X : La douceur des nuits d'été

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Chronologie :

2 mai 1998 : Bataille de Poudlard

31 décembre 2001 : Mariage de Ron et Hermione

26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny

20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique

17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter

04 janvier 2006 : Naissance de Rose Weasley

25 juin 2006 : Naissance d'Albus Severus Potter

Période couverte par le chapitre : 31 juillet – 21 septembre 2007

Comme Ron le lui avait suggéré, Hermione écrivit une lettre à Kingsley où elle exposa les raisons pour lesquelles elle trouvait non seulement immoral, mais aussi inefficace, de sanctionner les loups-garous s'ils ne se traitaient pas avec la potion Tue-Loup améliorée. Elle proposa toute une série de solutions alternatives pour éviter d'en arriver à cette extrémité.

Elle refusa d'utiliser les liens personnels qu'elle avait avec Kingsley pour soutenir sa cause et déposa officiellement sa lettre de doléances sur le bureau de Mandy Brocklehurst, qui occupait toujours le poste de secrétaire du ministre de la Magie.

Elle discuta cependant longuement avec Arthur et Percy dans un coin du jardin le dimanche suivant, et Harry songea avec amusement que la petite maison de guingois qui ne payait pas de mine était un siège de pouvoir et de décision qui faisait concurrence au ministère, et ce depuis plus de dix ans.

Avec Ron et Ginny, il avait été sollicité pour donner son avis sur le texte et attendit avec une impatience mêlée d'angoisse le Conseil des chefs de département qui devait avoir lieu le dernier jour du mois de juillet.

— Tu as parlé à Hermione ? fut la première chose que Harry demanda à Ginny ce jour-là en entrant dans la chambre des enfants avec lesquels elle jouait.

— J'ai essayé de l'avoir toute la journée, mais je n'ai pas réussi à la joindre. Tu as des nouvelles ?

— J'ai vu ton père tout à l'heure, confia Harry en embrassant James qui lui avait sauté dans les bras. King a lu sa lettre au Conseil et deux chefs de département se sont ralliés à Percy et Arthur pour voter contre le texte, ce qui ne lui a pas permis d'atteindre la majorité requise pour passer. Hestia est partie furieuse, et il paraît qu'il y a eu une scène très violente dans son département. Mais quand ton père s'y est rendu, Hermione était déjà partie. Ta mère a appelé toute la journée, sans succès. Ron non plus n'avait pas de nouvelles il y a deux heures, quand ton père l'a joint. Il rentrait chez lui pour voir ce qu'il en était. Je vais rappeler chez eux.

Il souleva Albus comme son fils adorait qu'on le fasse, puis il redescendit dans la cuisine. Hermione répondit quelques secondes après qu'il ait mis sa tête dans la cheminée.

— Alors ? demanda-t-il, rendu inquiet par son long silence.

— Ça va, le rassura-t-elle. Je termine de faire manger Rose et je passe vous voir, d'accord ?

Une demi-heure plus tard, Hermione débarquait au Square Grimmaurd. C'était au tour des Potter de dîner – ils venaient de coucher les enfants – mais elle déclina leur invitation à se joindre à eux car Ron était en train de préparer leur repas et elle avait l'intention de le retrouver sitôt qu'elle leur aurait raconté les derniers évènements.

— J'ai tenté de te contacter toute la journée, l'informa Ginny.

— Je sais et tu n'es pas la seule, mais j'ai fait un grand tour dans le quartier pour me détendre. J'avais besoin d'être un peu au calme pour réfléchir et prendre du recul avec tout ça.

— Alors, raconte ! la pressa son amie.

— Je n'ai pas croisé Hestia ce matin et je n'ai pas cherché à la voir non plus, commença à narrer Hermione. Dès qu'elle est partie au Conseil, je me suis mise à ranger mon bureau car je savais qu'elle me mettrait dehors quand elle reviendrait. Ça n'a pas manqué. Deux heures plus tard, elle débarquait comme une furie. Je ne l'avais jamais vue aussi en colère.

Harry avait en tête le visage rond et débonnaire de l'ancienne membre de l'ordre du Phénix. Il avait du mal à l'imaginer en rage.

— Je l'ai laissée crier tout son saoul, continua Hermione. Ron était d'avis que je parte avant son retour en laissant ma lettre de démission, mais je pense que cela aurait été lâche de ma part.

— Ça n'a pas été trop dur ? s'inquiéta Ginny.

— Un peu si, grimaça leur amie. Elle m'a sorti plein de trucs dingues comme quoi j'avais toujours voulu sa place, que je lui plantais des couteaux dans le dos, que je salissais sa réputation auprès du ministre et des autres chefs de département... Je n'arrive pas à déterminer si c'est la colère qui la faisait parler ainsi ou si elle pense ça de moi depuis des mois sans oser me le dire en face.

