XXVII : Les feux d'Halloween

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Chronologie : 2 mai 1998 : Bataille de Poudlard

26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny

20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique

17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter

04 janvier 2006 : Naissance de Rose Weasley

14 juin 2006 : Naissance d'Albus Severus Potter

16 mai 2008 : Naissance de Lily Luna Potter

28 juin 2008 : Naissance de Hugo Weasley

Période couverte par le chapitre : 24 au 29 janvier 2009


De l'arrière-boutique des Sorciers Facétieux. Harry appela Ron avec son miroir.

— Oui, Harry, fit le commerçant en découvrant le visage de son ami.

— J'aurais besoin de te parler rapidement. Peux-tu transplaner dans ton magasin ?

— Tout de suite ?

— Oui, on est dans l'arrière-boutique.

Après avoir coupé la communication, Harry demanda à George :

— Vous n'avez pas un autre vendeur ?

— Si, mais il est en vacances. Après Noël, c'est la basse saison.

— Tu peux tenter de le joindre, s'il te plaît ?

George n'y parvint pas.

— Il est peut-être à l'étranger, supposa-t-il. Sa femme a de la famille en France.

— On va vérifier ça, fit Harry en notant le nom du vendeur sur son carnet.

Un crac discret indiqua l'arrivée de Ron.

— Que se passe-t-il ? demanda-t-il en voyant leur air grave.

— On a découvert que vos Fuseboums servent vraisemblablement à fabriquer des bombes incendiaires, résuma Harry.

— Des quoi ? Tu parles des maisons brûlées des sang-purs ? se fit préciser Ron avec une expression horrifiée.

— Exactement.

— Oh non, ce n'est pas possible ! fit Ron se laissant tomber sur la caisse qui se trouvait derrière lui.

— Pour commencer, on va s'en assurer à cent pour cent. Audrey, tu voudrais bien prendre un Fuseboum d'ici et en faire l'analyse ?

— Ils ont forcément été trafiqués, martela George. Les nôtres ne peuvent pas prendre feu.

— Je vais dresser la liste des éléments qui diffèrent, promit-elle.

— Je te conduis, proposa Percy, en lui saisissant le bras pour le transplanage d'escorte.

— Ne parlez de ça à personne, leur demanda Harry. Même pas au reste de la famille.

Percy et Audrey hochèrent la tête puis disparurent.

*

Harry et Owen amenèrent Éloïse, Ron et George dans l'atrium du ministère.

— On va aller directement dans une salle d'interrogatoire, indiqua Harry. Vous n'êtes là que pour une simple audition, mais si vous voulez un avocat, vous pouvez en appeler un.

Les trois témoins secouèrent négativement la tête semblant impressionnés par l'évocation de l'avocat. Ils prirent les ascenseurs pour se rendre à l'étage de la Justice magique.

— Selon la procédure, je dois récupérer vos baguettes, expliqua Harry désolé par la tournure que prenaient les évènements.

— Pas de problème, le rassura Ron qui s'était ressaisi. Écoute, ne fais pas cette tête, j'ai l'impression d'être un criminel et je vais me mettre à avouer toutes les fois où j'ai violé le règlement de Poudlard.

Harry parvint à sourire, prit les baguettes et laissa Owen avec les trois autres. Arrivé au QG, il fila dans le bureau de son commandant.

— Un problème ? demanda Faucett en voyant Harry.

— Je pense, oui, soupira l'Auror.

Il résuma les derniers évènements et conclut :

— J'aimerais, dans la mesure du possible, garder l'utilisation des Fuseboum secrète. Ainsi, on évitera de donner des idées à d'autres personnes, et cela permettra d'authentifier un aveu.

Faucett approuva du chef : c'était une procédure assez courante.

— Janice est rentrée pendant ton absence, signala le commandant. Je vais lui demander de se charger de l'interrogatoire avec moi. Harper et toi y assisterez en tant que simples témoins.

— Très bien, fit Harry avec soulagement.

Faucett et Janice procédèrent à l'audition des deux propriétaires des Sorciers Facétieux et leur vendeuse séparément. Ils établirent la composition exacte des feux Fuseboums et apprirent que c'était un produit particulièrement populaire.

— On en a écoulé des dizaines et des dizaines de boîtes, exposa Éloïse, qui fut interrogée la première. À Noël et pour le jour de l'An, tout le monde en veut !

— Nos modèles évoluent dans le temps, précisa George quand ce fut son tour. Si vous avez récupéré des bouts assez gros, je pourrais peut-être vous dater la période où on l'a créé. Par contre, ce n'est pas forcément le moment où on l'a vendu. En fonction des gammes et des fêtes, on les garde plus ou moins longtemps en magasin.

— Tenez-vous un registre des ventes ? demanda plus tard Faucett à Ron.

— Oui. Je suppose qu'on pourrait savoir à peu près quand on a écoulé une sorte de fusées, mais pas à qui.

— Quelle est votre opinion sur les nouveautés dans le monde sorcier ? questionna Janice.

Ron convint qu'on pouvait le classer parmi les progressistes et qu'il n'en faisait pas un mystère.

— Il est de notoriété publique que vous avez des raisons de ne pas apprécier Drago Malefoy, fit remarquer Janice.

