Ren se leva une fois de plus avec le soleil. Il se frotta les yeux, encore endormi et le pansement de fortune que lui avait fait Léo en rentrant lui rappela qu'ils avaient du pain sur la planche. Il s'étira, se leva et s'habilla. Aujourd'hui, le ciel était gris et l'air humide. Il allait pleuvoir, ça n'en faisait pas l'ombre d'un doute.

Il se rendit à la cuisine pour prendre son petit déjeuner, toujours un morceau de pain avec du beurre. Léo était déjà là et lisait un journal. Le garou jeta un coup d'œil par dessus l'épaule du brun, sortant au passage sa cuillère. Il avait peut-être une chance, l'autre lisait. Il tenta d'asséner un coup du petit outil à l'homme au niveau de la gorge. Celui-ci, sans même le regarder, lui attrapa le bras, arrêtant son geste. Raté.

« Tu ne sais pas lire, tu es resté trop longtemps derrière moi, ça m'a mit la puce à l'oreille. On verra le gage ce soir. »

Ren hocha la tête, un peu déçu. Il rangea son "arme".

« On va y aller, sinon on va être en retard. »

Le garou attrapa son manteau et ses chaussures de fortune. Léo en fit de même et ils partirent au point de rendez-vous.

Ils furent les premiers arrivés, Holly et Haley débarquèrent ensuite et Blanche et Elvis pour finir.

« On commencera par le moulin, c'est le dernier endroit où il a été vu. On devrait croisé les autres assassins si on s'approche de lui. Par ailleurs, d'après les témoins, il a un fouet alors faite attention si vous vous approchez un peu près. On échafaudera un plan sur place. »

Les six se mirent en route. Et arrivèrent devant un petit moulin à eau à l'orée de la forêt.

« Déjà, on sait qu'il est passé par là... plus qu'à savoir où il est parti. »

En effet, de nombreux arbres avaient été massacrés et par endroit, le bâtiment du moulin était effondré. Holly prit sa forme de loup et huma l'air. Elle désigna la forêt du museau.

« Bien. On l'encerclera, et l'un d'autre nous attira son attention, en attendant les autres tenteront de le tuer. Qui se charge de vers diversion ?
- Ren, puisqu'il est doué pour se sauver. Et puis, au pire, ça fera pas une grosse perte. »

L'albinos lança un regard furieux à Elvis. Celui-ci le regarda, un sourire narquois au visage.

« Tu n'es pas d'accord ?
- Ça suffit Elvis, l'arrêta Blanche.
- J'ai raison quand... »

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, Ren lui avait bondit dessus, le plaqua au sol et lui colla sa cuillère sous la gorge avec une facilité déconcertante. Le sorcier avala sa salive. Léo attrapa l'albinos par le t-shirt et le tira en arrière.

« Tu vois quand tu veux, lui souffla l'assassin. »

Le garou lança un regard frustré au brun, pourquoi ne le laissait-il pas corriger ce prétentieux ?

« C'est pas le moment, Ren, vous réglerez vos comptes plus tard.
- C'est moi qui serait l'appât. »

Ils se tournèrent vers Holly, étonnés. Ren lui lança un regard reconnaissant, à vrai dire, risquer sa vie volontairement ne l'enchantait pas. Il s'écarta d'Elvis, lui lançant un regard furieux. Le sorcier se releva et s'essuya silencieusement. Sa professeure se permit de faire un commentaire :

« Tu ne l'as pas volé.
- Ouais bah il va pas tuer grand monde avec une cuillère.
- Ça, ça va dépendre de lui. Tu as un rival intéressant.
- C'est pas mon rival.
- Si ça peut te faire plaisir. N'empêche qu'en attendant, ça serait bien que vous vous entendiez un minimum pour le travail de groupe. »

Haley fit signe au groupe qu'il était temps de se remettre en route. Holly reprit sa forme de louve et prit la tête du groupe, truffe à l'air. Ils marchèrent vingt bonnes minutes lorsque la louve se figea. Elle jeta un regard à son mentor qui fit la traduction.