— Elle ne peut pas dire que tu l'as prise en traître, protesta Harry. Cela fait des semaines que tu tentes de la convaincre de s'y prendre autrement.

— Enfin, poursuivit Hermione, elle a bien fini par se taire, et je lui ai présenté ma lettre de démission. Elle l'a déchirée et m'a dit qu'elle me jetait dehors. Je n'avais plus qu'à partir. Je n'ai croisé personne, tous les autres étaient terrés dans leur bureau, sans doute l'oreille collée à la porte.

— Il faudrait leur proposer les oreilles à rallonge, plaisanta Ginny.

— Tiens, c'est vrai, je vais leur envoyer Ron, s'amusa Hermione.

— C'est quoi la bonne nouvelle ? s'enquit Harry qui la trouvait trop détendue en regard du début de journée qu'elle venait de raconter.

— Eh bien, je suis retournée chez moi, mais j'avais besoin de bouger alors je suis ressortie tout de suite pour faire un tour en ville. J'ai passé en revue ce que Hestia avait dit, avant de réaliser que j'avais gagné malgré les apparences, puisque la loi de répression contre les loups-garous n'avait pas été adoptée. Elle ne l'avait pas exprimé clairement, mais c'était la seule façon d'expliquer sa rage et sa méchanceté.

— Arthur m'a dit que tu as convaincu deux autres responsables de voter contre, confirma Harry.

— Oui, c'est ce que m'a expliqué Sturgis Podmore quand il est venu me voir, répondit Hermione.

— Il s'est déplacé en personne ? s'étonna Harry qui se demanda ce qui pouvait inciter le chef du département de la Justice magique à prendre le temps d'une telle démarche, d'autant que l'accès à la maison des Granger, en quartier moldu, était loin d'être aisé pour les sorciers.

— Oui, il avait une proposition à me faire.

Hermione ménagea son effet en s'interrompant un petit instant, puis elle annonça enfin :

— Sturgis est venu me proposer de devenir sa secrétaire.

— Quoi ? s'exclama Ginny.

— C'est génial ! se réjouit Harry.

— Il m'a fait valoir que son service est en pleine mutation du fait des nouvelles lois, et qu'il a besoin de quelqu'un de confiance avec qui partager son travail, développa Hermione d'un air ravi.

— Félicitations ! s'exclama le couple à l'unisson.

Être secrétaire du ministre ou d'un chef de département était un poste clé. C'était le secrétaire qui filtrait les demandes qui étaient adressées à son service, les faisait parvenir aux services concernés ou les transmettait à son patron pour qu'il les traite lui-même. S'il se montrait talentueux et de confiance, il pouvait même rédiger de lui-même une grande partie des réponses en les soumettant ensuite à la signature de son responsable. Harry n'était pas prêt d'oublier le pouvoir qu'avait acquis Ombrage quand elle avait été secrétaire de Fudge. Cela pouvait constituer un bon tremplin pour Hermione. Elle pourrait être force de proposition au début, et éventuellement terminer comme cheffe de département dans quelques années. Aux yeux brillants de son amie, Harry comprit que toutes ces possibilités ne lui avaient pas échappé, et qu'elle mesurait pleinement l'offre qui lui avait été faite.

— Dis-moi que tu as accepté sur-le-champ, la supplia Harry.

— Tu sais bien que je pèse toujours le pour et le contre avant de prendre une décision importante, lui opposa Hermione.

Harry ouvrit la bouche pour la conjurer de sauter sur l'occasion, mais son amie conclut d'un air mutin :

—... mais là, je n'ai pas hésité une seconde !

— Oh, il faut fêter ça ! s'exclama Ginny.

— On verra ça dimanche, la coupa Hermione en se levant, Ron m'attend. Cela va nous faire du bien à tous les deux de pouvoir nous réjouir, après tous ces mois difficiles.

Une fois qu'elle eût disparu dans la cheminée, Ginny se pencha vers son mari et lui confia :

— Je ne serais pas étonnée d'apprendre prochainement qu'ils nous ont mis un petit deuxième en route !

*

Le mois d'août apporta des vacances pour la plupart des membres de la famille.

Bill et Fleur partirent une semaine en Égypte avec leurs trois enfants, et Charlie alla voir un ami qui travaillait dans une réserve de dragons en Patagonie. George et Angelina, qui était de nouveau enceinte, allèrent chercher le soleil sur les plages d'Algarve au Portugal.

Harry et Ginny acceptèrent l'invitation des parents de Fleur et allèrent deux semaines en France avec leurs fils et Teddy. Harry profita de ses journées pour passer du temps avec ses enfants ; James et Albus furent ravis de pouvoir jouer longuement avec leur père. Ginny, qui avait besoin de bouger, fit toute une série d'excursions avec Gabrielle, avec qui elle devint très amie. La plupart du temps, Teddy venait avec elles, appréciant les promenades, ainsi que les découvertes gastronomiques. Monsieur Delacour s'occupa aussi du jeune garçon en l'emmenant dans son atelier et en lui montrant comment on façonnait et enchantait les meubles.