— Vous connaissez beaucoup de monde qui apprécie Malefoy ? lui retourna Ron.

— Les journaux ont parlé d'une liaison entre lui et votre femme, rappela-t-elle. De quoi être particulièrement agacé contre lui, non ?

— Je l'ai été ! convint Ron avec calme. Mais ça fait un an et demi, et je suis un peu plus rapide que ça quand je prévois de casser la figure de quelqu'un. Sérieusement, je ne vais pas me mettre à massacrer les sang-purs parce qu'un journaliste a voulu faire un bon papier sur une personnalité connue. D'ailleurs, si j'avais vraiment songé à m'en prendre à quelqu'un, ce serait à Watermann qui a écrit ces fadaises.

Il marqua une pause avant de demander :

— Rassurez-moi, il n'est pas sang-pur au moins, celui-là ?

— Vous avez peur qu'il soit le prochain sur la liste ? sourit Janice.

— Ouais, je ne voudrais pas que mes propos se retournent contre moi.

Curieusement, il semblait qu'on parlait très peu politique dans la boutique des Sorciers Facétieux. Tout le monde savait que Ron soutenait la modernité et qu'il menait la guilde en ce sens. Par contre, Éloïse ne se souvenait pas si George avait un jour annoncé ses préférences. Il était peu porté sur les discussions sérieuses, avec elle du moins. Ron et George supposaient qu'Éloïse était plutôt progressiste du fait de ses origines moldues, mais elle n'avait jamais tenu de propos excessifs à ce sujet. Tous réalisèrent qu'ils n'avaient aucune idée des convictions de leur vendeur, Smiley Guffy.

Chacun leur tour, ils le décrivirent comme une personne particulièrement flegmatique, capable de rester impassible alors que les éléments se déchaînaient autour de lui. Ils racontèrent tous comment un prototype avait fait complètement disparaître ses vêtements, et que, nu comme un ver, il avait seulement fait remarquer : C'était mes chaussettes préférées.

Avant de commencer les interrogatoires, Harry avait chargé deux de ses collègues de lui mettre la main dessus, mais ils n'étaient pas encore revenus.

Il semblait qu'ils avaient tiré toutes les informations possibles des Sorciers Facétieux. Faucett rendit la main à Harry qui rassembla les témoins et décida :

— Vous allez pouvoir rentrer chez vous. Merci de ne pas révéler à quiconque ce que vous savez de l'utilisation de vos Fuseboums. Si quelqu'un apprend que vous étiez ici, racontez qu'on avait besoin de vos connaissances en objets explosifs, c'est tout. Si vous arrivez à contacter Smiley Guffy, dites-lui de nous joindre le plus vite possible et appelez-moi.

Une fois les trois sorciers partis, Harry retourna au QG, pour voir où en était l'enquête. L'un après l'autre, les Aurors revenaient et rédigeaient leurs rapports avant de le remettre à Primrose, Michael et Augustin qui tentaient de recouper les informations.

L'après-midi était bien avancé. Quand tout le monde fut de retour, Harry les remercia et précisa :

— A priori pour demain, j'aurais besoin d'Owen, Primrose et Michael, Janice et Augustin, ainsi qu'Angelina et Wellbeloved. On va analyser tout ce que vous avez ramené aujourd'hui. Les autres, vous pouvez profiter de votre dimanche. Gardez quand même vos miroirs à portée de main, au cas où on ait besoin d'aide.

À dix-huit heures, Harry appela Percy.

— Où en êtes-vous ? demanda-t-il à son beau-frère.

— Audrey n'a pas tout à fait terminé. Ah, elle dit que d'ici une heure, elle pourra fournir une liste de ce qui a été ajouté au Fuseboum original.

— Parfait, remercie-la bien pour moi. Je vous attends ici. Ensuite, vous pourrez vous reposer.

— Tu seras au Terrier demain ?

— Je ne pense pas. Mais Ron et George y seront sans doute.

Cela parut rassurer Percy sur le sort de ses frères.

— Bon, à tout à l'heure.

Alicia Spinnet et Yann Plumpton, qui avaient été chargés de retrouver Guffy, arrivèrent à ce moment-là.

— Parti en France d'après leur entourage, rendirent-ils compte. Lui, sa femme et leur fille de cinq ans. Voisins unanimes et on a même réussi à joindre l'agence des portoloins internationaux : ils se sont présenté pour un passage il y a une semaine. Ils ont une réservation pour rentrer vendredi soir prochain.

— Il semble que Guffy soit hors course pour l'incendie des Avery, des Selwyn, Rokwood et McNair, résuma Harry après avoir remercié et rendu leur liberté à ses collègues.

— Il a pu simplement fournir les incendiaires, jugea Janice. Ou revenir en douce avec un portoloin de contrebande.

— Les Fuseboum sont en vente libre, rappela Harry, et pas spécialement cher. Pas besoin d'avoir un complice dans la place pour s'en procurer.

— Mais il a pu donner l'idée, insista sa collègue. Ou même utiliser le labo de ses patrons pour trafiquer le produit.

— On saura bientôt si les éléments en plus étaient chez de Ron et George, remarqua Harry. Dès que Audrey aura rendu sa copie.