« Il est tout proche. »

La louve les informa qu'il était droit devant du museau.

« Bien, chacun un côté. On se place en étoile. Haley prendra la première branche, Léo la deuxième, Ren la troisième, Holly la quatrième donc, Elvis la cinquième et moi la sixième. »

Ren sembla un peu perdu, c'était quoi cette position d'étoile ? Léo lui fit signe de le suivre et ils partirent sur la droite avec Haley. Les deux autres partirent sur la gauche et Holly, droit devant.

Le brun ordonna à l'albinos de se cacher à l'endroit de la troisième et partit se placer à la deuxième. Le garou se transforma en chat et grimpa dans un arbre. De là haut, il vit que Elvis s'était planqué derrière un buisson, idem pour Léo. Il ne voyait pas les deux autres. Comme il ne voyait pas le sorcier, il entreprit de faire une toilette rapide. Cependant, celui-ci ne tarda pas à avancer dans leur piège. Holly se dressa devant lui en grognant.

« Un groupe d'assassin tiens. J'en croise beaucoup ses derniers jours. En te comptant petite, vous êtes cinq. Deux sorciers, deux garou et une fée.
- Pas mal et tu sais quel espèce de garou ?
- Évidemment, tu es louve et ton ami, lion. »

Ren savait que Holly était louve garou donc la fée était forcément Blanche. Dans les deux sorciers, il y avait Elvis, le deuxième était soit Haley, soit Léo. C'est vrai qu'il se savait pas grand-chose de Léo... mais lui, il n'avait pas été dit ! Est-ce que cela voulait dire que le sorcier du poison de l'avait pas vu ? Holly était maligne, elle avait posé la question pour qu'ils sachent qui n'avait pas été découvert.

À vrai dire, la louve avait tout intérêt à ce que ses alliés soient au courant, elle risquait sa peau quand même. Si le sorcier savait combien et ce qu'ils étaient, ils savaient aussi sûrement où ils étaient. Il était donc difficile de le surprendre et de l'assassiner dans son dos. Le rôle de la garou changeait donc totalement : ouvrir une brèche pour permettre à Ren d'attaquer par surprise. Elle savait où il était à quelque chose près, elle n'avait plus qu'à tenter sa chance.

Tous avaient compris que tout allait se jouer sur Ren. Le jeune garçon n'était pas très rassuré à l'idée de devoir tuer un monstre pareil, il les avait localisé tous les cinq en un rien de temps. Mais pourquoi lui ? Il n'était pas beaucoup mieux loti que les autres... et s'il se ratait ? Si à cause de lui ils échouaient la mission ? Et puis, était-il vraiment capable de tuer un sorcier ? Même Elvis l'avait battu à plate couture ! S'il y allait, Holly avait vraiment raison de le voir comme un suicidaire. Et pourtant il n'était pas décidé à mourir maintenant. Il pouvait toujours partir et faire marche arrière...

Holly grogna, elle avait senti la peur de Ren de là où elle était. Le sorcier avait un flair exceptionnel, il l'avait forcément remarqué aussi, ils étaient tous grillés.

« Ren ! T'es qu'un abruti ! »

Le sorcier ne devait pas connaitre leur nom, alors ça ne risquait pas grand-chose. Le garou sursauta, réalisant qu'il venait de faire une bêtise.

« Bon, plutôt que de pinailler, comment compte faire nos cinq assassins pour me tuer. »

Il n'avait pas remarqué ?! Holly eut du mal à garder son étonnement... il avait peut-être un espoir ou alors il bluffait. Elle feinta une attaque par la gauche et attaqua à droite. Avec une facilité déconcertante, le sorcier évita les crocs de la jeune fille et fit apparaitre un liquide verdâtre lévitant autour de lui.

« C'est du poison. »

Même si c'était inutile de le préciser, Holly l'avait compris. Il fallait qu'elle évite de toucher le liquide et surtout qu'elle ne se fasse pas blesser, sinon c'était fini. Ren gémit intérieurement, comment ferait-il pour passer au travers du liquide ? Et encore... le sorcier n'avait pas sorti le fouet attaché à sa ceinture.