Par contre, Hermione et Ron, qui avaient prévu de partir à l'étranger, durent annuler leurs projets du fait de la promotion de la jeune femme.

Durant la seconde quinzaine du mois d'août, Molly proposa de prendre tous les enfants chez elle, ainsi que les parents qui n'avaient pas repris leur travail. Il fut question d'agrandir magiquement la maison, mais Ginny eut une idée qui enthousiasma les plus jeunes : acheter une vaste tente et la planter dans le jardin du Terrier.

Elle y prit ses quartiers avec Fleur, leurs enfants respectifs, Teddy, ainsi que Freddy. Harry, George et Angelina qui avaient repris leurs activités les rejoignaient le soir. Ron et Hermione vinrent aussi, mais ils préférèrent s'installer dans une des chambres libres de la maison, tout comme que Percy qu'on avait réussi à arracher du ministère.

À vrai dire, Harry n'avait pas été très attiré à l'idée de camper, mais il avait fait le choix de partager la chambre de son épouse, au-delà des contingences matérielles. Il dut cependant admettre que loger dans une tente Quatre-baguettes, sous un ciel ensoleillé et en bénéficiant de repas préparés dans une confortable cuisine n'avait rien à voir avec ce qu'il avait connu durant l'année des Ténèbres. Il apprécia les dîners pris autour du feu de camp qu'ils allumaient chaque soir et en profita pour demander à Arthur de lui apprendre la Ballade de Odo, ce qui pouvait toujours servir lors des grandes occasions. Fleur, qui avait une très belle voix, enseigna aux enfants les comptines de son pays, avant de joindre son accent chantant aux nurserys rhymes anglais.

Au bout de quelques jours, les enfants, menés par Teddy et Victoire, construisirent une cabane où ils voulurent dormir. Après avoir consolidé et imperméabilisé l'édifice avec quelques sorts, les parents donnèrent leur accord, à la grande joie de la marmaille qu'on entendait glousser jusqu'à des heures avancées.

Même les elfes furent mis au repos. Harry et Ginny avaient fermé le Square Grimmaurd et Miffy fut ravie de pouvoir se consacrer au petit appartement qu'elle occupait à Pré-au-Lard avec son compagnon, le ténébreux Cracky qui, lui, travaillait toujours d'arrache-pied pour son exigeant maître. Trotty parut désespéré à l'idée de ne plus rien avoir à faire. Il fut accepté au Terrier, où il se rendit utile, même si personne ne lui demandait rien. Hermione regretta de s'être laissée obnubiler par la nécessité pour les elfes libres de trouver un emploi et de n'avoir pas pensé à imaginer des activités de loisir pour eux, ce qui aurait pu les aider à apprécier l'idée d'être en vacances. Elle résolut de réactiver son association Les amis de Dobby – l'ancien SALE –, qu'elle avait laissée tomber au profit de son action au sein du département de Régulation des créatures magiques.

Dans la douceur des nuits d'été, Harry et Ginny considérèrent qu'ils se sentaient prêts à accueillir un troisième enfant dans leur foyer et se consacrèrent avec énergie à donner vie à ce projet.

C'est avec regrets, quand le mois de septembre arriva, qu'ils démontèrent la tente et la remisèrent au grenier, se promettant de renouveler l'expérience.

*

À la rentrée, Harry décida qu'il était temps de passer à l'étape suivante en ce qui concernait la collecte des indices et des preuves dans les enquêtes. Il se rendit dans la bibliothèque qui se trouvait au rez-de-chaussée de sa maison et qu'il avait plus ou moins convertie en cabinet de travail. Les murs étaient tapissés de livres aux reliures de cuir patiné qui allaient du marron clair au brun profond, en passant par le bordeaux ou le vert bouteille.

D'après Hermione, qui y avait passé des heures du temps où elle habitait là, il y avait non seulement des livres datant des premières machines à imprimer magiques, mais aussi de précieux incunables, écrits à la main. Elle avait même repéré deux ouvrages dont la couleur des lettres lui faisait soupçonner que l'encre avait été remplacée par du sang.

On pouvait déchiffrer de nombreux alphabets, des langues oubliées, des runes puissantes, des signes cabalistiques, des passages codés dont ceux qui détenaient la clé étaient morts depuis des siècles. En se fondant sur ce qu'ils avaient retrouvé en nettoyant la maison, Harry avait pensé que la bibliothèque ne contenait que des ouvrages traitant de la magie noire. Mais Hermione l'avait détrompé : visiblement, la famille Black n'était pas composée que de personnes racistes et avides de puissance. Il y avait aussi eu des érudits, des théologiens, des curieux, des historiens, des runologues.

