XXV : Sang-Impur et fier de l'être

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng


Chronologie :

2 mai 1998 : Bataille de Poudlard

31 décembre 2001 : Mariage de Ron et Hermione

26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny

20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique

17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter

04 janvier 2006 : Naissance de Rose Weasley

25 juin 2006 : Naissance d'Albus Severus Potter

16 mai 2008 : Naissance de Lily Luna Potter

28 juin 2008 : Naissance de Hugo Weasley

Période couverte par le chapitre : 20 janvier au 23 janvier 2009

Harry et Owen passèrent leur journée du mardi à faire des recherches et des enquêtes de proximité sur les noms donnés par les Malefoy. Ils interrogèrent les deux médicomages qui avaient soigné Drago quand il avait été hospitalisé peu de temps après avoir passé ses ASPIC – ils semblaient être plus préoccupés par médire l'un sur l'autre qu'intéressés par celui qui avait été leur patient. D'anciens collègues ne parurent pas mécontents des ennuis rencontrés par Malefoy, sans que Harry et Owen réussissent à les imaginer aller jusqu'à l'incendie criminel. L'ex-petite amie, enfin, avait refait sa vie et les reçut le visage paisible, un enfant calé dans le creux de sa hanche.

— Son mari est peut-être tellement jaloux qu'il a décidé d'effacer de façon radicale toute trace de la vie sentimentale de sa femme, proposa Owen sans conviction.

— L'Oubliette aurait été moins dangereuse et tout aussi efficace pour faire croire à son épouse qu'il est son premier amour, répartit Harry en haussant les épaules.

En fin d'après-midi, ils relirent les dossiers sur Lucius et Narcissa ainsi que celui des Crabbe.

— Lucius a prétendu que son fils n'avait rien fait durant l'année des Ténèbres parce que Tu-Sais-Qui lui avait fauché sa baguette, commenta Owen. Ça ne veut pas dire qu'il ne la récupérait pas pour faire des missions ponctuelles !

— Non, assura Harry plongé dans l'enquête qui avait été faite sur le père de Gregory Crabbe. Voldemort ne la lui a jamais rendue.

— Comment tu peux en être sûr ? interrogea Owen.

— Tu préfères ne pas le savoir, répondit Harry en prenant un nouveau rouleau de parchemin sur sa table de travail.

Il sentit le regard de son coéquipier s'attarder sur lui, mais ne broncha pas. Sa connexion avec Voldemort ne faisait pas partie des souvenirs qu'il avait envie de partager. Sans insister davantage, Owen se replongea lui aussi dans ses papiers.

— Visiblement, les Crabbe sont tous morts ou en prison, indiqua-t-il enfin Harry. Donc a priori, personne pour venger l'imbécile incendiaire.

Leurs efforts ne furent pas complètement vains car ils trouvèrent trois témoins communs qui avaient été cités contre Crabbe père ainsi que contre Malefoy pour des actions antérieures à l'emprisonnement de Lucius à Azkaban et sa séquestration ensuite dans son propre manoir.

— On s'y met dès demain, décida Harry en découvrant que l'heure du dîner était largement dépassée.

*

Quand le Survivant poussa la porte du QG le lendemain matin, Alicia lui indiqua :

— Harry, Faucett t'attend dans son bureau.

Il se dépêcha de s'y rendre. Owen s'y trouvait déjà avec Janice et Augustin Dolohov.

Cela faisait maintenant trois ans que le jeune Gryffondor était chez les Aurors. Harry l'avait vu avec satisfaction se montrer de plus en plus sûr de lui au cours de sa formation. Trois mois auparavant, il avait passé avec succès les examens qui lui avaient permis de devenir Auror à part entière.

Bien entendu, son patronyme, si durement connoté, ne lui avait pas facilité la tâche. En revanche, cela lui avait donné un moyen infaillible de reconnaître ses ennemis : ceux-ci se faisaient un plaisir de l'identifier par son nom de famille, pour rappeler encore et toujours sa triste ascendance. Les autres avaient rapidement choisi de l'interpeller par son prénom.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Harry.

— Le manoir Avery a été incendié cette nuit, l'informa son commandant. Il y a un mort.

— Quoi ? s'exclama Harry.

Il se laissa tomber sur le siège le plus proche

— Oh merde ! ne put-il s'empêcher de s'écrier. Mais c'est quoi cette histoire ?

