Naïveté

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"Naïveté" est à prendre ici au sens de "candeur" et sans connotation négative.
Oui, tout le monde la sent, , l'auteur galérienne qui explique ses propres titres...

**********

*Pepper*

Je fus réveillée d'un long et profond sommeil par les rayons faibles du soleil, perçant à travers les stores entrouverts, et une voix insistante à mon oreille.

- Pepper ? Perrine ? Debout !

- Gn...

Je me relevai avec difficulté, un marteau-piqueur dans le crâne. Lorsque je réussis à garder ouvertes mes paupières lourdes, je vis que j'étais allongée sur le canapé, Julien accroupi à mes côtés, souriant.

- T'as un truc sur la joue, fis-je remarquer.

- Heu... ah ?

Je penchai la tête.

- On dirait... de la confiture ?

- Ah oui ! s'exclama-t-il. Ça, c'est le petit-déjeuner. J'ai préparé des pancakes hier soir, après que tu aies failli tomber dans les pommes... mais tu t'es endormie. Du coup, j'en ai gardé au froid pour ce matin.

- Merci, fis-je tout simplement.

- Tu peux... te relever, marcher, tout ça ?

- Je pense, oui.

Joignant l'acte à la parole, je pivotai pour poser les pieds au sol, m'extirpant d'une couverture en polaire - dont Julien avait dû me couvrir hier - et je me mis debout avec toutes les précautions du monde. Ma tête tournait un peu et je sentais mes jambes faibles, mais je réussis à garder mon équilibre sans trop de problèmes, et à suivre mon ami à table.

Je m'assis en face de lui, et en piochant des pancakes dans une assiette, tentai de lancer la conversation.

- Tu as bien dormi ?

Il eut un sursaut qu'il tenta de cacher.

- Oui, je suppose.

Bizarre.

- Tu es sûr ?

- Comment ça ? fit-il, sur la défensive.

Je poussai un soupir agacé en étalant de la confiture sur mes pancakes.

- Écoute, un homme, ça ne sait pas mentir, alors n'essaie même pas. De quoi devrais-je être mise au courant ? Ou alors... ne me dis pas que tu culpabilises pour la claque d'hier ?

- Tu m'en veux pour ça ?

- Non, souris-je. Tu as bien fait, même... j'ai vraiment pété un plomb hier, c'est plus à moi de m'excuser qu'à toi.

- Je n'aurais quand même pas dû te frapper ! s'insurgea-t-il, non seulement c'est...

- Peu importe, coupai-je. J'en reviens à ma question : de quoi devrais-je être mise au courant ?

Julien eut un léger instant de flottement, désarçonné par le brusque changement de sujet ; puis il posa ses coudes sur la table, se prit la tête entre les mains, et dit d'un ton las :

- Tu n'as vraiment rien entendu, hein...

- Quoi ?

- Cette nuit...

- Rien entendu, confirmai-je.

- Tu devais vraiment dormir profondément, alors, c'est la seule explication que je vois.

- Arrête de tourner autour du pot et viens-en au fait !

- Promets-moi d'abord de ne pas faire de crise... s'il te plaît.

La demande me surprit, et je commençai à me demander si, finalement, je voulais vraiment savoir ce qui s'était passé cette nuit... néanmoins, ma curiosité prit le pas sur l'appréhension, et je hochai la tête.

- Promis.

- Soit... bon, je vais faire court. À 4h du mat', j'ai été réveillé par la cloche. Elle a sonné douze coups, puis plus rien.

Quatre heures...?

- Ensuite, continua-t-il, je me suis rendormi... et à 8h, de nouveau, ça a sonné. Là, j'ai voulu te réveiller, mais tu avais l'air de si bien dormir que, finalement, je t'ai laissée.

Mon rythme cardiaque s'emballa dangereusement, et je m'efforçai de paraître calme en demandant :

- Et là, il est...?

- Dix heures passées. Je ne pouvais pas te laisser dormir indéfiniment quand même.

