XXXII : Culture magique

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Chronologie : 2 mai 1998 : Bataille de Poudlard

26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny

20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique

17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter

04 janvier 2006 : Naissance de Rose Weasley

14 juin 2006 : Naissance d'Albus Severus Potter

16 mai 2008 : Naissance de Lily Luna Potter

28 juin 2008 : Naissance de Hugo Weasley

1er septembre 2009 : Départ de Teddy pour Poudlard

Période couverte par le chapitre : 1er septembre au 3 décembre 2009

Harry appela Teddy sur le miroir de sa grand-mère la veille de son départ. L'enfant semblait surexcité, pas le moins du monde inquiet. C'était l'un des grands avantages de l'école primaire sorcière : ceux qui y étaient allés savaient qu'ils retrouveraient leurs amis à Poudlard. Les sorciers de première génération n'en bénéficieraient pas, mais leurs condisciples ayant fréquenté l'école avaient été ouverts au monde moldu : sorties en ville, visites de musées, séances de cinéma... Ainsi, les nés-de-Moldus avaient davantage de sujets communs avec les enfants de sorciers qu'auparavant, ce qui rendait leur intégration à Poudlard plus facile.

Harry souhaita bonne chance à son filleul.

— Tu ne viendras pas m'accompagner ? opposa Teddy d'un ton déçu.

Derrière lui, Andromeda protesta contre ce qu'elle estimait être une impolitesse de la part de son petit-fils.

— Je vais demander la permission de m'absenter à mon commandant, s'engagea Harry, regrettant de ne l'avoir pas proposé de lui-même. S'il accepte, je serai là.

Heureusement, Faucett fut compréhensif, au contraire d'Owen, stressé par l'approche de l'arrivée de son premier-né.

— Et si Éloïse a besoin de moi ? protesta-t-il.

— Notre enquête peut attendre une demi-journée, le tranquillisa Harry. Je serai de retour à l'heure du déjeuner.

Harry rejoignit Teddy et Andromeda juste avant qu'ils ne prennent la cheminée. Il n'y avait que trois moyens pour rejoindre la gare londonienne d'où partait le Poudlard Express. Les plus chanceux profitaient des quelques voitures magiques du ministère. Il y avait aussi le Magicobus, mais il était généralement très demandé ce matin-là et il fallait l'appeler très tôt pour espérer arriver à l'heure.

C'est pourquoi l'immense majorité des sorciers prenaient la cheminée qui les amenait à proximité de la gare. Là, un employé du ministère veillait à ce que l'âtre ne soit pas encombré – il pouvait couper le réseau en cas de télescopage à l'arrivée – et fournissait un chariot pour installer les malles et les cages des hiboux. Il s'assurait également que parents et enfants soient correctement habillés pour paraître dans un lieu public non sorcier.

Harry s'était souvent demandé pourquoi la cheminée ne débouchait pas directement sur le quai 93/4. Il avait questionné Hermione qui n'avait pu donner de réponse. Il semblait que l'habitude s'était prise au XIXe siècle quand le train avait été mis en service, et que personne depuis n'avait osé remettre en cause cette institution.

Harry éprouva une étrange nostalgie en traversant le hall encombré par les voyageurs pressés. Il se remémora sa première rentrée, sa panique en ne trouvant pas le quai si bizarrement nommé et la présence salvatrice de Molly Weasley.

Autant Teddy avait l'air enthousiaste la veille, autant il était calme et pâle ce matin-là. Sans doute, venait-il de réaliser qu'il ne reverrait pas les membres de sa famille avant de longs mois. Il tenait convulsivement la main de sa grand-mère en lançant des regards neveux vers son parrain qui s'occupait du chariot.

— Viens avec moi, proposa Harry quand ils arrivèrent près du mur à franchir.

Il plaça l'enfant devant lui, lui faisant poser les mains entre les siennes et, poussant ensemble les bagages, ils traversèrent la limite qui les séparait du quai magique.

— Ça va, bonhomme ? demanda-t-il une fois de l'autre côté.

— Oui, oui, répondit Teddy d'une petite voix en rouvrant les yeux.

— Tu t'en es très bien tiré, lui affirma Harry. Tu retrouves des copains ?

L'enfant regarda autour de lui et cria :

— David !

Un petit garçon se retourna devant eux. Harry reconnut près de lui Elaine Alderton, la veuve de l'Auror qui avait succombé à l'attaque du Feudeymon quatre ans auparavant. Andromeda, qui s'était rapprochée d'elle suite à cette tragédie, salua chaleureusement la mère et le fils.

— Comme tu as bien grandi durant les vacances, félicita-t-elle le jeune garçon.

Ils remontèrent ensemble le train pour trouver un compartiment de libre. Comme il n'était que dix heures et demie – cela changeait des arrivées haletantes avec la famille Weasley à onze heures moins cinq –, ils repérèrent des emplacements vides dès la seconde voiture. Harry fit rapidement léviter les bagages des deux enfants pour les placer dans un coin, puis ils redescendirent sur le quai. Le moment des adieux commença.

Maintenant, Teddy semblait lutter contre les larmes.

— Obéis bien aux professeurs, recommanda Andromeda. Et n'oublie pas de nourrir Moustachu.

— Amuse-toi bien et ne va pas trop loin dans la Forêt interdite, conseilla Harry.

— Ne va pas du tout dans la Forêt interdite ! corrigea Andromeda d'un air horrifié. N'oublie pas que tu n'es pas obligé d'aller à Gryffondor. Serdaigle c'est très bien aussi. Ou alors, Poufsouffle, comme ta mère.

— Il paraît qu'il y a maintenant des gens très bien à Serpentard, compléta Harry pour être certain que son filleul ne se ferait pas de souci sur ton attribution. Si tu sors après le couvre-feu, essaie de ne pas te faire prendre, ajouta-t-il.

— J'apprécierais ne pas recevoir de hibou de ton directeur de maison, précisa fermement la grand-mère.

Teddy souriait désormais, et faillit éclater de rire quand son parrain lui fit un clin d'œil. Les adultes en profitèrent pour embrasser l'enfant. Teddy commençait à monter dans le train lorsque la famille moldue qu'ils avaient déjà croisée sur le Chemin de Traverse passa près d'eux. La petite fille regardait autour d'elle l'air complètement terrifiée.

— Tu pourrais lui proposer de partager ton compartiment et lui présenter tes amis, souffla Harry à son filleul.

Teddy hésita, puis lança d'une voix désinvolte :

— Hé ! Monte avec nous, on a de la place.

La petite l'observa timidement puis, une fois qu'elle fût persuadée que c'était bien à elle qu'il s'adressait, regarda ses parents comme pour leur demander leur avis. Ceux-ci l'encouragèrent, sans doute ravis de la laisser avec des camarades de son âge.

— Allez, viens donc ! la pressa Teddy d'un ton condescendant.

Andromeda eut un raclement de gorge qui réduisit – mais de très peu – l'air suffisant de son petit-fils. Harry sourit gentiment à la petite :

— Tu verras, Poudlard est un endroit fantastique.

Un peu rassurée, elle embrassa ses parents et grimpa à côté de son nouveau camarade.

— Je vais vous aider, proposa Harry en voyant le père tirer avec difficulté la malle hors du chariot.

Remontant dans le train, il fit planer le bagage en douceur et le déposa à côté de celui de son filleul. Quand il redescendit, la fillette était en train de récupérer une cage que lui tendait sa mère.

— T'as du pot, t'as eu un hibou, toi ! furent les dernières paroles que les parents entendirent quand Teddy entraîna sa camarade vers le compartiment.

— C'est un gentil garçon que vous avez là, fit remarquer le père avec reconnaissance. J'avais peur qu'Isabel ait du mal à s'intégrer.

— C'est difficile pour tous les enfants de quitter leurs parents, commenta Andromeda d'une voix triste.

— La maison va faire vide, renchérit Mrs Alderton qui était restée avec eux.

Par la fenêtre, on voyait les trois collégiens prendre possession de leur banquette. Teddy parlait sans interruption à la petite qui semblait subjuguée. Sur le quai, des familles en retard couraient dans le bruit de ferraille de leur chariot, avant d'abandonner précipitamment leurs enfants sur les plates-formes avec leurs malles qu'ils devraient traîner dans les couloirs jusqu'à trouver un compartiment accueillant.

Le sifflet du chef de gare retentit, les portes claquèrent et le convoi se mit en marche dans un panache de fumée. Des mains et des mouchoirs furent agités du train et du quai et, une fois la vapeur dissipée, il ne resta plus que des parents esseulés.

— Bon, on ne l'a pas raté au moins, dit Harry pour ne pas laisser le silence s'installer.

— Non, répondit Andromeda, d'un ton donnant à entendre qu'elle le regrettait presque.

— Ils reviennent le 19 décembre, n'est-ce pas ? précisa la mère moldue, comme si elle espérait qu'on lui donne une date plus proche.

— Mais ils vont tellement s'amuser là-bas, positiva courageusement Elaine Alderton.

Quand Harry laissa Andromeda au sortir de la gare, il lui conseilla de passer chez Molly prendre une bonne tasse de thé. Elle acquiesça avec un sourire triste et précisa :

— Je vais faire partir une lettre pour Poudlard ce soir. Comme ça, Teddy l'aura demain matin et le hibou lui permettra de nous indiquer où il a été réparti.

Ce n'est qu'en début d'après-midi du jour suivant que la réponse du pensionnaire parvint à sa grand-mère qui utilisa son miroir pour annoncer la nouvelle : l'enfant avait été envoyé à Poufsouffle.

L'absence de Teddy fut difficile à supporter pour Andromeda. Cela faisait dix ans qu'elle consacrait sa vie à élever son petit-fils et son départ la laissa désemparée. Molly et Ginny s'efforcèrent de l'aider en l'invitant régulièrement chez elles.

Chez Harry, la rentrée avait également amené un changement. Désormais, Albus allait à l'école le matin, et Ginny restait seule avec Lily qui avait seize mois. Deux semaines après le début de scolarité de leur cadet, Ginny prit Harry à part à son retour du travail :

— J'ai eu un mot de la maîtresse, lui apprit-elle. James s'est battu pendant la récréation.

— Oh non !

— Hélas, si. Quand je lui ai demandé pourquoi il avait fait ça, il m'a répondu que des grands – il parle de gamins de cinq ans – n'avaient pas été gentils avec Albus.

Les deux parents échangèrent un regard. Même si l'attitude belliqueuse de leur aîné posait problème, savoir qu'il tenait suffisamment à son petit frère pour le défendre était plutôt une bonne nouvelle.

— Je lui ai dit que c'était bien de veiller sur Albus, continua Ginny, mais que la prochaine fois je préférerais qu'il en réfère aux maîtresses, parce que se battre n'est pas la bonne solution. J'aimerais que tu lui parles, toi aussi.

Harry redit donc avec d'autres mots ce que Ginny avait déjà formulé, et James promit qu'il éviterait de taper sur les autres à l'avenir. Effectivement, aucun nouvel incident de ce type ne fut à déplorer.

À la mi-septembre, Owen arriva un matin, les yeux cernés, mais avec le champagne. Il était désormais père d'une petite fille. Toute la brigade souhaita longue vie au nouveau-né.

*

Au début du mois d'octobre, Harry rentra assez tard d'une filature qu'il effectuait dans le cadre d'une enquête menée par des collègues. Quand il arriva dans sa cuisine, à dix heures du soir, il remarqua que le manteau de la cheminée par laquelle il avait débouché était noir de suie.

— Que s'est-il passé ? demanda-t-il vaguement inquiet à Trotty qui récurait le sol.

— Monsieur James est grimpé sur une chaise pendant que Madame Ginny nettoyait les mains de Monsieur Albus après le dîner, le renseigna son employé, et il a fait tomber tout le pot de poudre de cheminette dans l'âtre.

— Personne n'a pas été brûlé ? s'enquit anxieusement Harry.

— Non, mais des étincelles sont parties dans tous les sens pendant plusieurs minutes, et nous avons eu très très peur ! pépia la créature.

À cette évocation, ses yeux roulèrent dans ses orbites, réminiscence du stress qu'il avait ressenti.

— Madame Ginny a mis Monsieur Albus dans les bras de Miffy et elle s'est précipitée sur Monsieur James pour le protéger, continua-t-il. On s'est tous mis sous la table en attendant que ça passe. Heureusement que le bébé était déjà au lit. Quand ça a été fini, Madame Ginny a beaucoup crié, et Monsieur James est allé dormir sans avoir eu son dessert.

Harry n'eut aucun mal à imaginer Ginny hystérique après le danger qu'ils avaient encouru.

— Vous auriez dû m'appeler, jugea-t-il.

— Madame Ginny a dit de ne pas vous déranger pendant le travail, avoua la créature, les oreilles pendant tristement de chaque côté de sa tête, signe de culpabilisation.

— Je vois. Tu n'as rien à te reprocher Trotty, dit doucement Harry, avant de monter rapidement les marches menant au hall d'entrée pour retrouver sa femme.

— Il n'en rate pas une, se plaignit Ginny. Je l'ai quitté des yeux dix secondes, le temps de m'occuper de Al, et il avait déjà grimpé sur cette chaise. À croire qu'il avait prémédité son coup. Je vais finir par le stupéfixer à chaque fois que je dois le laisser sans surveillance ! Mais comment Maman faisait avec nous sept ?

— Je suis certain que ta mère devait être à bout certains jours, assura Harry, en pensant à Fred et George.

— Je n'en ai que trois et je n'arrive pas à m'en tirer, affirma-t-elle les larmes aux yeux.

— Bien sûr que si, rétorqua Harry. D'accord, on a du mal à canaliser l'énergie et l'inventivité de James, mais nos enfants sont en bonne santé, heureux, et tu as fait ton possible pour qu'ils ne soient ni désobéissants ni capricieux.

Ce dernier aspect avait régulièrement entraîné des discussions entre les deux parents. Même si Harry ne voulait pas gâter ses enfants comme l'avait été Dudley, il trouvait parfois que Ginny exagérait à limiter les jouets qu'ils recevaient ou en faisant porter à Albus les vêtements trop petits de James. Il arguait qu'ils étaient suffisamment riches pour donner aux enfants davantage que le strict nécessaire, et elle répondait qu'à trop posséder, on perd la valeur des choses et on ne les apprécie plus autant.

Il devait reconnaître qu'elle appliquait ce principe à elle-même et dépensait peu de la cagnotte acquise du temps où elle était joueuse de Quidditch. Le seul luxe qu'elle s'autorisait était les deux elfes de maison employés par son mari, qui s'occupaient du ménage et l'aidaient à surveiller les petits.

— Je ne suis pas sûre d'être à la hauteur pour James, insista-t-elle.

— Je ne vois pas pourquoi tu dis ça, protesta Harry. D'accord, il est difficile de le faire tenir tranquille, mais Angelina a le même problème avec Freddy. Il y a des enfants plus agités que d'autres, voilà tout.

Harry regarda son épouse, pâle et les traits tirés.

— Chérie, demanda-t-il doucement, pourquoi tu ne reprendrais pas le travail ?

— Ce n'est pas possible, argumenta-t-elle. Qui s'occupera des petits pendant ce temps ?

— Mets Lily à la crèche, c'est tout.

— Et Albus qui rentre l'après-midi ?

— Tu le laisses faire sa sieste à l'école, comme le font Angelina et Hermione. Ou tu le confies à ta mère, comme quand tu vas voir des expositions chez les Moldus.

— Mais je veux m'occuper de mes enfants ! C'est moi qui ai choisi de m'arrêter complètement pour les avoir et les voir grandir.

— Tu n'es pas obligée de travailler tous les jours ni de faire de longues journées, fit remarquer Harry. Tu n'as pas réellement besoin de gagner de l'argent, c'est juste pour sortir un peu et te trouver des centres d'intérêt qui te soient propres. Que font les joueurs pro qui raccrochent le balai ? s'enquit-il.

— Le plus souvent, ils entrent au département des Sports ou deviennent correspondants de presse, répondit-elle d'une voix peu enthousiaste.

— Qu'est-ce que tu préférerais ?

— Le ministère, ça ne me dit rien et... Mais enfin, Harry, tu es sérieux ? Je ne veux pas mettre Lily à la crèche, s'entêta-t-elle. J'aurais l'impression de l'abandonner.

— Reste avec elle le matin et ne travaille que l'après-midi, suggéra-t-il. On peut embaucher quelqu'un pour s'occuper d'elle. Oh, encore mieux : maintenant que Rose est rentrée à l'école, sa nounou peut prendre Lily en plus d'Hugo quand tu dois sortir. Nous savons que nous pouvons lui faire confiance.

— Je vais voir, finit par se laisser convaincre Ginny.

*

Quinze jours plus tard, Ginny confia les petits à la nounou et passa son après-midi avec Luna qui était de retour en Angleterre pour la semaine.

Elle entreprit Harry dès qu'il mit le pied dans le salon :

— Que sais-tu de la magie égyptienne ?

— Euh... pas grand-chose, convint-il en se penchant pour l'embrasser.

— Et de la magie africaine ?

— Rien du tout, reconnut-il. Les enfants sont déjà couchés ?

— Oui, il est huit heures et demie. Et les formules magiques aztèques, tu connais ?

— Ça existe ?

— Harry, tu réalises à quel point tu es inculte ?

— Je fais ce que je peux, répliqua Harry vexé. Je te rappelle que j'ai été élevé chez les Moldus.

— Je ne parlais pas que pour toi, mon cœur. Je ne saurais rien des Égyptiens si Bill ne nous avait pas invités à le rejoindre quand j'étais jeune, et c'est Luna qui m'a parlé du reste. Ce que je veux dire, c'est que nous ne sommes pas seulement ignorants de la façon de vivre des Moldus, mais aussi à propos de toutes les autres formes de magie pratiquées dans le monde !

— Oh, comprit enfin Harry. Tu devrais écrire au professeur Brocklehurst pour lui suggérer d'ajouter ça dans son cursus, conseilla-t-il.

— Ce n'est pas à ça que j'ai pensé, répartit Ginny. Pourquoi limiter ce savoir aux enfants ? Sans compter que cela ne serait qu'une option que la plupart ne prendront pas. Ce que j'aimerais, c'est faire connaître cela à tout le monde !

— Tu veux faire des conférences sur le sujet ?

— J'envisage de fonder un musée de la Magie.

Harry la contempla. Elle avait les joues roses et les yeux brillants. Il avait l'impression de retrouver celle qu'elle était quand elle jouait encore au Quidditch et qu'elle se battait pour être parmi les meilleures de son équipe.

— Ce sera sans doute très intéressant, approuva-t-il chaudement. Cela existe déjà ailleurs ? s'enquit-il.

— C'est la notion même de musée qui n'est pas vraiment présente dans le monde magique, lui apprit-elle. Il y a des collections privées que l'on peut visiter dans certains pays, mais il n'y a pas de volonté d'universalisme. Je veux dire qu'on est limité à ce que le propriétaire a eu envie d'acheter et de montrer. Or il n'a que rarement une intention pédagogique derrière.

— Alors que ce serait ton but, souligna-t-il.

— Exactement. J'aimerais être la plus exhaustive possible, et pas seulement me cantonner à ce qui m'intéresse le plus. Tu vois ce que je veux dire ?

Harry se donna le temps de la réflexion :

— C'est un défi formidable, affirma-t-il en préambule, mais on ne monte pas un projet de cette envergure tout seul dans son coin. Il faut des locaux, de l'argent, rencontrer des sorciers dans d'autres pays et ensuite entretenir les lieux de visite, protéger les pièces présentées...

Il s'interrompit en voyant Ginny lever la main.

— Oui ?

— Mon chéri, j'ai déjà pensé à tout ça. Je n'ai pas l'intention d'engager des frais ou de remuer ciel et terre avant d'avoir déterminé plus précisément mon projet et évalué ce dont j'aurais besoin. Dans un premier temps, je vais me renseigner sur la façon dont s'organisent les musées moldus. Ensuite, je définirai ce que je veux avoir dans le mien en travaillant avec Luna, Bill, Charlie et aussi Percy, car il voyage régulièrement dans le cadre de sa fonction. Après, je préciserai les besoins matériels, puis je commencerai à prendre des contacts pour savoir comment me procurer les pièces à présenter. Quand j'aurais fait tout ça, je pourrais établir un budget et me préoccuper de lever les fonds.

— Ça va te prendre du temps, remarqua Harry.

— Tu as peur que je néglige l'éducation de tes enfants ? demanda Ginny sur la défensive.

— Je n'ai pas dit ça, corrigea précipitamment Harry. Je te rappelle que c'est moi qui te conseillais de reprendre une activité il y a quinze jours. C'était juste une remarque pour te montrer que je suis très fier que tu aies un projet d'une telle ambition.

— Harry, je t'aime ! affirma-t-elle en lui sautant dans les bras.

*

Les jours suivants, Harry prit l'habitude de naviguer entre les catalogues de musée londoniens et des livres moldus traitant de la muséologie. Ginny avait manifestement dévalisé une librairie d'art moldue. Plusieurs, même. Il suggéra à son épouse d'utiliser la bibliothèque qu'il avait aménagée en bureau mais il continua à buter sur la documentation dans le salon. Il ne put s'empêcher de songer – avec un peu de cynisme, il en était conscient – qu'il lui faudrait apprendre à classer ses possessions, si elle voulait les présenter au public.

Le dimanche suivant, Ginny exposa son projet devant toute la famille :

— Les Moldus ont vraiment de bonnes idées, remarqua son père.

— On pourra y emmener les enfants à partir de quel âge ? s'enquit Molly qui pensait sans doute à l'école primaire des petits sorciers dont elle faisait partie du conseil d'administration.

— Tu vas parler de la magie égyptienne ? s'intéressa Bill. Je suis en contact avec des amis qui sont toujours là-bas, si ça peut te rendre service.

— Vas-tu te limiter à la magie sorcière ? se renseigna Hermione.

— Que veux-tu dire ? s'étonna Ginny.

— Eh bien, ce serait intéressant d'évoquer les magies elfe, gobeline et centaurienne, explicita son amie. Cela rappellera que nous n'en avons pas l'exclusivité. Je peux te faire rencontrer des personnes qui t'expliqueront ça mieux que moi. Et puis, il y a l'histoire de la magie, aussi.

— Je n'avais pas pensé à faire de l'histoire, commença Ginny.

— Tu crois qu'il est opportun d'évoquer le nombre de fois où on s'est battu avec les gobelins ? s'étonna Harry.

— Je ne parle pas de ça, le détrompa Hermione. Mais de la façon dont la magie sorcière a évolué au cours des siècles.

— Ah, comprit Ginny. Tu veux dire que je pourrais montrer comment notre magie actuelle s'est construite petit à petit. Ça va intéresser AlterMag, remarqua-t-elle.

— Exactement, confirma Hermione avec un grand sourire.

— Je vais y réfléchir, répondit Ginny. J'avoue que je n'avais pas réfléchi à tout ça. Tu connais des historiens ? Vivants, si possible, précisa-t-elle pour éliminer le professeur Binns.

— Es-tu déjà allée à la Grande Bibliothèque d'Oxford ? demanda l'érudite.

— Pas encore, mais j'avais bien l'intention d'y faire des recherches.

— Eh bien, si tu y vas régulièrement, tu rencontreras tout ce qui compte de spécialistes en magie dans le monde sorcier, lui assura son amie.

Fleur et Andromeda se montrèrent passionnées par le projet de Ginny et celle-ci les enrôla. Elle fut heureuse de se trouver des collaboratrices car Luna, qui aurait été très compétente, avait d'autres projets et d'autres ambitions.

Harry estima très positif qu'Andromeda se trouve un centre d'intérêt propre à combler le vide laissé par le départ de Teddy. Bill aussi semblait approuver l'implication de sa femme, qui ne travaillait plus depuis leur mariage.

*

En novembre, Ginny et ses deux comparses avaient lu tout ce qu'elles avaient trouvé sur la muséologie. Les trois femmes entreprirent de voyager en portoloins long-courriers pour visiter des musées moldus sur tous les continents. Pour ne pas pénaliser ses enfants, Ginny partait après avoir envoyé les garçons à l'école et déposé Lily chez son frère. Ginny s'arrangeait également pour rentrer à temps pour les faire dîner et les coucher. Quand ce n'était pas possible, c'est Harry qui finissait plus tôt pour s'en occuper lui-même.

Elles passèrent ensuite à la seconde partie du programme : décider les formes de magie qu'elles présenteraient et définir la façon de les exposer. Elles lurent de nombreux ouvrages traitants des magies étrangères qu'elles empruntèrent dans différentes bibliothèques – celle du Square Grimmaurd se révéla particulièrement fournie en la matière. Harry était devenu très habile pour atteindre le canapé ou son fauteuil préféré sans faire tomber les piles de feuilles de notes. Les enfants avaient moins de délicatesse envers les affaires de leur mère, mais cela ne suffit pas pour convaincre celle-ci de circonscrire ses documents à la bibliothèque.

Même si Harry trouvait parfois agaçant de constater que sa femme était tellement occupée qu'elle ne se rendait parfois pas compte de son retour le soir, il dut convenir que sa conversation était nettement plus instructive et variée qu'auparavant. Il acquit en culture magique ce qu'il perdit en potins et chronique familiale.

*

Ils entraient dans le mois de décembre et Andromeda comptait les jours qui la séparaient de ses retrouvailles avec son petit-fils quand Faucett passa voir Harry à sa table de travail et le pria de le suivre :

— Le ministre de la Magie nous demande, indiqua-t-il une fois qu'ils furent sur le palier.

Pendant qu'ils attendaient l'ascenseur, Harry examina la physionomie de son supérieur. Le commandant n'avait pas l'air spécialement ennuyé : rien ne laissait présager une mauvaise nouvelle.

Mandy, qui occupait toujours le poste de confiance auprès du ministre, les introduisit sans délai dans le bureau de Kingsley. Harry et Faucett s'assirent, et leur interlocuteur jeta un regard vers le commandant des Aurors, comme pour lui demander de prendre la parole en premier.

— Suite à diverses affaires de contrebande comme celle que nous avons démantelée en 2005, commença Faucett, la CIA, c'est-à-dire la Confédération internationale des Aurors, a pris la décision de créer une commission qui aura pour tâche de croiser le résultat des enquêtes des différents pays qui y adhéreront. Chaque pays devra désigner un délégué qui synthétisera les rapports d'enquête et confrontera ses connaissances à celle des autres. J'ai indiqué à Kingsley que j'étais intéressé par cette fonction, et il a accepté de me nommer à ce poste. Je commencerai le premier janvier prochain.

— Toutes mes félicitations, Commandant, réagit Harry.

— Nous avons considéré que cette tâche représentait une grosse somme de travail, pour ne pas parler des nombreux voyages à l'étranger que cela implique, continua Kingsley. En clair, c'est parfaitement incompatible avec le poste de commandant des Aurors. Je dois donc nommer une autre personne à cette place.

Harry hocha la tête tout en tentant de garder une physionomie neutre, même si la suite lui apparaissait maintenant clairement. Il savait depuis longtemps qu'on le formait pour prendre de grandes responsabilités. Il s'était cependant persuadé qu'il serait dans un premier temps nommé second avant qu'on lui propose la plus haute fonction. Sauf que c'était lui qui était assis dans ce fauteuil, et non Janice.

— Après en avoir discuté ensemble, Dave et moi, nous sommes tombés d'accord sur ton nom, confirma le ministre. Harry, acceptes-tu le poste de commandant ?

L'interpellé regarda tour à tour les deux hommes :

— Janice ferait sans doute très bien l'affaire, opposa-t-il loyalement. Elle est en outre bien plus au courant que moi pour les aspects administratifs.

— Cela fait longtemps qu'elle s'est arrangée pour me faire savoir qu'elle n'était pas intéressée, le tranquillisa Faucett. Elle préfère rester sur le terrain.

— Moi aussi, j'aime le terrain, fit remarquer Harry.

— Nous le savons, reconnut Kingsley, mais il n'y a personne d'autre dans la brigade qui ait un sentiment de responsabilité envers notre communauté aussi développé que le tien ni autant de recul par rapport à la magie noire. Tu as également un sens aigu de la justice qui t'a amené à conseiller à St-John Bielinski de déposer un rapport qui nous a aidés à améliorer notre procédure judiciaire...

Harry ne put s'empêcher de jeter un regard un peu coupable vers Faucett, mais ce denier ne paraissait pas surpris.

—... tu as eu de nombreuses idées pour rendre les enquêtes plus rigoureuses, continuait Kingsley, et tu as complètement pris en main la modernisation et l'entraînement de toute la brigade depuis quatre ans. Je sais en outre que tu n'as pas de goût démesuré pour le pouvoir et que tu feras toujours ton devoir en conscience.

— Pour l'aspect administratif, enchaîna Faucett, il te faudra sans doute un peu de temps pour t'y mettre, mais Janice sera là pour t'aider.

— Je vais devoir rester toute la journée au bureau ? s'inquiéta Harry.

— Tu pourras superviser les actions d'envergure sur le terrain comme je le faisais moi-même, le rassura Faucett.

— Je sais que ta modestie naturelle t'empêche d'admettre ta valeur réelle, conclut Kingsley, mais je peux t'assurer que tu es vraiment fait pour ce poste.

Il y eut un silence et Harry comprit que les deux hommes attendaient sa réponse. Il songea un moment leur demander un délai de réflexion mais il réalisa qu'il n'en avait pas besoin. Il était persuadé que, malgré ses lacunes, il était le meilleur profil de la brigade pour remplacer le commandant sortant.

— J'accepte, dit-il d'une voix ferme.

— Toutes mes félicitations, Commandant, lui retourna malicieusement Faucett.

— Merci, Harry, dit plus sobrement Kingsley.

*

Il avait été convenu qu'ils ne révéleraient pas la nouvelle aux autres Aurors avant le lendemain. Harry resta donc discret en revenant au QG et partit rapidement.

Arrivé chez lui, il alla embrasser Lily qui sommeillait déjà et il se proposa pour lire l'histoire des deux grands qui venaient de se mettre au lit. Après le dernier câlin, le dernier verre d'eau et le dernier voyage aux toilettes, Ginny et lui descendirent pour manger à leur tour.

Harry tenta d'annoncer sa nouvelle nomination à sa femme, mais elle entreprit de lui raconter ce qu'elle avait appris le jour même sur les rites des sorciers indiens d'Amérique. Vu qu'il était difficile d'arrêter Ginny quand elle était lancée sur un sujet qui la passionnait, il se résolut à accroître ses connaissances. Il se trouva d'ailleurs rapidement intéressé par cette magie basée sur les danses et le chant, et en oublia presque son annonce.

Ce n'est donc qu'au dessert qu'il indiqua avoir été convoqué par Kingsley et appris le départ prochain de Dave Faucett pour d'autres fonctions.

— Qui va le remplacer ? s'enquit Ginny.

— Moi.

— J'en étais sûre ! s'exclama-t-elle. Tu vas être un commandant formidable, j'en suis certaine !

Harry apprécia le soutien inconditionnel de sa femme.

— Tu l'as annoncé à Ron et Hermione ? demanda-t-elle.

— Pas encore, je voulais que tu en aies la primeur. D'ailleurs, ce n'est pas officiel, et ça doit rester dans la famille jusqu'à demain.

Ils les appelèrent immédiatement avec le miroir de Harry. Ron et Hermione se montrèrent ravis et témoignèrent leur satisfaction de voir leur ami si bien récompensé de ses loyaux services. Ginny joignit ensuite ses parents. Arthur sourit avec bonhomie dans la glace tandis que Molly criait de joie derrière lui. Harry comprit que son beau-père était déjà au courant, et que Percy l'était sans doute également. Le Conseil des chefs de département avait eu lieu le matin même, et sa nomination y avait sûrement été annoncée, voire débattue.

À peine avait-il mis fin à la communication, qu'ils reçurent des appels des autres membres de la famille, prévenus par Ron. Il fut décidé de dîner tous ensemble le lendemain au Square Grimmaurd, pour fêter l'évènement.

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David Alderton : fils de Patrick et Elaine Alderton

Isabel : Fille de Moldus qui entre à Poudlard la même année que Teddy.


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