XXXVI : Jusqu'au bout du monde

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Chronologie :
2 mai 1998 : Bataille de Poudlard
26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny
20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique
17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter
04 janvier 2006 : Naissance de Rose Weasley
26 juin 2006 : Naissance d'Albus Severus Potter
16 mai 2008 : Naissance de Lily Luna Potter
28 juin 2008 : Naissance de Hugo Weasley
Période couverte par le chapitre
: 1er décembre 2010 au 30 juin 2011

Début décembre, les gros travaux commencèrent pour transformer le manoir Lestrange en musée. Le patron de l'entreprise choisie était un lointain cousin de Molly. Mais il était difficile de trouver dans le monde sorcier des personnes non reliées d'une manière ou d'une autre, mis à part chez les sorciers de première génération.

Ginny revenait le soir couverte de plâtre, ses plans annotés à la main.

— Non mais vraiment, y'en a qui ont eu leur ASPIC dans une pochette surprise ! pestait-elle régulièrement. Ils ont commencé à monter le mur de la salle de la magie indienne complètement de travers ! Ils m'ont entendu, je peux te le dire.

Harry n'en doutait pas. Confrontée à l'incompétence, Ginny avait tendance à ne pas prendre de gants pour exprimer son indignation, et elle n'était pas sans rappeler Molly dans ses meilleures harangues. Mais au moins, le projet avançait sans prendre de retard et de manière conforme.

Puis ce fut l'époque des fêtes de fin d'année, ramenant Teddy pour les vacances. Si Andromeda se mit en congé, Ginny continuait ses visites au chantier, envoyait des lettres à l'étranger, vérifiait son budget. Certains donateurs s'étaient finalement désistés ou avaient réduit la somme promise, ce qui l'obligeait à revoir certaines des dépenses à la baisse.

Ce n'est qu'en début d'après-midi le 24 décembre, qu'elle se rendit compte qu'elle n'avait pas commencé à acheter ses cadeaux de Noël. Elle partit en trombe, confiant les enfants à Hermione qui avait pris sa journée et planifié ses courses tout au long du mois écoulé.

Elle appela Harry sur son miroir vers six heures du soir, visiblement épuisée. Dans la glace, on la voyait dans un lieu plein à craquer de personnes gesticulantes.

— Je suis sur le Chemin de Traverse, annonça-t-elle. Qu'est-ce que tu veux pour Noël ?

— Ce n'est pas supposé être une surprise ? lui opposa Harry.

— Écoute, chéri, ça fait quatre heures que je cours partout, j'ai la tête qui va exploser, alors aide-moi, je t'en prie !

— Une nouvelle tasse pour le bureau, suggéra Pritchard qui n'avait rien manqué de l'échange. La tienne est fêlée depuis un mois.

Harry baissa les yeux vers le mug encore à moitié plein qui était sur son bureau et constata que c'était vrai. L'utilisant machinalement, il ne l'avait pas remarqué.

— D'accord, nota Ginny quand il lui transmit l'information. Transmets mes amitiés à Stanislas et à Kendra.

Malgré son emploi du temps chargé, Ginny avait invité l'adjoint de son mari et son épouse à dîner durant l'année passée et l'invitation avait ensuite été rendue.

Harry referma son miroir.

— Je ne sais pas si c'est une bonne idée que tu lui as donnée, Stan. Elle est capable de prendre la première tasse venue. Merlin sait avec quoi je vais me retrouver.

— En ce moment, la mode est aux vieillards barbus habillés de rouge qui font sonner leur cloche quand le thé est bien infusé, le renseigna aimablement son adjoint.

Harry ouvrit des yeux horrifiés, pendant que Stanislas éclatait de rire.

*

Finalement, la tasse de Harry se révéla suffisamment virile pour qu'il puisse l'utiliser sans honte devant ses équipes. Elle changeait simplement de couleur en fonction de la température ou du degré d'infusion du breuvage qu'on versait dedans. Il détermina qu'il appréciait son thé bleu outremer et son café orange vif. De son côté, il avait offert à son épouse un agenda magique, semblable à celui qu'Hermione lui avait offert l'année de ses BUSE. Les rappels sonores intégrés l'aideraient à gérer ses nombreux rendez-vous et les diverses tâches qu'elle devait effectuer dans des délais serrés.

Au mois de février, la famille fut invitée à venir visiter le bâtiment du musée dont les travaux étaient terminés.