Je manquai m'étouffer avec mon petit-déjeuner, et Julien fit mine de se lever, inquiet. D'un geste, je lui fis comprendre que ce n'était rien, avalant difficilement le morceau de pancake coincé dans ma gorge.

- Ça va ? s'inquiéta Julien.

- Oui, oui...

Je me levai de table, sous le regard inquiet de mon ami.

- Je vais bien, le rassurai-je. Je vais juste prendre une douche. Me... rafraîchir un peu les idées.

- D'accord... au fait, je suis passé dans un magasin de fringues, hier soir, pendant que tu dormais. Je voulais me trouver un change, et j'en ai profité pour te prendre quelques trucs aussi... je ne connais pas ta taille, par contre, j'espère que ça t'ira.

- Merci.

Une vingtaine de minutes plus tard, je sortais de la salle de bains, avec un jean tout neuf et bien à ma taille, mais flottant dans un t-shirt à manches longues au moins deux tailles au-dessus de la mienne. J'avais même trouvé, dans le tas d'affaires diverses déposées à mon attention, des sous-vêtements tout propres ; mentalement, j'avais remercié Julien, me demandant tout de même comment il s'était senti au moment de chercher ça.

Je l'imagine bien farfouiller dans le rayon des soutiens-gorge, en se demandant si je fais du B ou du C...

Cette simple idée me fit sourire.

Cependant, je repris vite mon sérieux quand, en fourrant la main dans une poche de mon jean, j'y trouvai le petit canif, lame repliée, qui refusait décidément de me quitter. Je n'avais pas le temps de buller, réalisai-je avec inquiétude. Une idée me revint alors en tête. Une idée que j'avais depuis quelques temps, et que je n'avais pas trouvé le temps - ou l'occasion - de vérifier.

Avisant Newtiteuf qui semblait en profonde réflexion sur le canapé, je lançai :

- Je vais prendre un peu l'air.

- Je viens avec toi.

- Non, refusai-je. J'ai vraiment besoin d'être seule... vraiment.

Mon ami finit par opiner du chef, et je sortis sans demander mon reste.

Une fois dehors, je suivis immédiatement l'avenue principale par la droite. Pas besoin de regarder la mini-map, je savais par coeur le chemin de mon domicile ici, pour l'avoir fait plusieurs fois au début du jeu. Et pour cause...

En entrant dans la pâtisserie du rez-de-chaussée, je me retournai, vérifiant que je n'avais pas été suivie. Il me semblait que non. À demi rassurée, je me hâtai de parvenir à l'étage, pour entrer dans l'appartement.

Je ne perdis ni le temps, ni l'énergie de regarder mes affaires, et celles de Maxime qui traînaient encore çà et là ; je vins directement dans ma chambre, ouvris la penderie, et me penchai vers le fond. J'y attrapai un petit sac à dos noir, invisible à première vue, que j'y avais fourré peu de temps auparavant ; puis, je refermai tout, et sortis.

Prochaine destination, qui, cette fois, m'obligea à regarder le plan : chez Kim.

En chemin, je passai le sac à dos sur une épaule, pour me permettre de fouiller dedans. J'en sortis les deux seules choses que j'y avais glissées : deux téléphones, celui de Maxime et celui de Brioche, récupérés sur leurs corps. J'avais d'ailleurs emmené lesdits corps, le jour de leur mort à chacun, dans un petit établissement de soins que j'avais trouvé à l'intersection de deux rues, à quelques pas de la place centrale - pas tant pour les soigner, c'était trop tard de toute façon, que pour les mettre au moins dans un endroit décent.

Je rallumai les engins. Et comme la dernière fois, sur chaque écran, une lettre s'afficha, noire sur fond blanc.

Si mon hypothèse est vraie, le téléphone de chacun de nos amis morts affiche une lettre, pareillement. Donc, Kim doit en avoir deux... non, trois, avec celui de Siph', duquel elle a envoyé un message à NT.

Sur le chemin, j'anticipai l'accueil qu'elle me ferait. Probablement froid, voire glacé. Dans le pire des cas, elle pourrait même essayer de me tuer. Là, je me pensais incapable de me défendre contre elle... déjà hier, elle m'avait facilement maîtrisée. Revenir la voir, seule, c'était quasiment du suicide, en fait...

Mais il le fallait, pour nous tous. Je ne pouvais pas me défiler.

Au terme d'une bonne marche, je parvins finalement au pied de la demeure de la plus grande - et la seule, que je sache - psychopathe de la ville. Je rentrai, trouvai rapidement les escaliers, et montai, pour me retrouver rapidement face à la porte d'entrée. Une pointe d'appréhension monta en moi.

Et si, finalement, je faisais une énorme bourde ?

Mais enfin, je n'étais pas venue là pour me dégonfler au dernier moment ; c'est ce que je me dis en toquant, résolument, trois coups à la porte.

J'attendis. Quelques secondes, quelques dizaines de secondes... pas de réponse. Étonnée, je toquai encore ; pas plus de réaction. Je commençais à me poser des questions, quand ce que m'avait dit Julien me revint en tête. La nuit. La cloche.

Ce ne serait quand même pas...?

Lorsque j'appuyai, doucement, sur la poignée, la porte s'ouvrit sans résistance, ce qui ne fit qu'augmenter mon inquiétude. Je rentrai sur la pointe des pieds, comme une voleuse.

La première chose qui attira mon attention, ce fut l'absence totale de Kim. Son appartement, dont je me souvenais vaguement pour l'avoir visité quelques rares fois à des occasions diverses, était parfaitement vide ; pourtant, tout était en ordre, et rien n'indiquait des traces d'un combat quelconque.

La deuxième... je retins un hoquet de surprise. Sur la table, au milieu de la salle principale, trois téléphones éteints étaient alignés. Oubliant toute prudence, je me ruai dessus, les pris fébrilement dans mes mains, et les allumai un à un.

E. R. T.

C'est bien ce que je pensais... mais où est Kim ? Ça ne lui ressemble pas de laisser la porte grand ouverte et ça sur la table. Et ça m'étonnerait vraiment qu'elle ne se doute pas de la valeur de ces machines.

Je regardai partout autour de moi, et mon regard s'arrêta sur la porte de la chambre, entrouverte, qui laissait entrevoir un bout du lit et, à son pied...

Un... corps...?

M'efforçant de contenir ma panique, je pris les trois nouveaux téléphones pour les fourrer dans mon sac, et avançai vers la chambre. Quand je parvins devant la porte, j'eus une hésitation avant de la pousser...

Elle s'ouvrit. Sur deux corps entrelacés. L'un avait une couleur normale, le cou serré dans un gros bandage grossièrement noué ; l'autre, face à terre, avait la peau violette. Mais je n'eus pas besoin de voir le visage du second pour comprendre.

Mes jambes me lâchèrent et je tombai à genoux, prise de vertiges et de nausée. Kim. Morte. Du mal. Des larmes me montèrent aux yeux et roulèrent sur mes joues, sans que je puisse les retenir. C'était Kim, oui... la meurtrière, menteuse, traîtresse, folle, tout ce qu'on voulait. Mais aussi Kim, celle que j'avais connue "en vrai", au sale caractère et aux manies crispantes, mais à la générosité presque sans limites, et au courage exemplaire, quand elle s'en donnait la peine. Quelqu'un de droit.

Morte, elle redevenait l'être humain que j'avais connu.

Je pleurai longuement à ses côtés, jusqu'à n'avoir plus la moindre larme dans mon corps. Là, l'esprit vidé et la mort dans l'âme, je fis ce qu'il me restait à faire : je me rapprochai d'elle, fourrai la main dans sa poche, en sortis son portable. Puis, l'allumai.

"N", affichait l'écran.

Mon propre portable sonna dans ma poche ; je décrochai mécaniquement.

- Oui ? soufflai-je.

La voix de Julien, étouffée, me parvint.

- Perrine, rentre tout de suite. Je viens d'avoir un appel de Frigiel.

La suite, je l'entendis sans même la comprendre.

- Il a trouvé Arm' et Blondie morts.

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