— C'est ce qu'on tente de déterminer, soupira Faucett. Si on lie les trois incendies des dernières semaines, nous avons deux pistes principales qui se présentent à nous.

— Familles de Mangemorts, explicita Harry. On allait commencer à enquêter de ce côté.

— Pas seulement, continua Faucett. Ils sont aussi tous des sang-purs.

— Comme la plupart des Mangemorts, non ? fit remarquer Harry.

— Justement. Une particularité peut en cacher une autre, et on ne peut occulter la conjoncture politique.

Il laissa quelques secondes de silence pour permettre à Harry de prendre la mesure de la situation.

— Vous pensez... dit lentement Harry, que des progressistes ultras s'en prendraient aux sangs-purs ? Mais c'est le meilleur moyen de faire nommer Higgs !

— C'est une affaire très délicate, confirma Faucett. Pour cette raison, j'ai décidé de renforcer ton équipe. Janice et Augustin vont vous aider.

Harry les contempla et analysa :

— On sera deux sangs-purs, deux sang-mêlés.

— Menés par un héros de guerre, compléta le commandant avec un air entendu.

— Et un nom lié aux Mangemorts, ajouta Augustin d'une voix soigneusement contrôlée.

— Cette affaire va faire la Une des journaux et va sans doute encore enflammer les débats, ne nia pas Faucett. Nous devons montrer que nous mettons tout en œuvre pour trouver le coupable, quelle que soit sa motivation.

— On n'a pas intérêt à se planter cette fois, angoissa Harry.

— On ne peut pas se le permettre, confirma Faucett.

Il confia à Harry le dossier établi par l'équipe qui avait été de garde cette nuit-là et les quatre Aurors se retirèrent. Harry suggéra qu'ils aillent discuter de leur enquête dans une des salles d'interrogatoire. Il passa par son bureau récupérer ce qu'Owen et lui avaient rassemblé sur les Goyle et les Malefoy, avant de les rejoindre.

— Bon, on va tout reprendre au début, indiqua-t-il en prenant place.

Il commença par résumer les affaires précédentes à ses deux nouveaux équipiers. Janice écouta le visage concentré, Augustin prit des notes.

— Vous n'avez pas tellement avancé, commenta Janice quand il eut terminé.

Harry grimaça, un peu vexé, mais devant reconnaître que c'était mérité.

— Des idées pour identifier des personnes qui en voudraient aux sang-purs, accessoirement parents de Mangemorts, au point de les incendier ? demanda Harry.

— Pour commencer, on pourrait étudier l'affaire Avery, proposa Owen. Cela permettra peut-être de nous aiguiller sur une victime particulière.

— Pour se familiariser avec les ultra-progressistes, on peut regarder les dossiers de la police magique, suggéra Janice. Ils ont été chargés de l'enquête suite à la manif qui s'est terminée en bagarre, leur rappela-t-elle.

— Bonne idée. Lee et Padma Jordan d'AlterMag peuvent peut-être nous aider, songea soudain Harry. Je sais qu'ils reçoivent de chaque bord des lettres tellement haineuses qu'ils refusent de les publier. Ils ont même appelé au respect mutuel dans leur dernier numéro. Il faut aussi aller interroger les victimes de cette nuit pour savoir s'ils ont vu quelqu'un. Pour ce qui est de la piste de leurs liens avec les Mangemorts...

Il hésita mais si son commandant lui avait adjoint Augustin, ce n'était pas pour qu'il fasse semblant d'oublier les crimes commis par son oncle.

— Augustin, ta famille connaît-elle personnellement les Goyle, les Malefoy ou les Avery ?

Le jeune Auror cilla mais ne baissa pas les yeux :

— Je crois que ma mère fréquente un peu Mrs Goyle. Mais elles ne sont pas spécialement amies.

— J'aimerais que tu l'interroges à son sujet. Ce que je veux savoir, c'est ce qu'elle a réellement fait pendant la guerre. Il faudrait aussi établir si ces Avery-là ont été Mangemorts de façon active.

— Tu as besoin des mêmes renseignements sur les Malefoy, je suppose ? compléta Augustin.

— Il est de notoriété publique que les Malefoy ont accueilli Vous-Savez-Qui, rappela Janice. Et leur rejeton était avec eux.

— J'ai tous les éléments qu'il me faut sur eux, confirma Harry. Janice, je te laisse enquêter sur les ultra-progressistes. Augustin, peux-tu joindre tes parents au plus vite pour leur poser des questions sur les Goyle et les Avery ? Owen et moi, on va récupérer le témoignage des rescapés.

