Chapitre 1

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

« Suis-moi, lança-t-elle soudainement en se redressant. 

- Pour aller où ? Lui demanda-t-il en fronçant les sourcils de confusion. 

- Te trouver des vêtements, répondit-elle en faisant référence au corps nu du garçonnet. »

Ce ne fut qu'à ce moment qu'il se rendit compte qu'il ne portait aucun habit. Instinctivement, il plaqua ses mains au niveau de son entrejambe, ce qui ne servit à rien puisqu'elle avait déjà tout vu. Elle ne laissa rien paraître, ne se préoccupant pas le moins du monde de sa nudité, elle n'en était plus à ça après ce qu'elle avait vécu. 

Elle abaissa son regard sur son propre short en toile déchiré qu'elle portait, et finit par glisser ses doigts entre le tissu, avant d'abaisser ce dernier jusqu'à ses chevilles, pour le retirer entièrement. Vêtue encore de son tee-shirt clairement trop petit pour elle et d'éventré au niveau du nombril, ainsi que d'une culotte sûrement blanche au début, elle s'avança vers lui pour lui donner son vêtement. 

« Tiens, mets ça le temps qu'on trouve autre chose à se mettre, dit-elle sur un ton extrêmement calme. 

- Mais toi, fit-il surpris, tendant tout de même une main pour récupérer le short. 

- J'ai encore une culotte, laissa-t-elle entendre en haussant les épaules. En plus, je sais où on pourra se trouver des vêtements. Dépêchons-nous de remonter le cratère et de partir d'ici. Je ne sais pas comment les adultes réagiront s'ils découvrent que tu es responsable de ce carnage... termina-t-elle sombrement en le regardant du coin de l'œil. »

Le cœur du rouquin fit un bond dans sa poitrine en entendant les paroles de la brunette. Elle n'avait pas tort. Lui-même ne savait pas ce qu'il s'était passé, mais il savait qu'il en était responsable. Kana avait bien réagi en sachant qu'il avait commis ce désastre, mais d'autres personnes allaient peut-être s'en prendre à lui s'ils l'apprenaient. 

Il enfila rapidement le short sans pouvoir fermer le bouton, puisque déjà trop petit pour la jeune fille, il lui était encore plus serré étant légèrement plus grand qu'elle. Une fois certains qu'ils pouvaient quitter ce terrain ravagé par le chaos, à la terre brûlante et à la poussière qui tapissait de chaleur leurs poumons, les deux enfants remontèrent le trou pour revenir vers la ville épargnée par la sphère ravageuse. 

Leur piteuse apparence passa inaperçue tant la population courrait dans tous les sens, encore effrayée par les récents événements et essayant de comprendre ce qui venait de se passer. Chuuya marchait derrière la fillette qui avançait sans hésitation vers un endroit qu'elle avait quitté peu de temps auparavant. Elle revenait effectivement sur ses pas, vers la ruelle marquée par la mort, peinte par du sang impur. 

« On y est bientôt, prévint-elle simplement en entrant dans l'espace restreint. »

Le roux acquiesça dans un murmure, la suivant sur ses talons tout en frottant ses bras nus frigorifiés par la brise de fin d'hiver. Alors qu'il traînait presque les pieds derrière elle, une odeur désagréablement métallique lui prit soudainement le nez, le faisant se figer sur place et relever vivement la tête. Ses yeux gris s'écarquillèrent d'horreur. Il tenta de faire un pas en arrière, mais perdit l'équilibre et tomba sur ses fesses en hurlant. 

Des corps. Des hommes se tenaient sans vie, étendus sur le sol, la gorge tranchée qui vomissait le reste de sang qui restait dans leurs veines. Et à leurs côtés, il voyait la jeune Akame qui fouillait leurs vêtements sans se préoccuper de cette macabre scène. 

« Kana ! Ils sont morts ! S'écria-t-il en essayant de se remettre sur pieds. 