Léo, de sa cachette, observant la situation et tentait de trouver une stratégie. De là où se trouvait Ren, il ne pourrait pas attaquer facilement, à moins de sauter dans le vide. À moins d'être réellement suicidaire, l'albinos ne ferait jamais ça. Il le savait. Déjà qu'il avait peur du sorcier... il lança un regard dans la direction d'Haley. S'ils attaquaient en crescendo ils avaient peut-être une chance. Il prit silencieusement sa forme de lion et bondit sur le sorcier, toutes griffes sorties. Il passa le liquide sans difficultés et fut sur l'homme aux poisons en deux sauts. Il lui asséna un coup de patte au visage avant que la cible sorte son fouet et fasse reculer l'imposant félin. Haley en profita pour charger une sphère d'énergie et l'envoya sur le sorcier. Il le toucha en plein visage. Un rire cynique s'échappa du sorcier, presque effrayant. Ren frissonna, ce monstre était vraiment effrayant.

« Bon allez fini de jouer les enfants. »

Il lança son fouet dans la direction des deux garous découverts. Léo plaqua la louve au sol et sentit le fouet frôler sa crinière puis se releva. Il poussa la jeune fille du museau, lui signifiant de s'écarter. Elle regarda le lion et lui murmura des paroles que Ren ne réussit pas à capter. Soudain, le lion partit dans la direction du garou. Le sorcier le suivit du regard... enfin, on aurait dit. Lorsque Ren pu voir son visage, il remarqua que le sorcier était aveuglé suite aux deux attaques. Ce qui signifiait qu'il se repérait grâce à son flair et son ouïe. Il n'avait apparemment sentit sa présence et s'il ne faisait pas de bruit... il l'aurait peut-être. Il remarqua que Holly regardait dans sa direction et il fit signe qu'il avait compris. Ils avaient voulu lui montrer qu'il ne le verrait pas. Il regarda le sol... quelle idée de monter si haut.

« Elvis, maintenant !! »

Une sphère de glace sortit d'un buisson et vint figer les pieds du sorcier au sol. Le chat prit de l'élan sur la branche où il s'était perché et bondit dans le vide. Ren est suicidaire. Holly avait raison. Le félin atterrit directement sur la tête du sorcier et s'y agrippa pour ralentir sa chute, lui occasionnant de belles griffures. Cependant, il ne réussit pas à l'atteindre à la gorge et retomba lourdement aux pieds de sa cible, étourdi par sa chute. Le bruit de ses pas sur les feuilles indiquèrent au sorcier où attaquer et le fouet s'agita. Le petit félin blanc reçut un coup, laissant une longue trainée de sang sur son pelage. Il serra les dents et bondit à la gorge de l'homme. S'il ne le tuait pas maintenant, il allait y laisser sa peau. Avec une précision mortelle, il lui saisit la gorge.

« Le lâche n'a finalement pas fait demi-tour. Ta peur n'était donc qu'une de tes fourberies... Zuri n'aurait jamais fait ça, murmura le sorcier. »

Le félin tressaillit à l'écoute du nom. Comment connaît-il Zuri ? La mâchoire de l'albinos se resserra.

« Es-tu sûr de ton choix ? Est-ce que celui qui tue ne mérite pas lui-même la mort ? Tu ne pourras plus fuir, Zuri, continua-t-il. »

Sans réfléchir, le chat acheva le sorcier et retomba lourdement au sol, haletant. Qui était ce sorcier ? D'où connaissait-il Zuri ?

D'un coup, une douleur le paralysa, il s'écroula au sol. Le coup qu'il avait reçu le brûlait et ses oreilles bourdonnaient.

« Ren ! Ça va ? »

Léo avait accouru vers lui, ayant reprit forme humaine. Le chat répondit par un gémissement de douleur.

« Le sang du sorcier était sûrement empoissonné lui aussi, fit Blanche.
- Il faut trouver un médecin alors.
- Tu t'en occupes Léo, on va se charger du sorcier.
- Merci. »

Le brun prit délicatement le corps du chat et partit en courant.