— C'est grand, apprécia Molly.

— Freddy, ne mets pas tes mains sales partout, admonesta Angelina.

— Où sont les Indiens d'Amérique ? demanda James.

— Pas encore arrivés, mon chéri, lui rappela Ginny. Je commencerai à chercher les objets qu'on a choisis le mois prochain. Ça fera beaucoup plus petit une fois que ce sera plein, Maman.

— Si vous saviez combien c'était sombre et oppressant du temps où c'était dans la famille Lestrange, commenta Andromeda.

— Vous y étiez venue ? s'étonna Ron.

— Oui, pour les fiançailles et le mariage de ma sœur, expliqua-t-elle d'une voix suffisamment sèche pour que personne ne se hasarde à poser d'autres questions.

C'était le ministère qui avait fait désensorceler le manoir avec l'idée de le vendre, quelques années auparavant. Bill avait fait partie de l'équipe de décontamination, mais semblait cependant décontenancé par les lieux.

— Vous avez abattu tous les murs intérieurs ? demanda-t-il.

— Avant de confier le bâtiment à Ginny, le ministère a récupéré les boiseries, la rampe d'escalier et les manteaux en marbre des cheminées qui avaient été laissés sur place quand tu y as travaillé, précisa Percy.

— On n'a gardé que les planchers et les escaliers, continua Ginny.

— Qu'avez-vous fait du mobilier ? s'enquit Hermione.

— Tout avait déjà été vendu juste après la guerre, quand on a eu besoin d'argent pour la reconstruction et aider les familles qui avaient tout perdu, répondit Arthur.

— Je n'aimerais pas avoir un de leurs meubles, frissonna Molly.

— Nous les avions proposés à l'étranger, la rassura son mari. Par contre, j'espère que tu ne projettes pas de m'offrir une fontaine de jardin en albâtre, tout le lot a été repris par un marchand de Pré-au-Lard.

Ils sourirent, songeant à l'incongruité d'avoir un tel ornement devant la maison biscornue qui abritait Arthur et Molly.

Les trois futures conservatrices firent faire le tour des lieux, montrant les croquis qu'ils connaissaient tous par cœur pour indiquer où ils étaient.

— Quand les pièces seront-elles en place ? demanda Bill. Je vais avoir besoin de temps pour gérer des objets magiques aussi puissants et placés aussi proches les uns des autres.

— Pour les tractations, c'est Percy qui tient mon agenda, riposta Ginny d'une voix sèche.

Le département de Percy était en effet chargé de négocier auprès des divers pays possédant les pièces désirées par Ginny. Pour la plupart, des accords de principe avaient été donnés et il ne restait plus que des détails à régler. Ces derniers points, cependant, empêchaient que Ginny puisse prendre possession des biens convoités, et elle craignait que ces retards, s'accumulant, ne compromettent la date d'ouverture prévue.

— Pourra-t-on visiter les jardins ? demanda George en admirant le fouillis végétal qui était visible d'une des grandes baies vitrées.

— Peut-être pas la première année, regretta Ginny. On l'a laissé en l'état, par manque de moyens.

— Vous allez embaucher du personnel, je suppose, s'enquit Hermione.

— Oui, nous allons nous y mettre dès le mois prochain, répondit Fleur.

— À quel poste ?

— Il nous faut des gardiens, commença Andromeda, une ou deux personnes pour s'occuper de la billetterie, une autre pour les petits travaux d'entretien, une équipe de ménage... J'ai la liste complète à la maison si cela t'intéresse.

— Seriez-vous prêtes à prendre des elfes et des loups-garous ?

— Évidemment, répondit Ginny comprenant où Hermione voulait en venir. Nous nous adresserons à tes associations, c'est une bonne idée.

Ces dernières années, l'emploi des protégés d'Hermione s'était beaucoup amélioré. Les elfes, pour commencer, étaient de plus en plus souvent employés à des métiers autrefois réservés aux humains. Ron avait beaucoup fait pour les recommander dans les magasins. Ils excellaient en calcul mental et en voir aux caisses était de plus en plus courant. Les elfes arrivaient également à se caser comme magasiniers. Les Sorciers Facétieux, comme nombre de leurs collègues, en avaient embauché un durant le mois de décembre, pour faire face à l'afflux de clients.