- Je sais, dit-elle simplement en retirant le tee-shirt d'un de ses agresseurs qui n'avait par chance pas été taché par le liquide vital. 

- Comment ça tu sais ? Ça ne te fait rien ?! Ils sont morts ! Ils sont... »

Il comprit son indifférence. Ses paupières s'ouvrirent en grand lorsque la raison lui apparut douloureusement en face. Ce sang en abondance, cette odeur de mort qui planait dans l'air, ces yeux vitreux qui lui donnaient froid dans le dos ; cela ne l'affectait pas car ce n'était pas la première fois qu'elle voyait ça. 

« C'est toi... C'est toi qui les as tués, n'est-ce pas ? Bégaya-t-il sa question, la gorge serrée d'angoisse. 

- Oui, avoua-t-elle en plongeant sa main dans la poche de pantalon d'un homme étendu sur le dos. 

- Et tu avoues ça comme ça ?! S'exclama-t-il en serrant les poings. 

- Je les ai tués, Chuuya. Avec cette lame pour être plus précise, ajouta-t-elle en désignant un coin de la ruelle où se trouvait l'arme en question. 

- Tu... Tu es horrible ... 

- Horrible ? Répéta-t-elle dans un rire sans joie. C'était eux ou moi. Si je ne m'étais pas défendue, je serai morte et vendue sur le marché noir, répliqua-t-elle froidement. J'ai tué, peut-être que ce n'est pas la première fois... Mais tu as toi aussi tué. Plus de monde que moi en un seul coup, termina-t-elle en recommençant sa fouille. »

Elle avait raison. Et lui donner cette raison lui faisait mal au cœur. Il avait tué sûrement des centaines de gens : des femmes, des hommes, des enfants...  Il s'en voulait de ne pas savoir comme il en était arrivé à déchaîner cette colère dévastatrice, et surtout d'avoir ôté la vie à des personnes innocentes. Lui avait honte, pourtant, en regardant la brunette, il avait l'impression que ce n'était pas le cas pour elle. 

« Qu'est-ce que tu as ressenti quand tu les as tués ? L'interrogea-t-il en fronçant les sourcils. 

- Qu'est-ce que j'ai ressenti quand je les ai tués ? Répéta-t-elle en s'arrêtant dans ses gestes de recherche. Rien. Rien du tout, prononça-t-elle sombrement. »

Il déglutit difficilement, n'appréciant pas du tout sa réponse. Comment pouvait-elle n'avoir rien ressenti en commettant un tel acte ? Il n'osait pas la regarder. Il ne la connaissait que depuis une vingtaine de minutes et pourtant, cela l'ennuyait qu'elle soit une meurtrière... 

« Est-ce anormal de ne rien ressentir lorsqu'on a tué des gens qui ont kidnappé des enfants pour vendre leurs organes ? Lâcha-t-elle d'un coup, le faisant sursauter. Ils ont tué d'autres filles de mon âge, ils me l'ont dit. Alors, suis-je horrible de les avoir condamnés à une mort certaine ? Demanda-t-elle en reportant son regard vert sur le rouquin. 

- Tu n'as tué que des ... Méchants ? Rétorqua-t-il avec hésitation. 

- Je ne vois pas pourquoi je tuerais des innocents... 

- Mais Kana, tu... Tu es une gamine comme moi ! Comment peux-tu tuer des gens, même mauvais, sans rien ressentir ? Dit-il sans comprendre comment elle en avait pu en arriver là. 

- Comment ? Articula-t-elle, ses prunelles se teintant d'une profonde tristesse soudainement. Lorsque j'ai tout perdu, peut-être que j'ai perdu mes sentiments... »

Le jeune Nakahara ressentit de la peine en la voyant ainsi. Elle était passée de la neutralité à la douleur de la perte en une fraction de seconde. Il ne savait pas ce qu'elle avait vécu et pourtant, sans qu'elle ne lui dise quoi que ce soit, il comprenait maintenant. Avec une grimace de regret pour l'avoir accusée alors que lui n'était pas tout blanc, il se rapprocha lentement d'elle, jusqu'à s'agenouiller devant elle. 