*

Les victimes de la nuit étaient l'oncle et la tante de l'Avery qui était emprisonné à Azkaban. Ils habitaient avec l'un de leurs fils et leur bru. Heureusement, la fille du plus jeune couple, âgée de treize ans, se trouvait à Poudlard.

Quand ils s'étaient réveillés, tout était en flammes et ils avaient eu du mal à sortir. L'oncle du Mangemort n'avait pas survécu aux fumées dégagées par le sinistre. Le voyant sans connaissance, son épouse l'avait mené à l'hôpital, mais il était trop tard. Le reste de la famille était demeuré sur place, mais n'avait pas pu sauver la maison. Ils avaient cependant réussi à circonscrire l'incendie et protéger les autres bâtiments du domaine agricole qu'ils exploitaient.

Harry et Owen examinèrent les lieux sans rien trouver d'intéressant : pas d'empreinte magique appartenant à d'autres personnes que les victimes, plus aucun support pour d'éventuelles traces de doigt. La famille était encore sous le choc et, comme personne n'avait vu quoi que ce soit pouvant aider les enquêteurs, Harry décida de les laisser pleurer leur mari et père en paix.

De retour au QG, les deux Aurors étudièrent le dossier Avery qu'ils avaient demandé au Magenmagot avant de partir. Ils furent déçus en prenant connaissance du contenu. Aucun de ceux qui avaient pu se plaindre de l'action de Malefoy ou de Goyle ne se retrouvait dans les victimes des Avery.

— Ça aurait été trop simple, grimaça Owen.

— Ouais, y'a rien à espérer de simple et facile dans cette enquête. Rien ne va marcher correctement, affirma Harry démoralisé. Allez, il est l'heure du déjeuner, on en parlera avec les autres.

Harry sortit de sa poche le miroir de Sirius qui lui servait désormais pour communiquer. Ron avait tenu parole et avait réussi à faire réparer et enchanter cet objet qui avait une si grande valeur sentimentale pour lui. La glace était désormais enchâssée dans un boîtier fait sur mesure et protégée par un clapet, comme les modèles standard.

Depuis la fin du mois de décembre, tous les Aurors avaient remisé leurs montres, gourmettes et médailles pour les remplacer par les miroirs communicants qui leur permettaient de transmettre leurs messages plus confortablement et plus précisément qu'avec les codes limités qu'ils utilisaient maintenant depuis des années.

Avant de passer définitivement au nouveau moyen de communication, les Aurors, ainsi que les policiers magiques, avaient demandé un ajustement pour que le son de l'appel ne compromette pas leur discrétion quand ils étaient en filature ou en embuscade. Les experts avaient planché sur la question et, trois semaines plus tard, un enchantement spécifique leur avait été proposé, remplaçant la sonnerie par une discrète vibration. Il était cependant possible de rétablir l'alerte sonore d'une simple formule magique, pour ne pas manquer un appel la nuit quand ils étaient en plein sommeil.

Augustin répondit immédiatement. Sa figure mince apparut dans la glace, à la place du reflet de Harry :

— Je suis sur le point de rentrer, annonça-t-il.

— Très bien, rejoins-nous devant le Gnome Pansu, on va manger là-bas, l'informa Harry.

Il tenta ensuite de joindre Janice, mais elle ne répondit pas. Sans doute était-elle occupée, il n'insista pas. Owen et lui étaient à peine installés dans le café que leur jeune collègue arriva.

— Alors ? demanda Harry qui préférait garder pour plus tard leurs résultats décevants.

— Je suis allé voir ma mère, rapporta Augustin. Elle m'a dit que cela faisait des années qu'elle n'avait pas parlé aux Goyle, mais qu'une de ses amies, Mrs Bulstrode, leur est apparentée. Je suis donc allé au manoir Bulstrode pour l'interroger.

— Excellente initiative, approuva Harry.

— D'après elle, Mrs Goyle a toujours été très effacée, et il est inimaginable qu'elle ait pu faire de la politique, dans un sens ou dans un autre. Cela dit, même si Mrs Goyle avait porté le masque et la marque, Mrs Bulstrode ne me le dirait pas forcément. Accuser quelqu'un d'avoir été un Mangemort est très grave, et entre familles sang-pur on se serre les coudes.