Hermione avait tenté de leur trouver des places dans les exploitations agricoles ou sur les chantiers, mais les petites créatures s'étaient révélées peu résistantes aux températures hivernales et aux intempéries. Elle avait vite renoncé à les encourager à travailler à l'extérieur, après avoir vu des elfes tremblants de fièvres se traîner au travail pour ne pas mécontenter leur patron.

Les loups-garous, au contraire, appréciaient les tâches au grand air et se montraient d'une résistance peu commune, sans doute endurcis par ce que leur organisme endure tous les mois. Grâce à l'association fondée par Hermione et reprise par l'un d'entre eux, la nouvelle potion Tue-Loup avait été adoptée par de plus en plus de lycanthropes. Des articles moins passionnés qu'au début étaient parus dans les journaux. Des loups-garous y exposaient leur soulagement de ne plus être une source de danger pour les autres.

Un an auparavant, AlterMag avait publié un reportage où témoignait un couple de sorciers dont l'épouse avait été mordue dix ans auparavant, quelques mois après son mariage. Même si le divorce aurait pu être accordé sans problème au mari, il était resté à ses côtés, l'aidant à se barricader les nuits de pleines lunes, la soignant les jours suivants. Quand leurs finances le leur permettaient – les premières années, il n'était qu'apprenti et elle avait perdu son travail – ils achetaient de la potion Tue-Loup ce qui lui évitait de se blesser elle-même, dans la cave où elle était tenue enfermée.

L'arrivée de la nouvelle potion dans les apothicaireries quatre ans auparavant avait changé leur vie. Ils s'en procuraient tous les mois, leurs moyens d'existence s'étant améliorés. Au début, elle avait simplement savouré la joie de ne plus se transformer en bête. Les mois passants, son époux l'avait convaincue de rester dans la chambre conjugale ces nuits-là. Par précaution, ils scellaient hermétiquement leur maison mais aucun incident n'était jamais arrivé.

Ils avaient même décidé d'exaucer un rêve auquel ils avaient cru devoir définitivement renoncer : fonder une famille. En effet, durant les années écoulées, la transformation mensuelle avait empêché toute grossesse d'être menée à son terme. La photo pour laquelle ils avaient accepté de poser les montrait souriants, leur bébé blotti contre eux.

Si le regard sur les loups-garous commençait à changer, il restait encore difficile pour eux de trouver du travail, et les trois entrepreneuses mirent un point d'honneur à leur proposer les places à pourvoir.

*

Au mois de mars, les voyages recommencèrent. Accompagnées d'un employé du département du Commerce international, Adrian Ackerley, Ginny et Fleur allèrent de pays en pays. Andromeda avait été invitée à les accompagner, mais elle avait affirmé que les voyages en portoloins long-courriers n'étaient plus de son âge. En effet, il n'était pas rare que les jeunes enfants ou les personnes âgées soient sujets à de très forts vertiges suite à ces voyages magiques.

— Adrian est un homme charmant, affirma Ginny à Harry. Il a également beaucoup de culture et d'esprit. Il nous fait mourir de rire avec ses plaisanteries et il n'a pas son pareil pour détendre l'atmosphère quand il y a un malentendu.

— Pour un peu, je serais jaloux, remarqua Harry en souriant. Dois-je insister pour qu'Andromeda parte avec vous la prochaine fois et joue les duègnes ?

— Je te dis qu'il est parfait, répliqua Ginny. Cela inclut qu'il est assez galant pour montrer à Fleur et moi qu'il nous considère comme des femmes séduisantes, mais reste suffisamment réservé pour faire comprendre qu'il ne lui viendrait pas à l'idée de marivauder avec la sœur et la belle-sœur de son supérieur hiérarchique.

— L'homme idéal, railla Harry.

— Surtout très ambitieux, rectifia Ginny. C'est pour sa carrière qu'il est aussi attentif à se faire bien voir par tout le monde.

— Percy a intérêt à faire attention, s'il ne veut pas se faire piquer sa place.

— Percy sait parfaitement à quoi s'en tenir. Au début, j'ai pensé qu'il était en train de se préparer un successeur, mais maintenant, je me demande s'il n'est pas en train d'en former un pour le compte de Kingsley.

Harry réfléchit à l'hypothèse :

— Ce serait une bonne chose que notre futur ministre soit connu et apprécié par les gouvernements sorciers étrangers, analysa-t-il, mais il faudra surtout qu'il emporte l'adhésion de ses concitoyens.