« J'ai tout perdu Chuuya... Mes parents, ma maison... Je ne comprends même pas comment j'ai pu continuer à rester en vie alors que cela fait un an qu'on m'a tout pris. Mais je ne veux pas mourir Chuuya... Alors... Alors si pour survivre je dois tuer tous ceux qui me veulent du mal, je le ferai. La vie est cruelle, alors je n'hésiterai pas à devenir aussi cruelle qu'elle. Je comprendrais que tu ne veuilles pas rester avec une fille comme moi, une fille qui a du sang sur les mains, termina-t-elle dans un soupir en évitant le regard d'acier du garçonnet. »

Se battre pour rester en vie. Cela faisait un an qu'elle devait vivre un enfer et cela expliquait sa pauvre apparence, et pourquoi elle avait été émerveillée de le voir apparaître dans ce cratère. Il comprenait sa volonté de ne plus être seule, et lui aussi, il ne voulait pas se retrouver sans personne. 

Doucement, il vint porter sa main sur le dos de celle de la brunette, serrant ses petits doigts entre les siens pas beaucoup plus grands. Elle releva vivement la tête en sentant la douceur de sa peau contre la sienne devenue légèrement rugueuse à cause de la difficulté de la vie. 

« J'ai du sang sur les mains moi aussi. Si tu le veux bien, j'ai envie d'affronter cette vie cruelle avec toi, déclara-t-il avec un sourire, s'attirant aussitôt celui de sa nouvelle amie. 

- Merci Chuuya, souffla-t-elle avec reconnaissance. 

- C'est plutôt à moi de te remercier de m'avoir trouvé, rigola-t-il en passant sa main sur sa nuque, les joues teintées de rose. Bon, dis-moi ce que je peux faire pour t'aider, ajouta-t-il en la voyant remettre ses mains dans les poches des cadavres. 

- Essaye de trouver sur eux de l'argent, quémanda-t-elle en retrouvant son sérieux. 

- De l'argent ? Fit-il en arquant un sourcil. 

- Oui. Ça ressemble à ça, expliqua-t-elle en montrant un billet froissé qu'elle venait de trouver à l'intérieur de la veste de l'homme qu'elle fouillait. Grâce à ça, on pourra s'acheter des vêtements et de la nourriture. »

Le jeune garçon hocha rapidement de la tête avant de s'attaquer à sa tâche, fouillant les corps étrangement sans ressentir de la peine. Les mots de son amie l'avaient soudainement changé, comprenant qu'elle avait raison sur la façon de se comporter. La vie pouvait finalement facilement retirer toute innocence chez de jeunes enfants... 

Après dix bonnes minutes de recherche, ils avaient réuni plusieurs billets allant de l'ocre en passant par le violet clair jusqu'à s'arrêter au bleu, un léger poignard et un revolver. La brunette prit ce dernier entre ses petites mains, l'inspectant sur toutes ses coutures sous le regard confus du rouquin. 

« Tu sais t'en servir ? Demanda-t-il en penchant la tête sur le côté.

- J'ai vu des adultes s'en servir. Je crois comprendre comment ça marche... Répondit-elle en tirant sur le dessus de l'arme pour vérifier son état. On tire là-dessus, on vise et on appuie sur ce truc, expliqua-t-elle avec un sérieux à faire frissonner les adultes de peur. Après... Il faut savoir viser et ça je ne sais pas si j'en suis capable. 

- Peut-être qu'on ne devrait pas prendre le pistolet avec nous, proposa Nakahara en fronçant un peu les sourcils. 

