir, plus je le suis à vous aider. Voyez les choses comme ça.

Il soupire avant de fermer la bouche, mécontent. J'en profite pour me concentrer à nouveau et m'adresser aux spectres. Les pauvres ! Heureusement qu'ils sont patients !

- Est-ce que vous souhaitez être libérés maintenant ?

- Bah-bakh... su... kharolgaï... hol... taï..., murmurent-ils en boucle avec difficulté.

L'empereur se tourne vers moi, intrigué, et je traduis :

- Ils ne peuvent pas. Pas encore.

- À cause de la reine ?

- Sans doute. Ils sont si désincarnés ! Je ne pense pas pouvoir vraiment discuter avec eux. Et je ne sais pas si leur présence sous cette forme quasi humaine durera. J'ai l'impression que c'est le fait d'avoir combiné nos dons qui les aide à se manifester ainsi. Et à ce propos, merci.

- De rien, c'était autant dans mon intérêt que le vôtre, comme vous le dites si bien ! réplique-t-il d'un ton cinglant.

Je louche vers le côté, ne comprenant toujours pas quel est son problème, puis demande :

- Nous avons vu tout ce qu'il y avait à voir ici, vous croyez ?

- Non. Enfin... nous avons vu tout ce que la reine voulait, ou pouvait, nous montrer. Mais je sens qu'il manque quelque chose.

- Oui. C'est ce que je ressens aussi... Tout s'est passé si vite... et pourtant c'était si net, c'est étrange. Et nous avons vu des scènes qui ne se sont pas déroulées ici.

- Nous avons vu des scènes liées avant tout à la reine, et non à ce lieu. Elle y a passé beaucoup de temps, donc c'est peut-être plus facile pour elle de raviver ses souvenirs en étant dans cette pièce ?

- Possible...

- Mes dons sont différents des vôtres, confie-t-il avec une certaine gêne. Je pense qu'ils l'ont fait s'exprimer différemment. Avec vous, elle communique en vous faisant revivre son quotidien, , geste après geste. Avec moi... elle a reçu une énergie différente, alors elle l'a utilisée autrement. J'ai déjà travaillé avec un chasseur d'âme quand j'étais enfant. Il m'avait dit que mes dons n'étaient pas habituels.

- Ah oui ? Comment ça ?

Voilà encore quelque chose qui peut s'avérer bon à savoir !

- Je ne sais pas. Mais ils n'avaient pas exactement le même effet que les siens, même si le résultat était sensiblement le même, un peu comme ce qui s'est passé ici. Nous avons revu des souvenirs. Mais pas comme cela se déroule d'habitude avec vous.

- Et c'est toujours aussi rapide quand un spectre vous montre quelque chose ?

- Oui.

- Je vois. Je vais essayer de demander à la reine de nous montrer le reste alors.

Je ferme les yeux, appelle Hiulsuya. Je sens que notre lien est toujours là, mais curieusement elle ne répond pas. Finalement, je parviens à identifier ce qui se passe, sans vraiment toutefois comprendre. Je rouvre les yeux, perplexe, murmurant :

- Je n'ai jamais vu ça. C'est assez incompréhensible, mais on dirait qu'elle est comme... en sommeil. Ce n'est pas possible pourtant.

On dit d'une âme qu'elle est en sommeil quand est toujours de ce côté-ci du monde, mais dénuée d'énergie. Cela arrive pour les âmes très peu actives, ou qui ont du mal à trouver une source d'énergie. L'inverse de la reine. Et l'inverse d'un fantôme auquel un chasseur est constamment lié !

- Si. C'est tout à fait possible..., m'affirme l'empereur.

- Mais elle s'est gorgée de notre énergie, en plus de l'éther je suppose !

- C'est un autre des effets inhabituels dont je vous parlais. Les fantômes s'approprient mon énergie, elle les grise, tout s'accélère... et puis soudain c'était comme s'il ne leur restait plus rien. La reine va revenir, ne craignez rien ! Elle a juste besoin de repos.

Éberluée, je m'exclame :

- Je n'ai jamais entendu parler de ça... une énergie qui les fatigue... c'est le monde à l'envers !

- C'est comme ça, répond-il en haussant les épaules. Ce n'est pas plus mal, pour contrer les effets que l'éther a sur certains fantômes récalcitrants.

Eh bien... cela ne l'étonne pas plus que ça ? Pourtant, ce n'est pas du tout normal. Je songe alors soudain tout haut :

- Oh, attendez une minute... c'est pour ça que vous vouliez invoquer le spectre aux yeux rouges ?! Vous saviez qu'en l'invoquant, il serait obligé de se lier à vous et de se nourrir de votre énergie... vous vouliez qu'il n'ait plus de force pour pouvoir l'arrêter juste ensuite ?

Étonné, l'empereur me dévisage avant d'acquiescer :

- Oui. Comme le spectre aux yeux rouges s'en était déjà pris à mon père, je pensais qu'il serait affaibli en venant me voir. J'étais sûr qu'il se jetterait sur mon énergie pour pouvoir m'attaquer ensuite, mais que je serais de taille à l'affronter le temps qu'il entre en sommeil.

- Mais comme ce n'est pas lui qui est venu...

- J'ai empiré les choses, oui, je sais.

- Mais vous avez un lien avec celui qui s'en est pris à vous, en revanche. Un lien sûr. Vous avez essayé de l'invoquer à nouveau pour l'arrêter, lui ?

- Non. Nous avons tous jugé plus prudent d'éviter de faire quoi que ce soit d'autre avec des spectres de manipulateurs, à part les endormir par des prières et de l'encens. Pas tant que nous n'en savons pas plus sur eux.

- J'espère que nous trouverons vite un moyen d'en savoir plus alors !

Ma réponse le fait soupirer.

- Bon ! Je crois que nous ne pouvons rien de plus pour l'instant ici, déplore l'empereur.

- Si. Vous pouvez essayer de sortir de cette pièce entiers ! nous taquine Rinsheng.

Je jette un œil aux spectres, à l'empereur, nous nous faisons mutuellement signe avant de repartir vers le seuil d'un pas prudent. Les âmes s'écartent sans nous toucher. Dès lors que nous sommes dans le couloir, elles s'évanouissent totalement. Pas besoin de les voir faire, nous le sentons.

- Vous pensez qu'ils vont redevenir dangereux comme avant ? nous demande Rinsheng, ses yeux brillants de curiosité

- Je ne sais pas trop.

- Mieux vaut rester méfiants, ajoute l'empereur.

Je dégage mes doigts pour relâcher sa main, secouant même la mienne puisqu'il ne semble pas vouloir me la rendre de lui-même.

- Qu'est-ce que nous faisons maintenant ?

- Je vais noter ce que nous avons vu, répond-il. Et essayer d'en savoir plus sur qui pouvait être ce Jireshaxin. On ne sait jamais. Il y a quelque chose dans son attitude, son regard, que je n'aime pas. C'était un manipulateur d'énergie puissant. De toute façon, nous n'avons pas d'autres pistes. Dès que vous sentez que la reine est de retour, contactez-moi. Ou si vous avez quoi que ce soit à me dire. Utilisez la boîte à éther, s'il vous plaît, ajoute-t-il finalement.

Il baisse des yeux insistants sur moi et j'opine du chef :

- Oui, très bien.

- Ne vous inquiétez pas s'il faut un peu de temps à la reine avant de réapparaître. En attendant, je vais réfléchir à ce que vous pourriez faire d'utile pour nous, sans que cela ne soit dangereux.

- Très bien.

- Je vais vous laisser à vos tâches, je dois retourner aux miennes.

S'adressant à Rinsheng, il ordonne :

- Ne parle pas encore de tout ça aux autres. Je le ferai.

- Bien sûr, je ne dirai rien, le rassure-t-elle.

Loyale. Oui, ce mot lui va bien. Et si c'est ce qu'il faut être pour partir d'ici, je le serai. Contrairement à Xemtei, il n'a pas cherché à me contredire quand j'ai parlé de la possibilité d'annuler ce mariage. C'est bon signe ! Il commence à lever la main, comme s'il s'apprêtait à faire un geste vers moi, mais s'interrompt en la laissant brutalement retomber le long du corps.

- Bonne fin de journée à vous deux, déclare-t-il à la place d'un ton brusque.

Nous avons à peine le temps de le saluer avant qu'il ne s'enfuie. Le regard de Rinsheng reste perdu vers l'escalier, ses lèvres dessinant un sourire malheureux. Je souffle vers elle :

- Je suis désolée. Je ne pensais pas que le fait que je sois enfin dans le secret, et que je sois si disposée à l'aider, lui déplairait autant...

Son sourire s'étire, sans se faire plus heureux, quand elle tourne la tête vers moi :

- Ça ne lui déplaît pas, me contredit-elle.

- Ça a l'air pourtant ! Je suppose qu'il n'aime pas qu'on lui change ses plans.

- Ah ça ! Non ! En effet ! rit-elle. Mais il n'y a pas que ça. Enfin, laissez-lui du temps. Venez, retournons au temple ! Si vous êtes vraiment si en forme que ça, ce sera l'occasion de danser un peu !

- Oh non !

- Si, si. C'est nécessaire !

Tout ça m'avait fait oublier que j'allais devoir malgré tout continuer à jouer mon rôle d'élève et d'enfant-du-temple ! Comme eux jouent leurs rôles d'empereur et de simple prêtresse le reste du temps. Finalement, dans mon malheur, j'ai la chance que de mon côté tout ça ne soit que temporaire.

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