Harry n'était pas d'accord avec cette dernière affirmation. Les Weasley étaient sang-pur, mais pas du tout enclins à pardonner aux sympathisants de Voldemort. Cependant, vu la gravité des faits, il était probable que personne ne lançait ce genre d'accusations à la légère. D'ailleurs, l'approbation silencieuse d'Owen était éloquente : si sa propre famille avait pris ses distances avec les plus impliqués, il ne fallait pas pour autant attendre de leur part des renseignements de cette nature.

— En tout cas, continua Augustin, depuis la chute des Ténèbres et l'arrestation du mari, la famille vit très retirée. D'après ce que j'ai compris, Mrs Bulstrode avait essayé à plusieurs reprises d'inviter Gregory quelque temps après la guerre, mais il a toujours refusé de venir les voir.

— Les Bulstrode ont mis plus de cinq ans à marier leur fille, ricana Owen. Personne n'en a voulu dans les familles sang-pur. Qu'ils aient été jusqu'à démarcher auprès de ceux qui étaient en disgrâce pour leurs liens avec Vous-Savez-Qui montre l'étendue de leur désespoir.

— Qui Bulstrode a-t-elle épousé, finalement ? demanda Harry se remémorant l'agressivité et la carrure impressionnante de la Serpentard.

— Ils ont réussi à la vendre à un des fils Furmage, le renseigna Owen d'une voix amusée, faisant allusion à une famille sorcière mineure. Pas tout à fait Pure, mais quand même fréquentable. Et prête à tout pour s'enrichir, manifestement.

Harry jeta un regard aigu vers son coéquipier :

— Dis donc, tu es drôlement au courant, toi !

Owen se renfrogna :

— Même si je trouve ça sans intérêt, je ne peux pas me boucher les oreilles quand mes parents m'en parlent.

— Si j'ai bien compris, explicita Harry, guerre ou pas guerre, les vieilles familles continuent à se surveiller les unes les autres pour connaître leur degré de pureté et élaborer des stratégies d'alliance.

— Oui, confirma Owen, mais ceux qui ont réussi à ne pas faire de mauvais choix pendant l'année des Ténèbres se tiennent à l'écart des familles de Mangemorts et ne désirent pas nouer d'alliance avec elles. Ne le prends pas mal, Augustin, ajouta-t-il précipitamment.

— Ne t'en fais pas, je sais ce qu'il en est, répondit l'intéressé. Je n'ignore pas que beaucoup de familles ne souhaitent pas que leurs filles portent mon nom. Et je les comprends, commenta-t-il avec fatalisme, si je pouvais en changer, je le ferais.

— Ne te bile pas trop pour ça, tenta de le réconforter Owen. Mes beaux-parents ne voulaient pas de moi, mais ça n'a pas empêché Éloïse de m'épouser. Les demoiselles ont leur mot à dire sur la question et, si tu t'y prends bien, elles se fichent bien de comment tu t'appelles et de la réputation de ta famille.

— D'ailleurs, Owen a une sœur, le renseigna Harry. Au cas où tu voudrais savoir si l'amour est plus fort que les préjugés...

— Dis donc, Harry, je ne t'ai rien demandé ! protesta Owen.

— Si j'en crois ma vieille expérience, ce sont les grands-frères qui sont les plus difficiles à convaincre, conclut Harry en sauçant son assiette. Bon, revenons à nos dragons. Mrs Goyle n'est pas particulièrement impliquée dans les activités de son mari et elle ne voit personne, pas plus que Goyle junior.

— Ah, j'y ai repensé ! fit soudain Owen. J'ai réalisé qu'on ignorait ce que l'autre ahuri de Goyle a fait pendant les vacances scolaires durant l'année des Ténèbres. Peut-être qu'il est allé s'amuser avec Papa.

— Faudrait voir ce qui s'est passé à ces dates, convint Harry. Bon, et les Avery ?

— Finalement, ma mère en savait davantage à leur sujet que je ne le croyais, poursuivit Augustin. Elle est certaine que, pendant la guerre, ceux qui nous intéressent ont fait leur possible pour se faire discrets, et ne pas prendre parti. Ils tiennent une grande ferme et y ont vécu en autarcie.

— Si ce n'est pas lié à la guerre, ça nous ramène aux tensions politiques actuelles, soupira Owen.

— Avant de nous prononcer définitivement, voyons ce que va nous trouver Janice, tempéra Harry.

*

Janice les rejoignit dans l'après-midi, alors qu'ils mettaient au propre toutes les informations qu'ils avaient récoltées.