— Tu veux que j'envoie un hibou à Pierre pour lui demander de vérifier que la famille est bien chez les parents de Madame ? proposa Janice, faisant allusion à son amant qui était Chasseur chez les Français.

— Oui, c'est une bonne idée. Ce serait bien que cela reste officieux dans un premier temps.

— Je file à la volière.

Angelina et Wellbeloved, qui avaient été sur le terrain pour interroger les Progressistes tout l'après-midi étaient en train de prendre connaissance des comptes rendus rédigés par leurs collègues.

— Harry, c'est quoi cette histoire ? s'écria Angelina en découvrant le rapport de Janice sur l'audition de son mari et de son beau-frère.

— On n'en sait pas plus que ce qui est écrit, et cela fait partie des pièces réservées du dossier. Seuls nous huit sommes habilités à en avoir connaissance, précisa-t-il en faisant allusion à l'équipe qui lui avait été allouée, ainsi que Faucett, bien entendu.

— Cette histoire sent mauvais, grogna-t-elle en poursuivant sa lecture.

— Oui, c'est aussi mon sentiment, convint Harry.

Les autres membres du groupe apprirent le développement de l'affaire avec des mines graves, mais sans remarques inutiles. Quelques instants plus tard, les portes du QG s'ouvrirent sur un nouveau venu : Kingsley Shacklebolt. Alors qu'il s'approchait, Harry lui trouva un pas fatigué et les traits tirés. Le ministre lui fit signe pour l'inciter à se rendre avec lui dans le bureau de Faucett.

Harry rapporta où en était son enquête, les diverses pistes, les actions entreprises. Son commandant et son invité l'écoutèrent avec attention sans l'interrompre. Quand il eut terminé, Harry demanda :

— Commandant, vous ne croyez pas que vous devriez prendre la direction de cette affaire ?

Les deux autres échangèrent un regard et Faucett répondit :

— Je ne pourrai pas faire mieux que toi. Tu te débrouilles très bien.

— Mais c'est ennuyeux d'être à ce point liés à des témoins aussi importants, plaida Harry. Ils sont tous les trois apparentés ou mariés avec un des membres de mon équipe !

— Tous les sorciers sont plus ou moins cousins, se connaissent, ont des intérêts communs ou des inimitiés, rappela son commandant. À vous huit, vous représentez assez bien notre société, et je n'ai pas l'intention de modifier l'équipe que je t'ai donnée. À ce propos, au cas où tu l'ignorerais, Richard Wellbeloved est plutôt sympathisant de Magie, Quidditch et Tradition, même s'il ne s'y est pas inscrit.

— Wellbeloved ? s'étonna Harry. Il n'a jamais renâclé à utiliser les nouvelles méthodes d'investigation.

— Non, mais il n'apprécie pas l'idée que notre société change trop vite. Il trouve que ça suffit comme ça. Et surtout, il est opposé à ce que les elfes et loups-garous aient des statuts identiques aux sorciers.

Harry ne l'aurait pas taxé d'autant d'intransigeance mais il savait que, pour beaucoup de sorciers, le respect envers les créatures magiques intelligentes n'allait pas de soi. Et tant qu'à faire équipe avec un Traditionaliste, il préférait Wellbeloved à Muldoon.

Ils sortaient du bureau pour raccompagner le ministre quand Audrey et Percy arrivèrent enfin. Le chef de département parut un peu gêné de se retrouver devant son supérieur en pantalon et chemise moldus, mais Shacklebolt resta impassible. Audrey parut inconsciente de l'échange de regards entre son fiancé et le ministre de la Magie qu'elle n'avait sans doute pas identifié. Elle semblait fatiguée.

L'équipe de Harry, Faucett, Shacklebolt et Percy s'installèrent sur des chaises tandis que la jeune femme s'appuyait contre une table :

— La composition chimique des Fuseboums est à l'origine plutôt stable et ingénieuse, rendit-elle compte. Je n'avais jamais vu l'alliance de ces éléments mais c'est très efficace. Pour déclencher l'explosion, il faut ajouter un sort de Chaleur, exposa-t-elle en regardant Percy comme l'information lui était venue de lui.

— Comment cela a-t-il pu passer les protections de Selwyn, en ce cas ? s'étonna Owen. Aucun sortilège ne peut pénétrer chez lui en théorie.

— Une flamme, issue d'un briquet serait tout aussi efficace pour fournir la chaleur désirée, expliqua Audrey. D'ailleurs, par jour de canicule, je vous recommande vivement de ne pas stocker trop de fusées ensemble, ce serait dangereux. En Angleterre, le temps est rarement assez chaud pour que cela pose problème, mais ce produit n'est pas exportable en l'état vers l'Afrique, par exemple.

— Nous y veillerons, assura Percy qui avait pris le ton formel qui était le sien quand il parlait au nom de son département.

— Mais les Fuseboum sont magiques et n'auraient pas dû passer, insista Owen.

— Vous en avez un d'origine ? demanda Primrose.

Harry alla chercher l'un de ceux qu'il avait saisis chez ses beaux-frères et le posa sur une table devant sa collègue, comprenant ce qu'elle voulait vérifier. Effectivement, elle lança sur l'objet un Prehendo Magiam. Seule une lueur pâle et diffuse apparut en réponse.

