Un tueur

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Écrite à l'occasion d'un petit concours sur Wattpad :) Il fallait écrire en un maximum de 3000 mots, une Alternate History à propos d'événements en lien avec un personnage historique que les jurys avaient choisi. Pour moi, c'était Windradyne.

Il grogna encore, fatigué de rester devant le feu de camp avec cette chemise qui le démange tout en le retenant captif. L'air australien des années 1800 l'étouffait. Lui qui ne supportait pas cette chaleur devait se taire et attendre. La sueur perlait sur son front malgré la fraicheur de la nuit. Était-ce à cause de la peur ou de l'excitation ? De toute manière, il attendait, assis sur un tronc d'arbre et entouré d'hommes et de femmes aux allures tribales.

D'après ce que le professeur avait dit à Jay avant de l'expulser dans ce temps, le chef des Wiradjuri viendrait ici pour célébrer sa nouvelle vie. Apparemment, quand le chef s'était battu près de la rivière Macquarie, une flèche était apparue de nulle part et avait tué son adversaire. Surpris, le guerrier avait même essayé de suivre le tireur, mais avec le combat passé, il avait été trop fatigué à cause de ses blessures qui l'avait affaibli. Personne n'avait pu trouver le tueur non plus.

Le chef nommé Windradyne avait été soigné et, après cela, le guérisseur avait proclamé qu'il avait de la chance d'être encore en vie. Si son adversaire avait continué le combat, les plaies lui auraient été fatales.

Mais c'était ainsi qu'il devait mourir initialement. Une blessure grave au genou droit devait s'infecter et aurait laissé Windradyne mort après plusieurs heures dans l'hôpital Bathurst à quelques kilomètres de la plaine.

Le fait qu'il soit encore en vie à cause du tireur l'avait poussé à fêter sa victoire dans un village près du lieu de son combat à la rivière Macquarie. D'après ce que Jay avait eu le temps d'étudier, un incident violent en mai 1824 entre les aborigènes et les colons s'était produit.

Depuis, le gouverneur de ce district occidental avait offert une récompense pour la capture de Windradyne, car l'aborigène était soupçonné d'avoir tué sept colons. Mais après une fête annuelle où le chef des Wiradjuri était venu avec une bannière écrite «paix» sur son chapeau, il avait été pardonné par le gouverneur.

On entendit des cris à quelques mètres qui bousculèrent les pensées de Jay. Avec la nuit tombée, il était difficile de distinguer le visage et les traits de l'homme qu'il devait tuer pour rétablir le cours du temps. Un groupe de personnes aux rires éloquents vint à la rencontre d'une ombre imposante, et cela attira l'attention de toutes les personnes assises sur les troncs d'arbres déracinés.

Là, le chef des Aborigènes marcha avec une allure majestueuse, bien qu'un bandage était clairement visible sur son genou droit. Ses yeux perçants parcoururent le lieu tout en affichant un sourire confiant. Le bonheur rayonnait de sa personne. La joie et le pouvoir.

Cet homme qui n'aurait pas dû être vivant était pourtant bien présent, debout devant Jay. C'était un sentiment incroyable pour le voyageur. Jamais dans ses rêves il n'aurait imaginé cette scène. Le guerrier tatoué s'installa devant lui, de l'autre côté du feu de camp. Beaucoup de gens le félicitèrent, mais il semblait embarrassé. Le chef riait beaucoup. Un rire riche et joyeux.

Jay repensa au plan. Suivre le chef jusqu'à le coincer quelque part où un accident qu'il aurait provoqué surviendrait. Sauf qu'il n'avait pas eu le temps de réfléchir aux détails. De ce qu'il savait, Windradyne, également nommé Samedi, n'était pas seulement un être fait de muscles, mais aussi un homme intelligent.