— Bonne pêche ? demanda-t-elle en s'affalant sur une chaise.

— On est loin d'attraper la sirène, se désola Harry. Et toi ?

— J'ai regardé à fond les dossiers de la police magique sur les progressistes un peu trop remuants et lu les lettres anonymes que les Jordan ont reçues et refusé de publier. Y'a vraiment des radicaux que le respect des opinions des autres n'étouffe pas.

— Des noms ? interrogea Harry.

— Pas encore car ils ne signent pas leurs diatribes. Par contre, en comparant les écritures des courriers et les documents remplis par ceux qui sont passés en jugement pour la bagarre du Chemin de Traverse, on devrait identifier quelques excités.

Elle sortit une liasse de papiers de sa bourse et la posa sur la table.

— Tu as relevé les empreintes ? s'enquit Harry.

— Rien à en tirer. Tout le comité de rédaction les a eus en main, on ne peut rien récupérer d'utilisable.

Harry demanda à Owen et Augustin de finaliser leurs rapports et entreprit avec Janice de faire l'identification scripturale. Il existait désormais des sorts qui permettaient d'isoler les lettres et de les rapprocher de leurs semblables pour les comparer. Ils avaient mis un nom sur deux des auteurs de missives haineuses quand Faucett fit signe à Harry de le rejoindre dans son bureau.

— Où en êtes-vous ? s'enquit-il.

Harry lui résuma leurs démarches et ce qu'ils en avaient tiré.

— Je veux être au courant de l'avancée de cette enquête chaque soir, lui indiqua Faucett. Et même deux fois par jour, si vous avez de nouveaux éléments.

— On risque d'avoir pas mal de fausses pistes, le prévint Harry.

— Je sais, mais j'ai eu des demandes en haut lieu.

— Shacklebolt ? devina Harry.

— Exactement.

— On fait ce qu'on peut, mais on n'a pas grand-chose, commença Harry.

— Kingsley a mené assez d'enquêtes pour savoir qu'on n'a pas toujours les indices qu'on voudrait, tenta de le rassurer son commandant.

— D'accord, je vous tiens au courant.

*

Dès le lendemain matin, la presse relatait l'incendie chez les Avery. Les journalistes avaient dû poser des questions à droite et à gauche car ils parlaient aussi du sinistre des Goyle trois semaines auparavant et celui des Malefoy de la semaine précédente. Ils révélaient même un autre incident qui s'était déroulé fin novembre : la maison des Flint avait subi un début d'incendie, mais la famille avait réussi à éteindre le feu rapidement, sans grande perte ni blessés.

— Bon sang, voilà que les journalistes nous apprennent à faire notre boulot ! tempêta Harry en prenant connaissance de l'article. On a l'air de guignols, maintenant. Sans compter qu'il nous a fallu quatre incendies pour commencer à nous poser des questions !

— Ce n'est pas de notre faute si le second n'a pas été déclaré, répliqua Owen sur la défensive.

— Il ne nous reste plus qu'à aller les interroger, soupira Harry. Quelqu'un sait où est Janice ?

Owen et Augustin firent un signe négatif de la tête.

— Bon, vous allez vous y rendre tous les deux. S'ils n'ont prévenu personne, c'est qu'ils se méfient du ministère et ils n'auront sans doute pas envie de me parler. Je vais attendre Janice.

Owen acquiesça gravement, comprenant qu'il se retrouvait chef de l'expédition. Une fois ses deux équipiers partis, Harry se replongea dans l'identification des ultra-progressistes.

Janice arriva une heure plus tard.

— Un problème ? lui demanda Harry.

— Non, tout va bien. J'ai un rencart, ce soir.

— Tu veux quitter le travail plus tôt ? crut comprendre Harry.

Sa collègue lui jeta un sourire en coin :

— Mais non, je ne parle pas d'un rendez-vous galant ! Je dois aller à une réunion de Sangs-impurs et fiers de l'être.

— Ne me dis pas qu'ils se qualifient eux-mêmes de « sangs impurs » ! s'exclama Harry soufflé.

— Si, si. C'est une façon de se réapproprier le vocabulaire, d'après eux, confirma Janice. Si tu veux mon avis, y'a pas que leur sang qui est mélangé ; leur cervelle ne l'est pas moins. Enfin, je vais à une réunion d'information, comme ils disent. J'espère que leurs rites de passage ne sont pas aussi stupides qu'eux.