— Le principe de la fusée est chimique, pas magique, traduisit Audrey. Comme je le précisais tout à l'heure, c'est l'utilisateur qui crée l'élément déclencheur, pas l'objet.

— La magie résiduelle doit être celle qui a été appliquée pour sceller l'étui, compléta Harry. Trop faible pour être détectée par les défenses de Selwyn.

Il nota l'explication sur son carnet, imité par la plupart de ses collègues qui avaient pour habitude de consigner les découvertes importantes au fur et à mesure.

— Voici la liste des composés retrouvés dans les décombres et qui n'appartiennent pas à la fusée d'origine, reprit Audrey en tendant un papier à Harry quand il eut reposé son stylo-plume. Comme tu vois, on a notre fameux NO3- que vous utilisez dans ce que vous appelez du fertilisant. J'ai cru comprendre qu'on en trouvait aussi facilement chez vous que chez nous.

— Effectivement, dit Harry sombrement.

— Percy m'a indiqué qu'il en est de même pour le C3H8O3, c'est-à-dire le glycérol, qui est traditionnellement ajouté aux potions sous forme de – elle eut un petit froncement de nez – cervelle de crapaud. Quand au KMnO4, le permanganate de potassium, on a établi ce matin que vous appeliez ça polygonum et que c'était plus rare.

— On s'en sert principalement pour fabriquer du Polynectar. C'est une potion difficile à faire et réglementée, lui précisa Harry.

— Tiens, d'ailleurs, comment procurent-ils du champifleur pour leurs Fuseboum, les frères Weasley ? s'étonna Primrose qui consultait la compositions du produit dans ses notes.

— Ils ont fait une demande d'importation qui a été validée par le ministère, répliqua Percy d'un ton sec.

Primrose leva les yeux sur lui et parut se rendre compte qu'elle aurait mieux fait de garder sa question pour plus tard. Elle se replongea précipitamment dans ses papiers.

— Donc on a une piste avec la filière de vente du polygonum, conclut Harry.

— Peut-on en trouver facilement dans le monde moldu ? demanda Kingsley à Audrey.

— Oui, car en soi ce n'est ni dangereux, ni interdit. C'est l'association avec les autres composants qui pose problème.

Il y eut plusieurs soupirs de découragement dans l'assistance.

— C'est un mélange assez complexe, relativisa Owen. Y'a des chances que notre loustic travaille comme apothicaire ou ait un métier approchant, non ?

— Si c'est un groupe, il n'est pas étonnant d'avoir au moins un membre très bon en potions, fit remarquer Wellbeloved.

— Au fait, qu'ont donné les entretiens avec ceux qui sont affiliés à MQT ?

— Beaucoup de personnes n'ont pas d'alibi, fit Janice qui avait fait la synthèse des rapports de ses collègues. Il faut avouer qu'aux heures en question, ils étaient tous dans leur lit. On n'y arrivera pas par ce bout-là. D'ailleurs, plus j'y pense, plus je me dis que ce ne sont pas eux qui vont retirer le plus de bénéfice de cette histoire. Ils ont déjà commencé à perdre des sympathisants, tellement les gens sont choqués par ces attaques meurtrières.

— Serait-il possible que ce soit les ultra-traditionalistes qui cherchent à discréditer les progressistes ? demanda lentement Kingsley.

Un silence glacé accueillit cette hypothèse.

— Ils n'iraient pas jusqu'à tuer un môme de leur propre camp ! opposa Harry horrifié.

— Les Malefoy sont-ils des traditionalistes ? interrogea Janice. Avec cette histoire de potion Tue-Loup, on les placerait plutôt de l'autre côté.

— Peu de personnes savent pour la potion, rappela Owen. À part Harry, on l'a tous appris en lisant le dossier de l'enquête.

— Ils peuvent en vouloir aux Malefoy et aux Avery pour des raisons que nous ignorons, développa Angelina. Ils les utilisent pour accréditer l'idée d'attaques meurtrières contre les Traditionalistes. Pour les autres, Selwyn en particulier, ils ont fait en sorte qu'il ne risque rien à part perdre sa maison.

— Ce serait trop beau pour les Progressistes, grogna Wellbeloved. Allez-vous prétendre que Selwyn a organisé l'incendie de sa propre demeure ? Et pourquoi pas une manœuvre de Higgs lui-même, pendant que vous y êtes ?

Il jeta un regard vers ses partenaires puis se focalisa sur son ancien collègue :

— Écoute, Shacklebolt, lança-t-il en sa direction, j'ai toujours pensé que tu étais un bon enquêteur, mais là, c'est plus de l'enquête, c'est de la manœuvre politicarde. Tu ne te serviras pas de nous pour arriver à tes fins !

— Si j'avais voulu vous utiliser, crois-tu que j'aurais confié cette mission à Harry Potter ? rétorqua Kingsley. Aucun ministre ne l'a fait plier !

L'attention de toute l'assistance se concentra sur Harry. La plupart semblaient assez choqués par la tournure que la discussion avait prise, et lui-même oscillait entre colère, indignation et anxiété. Wellbeloved profita de son état de choc pour préciser :

— Le faire plier, non. L'induire en erreur, pourquoi pas ?

Harry ouvrit la bouche pour protester, mais Wellbeloved se tourna vers lui et compléta :

— Je n'ai rien contre toi, Potter, mais je pense que certaines choses doivent être dites.

Il y eut un silence et Harry sut qu'il devait répondre. Il chercha désespérément une formulation qui apaiserait la discussion :

— Nous sommes une équipe avec des opinions et des expériences différentes, dit-il finalement en montrant du menton les sept Aurors qui lui avaient été affectés et dont Wellbeloved faisait partie. Nous devrions réussir à garder un certain recul, non ?

— Si tu nous écoutes tous, répliqua le partenaire d'Angelina.

Harry décida que le ton était suffisamment neutre pour que ce soit un rappel, non une accusation.

— C'est bien mon intention, affirma-t-il. Penses-tu vraiment que nous devons laisser de côté la piste que nous venons d'évoquer sans chercher du tout à l'exploiter ?

Wellbeloved se donna le temps de réfléchir avant d'admettre :

— À partir du moment où une hypothèse est lancée, on ne peut pas la lâcher avant d'avoir suffisamment d'éléments pour l'éliminer. Mais elle est sérieusement moins crédible que les autres, ajouta-t-il cependant.

— Je n'y crois pas tellement non plus, concéda Harry, mais on va quand même tenter d'assister à une ou deux réunions de MQT. Cela dit, le polygonum et les Fuseboums me semblent constituer la piste la plus apte à nous amener quelque part. On se concentre dessus en priorité.

— Vu l'heure, vous feriez bien de rentrer chez vous, intervint alors Faucett. On se retrouve ici demain matin à neuf heures.

Harry, qui s'était jusque-là focalisé sur Richard Wellbeloved, se tourna vers son commandant et vers le ministre pour savoir ce qu'ils pensaient de sa gestion du débat. Les deux hommes étaient impénétrables, tout comme Percy.

— Aurez-vous besoin de moi ? demanda timidement Audrey comme gênée de rappeler sa présence.

Faucett regarda Harry, lui laissant la main une fois de plus.

— Je ne pense pas, répondit ce dernier. Si j'ai une question à te poser, je suppose que je pourrai te joindre. Merci infiniment pour tout ce que tu as déjà fait.

— Très bien, fit la jeune femme. Euh, bonne continuation.

Elle fila, suivie par Percy. Kingsley sortit derrière le couple, sans doute pour montrer qu'il ne voulait pas s'immiscer plus longtemps dans l'enquête. Cela donna le signal du départ et l'équipe de Harry se dispersa rapidement. Harry jeta un regard interrogateur vers Faucett qui lui fit un signe approbateur de la tête, comme pour le féliciter pour ses réponses, avant de partir à son tour, sans tenter de discuter avec lui en privé.

Quand Harry quitta les lieux en dernier, il songea que, décidément, il n'aimait pas cette enquête.

*

Quand Harry arriva chez lui, il reconnut les voix de James, Rose et Albus venant de l'étage supérieur et il sentit une partie de son angoisse et de son stress s'atténuer. Cependant, il se tendit en trouvant Hermione dans son salon, la mine désolée. Elle avait Hugo qui jouait par terre à ses pieds tandis que Lily était sur les genoux de sa mère.

— Harry, commença son amie sans préambule, ça en est où ?

Harry se demanda si elle faisait allusion à l'audition de Ron ou à l'enquête en général.

— Ça suit son cours, affirma-t-il prudemment.

— Je suis allé voir Lee et Padma cet après-midi, expliqua-t-elle.

— Et comme Ron a dû s'absenter, il m'a amené les enfants, compléta Ginny en se levant pour embrasser son mari.

— Désolée de te tomber dessus comme ça, s'excusa Hermione.

— Ce n'est pas grave, assura Harry. Qu'ont dit les Jordan ? interrogea-t-il à son tour pour prévenir une nouvelle question.

— Que les Aurors enquêtent sur les progressistes, répondit Hermione d'un ton mécontent.

— C'est une des pistes, effectivement, confirma Harry prenant Lily dans ses bras.

— Tu penses vraiment que ce sont les nôtres qui ont incendié ces maisons ?

— Je ne me sens pas vraiment dans le camp des ultra-progressistes, contra Harry en embrassant sa fille dans le cou, la faisant pouffer. Et je ne qualifierais pas des nôtres des criminels qui mettent le feu à des habitations où vivent des enfants et des vieillards.

— Oui, j'ai lu ça, dit Hermione avec tristesse. Tu as vu les Malefoy ? Ils vont bien ?

— Leur gamin fait des cauchemars, mais ils n'ont rien, répondit-il en posant Lily près de son petit cousin. L'atelier est complètement détruit, mais en phase de reconstruction. Drago te fait dire qu'il va faire son possible pour garantir la potion Tue-Loup pour le mois prochain et que ses elfes n'auront pas à s'inscrire au bureau de l'Emploi.

Hermione parut étonnée d'un tel message mais repartit sur un autre sujet :

— Oh, Harry, je ne me pardonnerais jamais si notre action avait poussé des gens à s'entretuer. Je me demande s'il ne faudrait mieux pas arrêter de publier AlterMag.

— On ne va pas revenir en arrière ! protesta Ginny. On n'est même pas certains que notre action soit liée aux incendies.

— Attends un peu, s'exclama Harry inquiet par ce qu'il entendait. Tu veux dire que Lee et Padma envisagent de suspendre les publications ?

— Non, pas vraiment, le rassura Hermione. Mais enfin, on ne peut pas continuer comme ça ! On va droit vers la guerre civile.

— Je ne vois pas le rapport avec AlterMag, opposa Harry.

— Le journal cristallise les débats et donne manifestement de mauvaises idées à ceux qui défendent nos convictions.

— Je croyais que c'était parce que les échanges étaient trop passionnels dans La Gazette que tu avais voulu fonder un magazine qui permette de mettre les choses à plat et relever les discussions à un niveau plus rationnel, rappela Harry.

— C'est vrai, renchérit Ginny en donnant un jouet multicolore à sa fille. C'est La Gazette qu'on devrait arrêter, pas AlterMag.

— Si j'ai bien compris, se fit préciser Harry, Lee n'a pas l'intention de suspendre ses publications.

— Non, mais je ne suis pas sûre qu'il...

— Hermione, l'interrompit Harry. Tu as choisi Lee, Padma et Parvati parce que tu avais confiance en eux, que tu les jugeais fiables, professionnels et dévoués à notre communauté. Pourquoi remets-tu leur opinion en cause ? Tu crois qu'ils sont moins inquiets que toi ? Qu'ils ne se posent pas de questions sur leur responsabilité ?

— Non, bien entendu, mais...

— N'as-tu pas dit dès le début qu'on leur donnait les moyens de commencer, mais que nous n'avions pas à intervenir ensuite ? rappela Ginny.

— Si, vous avez raison, mais notre population se déchire, je ne peux pas rester les bras croisés ! s'exclama Hermione.

— Tu es pire que Harry, lui reprocha Ginny. Ce n'est pas parce que vous avez eu votre rôle à jouer la dernière fois que vous êtes les seuls dépositaires de notre communauté. Ce n'est pas ton boulot de s'occuper de ça !

— Harry le fait bien, lui !

— Quand on m'a confié cette mission, personne n'imaginait ce que cela allait donner. Et maintenant, je me passerais bien d'avoir cette responsabilité, ajouta-t-il du fond du cœur.

Ils entendirent des pas dans le vestibule et Ron entra dans la pièce.

— Ah, tu es là, chérie, fit-il en direction d'Hermione.

— Oui, j'ai trouvé ton mot à la maison et je suis venue chercher les enfants. Tu as eu une urgence ?

— J'ai dû aller au magasin, justifia Ron d'un ton neutre. Salut Harry.

— Bonjour Ron, répondit l'interpellé, qui appréciait la discrétion de Ron tout en regrettant de devoir mentir à leurs deux épouses.

— Tu seras au Terrier demain ? demanda Hermione à Harry en se levant pour partir.

— Je ne pense pas.

— Je monte chercher Rose, annonça Ron en sortant de la pièce.

— Hermione, arrête de te torturer avec cette histoire, conseilla Harry. On a des pistes, on va bien finir par mettre la main sur celui ou ceux qui ont fait ça. En plus, maintenant que tout le monde est au courant, les gens protègent leurs maisons. Les choses devraient s'arranger.

Une fois les Weaesley-Granger partis, Harry dit à Ginny :

— On devrait appeler toute la famille pour conseiller de jeter des sorts de protection. Tu t'en charges ? Moi, j'appelle Andromeda.

Tous deux apprécièrent l'efficacité des miroirs communicants qui permettait de joindre bien plus facilement leurs correspondants. Andromeda faisait ses courses à Pré-au-Lard quand Harry l'appela. À son conseil, elle répondit :

— C'est fait depuis trois jours. Ne t'en fais pas, Harry, je suis capable de me défendre et de garder mon petit-fils en sécurité.

Teddy voulut absolument parler à son parrain et il fallut cinq minutes à Harry avant de pouvoir refermer son miroir. Suite à une idée qui lui traversa l'esprit, il le rouvrit cependant bien vite et appela Faucett :

— Ne faudrait-il pas protéger Kingsley et Higgs ? demanda-t-il de but en blanc.

— J'ai mis trois équipes en alternance à la disposition de Higgs depuis hier, le rassura son commandant. Kingsley est une mule qui affirme qu'il peut se défendre tout seul, mais j'ai réussi à le convaincre d'accepter qu'on surveille sa maison au moins pendant la nuit.

— Ah, très bien, fit Harry soulagé, mais un peu honteux de n'y avoir pas pensé plus tôt.

— Tu as fait du bon travail aujourd'hui, profites bien de ta soirée, ajouta son commandant avant de mettre fin à la conversation.

*

Les jours suivants, Harry et son équipe se concentrèrent sur les lieux où l'on pouvait se procurer du polygonum. Ils ne reparlèrent plus de l'échange un peu vif qui s'était déroulé le samedi précédent, mais Harry savait que personne ne l'avait oublié.

Ils interrogèrent des apothicaires, des grossistes en ingrédients à potion, des importateurs. Ils demandèrent à tous les revendeurs de leur signaler au plus vite s'ils étaient sollicités par un client inconnu ou pour une commande importante.