— Il a encore trois ans pour y parvenir, rappela Ginny. Je suppose qu'on va lui demander de représenter le ministère pour l'inauguration du musée, ce qui fera apparaître son nom dans les journaux, avant qu'une promotion ne refasse parler de lui.

— As-tu demandé confirmation à Percy ?

— Pas besoin. Et puis je trouve plus intéressant d'attendre, pour voir si mes prédictions vont se révéler justes.

Harry lui sourit. Il savait qu'elle ne regrettait pas d'avoir abandonné sa carrière sportive et d'être restée chez elle plusieurs années pour s'occuper de ses enfants. Si elle ne l'avait pas fait, elle l'aurait toujours regretté. Malgré ses occupations actuelles, elle veillait à passer du temps avec eux, à suivre leurs progrès et à participer à leurs jeux.

Cependant, si elle avait continué à limiter ses intérêts à la vie familiale, elle aurait fini par s'étioler ou, au mieux, à renoncer à une partie d'elle-même. Le défi qu'elle s'était donné et la liberté que lui conférait le fait d'être son propre patron lui permettait de concilier tout ce dont elle avait besoin pour trouver son équilibre.

*

Les mois d'avril et mai se révélèrent intenses pour tous ceux qui étaient associés au musée. Ginny et Fleur ramenaient élément après élément, et Andromeda veillait à ce qu'ils soient installés à l'endroit prévu. Bill enchantait les objets pour les rendre à la fois inoffensifs pour les visiteurs et inamovibles pour éviter le vol. Christopher Perks, le marionnettiste magique, avait envoyé ses associés pour les mises en scène principales, puis vint procéder lui-même aux derniers ajustements.

Peu à peu, les tableaux qui serviraient de conférenciers prenaient place sur les murs.

— C'est une catastrophe ! raconta un soir Ginny à Harry. On a mal évalué l'intensité sonore nécessaire pour qu'un groupe puisse entendre clairement ce que disent les tableaux. On a monté le son, mais maintenant ils ne sont pas assez loin les uns des autres. Quand ils sont trois à parler en même temps dans la même pièce, c'est une véritable cacophonie.

— Ne peut-on pas utiliser des bulles de silence pour isoler leurs paroles ? demanda Harry.

— C'est la solution, évidemment. Mr Perks nous a recommandé des acteurs de théâtre qui sont virtuoses en magie sonore, mais cela représente pas mal de travail, et même sans avoir reçu leur devis, je sais que cela va induire un coût supplémentaire non négligeable. Il faut que je reprenne le budget pour voir où je peux faire des économies pour compenser.

Harry se retint de lui proposer d'avancer lui-même l'argent. Il avait déjà fait une proposition en ce sens, mais son épouse avait refusé de manière tellement brutale qu'il avait compris qu'en intervenant, il lui retirerait une grande partie de la fierté qu'elle éprouvait à avoir mené cette opération de bout en bout en s'appuyant sur ses seules compétences.

Finalement, ce fut Andromeda qui débloqua la situation. Elle eut l'idée d'inviter Osulf, le directeur de Gringotts à venir voir la partie réservée à la magie non humaine qui venait d'être mise en place. Bill assista à la visite pour lui faire bénéficier de son expérience. Le soir même, ils vinrent rendre compte au Square Grimmaurd, où travaillaient Ginny et Fleur. Harry qui venait de rentrer assista au récit :

— Je peux vous dire qu'il a été surpris, rapporta Bill. Sans doute s'attendait-il à ce qu'on insiste sur les guerres qui ont marqué nos relations durant tout le siècle dernier. Il n'a rien dit au début, mais à sa manière de regarder les automates qui les représentaient et écouter les tableaux-conférenciers, il était clair qu'il n'en croyait pas ses yeux et ses oreilles.

Très influencées par Hermione, les trois femmes avaient montré avec complaisance le génie dont les créatures faisaient preuve dans l'orfèvrerie, en soulignant l'enrichissement culturel que cela avait apporté au monde sorcier.

— On l'a laissé tout voir sans intervenir, continua Andromeda. Je m'apprêtais à amener la discussion sur les prêts et à solliciter un taux préférentiel, quand il a fait remarquer que les œuvres que nous avions mises entre les mains des artisans gobelins ne rendaient pas justice à ce qu'ils étaient capables de fabriquer. Heureusement que Bill était là, car j'avoue que je n'aurais pas su tirer parti de cette remarque.