— Fais attention à toi, conseilla Harry, un peu inquiet par la description qu'elle faisait des acharnés.

— Allez ! les Mangemorts n'ont pas eu ma peau, ce n'est pas des militants forcenés qui vont me faire peur. Par contre, je vais couper mon miroir pour ne pas recevoir d'appels compromettants. Donc, ne t'affole pas si tu ne peux pas me joindre jusqu'à demain.

L'un des inconvénients des miroirs communicants était que les voisins immédiats ne perdaient rien de la conversation qui se tenait par l'intermédiaire de ces ingénieux outils. C'était d'ailleurs l'un des principaux reproches que leur faisaient leurs détracteurs.

— Appelle-moi quand tu les quittes, lui demanda Harry.

— Ça risque de se terminer tard, opposa Janice.

— Appelle-moi, même au milieu de la nuit, insista-t-il. Et si tu prenais un de nos portoloins liés ! songea-t-il soudain. Si tu n'as pas donné signe de vie à cinq heures du matin, on va voir directement ce qui se passe, où que tu sois.

— Tu ne crois pas que tu exagères ? protesta-t-elle.

— Il y a déjà un mort, rappela Harry. Et un début d'incendie dans la chambre d'un môme de trois ans. Je ne plaisante pas. Prends un portoloin lié. S'il te plaît.

Elle hésita, et il espéra qu'il n'aurait pas à l'y obliger. Faucett l'avait expressément mise sous ses ordres, ainsi qu'Augustin, mais elle était par ailleurs l'adjointe du commandant, ce qui lui donnait un grade plus élevé que le sien.

— Bon, si ça te fait plaisir, finit-elle par maugréer.

— Comment as-tu réussi à avoir un carton d'invitation ? l'interrogea-t-il.

— Que crois-tu que je fasse depuis ce matin ? J'ai fait plusieurs tavernes faisant semblant de découvrir les nouvelles et laissant entendre que je trouvais qu'il était temps que les anciennes familles arrêtent de nous regarder de haut.

— Ça fait gros comme appât, craignit Harry.

— Gros mais efficace. J'ai deux policiers magiques qui sont venus me prier de la mettre en sourdine si je ne voulais pas aller m'expliquer avec eux au ministère. Je suis sortie en gueulant qu'on n'avait plus le droit de dire ce qu'on pensait. C'est là que je me suis fait accoster par un type qui m'a proposé de rencontrer des personnes qui disent tout haut ce que les autres pensent tout bas.

— Bien joué. Tu t'étais métamorphosée, je suppose.

— Et comment ! Regarde !

Elle sortit sa baguette et, au bout de quelques secondes, Harry se retrouva en compagnie d'un homme au nez proéminent et aux cheveux filasse.

— Pas mal, apprécia-t-il. Comment vas-tu faire si la réunion dure longtemps ?

— Je bois assez de Bièraubeurre pour m'isoler régulièrement sans éveiller les soupçons.

*

Owen et Augustin revinrent peu après.

— Les Flint étaient surpris quand on s'est présentés comme des Aurors, raconta Owen. Mais comme nos familles sont vaguement en contact, ils ont accepté de nous parler.

— Et ? interrogea Harry.

— Pas grand-chose, malheureusement. L'un d'eux a été réveillé par un bruit anormal qu'il ne saurait pas définir et il s'est levé. Il y avait un début d'incendie dans la cuisine, il a donné l'alerte pour prévenir le reste de la maisonnée et ils ont éteint le feu par leurs propres moyens.

— D'accord. Puisqu'on n'a toujours pas d'indices matériels, il ne nous reste plus qu'à suivre les pistes des attaquants potentiels. Janice nous a trouvé des noms. Owen et moi, on va commencer les interrogatoires et les enquêtes de proximité. Janice et Augustin, je vous laisse exploiter la piste des victimes de Mangemorts qui voudraient se venger.

Le reste de la journée se poursuivit selon les directives de Harry. Ces vérifications étaient toujours fastidieuses, mais indispensables. Harry revint au QG avant que Janice ne parte à sa réunion. Il veilla à ce qu'elle agrafe bien à sa robe la partie appelante du portoloin-jumeau.

Il réactiva la sonnerie de son miroir communicant pour être certain de ne pas rater son appel et resta nerveux jusqu'à ce qu'elle le contacte, à onze heures du soir.