Jay paniqua à cette pensée. Comment pouvait-il le tuer sans se faire prendre ? C'était presque impossible. De plus, être un assassin n'était pas dans son registre. Lui qui n'avait jamais écrasé une araignée, tuer Windradyne, une figure de paix entre aborigènes et colons, était une idée cinglée. Peut-être qu'il pouvait demander à quelqu'un d'autre de le tuer ? Encore plus impossible. Une seule personne à la fois pouvait entrer dans le sas de la machine temporel avec un seul voyage par journée de vingt-quatre heures.

Soudain, les yeux perçants de Windradyne s'arrêtèrent sur Jay. Surpris, l'étranger resta un moment à le fixer, avant de baisser son regard vers le sol recouvert de terre sèche.

– Qui es-tu ?

Le grondement avait plus de curiosité et de pouvoir que de colère. Winnye, un petit homme à l'estomac bien rond cessa de manger la viande pour venir près de l'étranger de cette tribu.

– Ah ! Cet homme est Jeijei, un de mes amis. Je l'ai invité. C'est un homme qui vous respecte profondément.

– Jeijei, de quelle tribu es-tu ? demanda Windradyne avec toute son attention rivée sur le voyageur.

– Je... Je suis venu il n'y a pas si longtemps dans ce lieu. Mon père a entendu parler de votre volonté à cesser la guerre avec les hommes blancs et je suis venu vous voir en personne.

Le mensonge de Jay sortit rapidement de sa bouche. Il fut même surpris, mais ne le montra pas. Il espérait que Windradyne le croirait sans poser de questions supplémentaires. L'étranger avait la chance d'avoir une peau foncée. Pas aussi noire que celle de Windradyne, mais assez pour faire partie d'une tribu d'aborigènes.

Quand il était venu dans cette région à travers la machine créée par le professeur, il avait trouvé l'homme nommé Winnye qui avait suffisamment bu pour accepter Jay en tant qu'ami. Le voyageur avait demandé des informations et un endroit pour loger, ce que Winnye lui avait de suite offert.

Jay mangea ce qu'une femme de la tribu lui tendait. Mâchant un morceau de viande, il pouvait sentir le regard de Samedi sur lui de temps à autre.

– Ce n'est pas pour cesser la guerre, mais pour éviter des affrontements avec eux. Ils sont rusés et faux. Surveillez toujours vos mots avec ces hommes. Leur sens de l'honneur est biaisé.

– Samedi, ne parlons pas d'eux ! Buvons, mangeons et dansons ! clama Winnye déjà ivre.

Les gens éclatèrent de rire. Certains se levèrent pour danser autour du feu tandis que d'autres chantaient ou mangeaient. Jay mâchonnait de nouveau un autre morceau en regardant les genoux de Windradyne.

Ce campement était près de la rivière Macquarie où Samedi aurait dû mourir. La plaie infectée se serait transformée en une gangrène gazeuse qui prive les tissus d'oxygène pourtant nécessaire à la survie d'un être humain. Ainsi une mort cette nuit pourrait rétablir l'ordre de l'Histoire.

Jay pensait à l'empoisonner ou à aggraver l'état de son genou afin qu'une infection se développe et détériore son état. Comment précisément allait-il accomplir cela ? Il pensait qu'il trouverait les outils nécessaires pour le tuer ici, mais il était en réalité venu sans idée sérieuse. Agir une fois sur place, c'était ce qu'il faisait à chacun de ses départs, mais ce n'était pas un bon choix en cette époque où il n'était qu'un étranger et donc où il pouvait être tué à tout moment. L'homme soupira avant de regarder le ciel. Les étoiles contemplaient son agonie. Fatigué, il se frotta ensuite les yeux.

– Le temps a passé, souhaites-tu dormir Jeijei ? demanda Windradyne, ce qui fit sursauter Jay.

Il ne s'était pas attendu à entendre sa voix profonde. Ses mots étaient doux, mais le cœur de Jay battait rapidement. Comme s'il craignait que l'aborigène n'entende ses pensées meurtrières. En tous cas, Jay ne voulait pas le tuer et pourtant, il cherchait la meilleure façon de nuire à ce chef de tribu. Dans son esprit, il jura contre le professeur qui l'avait envoyé ici, n'aimant pas comment les choses se déroulaient.