***

Léo toqua à la porte d'une petite maison, priant pour qu'il ait du monde. Une rousse vint ouvrir.

« C'est pour toi Ryan ! Et presses toi sinon tes belles paroles ne vaudront plus rien ! »

Elle laissa entrer les deux. Un homme aux cheveux rouge feu, mi-long apparut dans la pièce.

« Bonjour Léo, qu'est-ce qui s'est passé ? Encore une mission qui a mal tournée ?
- S'il te plait Ryan... j'ai pas le temps de me taper la causette.
- On peut trouver du temps pour tout, il suffit de chercher. »

Ryan alla chercha un tas de petit pot rempli de liquide, de crème, et autres, toutes plus douteux les uns que les autres.

« Bon, j'attends.
- Comme tu l'as si bien deviné c'était en mission. Nous avions un sorcier du poison à tuer.
- Empoissonnement donc. »

La rousse, nommée Alona, soupira. Ryan fit signe à Léo de poser le chat sur la table, il s'exécuta, et le médecin commença son travail.

« Je ne comprends vraiment les gens qui risque leur peau pour en tuer d'autre. C'est carrément débile, fit la rousse.
- C'est surtout que tu ne veux pas comprendre ! répliqua le médecin.
- Parce que tu comprends toi peut-être ? Déjà que t'as du mal à comprendre que un œuf c'est trois minutes, pas quinze...
- D'ailleurs ça serait bien de les enlever les œufs.
- Vas-y toi-même.
- Non madame, je dois protéger mes belles paroles.
- Tu ferais mieux de te concentrer sur ce que tu fais gros malin. »

Léo les trouvait amusant, ils se disputaient tout le temps et ça les faisait rire, comme si d'embêter était un jeu. Et puis, il avait l'habitude que Ryan soigne ses patients en discutant d'autres choses.

« Ah oui ! Je donne des renardeaux si ça t'intéresse Léo ! Je les ai trouvé entre deux bennes l'autre jour !
- Tu en as combien ?
- Cinq bien roux. Un chat et un renard, c'est pas incompatible tu sais !
- Je sais, et je rectifie : un chat garou.
- C'est la même chose à quelque chose près !
- Beaucoup de choses près...
- Bref ! Ils sont tous mignons ! Tu en veux un ?
- Pas spécialement.
- Allez ! Ils sont tout petit, ils prendront pas de place !
- Ça m'est égal.
- Ben alors quoi ?
- J'ai pas envie d'ouvrir un animalerie, un chat garou ça prend déjà de la place tu sais.
- Bah ! Une bestiole de plus, une bestiole de moins ! En plus, je peux te trouver des prénoms si tu n'as pas d'idée !
- Ah... j'ai dit non, arrête d'insister !
- Bon comme tu voudras. »

Ryan prit un air déçu, Léo soupira, quelle tête de mule celui-là !

« Au faite, si ça te dérange pas, j'aimerai que ton minou reste un peu là, un trajet de plus ne lui fera pas du bien.
- Si c'est pour des raisons médicales...
- Merci !
- Et évite de lui faire manger des œufs avariés. »

La rousse pouffa et Ryan lui lança un regard furieux.

« Sinon c'est quoi son nom ?
- Ren. S'il parle pas, tu ne t'inquiètes pas, c'est normal.
- Hm ?
- Je ne l'ai jamais entendu dire un mot.
- C'est noté. Il a quelque âge au passage ?
- Dix.
- Ah bon ? Il les fait pas. Faut l'engraisser un peu plus !
- Je te laisse le faire... mais pas de folie !
- Ouais ouais t'inquiète !
- Si justement...
- Bah ! Tu me connais !
- C'est bien le problème... »

La rousse rit. Léo fit un sourire amusé à Ryan qui commençait à s'indigner.

« Bon, je vais y aller. Ça me rassure pas ton histoire mais bon. À plus !
- À plus ! »

Le brun sortit, laissant l'albinos entre les mains du roux et sa sœur, à contrecœur.