Un savoir extraordinaire était donc concentré dans cette pièce, pourtant trois fois plus petite que leur salon. Il y avait davantage de livres qu'il n'y paraissait : grâce à la magie, chaque rayonnage était en effet constitué de plusieurs niveaux.

Pour accéder aux ouvrages, il existait un catalogue enchanté qui n'était pas sans rappeler celui dont les Aurors se servaient dans la salle des Archives. On pouvait y écrire un titre ou un mot-clé et tous les livres s'y référant apparaissaient magiquement sur le parchemin jauni, avec des références spatiales qui permettaient de savoir dans quels rayons ils se trouvaient. L'enchantement avait également pour effet de placer à portée de main les titres indiqués.

Quand Harry achetait un nouveau volume, il prenait soin de l'inscrire au catalogue. Ce jour-là, il mit comme requête les romans policiers moldus. Aussitôt, les volumes se retrouvèrent sur l'étagère la plus proche. Il choisit avec soin une intrigue où la police scientifique jouait un rôle important et permettait de confondre un criminel dont l'alibi ne semblait pas pouvoir être remis en cause.

Harry le prêta à son commandant et lui demanda de le lire pour avoir une idée des améliorations qu'ils pouvaient apporter à leurs enquêtes. Faucett le termina dans la soirée et, dès le lendemain, il invita Harry à passer dans son bureau pour en discuter.

— C'est très intéressant, reconnut-il d'emblée. Mais je doute que nous puissions atteindre ce niveau de technicité.

— Nos portoloins liés, les mini-tableaux jumeaux sont la preuve que nous pouvons trouver des solutions pour arriver au même résultat que les moldus, sans pour autant adopter leur technique, opposa Harry. Ce qui nous manque, ce sont des idées pour guider les recherches de nos mage-inventeurs. Notre société est encore tellement repliée sur elle-même que nos plus brillants sorciers se censurent eux-mêmes.

— Potter, tu as été aux premières loges pour voir à quel point les nouvelles lois judiciaires sont délicates à mettre en place. Ça coince ici, chez les Aurors, et tout autant chez les policiers. Ça n'est pas toujours appliqué par tous les juges, la plupart des avocats n'osent pas invoquer tous les droits qui leur ont été octroyés car ils ont peur – à juste titre à mon avis – de se faire ensuite saquer par les magistrats qu'ils auront mis en difficulté. On peut inventer de nouveaux outils, mais si personne ne les utilise et s'ils ne sont pas considérés comme des moyens de preuves valides par les juges, ça ne servira pas à grand-chose.

— Ça a mis du temps, admit Harry, mais maintenant, plus de six mois après la promulgation de cette fameuse loi, les choses commencent à bouger. S'il faut dix ans pour faire évoluer nos pratiques d'enquête, cela ne me gêne pas. En tout cas, moins que si dans dix ans le témoignage reste encore la base de nos condamnations, alors que les études moldues ont démontré à quel point ce dont se souviennent les gens est sujet à caution.

Le commandant prit la peine de réfléchir à l'argumentation de Harry avant de répondre :

— C'est vrai que tu as du temps devant toi. Bon, d'accord, on va faire comme avec la mise à niveau des dossiers. Tu te charges de tout et tu me fais des rapports pour que je sache où tu en es.

— Mais..., objecta Harry, je suppose qu'il faudra commander des objets magiques aux chercheurs-artisans.

— Prépare les bons de commande, je les contresignerai, proposa Faucett.

— Ah, d'accord. Il faudra qu'on en discute un peu avant...

— Ma porte t'est ouverte, assura le commandant. Mais je ne pense pas avoir tellement de compétence en la matière.

— Justement, fit Harry. Cela me donnera une idée de ce qui est trop euh... moldu pour être accepté par les autres.

Le sourire de Faucett lui indiqua qu'il avait peut-être manqué de tact. Heureusement, son commandant ne paraissait pas lui en tenir rigueur, et Harry décida de pousser plus loin son avantage :

— Pourrais-je demander conseil auprès d'un policier moldu, pour savoir ce qui est réellement utilisé dans les enquêtes ? J'ai peur que mes romans ne soient qu'une vision simplifiée de ce qui se fait en vrai.

— L'amélioration de nos méthodes d'investigation ne justifie pas l'inobservance de la loi du Secret, opposa Faucett d'une voix ferme.

— Il faut trouver quelqu'un qui est déjà au courant de l'existence des sorciers, alors, proposa Harry. Vous n'étiez pas en relation avec un policier, quand on faisait l'enquête sur la contrebande de produits pour magie noire, il y a trois ans ?