— Je me suis empressé de faire remarquer qu'il ne tenait qu'à lui d'y remédier, expliqua Bill d'une voix qui indiquait à quel point il était satisfait de lui-même. J'ai précisé que s'il nous prêtait des pièces gobelines, on noterait son nom à côté de celui des autres donateurs, ce qui ferait très bon effet. J'ai bien insisté sur le fait que les objets resteraient les siens, et qu'il pourrait les récupérer à tout moment. Vous n'ignorez pas combien la propriété des armes et bijoux gobelins est un point délicat.

— Il a accepté ? s'enquit Ginny avec avidité.

— Il a promis verbalement de nous apporter cinq pièces à mettre à la place des nôtres, confirma Andromeda.

— S'il tient parole, ce sera merveilleux ! s'exclama Ginny.

— Ce que vous aviez prévu était déjà pas mal, fit remarquer Harry.

— Il n'y a pas que ça, mon chéri, lui expliqua sa femme. Nous avons dû acheter ces objets et cela a représenté une certaine somme. Si Osulf nous en prête d'autres, nous pourrons les revendre, et cela résoudra notre problème budgétaire.

— Cela mérite une danse de la victoire, plaisanta Harry faisant allusion à la chorégraphie que toute la famille connaissait maintenant par cœur, car elle était toujours très prisée par les enfants.

*

Le mois de juin passa en un éclair. Maintenant que tout était en place, il fallait régler mille détails, trouver des solutions à plusieurs difficultés imprévues, organiser la cérémonie qui marquerait l'ouverture du musée. Après avoir couru après les fonds puis les objets à présenter, les trois entrepreneuses faisaient désormais le tour des rédactions pour bénéficier d'une couverture médiatique à la hauteur de l'évènement.

Alternatives Magiques se montra évidemment très intéressé. Le magazine promit d'en faire le dossier de la semaine pour le numéro qui sortirait la veille de l'ouverture, prévue le 30 juin. Fleur et Andromeda démarchèrent La Gazette du Sorcier qui indiqua son intention de couvrir la journée d'inauguration. Sorcière-Hebdo avait déjà tous ses magazines remplis jusqu'à la fin du mois, et ne pourrait leur consacrer de la place que la première semaine de juillet.

— Mais ils ont eu l'idée de proposer de distribuer des coupons de réduction valables durant deux mois, raconta Ginny. Cela nous assurera des visites familiales tout l'été.

C'est Luna qui proposa d'écrire les articles concernant le nouveau musée pour le journal de son père. Tout le monde convint que c'était une bonne chose. Luna avait sans doute une manière originale de raconter ce qu'elle voyait, mais sa connaissance des magies étrangères ne faisait pas de doute. Elle avait en outre suivi toute l'opération de près, servant même de conseillère pour les magies sud-américaines et africaines qu'elle avait découvertes lors de ses nombreux voyages.

Ginny contacta tous les anciens joueurs qu'elle connaissait et qui avaient intégré les rédactions des journaux sportifs. Les publications spécialisées et la RITM ne furent pas oubliées. Des hiboux leur firent parvenir des cartons d'invitation.

— On commence à m'en parler pas mal, fit savoir Harry à Ginny. Tout le monde est très curieux. Je pense que tu peux tabler sur beaucoup de monde, cet été.

— On commence à être victimes de notre succès, craignit-elle. Je ne pensais pas que tout le monde accepterait nos invitations. Mais nous avons tous les jours des chouettes qui nous annoncent des personnes supplémentaires.

Quand Adrian Ackerley lui fit savoir par courrier qu'une trentaine de dignitaires étrangers étaient attendus, Ginny paniqua complètement. D'après Andromeda, qui raconta l'épisode à Harry, elle avait éclaté en sanglots, persuadée qu'elle allait couvrir la Grande-Bretagne de ridicule avec une cérémonie d'ouverture ratée. Alarmées, la grand-mère de Teddy et Fleur avaient appelé Percy en hâte. Le chef de département était venu immédiatement et avait rassuré Ginny :

— Comme nous t'envoyons nos invités, nous allons t'aider à t'organiser. Je vais voir si une des personnes qui a mis sur pied la commémoration de Poudlard ne peut pas te donner quelques conseils.