– Je vais bien. C'était une journée fatigante, expliqua l'homme maigre à Samedi.

– Si tu veux partager tes pensées, je suis là.

Jay le remercia poliment et retourna au bungalow de son ami ivre pour dormir. Il ne pouvait pas dire qu'il pensait à un moyen de le tuer. Le chef et tout le monde dans cette tribu auraient ri de lui ou pire l'auraient massacré. Jay dormait comme il pouvait, perturbé par des rêves où il n'était pas capable de changer ce présent.

Les conséquences à l'avenir seraient catastrophiques. Il pourrait y avoir un problème entre Windradyne et le gouverneur. Si c'était le cas, l'aborigène ne finirait pas comme un héros, mais comme un ennemi ou un traître. Qui sait ce qui arriverait s'il restait plus longtemps en vie...

Le lendemain, Jay se réveilla, déterminé. Il avait besoin de tuer le chef accidentellement, donc il choisit de mettre du poison fabriqué avec des plantes toxiques dans la boisson de Windradyne, mais rien ne se produisit les jours suivants. Le chef était toujours debout quand le jour se levait.

Jay essaya de mettre des pièges. Dans la forêt, dans le village, près de la rivière aussi. Cordage, ligne de poisson... Le colosse avait des sens aigus dus à ses chasses en pleine nature qui lui permettaient de savoir par instinct quand une corde tendue prête à le blesser était à ses pieds. Jay tenta même d'appâter les crocodiles avec de la viande afin qu'ils dévorent Samedi. Malheureusement, le chef des aborigènes savait faire face à ces reptiles. Il en avait tué certains à la surprise de Jay.

Malgré tous ses efforts meurtriers, Samedi avait toujours trouvé un moyen de survivre. Déprimé, Jay s'assit devant le feu de camp et regarda les flammes danser.

– Pourquoi ce visage Jeijei ? Je vais bien, tu n'as pas besoin de t'inquiéter, déclara l'aborigène avec une voix douce.

– Je sais, mais...

Jay se pinça le nez, frustré de ne pas pouvoir faire quelque chose concernant l'avenir. Changer l'Histoire était dangereux. Maintenant, on ne pouvait savoir ce qui arriverait ensuite, mais une chose était sûre, le présent que Jay connaissait n'existerait plus. Aborigènes et Colons.

Windradyne ne pressa pas Jay pour qu'il réponde. Au contraire, il attendit. Assis sur le tronc après avoir marché autour de la forêt pour ramasser des branches pour le feu, ils appréciaient la nature autour d'eux.

Le jour se mourait lentement pour laisser naître la nuit avec sa vie obscure. Jay avait découvert que de nombreux animaux se réveillaient à cet instant. Une belle nuit qu'il contemplait dans le passé et qu'il n'avait jamais pris le temps d'observer dans son présent.

Mais sa vie confortable lui manquait. Il voulait retourner chez lui et la seule façon pour lui était que l'Histoire reste la même.

– Si quelqu'un a changé le passé et que tu as l'occasion de le changer à nouveau, laisserais-tu le passé changé ou le changerais-tu encore ? demanda Jay lentement tout en marchant pour récupérer des branches mortes.

Il ne savait pas si c'était une bonne idée, mais l'homme mince était fatigué de toutes ces tentatives de meurtre. D'une certaine manière, il était soulagé de ne pas avoir réussi à le tuer. Cependant, il avait échoué sur la seule mission qu'il avait à accomplir. La culpabilité le rongea. Devait-il cesser ses tentatives d'assassinat ? Y avait-il un autre moyen d'obtenir le même avenir avec Windradyne toujours en vie ?

– L'homme qui a changé le passé l'a fait pour une raison. Pourquoi se donner la peine de le changer à nouveau ? Ce passé modifié donnera un nouvel avenir, mieux ou pas, là n'est pas la question. L'homme qui veut changer le passé à nouveau pour avoir le futur qu'il connaissait ne va seulement créer que plus de complications pour lui-même, expliqua le chef qui se gratta la barbe tout en réfléchissant.

– Que veux-tu dire ? Quelles complications ? Normalement, le passé est modifié donc l'avenir changera aussi. Si vous changez le passé pour qu'il redevienne comme avant la modification, l'avenir sera comme nous le connaitrons.

– En es-tu certain ? Dans ton histoire, tu m'as dit qu'il y avait un homme qui a changé le passé. Au moment où il a changé les événements du passé, l'avenir ne restera jamais le même que celui de cet homme.

– Mais les conséquences sont faibles. Plus vite il aura changé le passé comme avant, plus rapidement le temps reprendra son cours pour retrouver l'avenir qu'il connaissait.

– Comment sais-tu cela ? demanda Samedi en levant un sourcil.

– C'est juste logique, souffla Jay.

– Le temps est délicat, tu penses que quelques minutes se sont écoulées, mais cela fait une heure que nous sommes en train de ramasser du bois. Si le passé est changé, l'avenir sera différent aussi. La vraie question est : es-tu certain de vouloir changer le passé sans réelle preuve que l'avenir sera comme avant ? Penses-y en marchant, nous devons retourner au feu de camp.

Jay réfléchissait. Il ne savait plus quoi faire ni quoi penser. Les idées d'assassinat devenaient floues.

– Tu ne changerais donc pas le passé ?

– Si ce n'est pas nécessaire non, je voudrais simplement apprécier ce que les dieux m'offrent.

Jay repensait beaucoup à ses paroles. Cet homme n'était pas un chef pour rien et, comme Jay l'avait soupçonné, il avait le cerveau et les muscles. Que devait-il faire maintenant ? Tuer ou laisser gagner le destin ? Après avoir marché avec de lourdes branches sur ses épaules, il décida, en les posant, de laisser Windradyne vivre. Il ne savait pas si c'était une erreur ou pas, mais il avait fait son choix.

En fin de compte, quel mal pourrait se produire à l'avenir ? Windradyne était encore considéré comme un héros. Jay avait simplement besoin que le gouverneur et les aborigènes ne se tuent pas dans des batailles sanguinaires.

Cependant, un événement se produisit deux jours plus tard.

Jay se réveilla en entendant des cris à l'extérieur. Paniqué, il sauta de son lit, mit un pantalon et alla voir l'agitation. Les gens courraient dans tous les sens sans qu'il ne sût pourquoi. Il aperçut Winnye au loin. À travers la foule, il se dirigea vers lui et vit du sang sur ses vêtements.

– Sa-Samedi est mort ! s'écria avec horreur l'aborigène dodu.

Les yeux de Jay s'agrandirent de stupeur tandis que Winnye pleurait comme beaucoup d'autres. Le voyageur fit de son mieux pour le réconforter, cependant le choc était plaqué sur son visage.

– Winnye tu dois me dire, qu'est-ce qu'il s'est passé exactement ? demanda Jay en le regardant dans les yeux.

– Nous étions près de la rivière Macquarie pour attraper du poisson... Tout s'était bien passé, mais quand nous sommes revenus en courant dans la forêt, Samedi est tombé et a crié... S-ses genoux saignaient beaucoup... Nous l'avons transporté à l'hôpital et ils ont annoncé que l'infection s'était agrandie... J-je suis venu annoncer sa mort aussi vite que j'ai pu.

Winnye sanglota après avoir raconté l'histoire. Jay s'assit en bloquant tous les cris. Les pleurs. La douleur des autres. Il se sentait juste engourdi.

L'homme s'éloigna de la tribu après l'incident. Il ne pouvait faire face à personne. Il ne supportait pas la douleur qu'il lisait sur leurs visages, ni les cris de désespoir. La ligne de pêche était la sienne. Il avait oublié de retirer ce piège qui était l'une des nombreuses façons de tuer Samedi par accident. Windradyne n'était plus sur terre et la mission du voyageur était couronnée de succès.

Mais ce fut avec un cœur attristé que Jay retourna dans son présent.

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