— C'est un rond de cuir d'un de leur département. Je ne pense pas qu'il saura répondre à tes questions.

Ils discutèrent un moment de la façon de trouver la personne qu'il cherchait, et ce fut Faucett qui proposa une solution : faire paraître une annonce dans La Gazette du Sorcier demandant aux lecteurs s'ils avaient un parent s'y connaissant en la matière. Malgré sa méfiance marquée pour tout ce qui s'approchait de près ou de loin à la presse, Harry convint que c'était une bonne idée et entreprit de faire le nécessaire.

À leur grande satisfaction, l'encadré généra une dizaine de réponses. Harry avait songé travailler avec un policier, mais une candidature attira son attention, et ce fut sur elle que le choix se porta. C'était celle d'une jeune femme qui travaillait dans un laboratoire de police scientifique et qui était titulaire d'un master en criminalistique.

Harry envoya un hibou à la personne qui avait répondu à l'annonce, la sœur de leur candidate. Par son intermédiaire, il prit rendez-vous avec celle-ci et établit les modalités de leur collaboration. L'enquêtrice serait consultée à titre d'experte, contre une rémunération en livres sterling, selon un forfait établi à la journée.

Le jour dit, Harry contemplait la rue moldue du seuil du Chaudron Baveur. Une femme d'une trentaine d'années, plutôt mignonne, très brune, les cheveux coupés court, vêtue d'une paire de jeans et d'un blouson bleu marine et serrant contre elle un large sac à main, semblait attendre quelqu'un. Harry métamorphosa rapidement sa cape en manteau et sortit sur la chaussée.

— Miss Giordano ? demanda-t-il en s'approchant d'elle.

— Oui, c'est moi. Vous êtes euh... un Auror ?

— Tout à fait, je vais vous faire passer de l'autre côté.

Elle hocha la tête et le suivit sans manifester d'appréhension. Arrivant près de la porte du pub, Harry lui prit le coude pour la guider, sachant qu'elle ne voyait qu'une maison en ruines aux ouvertures condamnées. Sans ralentir, elle ferma les yeux et marcha hardiment à ses côtés. Elle les rouvrit quand ils s'arrêtèrent et elle sourit en regardant le décor.

— Vous êtes déjà venue ? l'interrogea Harry qui la trouvait très à l'aise.

— Oui, plusieurs fois avec ma sœur pour faire ses courses en début d'année. J'ai adoré à chaque fois. Je suis affreusement jalouse d'elle ! ajouta-t-elle avec un sourire qui montrait néanmoins de l'affection. Ça avait l'air tellement fantastique, Poudlard, les cours de magie et tout ! C'est merveilleusement pittoresque, ajouta-t-elle en désignant d'un geste le bar miteux. Mais, excusez-moi, je n'ai pas saisi votre nom.

— Auror Harry Potter.

— Oh, je ne pensais pas que vous viendriez me chercher en personne, s'exclama-t-elle. Emma m'a parlé de vous. Elle m'a dit que vous aviez dégommé un mage noir sanguinaire.

— C'est une vieille histoire, minimisa Harry tout en annulant la métamorphose de ses vêtements. Si j'ai bien compris, vous connaissez déjà le Chemin de Traverse. Je pensais commencer par vous y faire faire un petit tour, mais autant nous rendre directement au ministère de la Magie.

— J'ai hâte de voir ça, assura-t-elle. Attendez !

Elle sortit de son sac une robe et un chapeau sorcier.

— Ma sœur m'a prêté de quoi m'habiller, indiqua-t-elle. Y a-t-il un endroit pour se changer ?

Il lui montra où se trouvaient les toilettes des dames dont elle sortit trois minutes plus tard.

— Vous avez déjà pris une cheminée ? demanda Harry.

— Non, mais Emma m'a expliqué le principe.

— On va transplaner, alors, décida Harry. C'est plus simple.

— C'est comme la téléportation, c'est ça ? s'enquit-elle.

— Exactement, confirma Harry. Tenez bien mon bras. La sensation n'est pas très agréable mais ne paniquez pas et, surtout, ne me lâchez pas.

Elle s'agrippa à son guide avec détermination et attendit la suite des évènements. Harry pivota un peu pour initier le mouvement en se concentrant sur l'aire de transplanage du ministère. Une seconde plus tard, il était dans l'atrium, la jeune femme toujours fermement arrimée à lui. Elle grimaça et serra les lèvres comme si elle luttait contre la nausée, mais se reprit rapidement et regarda autour d'elle.

Harry l'entraîna sur le côté pour laisser la place à d'éventuels arrivants. Il attendit quelques instants pour lui donner le temps de détailler les lieux, puis la guida vers les ascenseurs. Mais avant, elle devait passer les formalités de l'accueil.

