Je me suis retournée précipitamment. Un homme se tenait devant la porte close et nous observait avec une expression que je ne pus déchiffrer.

« Les retrouvailles sont terminées les enfants. » Nous annonça l'homme.

Je reconnus tout de suite sa voix. Je pus enfin mettre un visage sur celui qui m'avait emmené ici. C'était un individu fin et élancé, d'où émanait beaucoup d'autorité. Sa mâchoire carrée et ses yeux perçants, contrairement à ce que l'on pouvait le croire ne dégageaient aucune cruauté mais une lueur d'intelligence brillait au fond de son regard.

« Que nous voulez-vous ? Menaça Nathan en s'avançant d'un pas.

- Ne t'énerve pas jeune homme. Asseyez-vous je vous prie.

- Qui êtes-vous ? Demandai-je à mon tour.

- Faites ce que je vous dis et vous le saurez. »

J'échangeai un regard avec mon ami avant de me diriger vers une des chaises devant le bureau. Une fois que nous fûmes installés, l'homme esquissa un sourire et s'assit en face de nous.

« Vous voyez, vous pouvez être sages quand vous le voulez, se moqua-t-il.

- Ne jouez pas avec nous, je ne suis pas d'humeur aujourd'hui...

- Nathan Tessier, seize ans, a montré ce vendredi 11 mars des aptitudes à donner la mort à autrui... lut-il pensivement sur un des dossiers étalés devant lui.

- Comment vous savez ?

- J'ai mes sources mon garçon... Et nous avons Iris Livet, seize ans également qui, le même jour, aurait ressuscité deux personnes. Par ailleurs, il est possible que un de vous deux soit capable de créer une sorte de coque de protection hermétique aux bruits et à la vue des autres personnes. Lequel d'entre vous fait ça ?

- Excusez-nous, mais on n'en sait pas plus que vous, soufflai-je de dépit.

- Bien, ce n'est pas grave, on verra ça plus tard... Bienvenue dans les quartiers généraux et laboratoires de la Société de Recherche Contre la Criminalité. Nous engageons et tentons de créer des agents capables d'éliminer la criminalité dans le monde.

- Une sorte d'armée de super-héros ?

- Exact, mademoiselle. Et vous en êtes les premiers membres.

- Calmez un peu vos ardeurs, on n'a jamais dit vouloir faire partie de votre expérience douteuse, s'écria Nathan en se levant de sa chaise.

- Vous préférez sûrement les cellules de prison ou encore les blocs opératoires remplis de scientifiques curieux ?

- Vous nous menacez ?

- Jamais ! »Dit-il dans un rire à glacer le sang.

Un silence s'installa. La pendule accrochée sur un des murs sonna. L'homme reprit la parole :

« Il se fait tard, on va vous conduire à votre chambre. J'espère que ça ne vous dérange pas de la partager, on est un peu à l'étroit dans cette ferme. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Les deux géants qui m'avaient emmenée ici sont réapparus pour nous empoigner un bras chacun et nous tirer dans une petite pièce meublée de deux lits de camps et une table en bois massif. Elle n'était éclairée que par une petite lampe à gaz et ne semblait pas être chauffée. Un petit nuage de vapeur sortait de ma bouche à chaque respiration. Un frisson de froid et de fatigue me parcourut. Entre temps, les deux colosses avaient quitté la chambre et fermé la porte derrière eux. Sans même essayer, je savais que celle-ci était verrouillée. Je vis Nathan s'asseoir sur une des couchettes et se masser les tempes. A mon tour, je me suis installée à côte de lui tout aussi désespérée.

Après longue réflexion, nous arrivâmes à la même conclusion : les motivations de cette sorte d'organisation n'étaient pas mauvaises mais quelque chose que je n'arrivais pas à définir m'empêchais de faire totalement confiance aux individus qui la composaient. Nous écouterons nos geôliers avant de décider de la suite des événements.