Mandy Brocklehurst-Belby vint voir Ginny et examina avec elle la liste des personnes attendues. Elle suggéra, pour gérer l'affluence, de monter un chapiteau dans le parc où se tiendraient les discours, et d'y faire servir une collation. Cela permettrait d'organiser des visites par petits groupes et ainsi d'éviter d'avoir trop de monde à la fois dans le musée.

C'était une bonne idée, mais aussi une entorse de plus faite au budget initial. Heureusement, Ron trouva le moyen de contourner le problème :

— Vous m'avez dit que la guilde de la Table n'était presque pas intervenue. C'est le moment de leur apprendre que vous êtes en train d'organiser le rassemblement le plus important depuis la commémoration de la bataille de Poudlard. Que toutes les autres guildes seront représentées et remerciées pour leur générosité, et ce, devant tous les journalistes du pays. Faites leur remarquer que c'est leur dernière chance de ne pas être les seuls à rater ça.

Fortes de ces nouveaux arguments, Ginny et Andromeda allèrent voir Madame Rosmerta et parvinrent à un accord. La tenancière offrirait le buffet de l'inauguration sur la cassette de sa guilde et, en échange, le musée ne demanderait aucun loyer durant six mois à la buvette qui s'installerait par la suite dans ses murs, facilitant ainsi l'installation d'un cabaretier.

Durant la dernière quinzaine, Harry ne vit presque pas son épouse. Ginny cavalait d'un endroit à l'autre, veillant à ce que tout fût parfait. La veille du grand jour, Andromeda et Fleur vinrent dîner au Square Grimmaurd – ou plus exactement, manger distraitement en validant leur liste de tâches à effectuer.

— Allez dormir, maintenant, leur conseilla Harry. Vous avez toutes une tête épouvantable. S'il manque quoi que ce soit demain, vous ne manquerez ni de personnel ni de membre de la famille de bonne volonté pour y pourvoir. Alors inutile de vous torturer avec ce qu'il reste à faire ou vérifier.

*

Ginny avait craint d'avoir du mal à s'endormir, mais son épuisement était tel qu'elle avait sombré rapidement. Elle se réveilla le lendemain matin en indiquant :

— J'ai rêvé que le musée prenait feu et qu'il ne nous restait plus que des cendres à examiner. Mais le repas était très réussi et tout le monde me félicitait pour les rognons de maman.

— Luna dirait que c'est un bon présage, affirma Harry. Ça t'ennuies si je mets mes chaussures marron au lieu des noires que tu m'as préparées ?

Il avait en effet pris sa journée pour assister à la consécration de son épouse – comme tout le reste de la famille. Il avait en outre promis à Kingsley de faire un peu la conversation aux membres des délégations étrangères car, malgré les années passées depuis ses hauts faits, son nom restait encore connu à l'étranger.

Ginny embrassa les petits qui se levaient et partit. Harry supervisa le petit-déjeuner des enfants et emmena les garçons à l'école avant de déposer Lily chez Ron et Hermione. La nounou, secondée d'un elfe embauché pour l'occasion, veillerait sur les plus jeunes membres de la famille Weasley.

Après avoir surveillé la mise en place du buffet, observé avec inquiétude les nuages qui menaçaient de s'inviter à la fête, fait un dernier tour dans le bâtiment, passé en revue le personnel revêtu de son uniforme rutilant, les trois femmes se précipitèrent dans leur bureau pour revêtir leur robe de cérémonie. Fleur était en train de consolider magiquement le chignon de Ginny quand la délégation péruvienne arriva, en même temps que le maître de la guilde des Imprimeurs.

Harry ne garda qu'un souvenir flou des heures qui suivirent. Il fit beaucoup de sourires, serra des mains, affirma un nombre incalculable de fois qu'il était fier de son épouse et combien son projet était intéressant. Il vit défiler toutes les guildes, les membres du ministère, les ministres étrangers. Il évita soigneusement les gobelins qui, il le savait, ne lui avaient toujours pas pardonné au bout de treize ans d'avoir violé leur sanctuaire. Il ne voulait pas gâcher leur plaisir, d'autant qu'ils avaient tenu parole et fait parvenir à Andromeda des pièces de toute beauté, que Bill avait pris un soin particulier à garantir contre le vol.