— Audrey Giordano, pas de baguette, invitée du bureau des Aurors, indiqua brièvement Harry à Eric Munch qu'il n'appréciait pas beaucoup.

— Bien, Monsieur Potter, bonne journée, Monsieur Potter, répondit l'autre avec son obséquiosité habituelle.

Ils pénétrèrent dans une cabine. La jeune femme regarda les boutons de l'ascenseur et remarqua :

— Nous allons au sous-sol ?

— Le ministère est sous une rue de Londres, expliqua Harry. D'ailleurs, la prochaine fois, on vous fera venir par l'entrée directe. C'est une cabine téléphonique.

Il n'eut pas le temps de développer, ils étaient arrivés à leur niveau. Un homme s'apprêtait à entrer dans l'ascenseur quand ils en sortaient.

— Bonjour Percy, le salua Harry.

— Bonjour Harry.

Il dévisagea la femme qui l'accompagnait d'un air interrogateur.

— Miss Giordano, qui vient travailler quelques jours avec moi, les présenta Harry. Percy Weasley, mon beau-frère. Il est chef du département de la Coopération magique internationale, ajouta-t-il en voyant Percy lever un sourcil.

— Enchanté de vous rencontrer, Miss Giordano, la salua cérémonieusement Percy.

— Oh ! appelez-moi Audrey, proposa spontanément la jeune femme.

— C'est la première fois que vous venez au bureau des Aurors ? demanda Percy en serrant la main qu'elle lui avait tendue avec un grand sourire.

— Oui, en effet. Ça va être passionnant, s'enthousiasma-t-elle. J'ai hâte d'en apprendre davantage sur leurs méthodes.

Ils se dévisagèrent un moment, puis Percy finit par dire :

— Je vous souhaite une très bonne journée. Si vous voulez bien m'excuser, le devoir m'appelle !

Il s'engouffra dans la cabine qui était toujours ouverte.

— À dimanche, Percy, lui lança Harry avant de piloter Audrey vers son service.

Sur place, il lui présenta Michael Corner et Owen. Après réflexion, c'est ces deux derniers qu'il avait choisis pour l'assister dans sa tâche : Michael pour ses connaissances moldues et Owen pour représenter les sorciers moins enclins à adopter des méthodes trop différentes de celles déjà en vigueur.

Ensuite, il brossa rapidement la situation dans laquelle ils se trouvaient à l'attention de sa consultante : leurs procédures d'enquête, qui se fondaient beaucoup trop sur les témoignages, la volonté du ministère de moderniser leur mode d'investigation en vue de réduire le nombre d'erreurs judiciaires. Puis, il indiqua qu'il cherchait à se documenter le plus possible sur les techniques moldues pour donner des pistes de recherches aux artisans sorciers.

— Vous avez près d'un siècle de retard dans le domaine de l'identification des individus et la recherche des preuves matérielles, résuma-t-elle sans prendre de gants. Quand vous arrivez sur les lieux d'un crime, vous n'avez donc aucun moyen de savoir ce qui s'est passé ?

— Nous avons des sorts qui détectent la magie noire rémanente, lui apprit Harry. Enfin, pour être plus précis, il n'y a pas fondamentalement de différence entre la magie noire et blanche. Ce n'est qu'une question de volonté et de puissance. Ce que nous appelons un sort noir est un maléfice qui détruit ou modifie durablement un objet. C'est ce bouleversement profond que nous détectons.

Harry avait beaucoup étudié la question les semaines précédentes et avait enfin pu répondre à la question qu'il avait posée des années auparavant à son mentor, sans obtenir de réponse satisfaisante.

— Certains sortilèges dits blancs ont des traces que nous pouvons repérer, compléta Owen. Les Stupéfix, par exemple, laissent des stigmates dans les muscles presque plusieurs heures après avoir été lancés. Si on arrive assez tôt, on peut donc déterminer si une personne blessée ou tuée a reçu ce sort avant le coup fatal.

— Vous ne savez pas identifier son auteur ? s'enquit la jeune femme.

— Non, mais si on a un suspect sous la main, on peut déterminer quel est le dernier sort que sa baguette a lancé.

— Pourquoi seulement le dernier ? demanda soudain Michael. Y'a-t-il une raison à cette limite ?

— S'il n'y en avait pas, on aurait inventé une formule plus efficace, lui rétorqua Owen.

— Si tout le monde a raisonné comme toi, personne n'a essayé de faire mieux, songea tout haut Harry. Il ne faut surtout pas penser de cette manière. On va partir du principe que tout est possible et on verra ensuite avec les artisans-chercheurs s'il est réellement démontré que ça ne l'est pas.

— Quelles sont les limites de la magie ? demanda Audrey avec curiosité.