— Beaucoup de grandes phrases, mais les orateurs ne m'ont pas parus agressifs, rapporta-t-elle laconiquement. Au contraire, ils étaient assez contrariés et ils ont prêché le calme devant leurs ouailles. Je me suis arrangée pour repérer un groupe d'excités et suivre chez lui celui qui m'a semblé le plus remonté. On ne devrait pas avoir de mal à retrouver son nom. Là, je suis rentrée, je me couche.

— Merci d'avoir appelé, fit Harry soulagé. On se revoit demain.

*

Quand son miroir émit le carillon d'urgence à trois heures du matin, Harry sut que son enquête allait connaître un nouveau rebondissement. Il sauta de son lit et se réfugia dans la salle de bains pour ne pas déranger davantage Ginny.

Le visage de Vicky Frobisher apparut quand il prit la communication :

— Désolée de te réveiller, Harry, mais on vient de m'appeler pour un incendie de maison chez les Selwyn. J'ai pensé...

— Tu as bien fait, la rassura Harry. Qui a lancé l'alerte et c'en est où ?

— C'est Mrs Adwina Selwyn qui nous a contactés. Le sinistre a commencé vers deux heures. Les deux adultes ont évacué les enfants chez les grands-parents et sont repartis pour éteindre le feu. De retour auprès de ses enfants, elle nous a finalement appelés. Son mari est encore là-bas, à tenter de voir ce qu'il peut récupérer.

— Je peux dire au revoir à mes preuves, grogna Harry.

— S'ils avaient tout laissé brûler, tu n'aurais pas récupéré davantage, lui fit remarquer Vicky.

— Ouais, sans doute. Merci, Vicky, je me charge de prévenir mon équipe. Tu me donnes l'adresse des Selwyn et l'endroit où se trouvent les fameux grands-parents ?

En s'habillant, Harry se remémora tout ce qu'il savait sur les Selwyn.

Pour commencer, c'était le nom d'une famille sang-pur réputée – Dolores Ombrage s'était même flattée d'y être apparentée pour justifier le S du pendentif qu'elle portait indûment. Ensuite un des leurs – aujourd'hui à Azkaban – avait fait partie des Mangemorts qui avaient tenté de prendre Harry en chasse quand il avait été évacué de Privet Drive par les Sept Potter, et avait répondu à l'appel du père de Luna lorsque Xenophilius avait tenté de récupérer sa fille en livrant l'Ennemi public No1 au ministère.

Enfin, celui dont la maison venait d'être attaquée était le fondateur du mouvement politique Magie, Quidditch et Tradition.

C'était une très mauvaise nouvelle pour Kingsley Shacklebolt. Harry se demanda s'il devait tenter de joindre le ministre puis estima qu'il valait mieux que le ministre dorme une nuit complète avant d'affronter le lendemain. Il aurait besoin d'avoir l'esprit clair. Harry n'avait d'ailleurs aucun élément concret à lui fournir. Il fallait commencer par le recueil des indices.

*

Vingt minutes plus tard, il retrouvait Owen sur les lieux sinistrés après avoir appelé Janice et Augustin pour leur demander d'aller prendre la déposition de Mrs Selwyn.

À première vue, le bâtiment était intact. Mais l'odeur de brûlé et les cendres qui volaient encore dans l'air ne laissaient aucun doute sur l'existence d'un incendie. Ils contournèrent la maison et découvrirent que tout un pan était noirci, du sol à la limite du toit.

Ils s'avancèrent, entendant du bruit à l'intérieur. Par la fenêtre béante, ils virent un homme qui parcourait les ruines, comme s'il cherchait à récupérer ce qui n'était pas parti en fumée.

— Mr Caedmon Selwyn ? s'enquit Harry. Aurors Potter et Harper. Nous sommes là pour enquêter sur cet incendie. Pouvez-vous nous indiquer ce qui s'est passé ?

L'homme les dévisagea un long moment de ses yeux rougis par les fumées avant de demander :

— Harry Potter ? Qu'est-ce que vous faites ici ?

— Votre épouse nous a appelés pour signaler un incendie criminel. Nous enquêtons sur cette affaire.

— C'est bien d'elle de croire que le ministère peut nous aider !

— Si vous racontiez ce qui s'est passé cette nuit, nous pourrons peut-être commencer, suggéra Harry.

— Ça vous intéresse vraiment de savoir qui a cherché à nous faire griller ? Qu'est-ce que ça peut vous faire ? Vous nous avez spoliés et mis au ban de la société il y a dix ans et, maintenant, vous voulez nous faire vivre comme des Moldus !