- Au contraire, je vais le garder. J'ai vu tant de personnes être terrifiées en voyant cette arme sans même que leur agresseur ne tire. On pourra se protéger juste en la sortant, assura-t-elle en se mettant sur ses pieds. Crois-moi, je sais de quoi je parle... Termina-t-elle en serrant son tee-shirt au niveau du centre de sa poitrine. »

Le garçonnet la regarda enrouler dans un tissu qu'elle avait déchiré sur un cadavre les deux armes qu'elle avait récupérées, avant d'aller les cacher dans un coin de la ruelle, expliquant qu'ils viendraient les reprendre après s'être achetés des vêtements. Chuuya se remit à son tour debout et attendit sa complice à l'embouchure du cul-de-sac, la somme d'argent qu'ils avaient récoltée se trouvant dans sa main droite. 

« Tu sais combien d'argent on a ? L'interrogea-t-il en observant les billets avec incompréhension. 

- Aucune idée... soupira-t-elle en se rapprochant de lui. Mes parents avaient commencé à m'apprendre à lire et à écrire, ainsi que compter... Mais ça remonte à longtemps, continua-t-elle en se penchant en avant pour scruter avec attention les papiers froissés. Si je me souviens bien, c'est un un ça, ça c'est un zéro et ça c'est un cinq, énuméra-t-elle en les pointant du doigt. Par contre, il y a beaucoup de zéro et je ne comprends pas ce que ça veut dire, souffla-t-elle en secouant la tête. 

- Tant pis, on demandera à des adultes s'il faut, lâcha avec confiance le roux en haussant les épaules. Trouvons une boutique. »

La fillette acquiesça dans un murmure avant de suivre son ami. Pour être sûrs de ne pas être embêtés, ils s'éloignèrent de l'endroit où Chuuya avait été trouvé et s'approchèrent du cœur de la ville, là où les passants les regardaient presque avec dégoût en voyant leur pauvre apparence. Kana ne s'en préoccupait pas, le regard vide, se contentant d'avancer en silence ; quant au jeune garçon, c'était tout le contraire. Ses prunelles d'acier brûlaient de colère et d'agacement, ne se retenant pas du tout de crier aux gens de regarder devant eux au lieu de les fixer ainsi. 

Alors que son sang bouillonnait dans ses veines à cause d'une autre remarque désobligeante d'une femme passant à côté d'eux et qu'il allait se jeter sur elle, il se calma d'un coup en se sentant retenu par la main par justement celle de sa compagne. D'un seul échange visuel, elle lui fit comprendre que cela ne servait à rien de perdre son temps avec de telles futilités. Il comprit alors qu'elle était habituée à cela et qu'il allait devoir en faire aussi son habitude... 

Après une brève réflexion, ils décidèrent d'entrer dans une boutique de vêtements vide de monde, afin de ne pas se faire plus remarquer qu'ils ne l'avaient fait avant. La personne qui gérait la boutique, une jeune adulte à la chevelure d'or qui rangeait les présentoirs, se tourna vers eux en entendant la clochette sonner à leur entrée, commençant à les saluer poliment avant d'écarquiller les yeux. Lorsqu'elle vit leurs pieds terreux sur le tapis tout propre, les jambes sales de la fillette ainsi que le torse nu dans le même état du garçonnet, elle perdit sa gaîté avant de les regarder avec froideur. 

« Sortez d'ici, vous allez tout salir, ordonna-t-elle sur un ton autoritaire en pointant la porte du doigt. 

- On veut des vêtements, répliqua le jeune Nakahara en croisant les bras, démontrant qu'il n'avait pas l'intention de bouger d'un pouce. 

- Je m'en fous sales garnements ! Dégagez de là ! S'écria-t-elle en se rapprochant d'eux. 

- On a de l'argent, intervint la brunette en montrant les billets qu'elle avait subtilisés de la main de son partenaire. Si vous ne voulez pas nous en vendre, on ira voir quelqu'un d'autre, prévint-elle en faisant mine de tourner les talons. 