La boutique des Sorciers Facétieux reçut les mêmes instructions pour la vente de ses Fuseboum. Pierre Belléclair, le Chasseur français qui était le compagnon de Janice, avait confirmé que Smiley Guffy se trouvait bien dans la famille de sa femme en Touraine. Sa belle-famille étant constituée d'une longue lignée de sorciers tout ce qu'il y a de traditionnels, le vendeur fut temporairement écarté de la liste des suspects et laissé en paix.

Ils rendirent également visite au directeur du laboratoire de potions de Ste-Mangouste et vérifièrent le registre des entrées et sorties des ingrédients réglementés. Il ne semblait pas y avoir de différence entre le stock actuel et les mouvements inscrits. Harry lança cependant une enquête sur le responsable des achats, qui pouvait très bien avoir soustrait le polygonum entrant et déclaré une quantité minorée.

Parallèlement, Harry envoya à nouveau ses collègues sur les lieux des sinistres avec injonction de rapporter tous les morceaux de métal qu'ils trouveraient. Avec l'aide de George, ils mirent au point un sortilège d'Attraction spécifique qui rendait la collecte plus efficace qu'elle ne l'avait été les premières fois. Tous les débris retrouvés furent ensuite nettoyés et conservés en vue d'être assemblés pour déterminer combien de fusées avaient été utilisées. Ils espéraient aussi identifier le modèle de Fuseboum détourné pour définir quand la boîte les contenant avait été vendue.

Harry savait que La Gazette du Sorcier, par des articles à sensation, avait continué à entretenir la psychose et fait grandir les doutes sur la volonté du ministère d'arrêter les coupables. Ginny essaya de le dérider en lui faisant lire l'article du Chicaneur sur une soi-disant invasion de serpencendre qui expliquerait les flambées soudaines, mais il ne parvint pas à en rire.

Il acheta cependant AlterMag dès sa sortie et déchiffra l'éditorial signé des trois principaux rédacteurs :

Les sorciers ont peur

Ces incendies criminels et assassins éveillent chez nous de tristes et angoissants souvenirs. Des temps de désolation et de têtes de mort flottant dans les airs au-dessus des familles anéanties. Notre Histoire ne doit pas se répéter. Pour l'en empêcher, sachons tirer les leçons qu'elle nous a données.

Nos années de guerre nous ont appris que c'est en étant uni que nous pouvons faire tomber ceux qui pensent pouvoir nous contraindre par la peur à vivre selon leurs préceptes. Des chaînes de solidarité ont permis à des sorciers issus de Moldus d'échapper à Azkaban, des sorts de protection anonymes ont sauvé des familles, et des sorciers de tout le pays ont afflué à Poudlard pour répondre à l'appel de Harry Potter.

Au lieu de désigner des coupables arbitrairement, unissons-nous dans cette épreuve. Ne lançons pas d'accusations sans fondement, faisons confiance aux Aurors qui travaillent pour mettre fin à la menace.

Ne laissons pas quelques personnes détruire le lien qui nous rattache au-delà de notre origine ou de nos opinions. Montrons au contraire que l'adversité nous rapproche et que nous ne laisserons personne décider qu'un sorcier n'a pas sa place parmi les siens.

Lee Jordan, Padma Jordan-Patil et Parvati Patil

Un autre article condamnait sans appel les attentats et envoyait un message de soutien en direction de toutes les victimes. Le reste du magazine comportait les rubriques habituelles, portant sur des sujets plus neutres peut-être, mais dans une intention bien marquée de ne pas céder à la tendance générale et anxiogène de parler pour ne rien dire sur l'affaire.

Le jeudi, Ron appela son beau-frère pour l'informer qu'ils avaient avancé dans la reconstitution des Fuseboum trafiqués. Harry choisit Janice pour l'accompagner. Il les fit transplaner directement dans l'arrière-boutique.

— Pour commencer, avec ce que vous nous avez donné, nous avons pu reformer dix-neuf fusées, indiqua Ron. Il y a des petits éléments en plus, on peut donc imaginer qu'entre vingt et vingt-cinq ont été utilisées.

— On les a récupérées dans six endroits, ce qui nous fait une moyenne de quatre fusées par site, calcula Harry. Si on ajoute celles qui ont servi pour le premier incendie dont les lieux ont été nettoyés avant qu'on soit au courant, ça nous fait vingt-huit. Peut-être une ou deux de moins car, chez les Avery, il n'y en avait pas assez pour enflammer la pièce.

— Mais chez les Malefoy, deux bâtiments ont pris feu, ça compense, opposa calmement Janice.

— Avez-vous une idée du moment où elles ont été achetées ? demanda Harry.

— On a bien l'impression que c'est notre ancien modèle de tube, répondit Ron. On l'a changé avant de commencer à produire pour la fournée de Noël.

— Ce qui veut dire ? s'impatienta Harry.

— Que c'est probablement un Feu d'Halloween parce que les occasions spéciales comme les anniversaires sont un peu plus petits.

— Et ceux que vous avez fournis pour les dix ans de la Bataille de Poudlard ? demanda Janice.

— Beaucoup plus longs. Ils étaient destinés à un lieu isolé donc on les a fait monter plus haut. Pour en revenir aux Halloweens, ils sont conditionnés par douze.

— Je suppose que vous avez vendu des centaines de boîtes en octobre, reprit Harry.

— Oui et une dizaine ensuite.

— Après la fête ? s'étonna l'Auror.

— On fait des soldes sur les produits hors saison. Ceux qui n'ont pas tellement d'argent en profitent. Quand la finalité est de les transformer en bombes incendiaires, je suppose que le thème importe peu. Ce serait logique qu'ils aient choisi le meilleur marché.

— S'ils l'ont acheté après le 31 octobre, précisa Janice. Après tout, ils peuvent utiliser un reliquat de ce qu'ils auraient acquis avant.

— La campagne politique n'a vraiment démarré qu'en novembre, rappela Harry.

— Admettons. À quoi ça nous sert de savoir ça ? demanda Janice avec brusquerie.

— J'ai regardé sur mon livre de comptes et aucune vente de Fuseboum d'Halloween entre début novembre et aujourd'hui ne dépasse trois boîtes, lui apprit Ron. Et avant, le maximum est cinq paquets.

— Ils en ont acheté au maximum trente-six, s'ils s'en sont procuré en solde, au mieux soixante s'ils l'ont payé au prix fort, traduisit Harry. Or ils en ont utilisé près de trente déjà. S'ils continuent sur leur lancée, ils vont venir se réapprovisionner prochainement, déduisit-il d'un ton méditatif.

— Il nous en reste, signala George qui était demeuré muet depuis le début de l'entretien. Des boîtes d'Halloween.

— Ils peuvent changer de modèle, opposa Harry.

— Non, soutint George. Comme les tailles sont différentes, ils seraient obligés de modifier les doses de ce qu'ils y ajoutent. Vu leurs succès actuels, ils ne vont pas prendre ce risque, conclut-il d'une voix dure.

Harry observa son beau-frère avec inquiétude. L'utilisation de ses produits pour attaquer et tuer l'avait bouleversé. Son visage crispé lui rappela l'après-guerre, quand George était encore plongé dans le deuil de son jumeau. Le regard soucieux que Ron lança à son frère accentua la préoccupation de Harry. George n'allait pas bien.

Harry sentit tout à coup une colère froide l'envahir. Il était furieux après ceux qui les renvoyaient à des moments aussi difficiles de leur passé.

— On les aura, promit-il d'une voix sourde. On ne les laissera pas s'en tirer comme ça.

— S'ils sont venus deux fois, ils en ont peut-être davantage, imagina Janice.

— C'est Éloïse qui a effectué trois des quatre ventes en question. Elle pense que ce sont des personnes différentes, parce que sinon, elle l'aurait remarqué.

— Et la quatrième ? s'enquit Harry.

— Ce jour-là, c'était Smiley.

— Qui est toujours en France, rappela Janice.

— Cette fois-ci, on va devoir lui parler, décida Harry. En attendant, il faut absolument tracer tout acheteur de ce genre de boîte. Et il faut qu'elles restent bien en évidence.

— Vous allez vous retrouver avec du monde dans vos salles d'interrogatoire, pronostiqua Ron.

— C'est notre problème, trancha Harry.

— Et si on arrive au bout de notre stock avant que la bonne personne ne se présente ? s'enquit Ron.

— On mettra des fusées de Noël dans les boîtes Halloween, répondit George. Ne t'en fais pas Harry, on te fournira ce qu'il te faut tant que tu n'auras pas mis la main sur ces salauds.

— Parfait, je vais vous donner des traceurs. Ce sont des portoloins en deux parties. Si vous me posez le traceur sur la boîte, on peut le rejoindre, où qu'il soit, avec l'autre partie du dispositif.

— Tu en auras assez pour en mettre sur toutes les boîtes ? demanda George.

— Ne serait-il pas plus efficace de les coller sur les paquets au moment où vous encaissez ? fit remarquer Janice. Comme ça, si un client louche se pointe et achète autre chose, ça marchera quand même.

— Ils sont comment vos traceurs ? s'intéressa George.

Harry en sortit un de son aumônière. La partie à placer sur le suspect avait la forme d'une épingle, ce qui permettait de le fixer sur un vêtement.

— On met souvent des rubans multicolores autour de nos paquets, réfléchit Ron. On va en préparer à l'avance et on n'aura plus qu'à choisir le bon le moment venu.

— Janice, tu peux rentrer au QG et m'envoyer Augustin avec cinq traceurs supplémentaires ? Je te laisse voir avec Faucett pour organiser ton voyage en France pour retrouver Smiley.

Le temps qu'Augustin arrive, Harry transmettait ses dernières instructions :

— Surtout, ne faites rien qui puisse donner l'alarme. N'essayez pas de l'arrêter vous-même non plus. Vous vous arrangez juste pour poser le ruban et vous me joignez tout de suite sur mon miroir. Si je ne réponds pas, demandez « le bureau des Aurors ». On a un miroir enchanté pour accepter tous les appels.

Les deux Aurors rentrèrent au QG et Harry alla voir Faucett pour le mettre au courant de ce qu'il avait appris et des mesures qu'il avait prises :

— Il faudrait étendre le dispositif aux vendeurs de polygonum aussi, conclut-il.

— C'est une excellente idée, le félicita Faucett. J'en informeimmédiatement le ministre.

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Smiley Guffy : Nom inspiré de Elladora Guffy, sorcière très portée sur les sortilèges farceurs (Gazette du Sorcier)


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