Quelques mois auparavant, Hermione avait convaincu les elfes qui présidaient les Amis de Dobby de nommer des représentants et de demander au ministère de les reconnaître comme des interlocuteurs valables. Ils avaient été invités, tout comme les gobelins, puisque leur forme de magie avait été mise à l'honneur dans le nouveau musée. Hermione se fit un plaisir de les présenter aux invités étrangers, donnant ainsi l'image d'une société sorcière traitant ses créatures magiques avec respect et équité. C'était loin d'être la réalité, mais le faire croire pouvait amener les mentalités à changer.

De l'après-midi, Harry ne mit pas les pieds dans le bâtiment, mais vit les invités, les uns après les autres y être conviés et en sortir ravis de leur visite. Tous affirmèrent avoir beaucoup appris, et certains reconnurent qu'ils ignoraient que la magie était aussi riche et multiforme.

Si la guilde de la Table ne s'était intéressée que tardivement à l'affaire, elle se montra très efficace le jour où l'on eut besoin d'elle. Quand on se rendit compte, à dix-huit heures, que certains attendaient encore qu'on vienne les chercher pour la visite, et que les autres ne semblaient pas vouloir quitter les lieux, Madame Rosmerta fit le nécessaire. Elle fit approvisionner le buffet pour un dîner froid et fit apporter des boules de lumière magique pour illuminer la portion de jardin où se pressaient les invités. À la voir et à l'entendre, elle avait soutenu l'idée depuis le début et octroyé son aide sans compter. Harry se félicita que Ginny soit trop occupée pour l'entendre ou pour s'inquiéter de savoir si le surplus de nourriture serait offert ou facturé.

Il était près de minuit quand le dernier invité prit congé. Morts de fatigue, les Potter regagnèrent leur maison. N'ayant rien avalé depuis le matin, Ginny s'effondra sur une des chaises de la cuisine, pendant que Harry réchauffait d'un sort le dîner préparé par les elfes, conservés dans une glacière magique.

Ils mangèrent en silence, se félicitant de ne pas avoir à se préoccuper de leurs enfants. En effet, Arthur et Molly étaient partis en fin d'après-midi pour récupérer toute la marmaille et ramener tous leurs petits-enfants chez eux.

— C'était une réussite, affirma Harry.

— Je ne me suis rendu compte de rien, dit-elle d'une voix rauque. J'ai passé mon temps à faire des visites, tout en prenant garde de ne pas aller plus vite que le groupe d'Andromeda, tout en évitant de me faire rattraper par celui de Fleur.

— Je sais. Bill et Angelina se sont occupés de mettre en place le roulement des visites, Ackerley et Kingsley ont recueilli les impressions des étrangers, la famille a veillé à ce que tout le monde ait une assiette pleine et reste dans la zone prévue, les guildes ont tenté de faire croire que sans elles rien n'aurait pu être fait, les elfes et les gobelins ont tenu leur première conférence de presse. On a tous passé une journée intéressante.

— J'aurai au moins apporté ça au monde sorcier, sourit Ginny.

— Tout à fait, tu peux être fière de toi.

— Sans toi, je n'aurais pas pu, précisa-t-elle. Je savais que tu étais là pour t'occuper des enfants pendant mes absences et j'ai pu pleinement me consacrer à mon travail.

— On fait une bonne équipe tous les deux, affirma Harry. Si c'était à refaire, je te ré-épouserais.

— C'est vrai ? Tu n'oublierais pas la bague, cette fois, j'espère, plaisanta-t-elle.

— Ah, Bill m'avait bien dit que j'en entendrais parler pendant dix ans, se désola Harry. Que faut-il faire pour te faire oublier ce manquement inexcusable ? Dois-je t'offrir une rivière de diamants ? Aller chasser la manticore pour t'en faire un manteau ?

— Une bonne soirée au restaurant, rien que toi et moi, proposa Ginny. J'ai l'impression que cela fait des mois qu'on ne fait que se croiser. Mais pas tout de suite, ajouta-t-elle vivement, car je dois assurer l'ouverture du musée au public.

— En août, je serai en congé et on pourra laisser les enfants avec leurs cousins au Terrier, réfléchit Harry. On pourra même passer quelques jours en amoureux, ça te dit ?

— Et si on allait à l'étranger ? s'exclama Ginny. Cette année, j'ai découvert plein d'endroits que j'ai eu envie de partager avec toi.

— Comme tu veux. Je te suivrais jusqu'au bout du monde, mon amour !

– FIN DE LA PARTIE III –

Le tome suivant s'appelle "Les Sorciers". Il est posté sur ce site


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