- A-attendez. Où avez-vous eu cet argent ? Demanda l'adulte avec suspicion. »

Mais la jeune fille garda le silence, se contentant d'observer du coin de l'œil  par-dessus son épaule la femme qui se trouvait mise sous pression face à un tel regard. Le vert atypique de ses yeux l'effrayait étrangement. Dans un soupir, elle céda en leur faisant signe d'entrer. 

« Par contre vous restez dans ce coin-là. Je n'ai pas envie de passer le balai partout, vous êtes crades, lâcha-t-elle avec une grimace. Je vais vous chercher des vêtements à vous proposer. Vous avez quel âge ? Continua-t-elle en reprenant un air professionnel. 

- Sept ans, répondit cette fois-ci le roux sans quitter cette expression faciale menaçante. »

La gérante de la boutique sentit son dos être parcouru par des frissons désagréables, percevant le regard froid et dur des enfants derrière elle. Jamais elle n'avait vu de tels gamins. Bien sûr que les gosses abandonnés par leurs parents, qui vivaient dans la rue à un jeune âge, était malheureusement monnaie courante. Seulement, jamais elle n'avait vu deux enfants dans un tel état venir lui acheter des vêtements. Son cerveau créa des dizaines de scénarios plus glauques les uns des autres, et finalement, elle ne voulait plus savoir où ils avaient trouvé cet argent. 

Après avoir fouillé les pendoirs, elle revint auprès d'eux avec les bras chargés d'habits. Alors que le jeune garçon semblait intrigué par l'état de ses ongles des mains, elle fut surprise de voir que la fille, elle, ne l'avait pas quittée des yeux une seule seconde. Se retenant de montrer sa peur face à des souillons comme eux, elle déposa ses trouvailles sur le comptoir et attrapa un tee-shirt noir à manche courte qu'elle présenta au roux. 

« C'est pour toi, s'adressa-t-elle à lui, s'attirant son regard d'acier. Pas touche ! Pesta-t-elle en tapant sa main qui s'était avancée pour tester la douceur du tissu. Tu vas salir les vêtements avec tes mains. 

- Punaise, mais c'est chiant un adulte, râla-t-il en roulant des yeux, s'attirant une grimace de la gérante. Il y a une veste avec ? L'interrogea-t-il en arquant un sourcil avec un air désintéressé. 

- Oui, une grise avec un jean simple, dit-elle en présentant les différentes pièces de la tenue. Et pour toi, commença-t-elle en se tournant vers la brunette qui était restée silencieuse à les observer. Un tee-shirt rose pâle avec une jupe noire et... 

- Je ne veux pas de jupe et de rose sur moi, la coupa la concernée froidement. Je veux un tee-shirt noir, une veste de la même couleur et un pantalon, imposa-t-elle en coinçant une mèche de cheveux derrière son oreille. 

- Pas de jupe ? Pourtant, ça conviendrait parfaitement à une petite fille aussi mign... 

- J'ai dit, pas de jupe, la coupa-t-elle sèchement. »

L'adulte se retint de grimacer devant cette effrayante enfant et se précipita pour aller lui chercher ce qu'elle voulait. Alors que Chuuya ne se préoccupait pas de la demande de son amie, la jeune fille restait sur place, bien droite, en fixant la femme. Si elle ne voulait pas de jupe, c'était qu'elle ne voulait pas attirer les détraquer vers elle avec ses jambes découvertes. Après avoir passé une année dans la rue, elle avait pu se rendre compte que son corps attirait les esprits pervers.  

La gérante revint avec ce que la petite quémandait, lui montrant rapidement ses trouvailles en espérant qu'elle les accepterait sans faire de remarque. À son plus grand soulagement, la brune acquiesça dans un hochement de tête. Par la suite, ils rajoutèrent dans leur demande des sous-vêtements et une paire de chaussures pas chère. Alors que l'adulte calculait la somme qu'ils auraient à verser, le rouquin sortit de la poche de son short trop petit leurs économies récupérées sur des cadavres, jetant par la suite un regard mal assuré à son amie, lui faisant comprendre qu'il ne savait pas comment il fallait faire pour payer. Et malheureusement, la jeune Akame n'était pas plus avancée. 

« En total, ça fera... treize-mille-neuf-cent yens*, annonça-t-elle le montant avec un faux sourire. »
(* à peu près 99.95 euros)

Les deux enfants se regardèrent avant de porter leurs yeux sur les billets que le garçonnet tenait entre ses mains. Combien de billets devaient-ils donner ? Avaient-ils seulement assez sur eux ? La gérante ne comprenant pas ce qu'il se passait entre eux, commença à taper du pied avec impatience. Elle voulait qu'ils déguerpissent au plus vite de sa boutique, pour qu'elle puisse retrouver son calme et calmer son mal-être qu'elle ressentait en leur présence. 

Tout à coup, Kana arracha les papiers froissés de la main du garçon et les étala d'un coup sur le comptoir, portant par la suite son regard émeraude sur la femme qui se figea sur place face à autant de froideur. 

« Servez-vous la somme que vous attendez, articula la fillette sans cligner une seule fois des yeux. »

L'adulte écarquilla ses prunelles en entendant les mots prononcés par la fillette, pensant presque qu'elle n'avait pas bien compris ce qu'elle disait. Seulement, à en voir le sérieux dans ses iris verts, elle comprit qu'elle allait devoir se servir elle-même. En plus, elle sentit que si elle essayait de les arnaquer, elle allait souffrir d'une façon qui lui était inconnue et qu'elle ne voulait pas connaître. Surtout... qu'elle avait vu cette tache de sang sur l'index de la petite lorsqu'elle avait étalé les billets devant elle...

Alors, elle compta la somme exacte, les mains tremblantes de peur. Comment des gosses pouvaient-ils à ce point être effrayants ?! 

« Vous aviez vingt-quatre mille yens** sur vous. Il... Il vous en reste dix-mille-cent, laissa-t-elle entendre dans un bégaiement qu'elle aurait aimé contrôler. 
(** à peu près 172.46 euros / et 72.63 euros)

- On aura assez pour manger ? L'interrogea le jeune Nakahara tout en récupérant les sous. 

- Bien sûr ! 

- Bien, souffla-t-il en tendant la main pour prendre la poche contenant les vêtements. »

Sans dire un mot de plus, les deux enfants quittèrent la boutique, laissant alors la gérante s'effondrer sur ses genoux tout en se tenant la poitrine. Elle avait l'impression d'avoir manqué de souffle pendant tout ce temps. Une chose était certaine, elle ne voulait plus les revoir. 

« Avant de nous changer, on devrait aller dans un endroit où on pourra se laver, lança Kana en passant sa main sur sa nuque légèrement endolorie. 

- Se laver ? Répéta-t-il en arquant un sourcil. T'as vu ta dégaine ? Tu pouvais te laver depuis tout ce temps ? 

- Dis que je pus tant que tu y es, râla-t-elle en levant les yeux au ciel. 

- C'est le cas, lâcha-t-il du tac au tac. 

- Et bien mon petit Chuuya, si je ne me lave que très rarement, c'est parce que l'eau est glaciale là-bas, grogna-t-elle en réponse. Mais je n'ai pas envie de mettre mes nouveaux vêtements avec toute cette terre sur moi. Et toi aussi tu ne sens pas la rose, je tiens à te le dire, termina-t-elle avec un sourire en coin. 

- C'est parce que je porte ton short, répliqua-t-il en haussant les épaules. »

Blessée par ses paroles, elle lui sauta sur le dos, enroulant rapidement ses bras autour de son cou et ses jambes de sa taille. Il poussa un cri de surprise en sentant son poids soudainement sur elle, avant de la soutenir par les cuisses en évitant de faire tomber le sac, rigolant légèrement lorsqu'elle vint poser son menton dans son cou. 

Tout en le guidant avec des gestes accompagnés de quelques mots, les deux enfants arrivèrent finalement jusqu'à l'endroit où ils pourraient se débarrasser de leur crasse. C'était une place circulaire complètement vide, où trônait en son centre une pompe à eau. La jeune fille descendit du dos de son ami et se rapprocha de leur douche improvisée, quant au garçon, il était sceptique à l'idée qu'ils puissent s'en servir. Elle semblait tellement en mauvais état, à cause de la rouille qui rongeait avec avidité le métal, l'absence de marque humide sur le sol en pierre. 

« T'es sûre qu'il marche encore ce machin ? Questionna-t-il la brunette en désignant du menton l'objet. 

- Oui. Enfin, elle marchait quand je me suis lavée il y a deux mois, répondit-elle avec une grimace. 

- Je suis sûr que le manche va nous rester dans les mains, soupira-t-il en se plaçant à côté d'elle. 

- Mais non, rigola-t-elle. Allez, déshabille-toi. »

Il se figea sur place en percevant les syllabes qu'elle venait de prononcer. Se mettre de nouveau nu face à elle ? À en voir le sourire amusé qui tirait ses lèvres fines et craquelées, cette situation lui plaisait grandement. Elle l'incita à se dépêcher en agitant sa main et il soupira, déposant par la suite le sac contenant leurs vêtements, puis, il enleva ce qui couvrait le bas de son corps. 

Le short tomba sur le sol dallé et il resta sur place, non sans détourner son regard sur le côté, les joues brûlantes d'un feu soudain, en sentant les pupilles de son amie sur sa personne. D'une voix calme, elle lui demanda de s'asseoir sous la pompe à eau et il s'exécuta avec un grognement de mécontentement. Jambes et bras croisés, il attendait que l'onde s'écoule sur son corps sous l'action de la jeune fille. Le crissement désagréable de la pompe résonna dans ses oreilles, puis, il perçut comme un éclatement de bulle avant que l'eau ne lui tombe en cascade sur son dos, le faisant écarquiller les yeux. 

« C'est froid ! S'exclama-t-il en se relevant d'un bond. 

- Je t'avais prévenu, rit-elle franchement en le voyant sautiller sur place. Allez, ne fais pas le bébé. Je me suis lavée en plein hiver avec cette eau, termina-t-elle malicieusement. »

Touché dans son ego, il se plaça à nouveau sur les pierres et attendit que la jeune Akame remonte l'eau dans le tuyau. Il se retint de crier à nouveau lorsque la claque gelée du liquide s'abattit sur sa peau, et se concentra à gratter avec ses ongles toutes les parties de son corps pour en retirer le plus de saletés possibles. 

Une fois propre, ou du moins ce qui s'en rapprochait, il se releva précipitamment, manquant même de glisser sur les dalles qu'il avait rendu humides. Frigorifié, il frottait frénétiquement ses bras en essayant de se réchauffer, les dents claquant rapidement tandis que son corps tremblait dans son ensemble. Il entendit un froissement de vêtement et rapidement, un tissu d'un blanc impur apparut dans son champ de vision. 

« Désolée, je n'ai pas mieux pour te sécher, lança gentiment la brunette. »

Il se rendit compte qu'elle venait de lui passer le tee-shirt qu'elle portait, et même s'il était sale, il n'hésita pas à le prendre pour éponger l'eau tant il avait froid. Ainsi, il pourrait plus rapidement mettre ses nouveaux vêtements, en évitant de devoir attendre de sécher naturellement et donc de choper un rhume. 

Alors qu'il passait sa serviette improvisée sur ses bras, ses yeux se promenèrent hasardeusement vers la silhouette de sa partenaire et s'arrêtèrent sur son buste. Son cœur se serra douloureusement dans sa poitrine lorsqu'il y découvrit une cicatrice encore rose et étalée comme une étoile à plusieurs branches sur le centre de son torse. Ayant ressenti son attention posée sur elle, la fillette croisa ses bras pour cacher ses stigmas, une grimace de honte et de dégoût étirant ses badigoinces. 

« P-pardon... Je ne voulais pas regarder et... bégaya-t-il en se rendant compte qu'il l'avait énervée. 

- Ce n'est rien, je n'aime juste pas cette cicatrice, répondit-elle en allant se placer sous la pompe à eau. »

Le rouquin enfila son caleçon à la va-vite et se rapproche par la suite de son amie, voulant l'aider à son tour à se laver en actionnant le levier. Il fut surpris de la neutralité de réaction qu'elle eut lorsque l'eau glacée se déversa sur son crâne, coulant dans ses longs cheveux emmêlés qui ruisselaient dans son dos. 

Le silence s'était installé entre eux, durant lequel elle frottait son corps lentement et il actionnait la pompe sans réussir à chasser de ses pensées la cicatrice qu'il avait vue. Ne pouvant retenir sa curiosité plus longtemps, il laissa ces mots s'échapper de sa bouche. 

« Qu'est-ce qui t'es arrivée pour avoir une telle blessure ? L'interrogea-t-il en s'accroupissant, glissant par la suite ses doigts délicatement dans sa chevelure pour l'aider à la démêler. 

- On... commença-t-elle tout doucement. On m'a tirée dessus, avoua-t-elle plus fortement. 

- Tiré dessus ?! Comment ça ? Avec un pistolet ? S'exclama-t-il en ouvrant de grands yeux stupéfaits. 

- Le jour où mes parents ont été enlevés par des hommes masqués, ils m'ont tirée dessus, expliqua-t-elle en passant ses paumes sur son mollet droit. 

- Mais... Mais comment tu as fait pour être encore en vie ? Enfin... ça a dû saigner, non ? Fit-il en clignant plusieurs fois des paupières de confusion. 

- Je ne sais pas. Je me suis simplement réveillée et j'étais en vie, avec une cicatrice horrible qui me rappelle chaque jour que je suis toute seule maintenant, termina-t-elle en ramenant ses jambes contre son frêle corps. »

Le jeune garçon ressentit de la peine pour elle. Lui souffrait de ne pas comprendre pourquoi il était ici et elle, c'était d'avoir perdu le bonheur. Deux souffrances différentes qui les rapprochaient encore plus. 

Ne voulant pas plus parler de cela et surtout de s'apitoyer sur son sort, Kana se leva et essora comme elle pouvait ses cheveux, avant de récupérer par terre son ancien tee-shirt pour se sécher. Tous deux enfilèrent par la suite leur tenue, se délectant de la chaleur qui entoura leur silhouette. Puis, ayant l'estomac vide, ils décidèrent d'aller s'acheter de la nourriture. 

Le rouge de la vie

Comme dit précédemment, je vous poste le premier chapitre de cette histoire ! 

Il est plutôt long, je le conçois, et sachez qu'il devait l'être encore plus (j'ai décidé de le partager en deux). 

Nous voyons donc comment des liens ont commencé à se tisser entre Kana et Chuuya, et c'est loin d'être terminé. D'autres chapitres seront sur la relation entre ces deux personnages (et j'affectionne particulièrement la relation qu'ils entretiennent et que vous découvrirez au fur et à mesure). 

Écrire avec des personnages âgés de sept ans est un véritable défi. C'est difficile de représenter la mentalité d'un enfant, de ne pas le rendre trop intelligent ou bien trop enfantin. J'espère que cela vous a paru naturel, avec le contexte qui va avec ! 

Je vous dis à très bientôt avec le prochain chapitre qui est bien plus court que celui-ci ! 

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro