XXXI : A la hauteur de la tâche

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Chronologie :
2 mai 1998 : Bataille de Poudlard
26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny
20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique
17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter
04 janvier 2006 : Naissance de Rose Weasley
14 juin 2006 : Naissance d'Albus Severus Potter
16 mai 2008 : Naissance de Lily Luna Potter
28 juin 2008 : Naissance de Hugo Weasley
Période couverte par le chapitre
: 01 avril au 30 août 2009

Alternatives Magiques n° 46 – Semaine du 1er au 7 avril 2009

L'interview de la semaine : Ron Weasley

AlterMag : La semaine dernière, tous les maîtres de guilde se sont réunis pour définir de concert les nouveautés qu'ils souhaitent introduire dans le monde magique. J'interroge aujourd'hui Ron Weasley, qui est à la tête de la guilde des Artisans. Mr Weasley, pouvez-vous nous indiquer qui étaient les participants ?

R. Weasley : La conférence des maîtres de guilde a réuni Mr Fabien Touillet, pour la guilde des Herboristes, Mr Jersey Tissard, pour les Tisserands, Madame Rosmerta pour la guilde de la Table, Mr Alvis Fleury pour les Imprimeurs, Mr Christopher Perks pour les Tournois et Ménestrels, et enfin Madame Laurentia Fletwok pour les Éleveurs et Équarisseurs.

AlterMag : Cela fait plus d'un siècle qu'une telle réunion n'a pas eu lieu. Y a-t-il eu une raison pour justifier cette démarche ?

R. Weasley : Le mois passé, nous avons désigné le ministre de la Magie pour les cinq prochaines années. Les semaines précédentes, des débats inédits ont été lancés. Beaucoup de sorciers ont indiqué leur attachement ou au contraire leur défiance envers tous les objets innovants et habitudes nouvelles qui avaient été introduits par les guildes ces dernières années. Il nous a paru normal de prendre en compte les opinions exprimées pour définir les axes de notre politique pour les années à venir.

AlterMag : Les guildes définissent la politique ? Ce n'est pas le ministère ?

R. Weasley : Nous n'avons pas tout à fait les mêmes compétences. Le ministère de la Magie va attribuer des subventions, organiser les transports, administrer la justice, faire régner l'ordre. Les guildes décident concrètement comment mettre en œuvre les missions qui leur ont été confiées. La santé pour les Herboristes, les objets magiques pour l'artisanat, la presse et l'éducation pour les Imprimeurs, etc.

AlterMag : Alors, quels sont les sujets que vous avez abordés ?

R. Weasley : Nous avons entendu le vœu d'une partie des sorciers qui sont heureux de voir apparaître de nouveaux objets et techniques inventives. Cependant, nous avons aussi été sensibles à ceux qui craignent ne plus reconnaître le monde dans lequel ils vivent ou qui ne souhaitent pas adopter le mode de vie des Moldus.

AlterMag : N'est-ce pas contradictoire ?

R. Weasley : Pas du tout. Nous pouvons améliorer certains aspects de notre vie sans pour autant trahir nos valeurs ou perdre nos spécificités.

AlterMag : Avez-vous pris des décisions concrètes en ce sens ?

R. Weasley : La résolution que nous avons adoptée est de ne pas introduire dans le monde sorcier des matériaux ou des objets que nous ne savons pas créer nous-mêmes. Nous voulons rester parfaitement indépendants dans nos circuits de fabrications.

AlterMag : Pourriez-vous préciser ce que cela signifie en pratique ?

R. Weasley : Eh bien, par exemple, nous n'utiliserons pas de plastique pour nos produits ni aucun autre dérivé du pétrole, car nous n'en maîtrisons ni l'extraction ni le raffinage. Pour la même raison, nous ne mettrons rien en vente qui aurait besoin de l'énergie la plus répandue chez les Moldus, c'est-à-dire, l'électricité.

AlterMag : Ceux qui nous lisent savent très bien de quoi vous parlez car nous avons publié, il y a un mois, un dossier consacré aux énergies moldues.

R. Weasley : Je l'ai lu et j'y ai appris beaucoup de choses.

AlterMag : Tant mieux car je vais vous poser une question piège : je comprends que vous hésitiez à vendre des machines qui se branchent sur le secteur, puisque nous n'avons pas d'installation électrique dans nos maisons. Mais pourquoi ne pas commercialiser des appareils marchant avec des piles ?

R. Weasley : Parce que nous ne savons pas fabriquer de piles et n'avons pas non plus les circuits pour récupérer les piles usagées qui peuvent être dangereuses si on les abandonne dans la nature.

AlterMag : Donc, si je veux utiliser un appareil à piles, je ne le peux pas !

R. Weasley : Pour le moment le ministère ne l'a pas interdit. Vous avez donc la possibilité de changer votre argent à la banque, de prendre des vêtements moldus et d'aller faire vos courses là où vous pourrez en trouver. Seul l'achat des armes est prohibé.

AlterMag : Si j'ai bien compris, les guildes sont tombées d'accord pour borner les progrès du monde sorcier.

R. Weasley : Je dirais plutôt que nous sommes favorables à l'innovation, mais dans les limites du raisonnable et de ce que nous pouvons maîtriser. Nous voulons également un progrès qui soit avantageux pour tous : non seulement pour nos clients, mais aussi pour ceux qui fabriquent, élèvent et vendent ce qui est acheté et consommé. Enfin, un progrès qui ne nous rend pas dépendants des non sorciers ou d'un autre pays.

AlterMag : Êtes-vous certains que les décisions prises par les guildes reflètent ce que désirent les sorciers ?

R. Weasley : Les gens se sont exprimés comme jamais auparavant. Les candidats au poste de ministre n'ont jamais dû autant justifier les points de leur programme. Je suis heureux de représenter une guilde à un moment où les sorciers se sentent concernés par les choix de société et n'hésitent pas à donner leur avis. Il nous a suffi d'ouvrir nos oreilles pour entendre les diverses opinions. Nous avons fait de notre mieux pour trancher de la façon la plus équitable. Les prochaines élections des maîtres nous montreront si nous avons été ou non à la hauteur de la tâche qui nous a été confiée. Nos clients pourront également nous faire savoir s'ils sont satisfaits ou s'ils ne le sont pas.

AlterMag : Effectivement, le dialogue reste ouvert. Chers lecteurs, n'hésitez pas à nous écrire pour nous dire ce que vous pensez des décisions prises lors de Conseil des guildes extraordinaire. Merci, Mr Weasley, d'avoir bien voulu répondre à nos questions.

R. Weasley : Merci de m'avoir permis de m'exprimer dans vos colonnes. Je lirai avec intérêt la réaction de vos lecteurs.

*

La réunion des maîtres de guildes et le rapport qu'en firent les journaux marquèrent la fin des débats politiques chez les sorciers. Après tous ces mois de discussion, sans doute rassurés par l'engagement pris par les guildes, les gens avaient envie de penser à des sujets plus légers, plus distrayants.

Les conseils de jardinage se mirent à fleurir dans la presse, ainsi que les articles relatant diverses manifestations culturelles. Les vacances de Pâques ramenèrent les enfants dans les familles. Par acquit de conscience, Ron et George firent peu de réclames pour leurs feux Fuseboum spécial-Pâques et ne les exposèrent qu'au fond du magasin. L'habitude de les utiliser pour les festivités traditionnelles était cependant bien implantée et les ventes ne subirent qu'un léger fléchissement par rapport à l'année précédente.

Au QG, Harry ne chômait pas. On était loin de la tension des derniers mois, mais tous les Aurors ayant des enfants à Poudlard avaient pris leur semaine et le service tournait à effectifs réduits. Harry tentait également de ne pas rentrer trop tard, car Teddy, qui était également en vacances, dînait tous les soirs au Square Grimmaurd avec sa grand-mère.

Le filleul de Harry était très patient avec les petits, arrivant à intégrer les deux frères dans le même jeu. Il leur fabriquait des navires et des maisons avec des briques en bois qui étaient magnétisées par magie pour adhérer les unes aux autres, montait des châteaux de cartes explosives qui s'effondraient dans des panaches de fumée, inventait des scénarios pour jouer avec les figurines de dragons et de sorciers célèbres. Les trois garçons faisaient des parties de cache-cache et de chasse-licorne – un jeu de poursuite – dans la maison, au grand dam de Lily dont l'équilibre encore précaire ne permettait pas de participer à ces courses échevelées.

Ce fut à cette époque qu'Owen annonça à Harry qu'Éloïse attendait un enfant pour le mois de septembre. Bien que son équipier se soit peu ouvert sur le sujet, Harry avait l'impression que le couple avait eu des difficultés à concevoir. Il se réjouit donc avec le futur père et espéra que la grossesse se poursuivrait sans souci jusqu'à son terme.

Les réunions dominicales au Terrier furent suspendues pendant deux semaines car le moment du voyage en Chine d'Arthur et Molly pour rendre visite à Charlie était arrivé. Leur fils avait pris des jours de congés et les accompagna dans tout un circuit à travers l'immense pays dont ils revinrent enchantés.

À leur retour, ils commencèrent sérieusement à préparer le mariage d'Audrey et Percy. Bien que la fiancée soit Moldue, sa famille était familiarisée avec le monde magique grâce à la sœur aînée d'Audrey qui avait été à Poudlard et avait épousé un sorcier. Molly s'entendit à merveille avec Mr et Mrs Giordiano. Ceux-ci émirent le souhait que leur futur gendre fasse la connaissance de leurs cousins – il leur était difficile d'expliquer la soudaine disparition d'Audrey de leurs réunions familiales. Ainsi Percy se retrouva régulièrement en immersion côté moldu avec des personnes qui n'étaient pas informées de l'existence de la sorcellerie, et qui devaient rester dans cette bienheureuse ignorance.

Molly et Arthur étaient enfin financièrement à leur aise. En tant que chef de département, le père de famille avait un salaire bien plus conséquent que par le passé et n'avait plus d'enfants à charge. Les parents auraient pu financer le mariage de leur troisième fils et lui permettre de faire une célébration n'égalant peut-être pas les noces de Harry et Ginny, mais au moins aussi mondaine que l'union de Ron et d'Hermione. Cependant, la volonté de ne pas couper Audrey de toutes ses relations les poussa à remplacer la grande fête par deux cérémonies qu'ils désirèrent plus modestes.

Ce fut donc sereinement que Molly organisa une garden-party au Terrier où un mage viendrait unir les fiancés, et où ne furent conviés que les parents, la sœur et le beau-frère d'Audrey ainsi que quelques collègues de Percy. Cette cérémonie eut lieu la première semaine de mai. Le soleil fut également de la partie, baignant l'assistance de ses rayons et permettant de manger dans le jardin, même si la température resta fraîche.

Percy parut à Harry étrangement calme en attendant sa fiancée, ainsi que pendant l'homélie du mage. Autant Ron et Harry avaient été rendus nerveux par les circonstances, autant Percy paraissait impassible, presque détaché. Ce n'est qu'en voyant son regard incrédule quand le couple fut déclaré mari et femme, que Harry comprit ce qui avait préservé Percy de l'émoi : il n'arrivait pas complètement à croire à son bonheur.

Heureusement, Audrey était pleinement consciente de son nouveau statut et elle embrassa Percy avec passion dès qu'on l'invita à le faire. Cela finit par agir sur son époux qui parut reprendre vie alors que le baiser se prolongeait sous le regard attendri des adultes et les gloussements de Teddy et Victoire.

Pendant tout le repas, Percy eut du mal à quitter des yeux sa femme et fit tourner sans fin son alliance autour de son annulaire. Harry jugea qu'il lui faudrait bien deux semaines pour redescendre sur Terre. Peut-être même, qu'avec un peu de chance, il ne reprendrait jamais l'air compassé qui avait été le sien durant tant d'années.

Huit jours plus tard, c'est devant un pasteur qu'Audrey prit le nom de Weasley. Pour cela, Percy s'était fait établir des papiers par l'administration de sa Très gracieuse Majesté. En effet, quelque temps après la guerre, Kingsley avait pris contact avec son homologue moldu – qui le connaissait bien pour l'avoir eu comme garde du corps – et ils avaient mis au point une procédure pour que les sorciers puissent avoir une identité officielle dans le monde non magique. Ils avaient trouvé une personne travaillant au ministère de l'Intérieur et qui était dans le Secret, ayant un enfant à Poudlard. Ce fonctionnaire était chargé de faire les démarches nécessaires pour leur permettre d'obtenir un passeport britannique.

Les couples mixtes avaient toujours existé et l'interdiction qui leur était faite de révéler leur nature aux Moldus avant le mariage impliquait une union préalable non-sorcière. Autrefois, le sorcier utilisait des sorts de Confusion pour faire accepter de faux certificats de naissance ou autres documents administratifs requis. Cependant, les lois s'étaient durcies chez les Moldus, et prouver son identité pour obtenir le droit de convoler était devenu plus difficile. C'est pour cette raison qu'il avait été jugé indispensable de mettre à la disposition des sorciers des papiers validés par les services officiels.

Lors de la réception organisée par les parents d'Audrey, les Weasley se tinrent exceptionnellement silencieux pour commencer, comme ayant peur de laisser échapper un mot malheureux. Seuls les enfants, qui n'étaient pas sensibles à l'enjeu, se mêlèrent rapidement aux neveux et cousins de la mariée.

Harry et Ginny se réjouirent d'avoir habitué leurs deux aînés et Teddy à se tenir correctement. À moins d'une manifestation de magie spontanée – dont on n'était jamais complètement à l'abri –, tout devait bien se passer. La petite Lily était trop jeune pour poser un réel problème. On était également tranquille du côté de Frederick et Roxanne, qui avaient une grand-mère Moldue qui les emmenait volontiers dans sa famille. Il en était de même pour Rose et Hugo qui habitaient dans un quartier Moldu et qui savaient tenir leur langue. Fleur et Ginny se rendaient régulièrement dans les rues de Londres, ainsi qu'Arthur qui avait pris l'habitude d'aller assouvir son insatiable curiosité pour les Moldus.

Par contre, Molly, Andromeda, Bill, Victoire et Dominique, qui ne sortaient jamais du monde magique, avaient reçu des cours de maintien en zone moldue sous la direction d'Arthur et de Ginny. Charlie aurait dû en profiter mais son éloignement ne l'avait pas rendu possible. Il ne restait plus qu'à espérer qu'il ne se fasse pas trop remarquer par une incongruité sorcière.

La bonne humeur ambiante aidant, chacun se montra plus naturel, alors que le repas avançait. Molly vanta les bonnes notes du jeune marié et sa nomination de préfet à l'école. Arthur fut ravi de faire quelques prises avec la caméra de l'oncle de la mariée qui était très fier de son récent achat et ne demandait qu'à faire la démonstration de toutes les options. Charlie et Bill restèrent discrets sur leurs occupations mais parvinrent à se fondre dans les conversations, ainsi que Harry et Angelina. Fleur et Ginny, qui aimaient toutes les deux l'art moldu et confiaient parfois les enfants aux elfes ou à Molly pour aller voir des expositions, trouvèrent d'autres amateurs avec qui en parler. Andromeda admira vivement les motifs floraux de la nappe et discuta technique avec la grand-mère d'Audrey qui l'avait brodée.

Ron et George passèrent pas mal de temps avec les enfants, expérimentant les farces et attrapes qu'ils avaient achetées chez un vendeur moldu de Londres, à la grande joie de la jeune classe.

À l'heure de prendre congé, tout le monde était enchanté de son après-midi. Les sorciers s'égaillèrent, prétendant avoir garé leurs voitures aux alentours, puis transplanèrent discrètement chez eux, dès qu'ils furent hors de vue.

*

Quand arriva le mois de juillet, toute la famille migra au Terrier dans les traditionnelles tentes et cabanes dans le jardin. Début août, Harry put enfin prendre des vacances et goûta pleinement aux joies de la vie campagnarde. Un matin, Teddy vint lui demander :

— Harry, tu pourrais m'apprendre à piloter un balai ?

Harry considéra la requête de son filleul. Lorsqu'il était jeune, Harry l'avait emmené en tant que passager sur son balai, ravi de partager ce plaisir simple avec lui. Il l'avait également pris sur sa moto volante, même s'il avait tendance à l'utiliser de moins en moins, au fil du temps.

Il avait cependant toujours refusé de le laisser piloter un balai. Ce n'était pas pour rien que les petits sorciers n'étaient pas encouragés à apprendre à voler avant Poudlard. La maîtrise d'un tel engin requérait réflexes, coordination et une attention soutenue qu'on ne pouvait attendre d'enfants trop jeunes. En outre, les accidents pouvaient être très graves et les parents veillaient généralement à empêcher leur progéniture de prendre ce risque.

Il y avait des charmes à appliquer sur les balais pour que ceux-ci se bloquent et planent à deux mètres du sol quand ce n'était pas leur propriétaire qui les utilisait. Conçus à l'origine pour être un antivol, ils étaient trop facilement annulables par une contre-formule pour être réellement efficaces. Cette limitation servait donc essentiellement à protéger les jeunes intrépides. Chez les Weasley, tous les adultes avaient pris l'habitude d'enchanter leur balai en le rangeant, et ce depuis que Teddy avait été assez âgé pour pénétrer tout seul dans la remise. C'est grâce à cette sécurité que Victoire et lui s'étaient retrouvés coincés dans les airs l'été précédent.

À la connaissance des adultes, ils n'avaient pas réitéré cet exploit. À quelques semaines de sa première rentrée à Poudlard, cependant, Harry devait admettre que la requête n'était pas sans fondement. Teddy avait effectivement l'âge de diriger un balai. C'était évidemment un peu injuste de lui donner cette avance par rapport aux enfants de Moldus, mais refuser le désavantagerait face aux élèves issus de familles sorcières.

— Si ta grand-mère est d'accord, répondit-il avec prudence.

Consultée, Andromeda s'en remit à Harry qui se rendit donc avec son filleul dans la cabane où l'on remisait les balais. Harry hésita un moment devant le choix qui s'offrait à lui, puis se décida pour le vieux et stable balai d'Arthur. Il apposa sa baguette sur le manche pour prononcer la formule qui annulait le charme de sécurité et le confia à Teddy pour qu'il l'amène sur la pelouse.

L'enfant saisit avec avidité le manche qu'on lui tendait et se précipita dehors, comme s'il avait peur que son parrain change d'avis. Harry prit également le sien pour s'envoler avec Teddy et être prêt à le rattraper en cas de besoin.

Quand il sortit, il vit que Victoire les avait suivis et regardait avec intérêt son compagnon de jeu bomber le torse le balai à la main.

— Je peux apprendre aussi ? demanda-t-elle avec un sourire enjôleur.

— Dans deux ans, lui répondit Harry, amusé par le charme qu'elle tentait de déployer sur lui.

À huit ans, elle se faisait remarquer par sa blondeur, son air mutin et ses grands yeux bleus. Par Teddy, Harry savait qu'elle avait plusieurs amoureux à l'école qui la couvraient de cadeaux : Chocogrenouilles, dragées Bertie Crochue, dessins. De son côté, le filleul de Harry avait une amoureuse, gentille et bien élevée selon Andromeda qui l'invitait parfois.

Le jeune garçon se montra très attentif aux explications et recommandations que lui donna Harry.

— Et toi, qui t'a appris à voler ? s'enquit-il soudain.

Harry se remémora son premier cours de vol :

— Drago Malefoy, réalisa-t-il, goûtant pour la première fois à l'ironie de la situation.

— Le cousin de ma mère ? s'étonna Teddy.

Harry se demanda comment Andromeda avait parlé de sa famille à l'enfant. Lui-même avait évité d'aborder le sujet et Teddy ne l'avait jamais interrogé à ce propos.

— C'est ça, confirma-t-il, mais il ne l'a pas fait exprès.

Les sourcils levés de son filleul appelaient une explication. Harry raconta brièvement la scène et conclut en indiquant que cela lui avait permis d'entrer immédiatement dans l'équipe de Quidditch.

— Et mon père, il volait bien ? demanda alors Teddy.

— Je l'ignore, répondit tristement Harry. Je ne sais pas grand-chose sur lui, dut-il reconnaître. Mais tu pourras poser des questions à la professeure McGonagall. Je suis certain qu'elle s'en souvient très bien. Hagrid, le professeur de soins aux créatures magiques aussi, ajouta-t-il après réflexion.

— Il n'avait pas d'autres amis que les Maraudeurs ? insista Teddy.

— Je ne sais pas, assura Harry. Peut-être qu'il en avait, mais qu'ils n'ont pas survécu à la Première Guerre.

— Je ne veux plus qu'il y ait la guerre, prononça Teddy avec force.

— Moi non plus, mon bonhomme.

— Je sais. C'est pour ça que tu es Auror.

— Oui, sans doute, sourit Harry qui ne s'était jamais donné la peine de justifier son choix de carrière. Et toi, as-tu une idée de ce que tu veux faire plus tard ?

— Je serai Auror, répondit le jeune garçon, mais Harry ne lui trouva pas le ton très assuré.

— Tu n'es attiré par aucune autre profession ? demanda-t-il pour ouvrir la discussion.

— On a besoin d'Auror, non ?

— Il y en a déjà suffisamment, le rassura Harry. Et puis ce n'est pas ton problème, tu dois choisir un métier qui te plaît avant tout. D'ailleurs, tu as bien le temps d'y penser. Quand tu auras appris tous les aspects de la magie à Poudlard, cela t'aidera sans doute à savoir ce qui t'attire le plus.

— Tu crois que Grand-mère ne sera pas trop déçue si je ne suis pas Auror ? s'inquiéta le petit garçon à voix basse.

— Elle veut que tu sois heureux, et moi aussi, assura Harry, tout en se demandant ce qui avait amené l'enfant à penser qu'Andromeda souhaitait qu'il suive les traces de sa mère.

Lui-même était pratiquement persuadé qu'elle préférait que son petit-fils ne choisisse pas un métier aussi risqué, mais il ne le dit pas, ne désirant influencer son protégé ni dans un sens ni dans l'autre.

— Allez, lança-t-il. Il est temps de voler !

Ce fut sans problème que Teddy attira son balai dans sa main et l'enfourcha. Au signal de Harry, il leva doucement le manche, tapa du pied et se retrouva bientôt à cinq mètres du sol. Harry, qui avait décollé en même temps, vit que l'enfant avait les jointures blanches, tellement il était crispé sur son appui.

— Détends-toi, bonhomme, conseilla-t-il. Tu t'y prends très bien. Maintenant, on va se poser. Pousse ton manche vers le bas, très doucement.

Au mouvement un peu brusque de son cavalier, le balai de Teddy piqua vers le sol mais l'enfant ne paniqua pas et redressa le manche en douceur, ce qui lui permit d'atterrir rudement, mais sur ses deux pieds.

— Pas mal, assura Harry qui avait senti son cœur bondir quand il l'avait vu plonger. Maintenant, on remonte et tu vas essayer de virer à droite puis à gauche. Ne monte pas plus haut que les arbres, pour que les Moldus du village ne te voient pas.

La leçon dura une heure avant que Harry ne décide d'y mettre fin.

— On reprendra demain, promit-il. C'est suffisant pour une première fois.

Alors que Teddy partait ranger son balai, Harry eut pitié de Victoire qui les avait observés avec envie durant tout le cours et la fit voler dix minutes avec lui en compensation. Quand à son tour il raccrocha son balai, il se souvint de sa propre jeunesse et verrouilla soigneusement la petite cabane pour être certain que les enfants ne pourraient pas s'y rendre tous seuls.

*

Teddy avait reçu sa lettre de Poudlard à la fin du mois de juillet.

— Quand est-ce que je vais aller acheter ma baguette ? demanda-t-il un matin.

Une date fut fixée vers la fin du mois d'août. Andromeda, bien entendu, était de la partie. Harry proposa sa présence qui fut acceptée avec empressement par son filleul. Avant de prendre la cheminée, Harry remit une bourse pleine de gallions à la grand-mère. Il tenait à payer lui-même les frais de scolarité de l'enfant, mais il savait que s'il réglait lui-même les achats dans les magasins, la plupart des commerçants lui rendraient son argent. Andromeda tenta d'ailleurs de refuser sa participation, mais il s'obstina, rappelant son titre de parrain.

Quand ils arrivèrent au Chaudron Baveur par le réseau de Cheminette, une famille moldue rentrait justement dans l'établissement par la porte qui donnait sur la rue. C'était la professeure McGonagall qui leur servait de guide, et elle parut ravie de revoir son ancien élève.

Elle demanda des nouvelles de Ginny et des enfants, salua Andromeda et Teddy, qui se montra assez intimidé par l'austère enseignante. Tout le monde passa dans l'arrière-cour et la professeure de métamorphose ouvrit le mur avec sa baguette. La famille non-sorcière resta bouche bée en découvrant la rue commerçante. Harry se souvint avec émotion de la première fois qu'il s'était tenu là en compagnie d'Hagrid. Il n'avait pas oublié le sentiment d'émerveillement qu'il avait ressenti. C'était un de ses plus beaux souvenirs d'enfance.

Harry et ses compagnons les abandonnèrent à leur contemplation et partirent faire leurs propres achats. Comme Harry y avait pourvu, ils n'eurent pas besoin de passer à la banque. À la demande de Teddy, ils commencèrent par la boutique d'Ollivander pour faire l'acquisition d'une baguette magique. Ce n'était plus le vieil homme qui se trouvait derrière le comptoir. Il se contentait désormais de contrôler la qualité des produits fabriqués par le compagnon qu'il formait maintenant depuis des années. Le jeune artisan s'était montré très doué et avait peu à peu gagné la confiance des sorciers britanniques.

Cela avait beaucoup soulagé la police magique qui avait eu, les premières années suivant la guerre, à réprimer un trafic de baguettes volées. En effet, certains sorciers voulaient absolument celles sortant des mains du célèbre fabricant. Ils avaient été jusqu'à commanditer des vols pour s'en procurer au lieu d'acheter celles qui étaient proposées à la vente dans le magasin. Maintenant que les nouvelles baguettes avaient fait leurs preuves, ce genre de recel était devenu de plus en plus rare.

Sylvestre Liden les accueillit dans la boutique. Harry jugea qu'il était moins impressionnant pour les jeunes sorciers que ne l'avait été son maître, mais le rituel n'avait pas changé. Liden prit les mesures de Teddy en discutant aimablement puis commença à sortir des baguettes des centaines de boîtes oblongues qui tapissaient les murs de la petite échoppe. Il fallut une dizaine d'essais pour que Teddy saisisse enfin une baguette qui s'illumine dès qu'il la prit en main. Le regard de fierté qu'il lança à sa grand-mère toucha Harry. Une première baguette, voilà qui ne s'oubliait pas dans la vie d'un sorcier.

Alors qu'ils sortaient pour se rendre chez Madame Guipure, la famille moldue qu'ils avaient déjà croisée arrivait. La petite fille qui les accompagnait sourit timidement à Teddy.

— Il faudra être gentil avec elle les premiers jours, recommanda Harry à son filleul quand ils furent un peu éloignés. Ça va être difficile pour elle de découvrir le monde sorcier, en plus d'être séparée de ses parents.

— Je sais, fit Teddy. La maîtresse nous l'a déjà dit à l'école avant les vacances.

Une fois la robe d'uniforme achetée, ils se dirigèrent vers la librairie Fleury et Boot pour acquérir les livres de classe. Alors qu'ils passaient devant l'animalerie, Teddy demanda :

— Je peux avoir un hibou ?

Harry allait répondre par l'affirmative, quand Andromeda le prit de vitesse :

— Tu as déjà un rat. Tu sais qu'un seul animal de compagnie est accepté. Tu pourras emprunter ceux de l'école.

L'enfant fit la moue et Harry tenta de le réconforter :

— Je t'écrirai souvent et tu pourras utiliser le mien.

À sa mine, ce n'était pas pareil, mais Teddy cependant se le tint pour dit, sachant qu'Andromeda n'était pas du genre à revenir sur une décision. Une fois les livres récupérés, il fallut acheter une malle, du matériel et des ingrédients de potions, un sac de classe. Harry insista pour acquérir également un bloc de feuilles multicolores – idéales pour fabriquer des avions pouvant servir à s'entraîner au Wingardium Leviosa – et un bonnet d'hiver dont la coupe faisait penser aux casques de protection de Quidditch, très à la mode cette année-là. La grand-mère songeait manifestement que ces derniers articles étaient inutiles, mais elle céda à son tour.

Ensuite, pour fêter ça, ils s'installèrent tous les trois pour prendre une glace sur la terrasse de Fortarôme. Il faisait beau ce jour-là et ils n'étaient pas les seuls à être en train de faire leurs emplettes. Teddy salua ainsi des camarades d'école primaire qu'il retrouverait plus tard à Poudlard.

Avant de retourner au Chaudron Baveur, ils s'arrêtèrent devant la boutique des Sorciers Facétieux. Ron et George avaient monté un stand dans la rue et offraient des petits cadeaux aux élèves qui étaient venus acheter leurs fournitures de classe.

— Mais je vois un jeune homme qui va rentrer à Poudlard ! s'écria George en les apercevant. Sachez que vous avez droit à un sachet surprise des Sorciers Facétieux.

Teddy, qui en avait entendu parler à table au Terrier la semaine précédente, lui fit un clin d'œil. Ron et George avaient eu cette idée pour familiariser les élèves à leurs articles. Leur cible était surtout les nés-de-Moldus qui les découvraient de cette manière. Ils leur donnaient des produits spéciaux qui pouvaient être utilisés chez eux sans faire de vagues : pralines arc-en-ciel qui faisaient passer la langue par toutes les couleurs – ce qui pouvait être obtenu avec des colorants chimiques –, ainsi que les chewing-gums Chatouille-Nez qui provoquaient des crises d'éternuement. Les enfants élevés chez les sorciers recevaient quant à eux des pralines Nagini, qui rendaient la langue bifide, et des chewing-gums canari.

Quand ils furent de retour au Terrier, les enfants de la famille se pressèrent autour de Teddy et ses achats. Il parada dans son uniforme, ses livres bien rangés dans son sac en bandoulière. Il offrit libéralement ses pralines Nagini à Victoire et Dominique. Ginny l'empêcha de justesse d'offrir un chewing-gum à James.

— Pas de farces sur les moins de six ans, indiqua-t-elle fermement.

— Range ton uniforme, ordonna Andromeda. Tu le mettras bien assez tôt, va.

À l'issue des vacances au Terrier, Teddy maîtrisait bien son balai et Harry l'avait même entraîné à lancer et attraper le souaffle, tout en lui rappelant qu'il ne pouvait prétendre intégrer l'équipe de Quidditch avant sa deuxième année.

Alors qu'ils commençaient à rassembler leurs affaires, Percy, main dans la main avec son épouse, annonça qu'Audrey attendait un enfant pour le mois de février. Ce fut donc sur cette promesse de nouvelle vie qu'ils se séparèrent pour rentrer chez eux.

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Sylvestre Liden : Formé par Mr Ollivander pour le remplacer. Liden veut dire tilleul en anglais.


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