— Personne ne vous oblige à acheter des vêtements à la mode ni à utiliser des stylos modernes, lui rétorqua sèchement Owen. Personne ne cherche à vous empêcher de pratiquer la magie tant que vous laissez les autres en paix. Libre à vous de croire de nous ce que vous voulez, mais nous n'avons pas l'intention de laisser un incendiaire en liberté !

— Ça vous arrange bien, pourtant !

— Bon, vous nous donnez des renseignements ou on se débrouille sans vous ? demanda Owen pour couper court à la polémique.

— Que voulez-vous que je vous dise ? Je travaillais dans mon bureau. Par chance, j'ai terminé très tard, vers deux heures. Je montais les escaliers quand j'ai entendu un bruit de verre brisé qui venait de la bibliothèque. Lorsque j'ai ouvert la porte, tout était déjà en flammes. J'ai foncé dans la chambre de mes enfants qui est juste au-dessus pour les mettre en sécurité. Il y avait plein de fumée dans la pièce. J'ai hurlé pour alerter ma femme qui m'a aidé à sortir les petits et on a transplané dehors. Ma femme a insisté pour qu'on amène les enfants chez ses parents avant tout, et c'est ce qu'on a fait. Ensuite, nous sommes revenus pour sauver la maison.

Harry regarda autour de lui. Le parterre devant la fenêtre par laquelle il parlait au maître des lieux était tout piétiné, sans doute par le couple quand ils avaient tenté d'éteindre les flammes.

Il n'y avait plus de vitres, elles avaient dû exploser sous l'effet de la chaleur.

— Vous n'avez pas de volets, remarqua-t-il.

— Non, mais personne ne peut entrer sans que nous en soyons avertis, nous avons une protection magique que j'active à la tombée de la nuit.

— L'avez-vous fait hier soir ?

— J'en suis certain.

— Donc en théorie ni rien ni personne ne peut pénétrer chez vous sans déclencher une sonnerie.

— Exactement, confirma Selwyn.

— Pourrait-on lancer quelque chose de neutre ? demanda Owen. Une torche, par exemple.

Caedmon Selwyn fronça les sourcils et admit :

— Oui, je suppose. Mais ma protection annule également tous les sorts qui seraient envoyés sur la maison. Les plus courants, du moins.

Il regarda autour de lui et dit d'un ton chagrin :

— Je ne pensais pas devoir remettre les défenses qu'on avait pendant la guerre.

Harry cilla à l'idée que ces incendies soient le prélude d'un nouveau conflit. Il se secoua et lança :

— Pourriez-vous sortir d'ici ? On va voir ce qu'on peut récupérer comme indices.

Ils n'eurent pas le temps de mener leur examen à bien car, très vite, le miroir de Harry se mit à vibrer.

C'était encore Vicky, beaucoup plus anxieuse que la fois précédente :

— Harry, on me signale un autre incendie !

— Quoi ?

— Ça a flambé chez les Rookwood.

— Des victimes ? s'inquiéta Harry.

— Je ne sais pas, mais il paraît qu'il ne reste plus rien de la maison. Ça s'est passé au hameau sorcier de Fairytale. J'ai envoyé deux Oubliators au cas où des Moldus des environs auraient remarqué quelque chose. Il faut immédiatement l'un de nous là-bas pour calmer les esprits.

— Je m'en occupe.

— Entendu, n'hésite pas à demander si tu as besoin de renforts.

— Merci.

— Que se passe-t-il ? questionna Selwyn qui s'était approché pendant la conversation.

En refermant son miroir, Harry hésita, mais, vu les circonstances, cela paraîtrait dans la presse du lendemain.

— La maison des Rookwood à Fairytale a brûlé cette nuit, l'informa-t-il.

Selwyn accusa le coup et commenta d'une voix coléreuse :

— Voilà où ça nous mène, votre modernité et tout ce qui va avec ! Les vrais sorciers ne sont même plus en sécurité chez eux !

— Je n'ai pas le souvenir d'une grande stabilité sociale du temps où les vrais sorciers avaient pris le pouvoir, rétorqua Harry glacial. Bien, je vois que vous avez récupéré des affaires. Je boucle votre maison car nous aurons peut-être à la réexaminer.

Sans écouter les protestations de leur hôte, ils posèrent des sceaux magiques sur les ouvertures du bâtiment puis transplanèrent en hâte.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro