C'était un matin d'août. Je m'en souviens parfaitement.Je crois même que je m'en souviendrais toute ma vie.Pour deux raisons.

J'étais chez moi quand le téléphone a retenti.Au moment où j'ai décroché,je ne pensais pas une seule seconde à ce qui allait suivre.

"Elle est partie.Il y a trois heures."

Tel furent les deux premières phrases de ma femme.Je ne me souviens plus très bien de ce moment-là mais je crois avoir gardé le silence longtemps.Assez pour que ma femme s'inquiète.Quand j'ai enfin retrouvé ma voix,j'ai demandé d'une voix enrouée.

"C'est vrai?"

Question inutile.Ma femme a sangloté que oui avec désespoir.Je l'ai remercié et j'ai raccroché.Machinalement,j'ai saisi ma veste,un briquet et un paquet de cigarette.Je crois me souvenir que mon teint était pâle et mon expression décomposé lorsque le miroir dans l'entrée m'a renvoyé mon reflet.Je suis sorti en claquât violemment la porte.

Tout était confus dans ma tête.Je revoyais les moments heureux et mon coeur souffrait.Pourquoi fallait-il qu'à cet instant ressurgissent tous les jours joyeux?La nostalgie m'attrapant et m'enfonçant avec elle.J'avais mal au coeur,très mal.On le serrait à me tuer avant de le relâcher d'un coup.En désespoir de cause,j'ai lâchement abandonné mes bonnes résolutions.J'ai attrapé une cigarette que j'ai allumé et porté à mes lèvres.

Je me rappelle encore du goût horrible qu'elle avait.Un goût de fin,de regrets et surtout,de solitude.

J'ai marché dans la ville plusieurs heures.Je ne vivais pas ces moments là.J'étais en transe,marchant machinalement.Le passé avait une emprise total sur moi et me faisait souffrir à un tel point que les larmes ne coulaient pas.Depuis sa mort,je n'avais pas versé une seule larme.J'étais en plein cauchemar.

Ma nièce,vingt ans,venait de décéder d'un cancer.

Un an qu'elle était à l'hôpital,alors j'ai tout de suite su de qui ma femme parlait.

Une bouffée de nostalgie m'a atteinte et toutes les peines du monde ont atteint mon esprit.J'ai jeté rageusement ma cigarette par terre et me suis mis à courir.Je voulais me vider la tête et arriver à réfléchir.

Mais une fois assis sur le banc du parc où elle aimait venir jouer enfant,les choses ne se sont pas arrangés.

Puis,je l'ai vu.

Allongé à terre, sans vie.Des cheveux roux et fous,assez enrobé et grand.Doucement,j'ai approché.L'homme était mort mais il faisait peur.

Un œil qui ne regardait pas dans le même sens que l'autre,une jambe de bois,des habits d'halloween et un bout de bois serré contre lui.Pourtant,je n'ai pas ressentir la moindre frayeur,seulement de la pitié.Cet homme abandonné dans ce parc n'allait pas jouir de la moindre sépulture.Ma nièce serrait enterrée dans les règles avec les personnes qu'elle aimait.Lui,jamais.

Et même si on le cherchait,on aurait dis que cet homme était tombé du ciel.Personne ne le retrouverait jamais.Quand j'ai réalisé ça,j'ai eu mal.Tellement mal pour lui.Cet homme que je ne connaissais pas le faisait ressentir une peine immense.

À ce moment là,j'ai éclaté en larmes.La vie est horrible.

D'un moldu à Maugrey