— J'ai une amie bien plus calée que moi sur la question et qui pourrait vous répondre avec plus de précision, dit Harry. Si j'ai bien suivi ce qu'elle m'a expliqué une fois, les limites de la magie sont celles du monde physique. La magie ne crée rien : elle transforme, déplace, montre des illusions, mais une fois que toute l'énergie qu'on y a consacrée est utilisée, tout a tendance à revenir à son état premier. Sauf en cas de sorts noirs, justement, car ils modifient la structure profonde de ce qu'ils touchent.

Audrey fronça les sourcils :

— Mais cette plume bouge bien toute seule, opposa-t-elle en désignant Janice qui, quelques bureaux plus loin, dictait un rapport tout en se curant les ongles.

— Davenport la fait travailler avec sa magie comme on soulève un poids lourd en utilisant un levier, expliqua Michael. C'est juste qu'on ne voit pas le levier.

— Oh, souffla Audrey en semblant reconsidérer son opinion sur la sorcellerie. Expliqué comme ça, c'est plutôt trivial.

À l'heure du déjeuner, Harry décida d'emmener tout le monde prendre un repas aux Trois Balais, à Pré-au-Lard.

— Pré-au-Lard ! s'extasia Audrey. Emma m'en a tellement parlé mais je n'y ai jamais mis les pieds !

— Il va falloir faire une visite dans les règles, alors, proposa Michael.

Ainsi, avant de manger, ils firent un tour par la Grande poste, regardèrent les devantures de Zonko et Honeydukes. Alors qu'ils attendaient leur commande, bien installés chez Madame Rosmerta, Harry ne put s'empêcher de demander à Audrey :

— Excusez-moi si c'est indiscret, mais... ça n'a pas été trop dur de voir votre sœur à Poudlard et pas vous ?

— Oh, bien sûr, j'aurais beaucoup donné pour être sorcière moi aussi. Je me souviens que j'ai passé des heures à essayer de faire voler des choses par la seule force de ma pensée et à déclamer des formules que j'avais lues dans ses livres de classe. Je lui piquais régulièrement sa baguette quand elle était en vacances, mais il a bien fallu que j'admette qu'il n'y avait pas une once de magie en moi. Mais Emma me racontait tout ce qu'elle faisait, et moi, je faisais jouer mes camarades à l'école magique pendant les récrés, ce qui m'a rendue assez populaire. En tout cas, tout le monde admirait mon imagination, conclut-elle avec un grand sourire.

Elle marqua une pause et continua :

— Et puis il y a eu la guerre de votre côté, et je me suis dit que j'étais bien là où j'étais. Sans compter que la télé et les ordinateurs me manqueraient. Mais je serais vraiment comblée si je pouvais venir ici régulièrement, c'est tellement... magique !

Harry s'obligea à lui sourire en songeant que Pétunia avait beaucoup perdu en laissant la jalousie l'envahir. Elle aussi aurait pu avoir un pied dans le monde qui l'attirait tant, si elle n'avait pas tourné le dos à sa sœur.

Au cours de l'après-midi, Audrey brossa à leur intention les principaux moyens utilisés pour définir ce qui s'était passé sur les lieux d'un crime, ce qu'on pouvait apprendre d'un corps et enfin, comment identifier les personnes ayant été dans un endroit ou ayant touché un objet.

Après leur séance de travail, Harry accompagna Audrey vers la sortie qui donnait directement sur la rue moldue, après qu'elle ait réintégré ses vêtements habituels. En chemin, elle lui demanda :

— Qu'est-ce que c'est la coopération magique internationale ?

— Je suppose que c'est l'équivalent de votre commerce extérieur, répondit Harry, surpris par la question.

— Ça doit être intéressant.

— C'est un peu trop réglementaire pour moi, avoua Harry. Beaucoup de normes.

— Votre beau-frère s'occupe d'un secteur particulier ?

— Il est chef de département. C'est comme un ministre chez vous, lui expliqua Harry.

— Oh, s'exclama-t-elle horrifiée, je n'avais pas réalisé qu'il avait un poste aussi important. J'espère que je ne lui ai pas manqué de respect. Qu'est-ce qu'il doit penser de moi !

— Ne vous en faites pas, la rassura Harry. Nous ne sommes pas très formels.

Il ne pouvait pas vraiment lui dire que Percy était quelqu'un de simple et sans prétention, mais son beau-frère n'avait pas pris son air pincé quand elle l'avait salué, ce qui était bon signe.

— Pourriez-vous lui présenter mes excuses la prochaine fois que vous le verrez ? insista-t-elle.

— Ce ne sera pas nécessaire, lui assura Harry. Vous avez été parfaite.

Ils étaient arrivés à l'ascenseur qui menait à la cabine téléphonique. Avant qu'ils ne se séparent, Harry montra à Audrey le numéro à composer pour revenir le lundi suivant.

*

Harry eut la surprise de revoir Percy le soir même quand il rentra chez lui. Il était en train de discuter avec sa sœur dans le salon du Square Grimmaurd, le petit Albus sur les genoux. Sans doute avait-il une nouvelle familiale à lui faire parvenir. Les informations concernant les Weasley avaient tendance à circuler à une vitesse qui laissait toujours Harry pantois.

Il s'installait confortablement dans son fauteuil préféré quand Percy lui demanda :

— Alors, ça s'est bien passé avec ta stagiaire ?

— Ah oui, c'est vrai, renchérit Ginny. Elle devait venir aujourd'hui.

Harry lança un regard surpris vers Percy qui tenta de prendre l'air indifférent sans y arriver. Un peu déboussolé par ce qu'il était en train de comprendre, Harry répondit :

— Elle n'est pas stagiaire mais consultante. J'aimerais bien que les artisans nous développent des outils qui s'inspirent des méthodes moldues et on travaille ensemble là-dessus.

— Tu la revois quand ? interrogea Ginny inconsciente du regard reconnaissant que lui jetait son frère.

— Lundi prochain, répondit Harry en se demandant quel prétexte Percy allait inventer pour se trouver sur son chemin.

— Je ne veux pas vous déranger plus longtemps, affirma justement leur invité.

— Tu ne restes pas dîner ? questionna sa sœur d'un ton déçu.

— Non, j'ai quelques dossiers à terminer ce soir encore. À dimanche, Gin.

Il embrassa ses neveux, serra la main de son beau-frère et se dirigea vers la cuisine. Ginny le reconduisit à la cheminée puis revint près de Harry.

— Ça m'a fait plaisir qu'il passe me voir. Il le fait rarement. Quoi, qu'est-ce que j'ai dit de drôle ? demanda-t-elle en remarquant le sourire de Harry.

— Je crois que ma consultante lui a tapé dans l'œil, expliqua-t-il. Et le pire c'est qu'elle aussi m'a demandé des précisions sur lui.

— Hein ? Je n'ai rien compris. De quoi parles-tu, exactement ?

Harry lui résuma leur rencontre dans les couloirs, les questions qu'elle avait posées sur Percy et le fait que l'objet de son intérêt soit manifestement venu pour avoir des renseignements sur elle.

— Tu paries que ton frère va se trouver une bonne raison pour passer au QG lundi prochain ? conclut-il.

— J'espère qu'il le fera, sourit Ginny. Je suis certaine qu'il serait plus heureux avec une petite amie que tout seul, comme en ce moment.

— Tu es pire que ta mère, commenta Harry faisant allusion aux remarques continuelles de Molly sur Charlie et Percy qui tardaient à convoler.

— Invite-la à venir au Terrier dimanche midi, proposa Ginny.

— Quoi, mais tu es folle ! On ne va pas se mêler de ça. Ça ne nous regarde pas.

— C'est ta stagiaire, c'est mon frère, opposa sa femme.

— Ce n'est pas une stagiaire c'est une... Quoiqu'il en soit, je ne veux pas intervenir parce que si ça ne marche pas, c'est à nous qu'ils vont en vouloir.

— Mais non ! Et puis, après tout, tu as bien présenté Owen à Éloïse. Même s'ils se séparent, Owen ne va pas se fâcher avec toi pour autant ni Éloïse arrêter de travailler avec mes frères.

— Je n'ai rien fait pour qu'ils se rapprochent, spécifia Harry. Et je ne veux rien savoir de leur vie de couple.

— Permettre à Percy et à ton Audrey de se revoir et vérifier si leur première impression était la bonne, ce n'est pas vraiment intervenir dans leur vie privée, soutint Ginny. Et puis la plupart des personnes se rencontrent parce qu'ils ont une connaissance commune. Tiens, je te connais grâce à Ron, Ron connaît Hermione grâce euh...

— Au troll ? proposa obligeamment Harry.

— Et c'est aussi grâce à toi que Bill a rencontré Fleur, continua Ginny sans se laisser démonter. Il était venu te voir à Poudlard avant la troisième épreuve du Tournoi des Trois sorciers. Et Neville qui sort avec Hannah depuis notre mariage. Tu le regrettes ?

— Non, évidemment. Mais je ne connais pas encore assez Audrey pour l'inviter dans ma famille. Si Percy est intéressé, qu'il le fasse tout seul.

— Tu souffres d'un manque de romantique chronique, tu sais ça ?

— Mais toi tu en as pour deux, ça compense, estima Harry.

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Chat avec J.K. Rowling, 30 juillet 2007 :

o [Hermione] est ensuite partie pour le département de la Justice magique (malgré ses moqueries envers Scrimgeour). Elle y a été une progressiste qui s'est assurée que les lois oppressives et pro-Sangs-Purs ont été supprimés.



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