Chapitre 24 - Kaithlyn

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Le trou noir autour de moi s'estompe. J'ai l'impression d'y être depuis une éternité. Il était plutôt apaisant en réalité, comme une plénitude constante... J'entends toujours ce bip, j'ai mal à la tête, j'ai mal partout. Je geins. J'ai l'impression que j'étouffe. Au secours.

— Kaithy ? Kaithy ! S'il vous plaît un médecin !

Je reconnais la voix de ma sœur, elle hurle. Un médecin ? Où suis-je ? Je vais vomir, on me brûle la gorge, ça fait trop mal. Puis c'est passé et je respire mieux.

Peu à peu ma vue parait de moins en moins brouillée et s'éclaircit. Je distingue l'ombre de ma sœur puis une autre à ses côtés et une lumière très forte m'aveugle. Je n'entends pas ce que la voix masculine dit et je repars dans ma quête de clarté. J'ai les paupières lourdes, mais je tente de clarifier ce qui m'entoure. Je vois un mur qui me parait être blanc. Le plafond l'est également. J'entends cette même voix masculine répéter plusieurs fois mon prénom très fort. Il me donne mal au crâne.

— Aïe...

Il n'y a que ce son un peu enroué qui sort de ma bouche et j'ai mal à la gorge. Je tourne les yeux vers ma sœur, je la vois. Son visage est marqué par l'inquiétude. Qu'est-ce qui m'est arrivé ?

Je tente de rassembler mes derniers souvenirs. On était au Night's, j'étais dehors avec Léa et j'entends ce crissement de pneus dans ma tête et puis plus rien. La tête, de ce que je suppose être la voix masculine, apparaît à la place de celle d'Alayna. Il y a de nouveau cette grande lumière aveuglante qui me fait fermer les yeux. Il appuie ses deux pouces sous mes paupières et ils me les étirent vers le bas, puis il me pose son stéthoscope froid sur la poitrine. J'ai l'impression d'être un vulgaire morceau de viande.

— Où suis-je ?

Ma voix est presque inaudible et je cherche Alayna du regard. Elle se précipite et attrape ma main, je vois des larmes dans ses yeux.

— Tout va bien Kaithy... Tu es à l'hôpital, tu as eu un accident.

— Ne lui en dîtes pas trop d'un coup.

Il termine de m'examiner après avoir vérifié la fonctionnalité de chacune de mes articulations et de chacun de mes membres ainsi que leurs réflexes. Il sort finalement de la chambre sans un mot sympathique à mon égard.

J'ai eu un accident... Comment c'est arrivé ? Je n'ai aucun souvenir, quelle angoisse ! Je questionne Alayna.

— Comment ?

— Au Night's. Une voiture t'a percuté alors que tu empêchais Léa de se faire renverser. Un chauffard ivre sûrement.

Un crissement de pneus qui résonne dans ma tête, Léa, le choc de la voiture contre moi. Je me souviens vaguement de ces choses-là.

— J'ai une jambe cassée ?

— Non Kaithy, tu n'as rien. Juste de gros hématomes. Tu as eu beaucoup de chance... J'ai eu tellement peur lorsque je t'ai vue inconsciente au sol.

Elle serre ma main dans les siennes en me regardant toute triste.

Elle me relâche doucement, j'ai du mal à bouger un bras tellement j'ai mal partout. Elle se redresse et fouille dans son sac.

— Il faut que j'appelle Léo pour le prévenir.

— Oh non je ne veux pas qu'il me voit dans cet état.

— Kaithy, il a veillé sur toi tous les jours depuis l'accident. Si je ne le préviens pas il va me haïr.

— Comment ça ? Ce n'était pas hier ?

Elle me regarde avec ses petits yeux qui veulent me dire que je déraille. Ce n'était pas hier, mais quand alors ? Léo aurait veillé sur moi ? Depuis combien de temps suis-je ici, dans cet état ? Tellement de questions qui se bousculent dans ma tête... Je suis complètement perdue.

— C'était il y a deux semaines... On est le vingt-cinq mai aujourd'hui.

— Quinze jours, mais...

— Tu ne voulais pas te réveiller... Tu nous as fait tellement peur. Léa a eu peur. Et Léo je ne te raconte même pas... Il ne voulait jamais te laisser. Je l'ai un peu forcé aujourd'hui parce qu'il ne ressemble plus à rien.

— Je suis désolée...

Je sens une larme couler sur ma joue. Je suis triste qu'ils aient eu peur pour moi et j'ai un pincement au cœur car Léo a veillé sur moi tout ce temps. Une aide-soignante nous interrompt pour me faire ma toilette. Génial... Je ne m'imaginais pas vivre ce moment-là avant mes quatre-vingt ans au moins et je me sens horriblement mal. Elle me fait la conversation et le temps passe plutôt vite. Je n'arrive pas à l'aider, je n'ai pas du tout de force dans les bras. Alayna repasse me voir après, mais je suis épuisée.

— Tu as meilleure mine déjà.

— Ça m'a fatiguée tout ça... Je crois que je vais m'endormir.

— Dors, je reste là.

Je cligne des yeux comme pour lui dire oui et je m'endors assez rapidement.

***

Je me réveille difficilement, encore assommée. Je regarde le plafond, ils m'ont remis totalement allongée, je n'aime pas ça. La lumière est faible, je ne sais pas à quel moment de la journée nous sommes. Je sens quelque chose dans ma main. Je tente de la lever, mais en vain, c'est trop lourd. Je tourne lentement la tête et aperçois sur la barrière du lit, les boutons pour relever le haut du lit. Doucement, je viens appuyer de mes minces forces sur le bouton correspondant et je me redresse enfin, ouf !

Je ressens un sursaut près de moi, et ce que j'ai dans la main me serre. Une voix rauque s'élève. Cette voix qui me remue de toute part...

— Kaithlyn...

Je tourne la tête doucement du côté opposé et tombe face à deux petits yeux bleus complètement déformés par les cernes. Léo. Mon Léo est là, devant moi. Il a l'air exténué, mais son visage affiche un soulagement, mêlé à un peu de tristesse. Je murmure sans bouger.

— Tu as une sale tête...

Il laisse échapper un début de rire mêlé à un sanglot. Il se redresse pour venir prendre mon visage en coupe de ses mains. Je peux voir ses yeux humides avant qu'il n'écrase ses lèvres contre les miennes. Oh non ne pleure pas mon Léo. Son baiser est rempli de tendresse, de manque, d'un tout indescriptible.

Il appuie son front délicatement sur le mien et ses yeux se ferment. Ses pouces caressent mon visage. Il se redresse et son regard croise le mien. Ses mains maintiennent toujours mon visage et il me détaille comme si c'était la première fois qu'il me voyait. Il bafouille.

— J'ai eu tellement peur Kaithlyn... J'ai cru que... J'étais mort d'inquiétude... Je...

— Tu es resté là pendant tout ce temps ?

Il acquiesce en passant délicatement sa main sur ma tête.

— Je ne pouvais pas te laisser... C'était tout simplement impossible.

Il défait la barrière de son côté et s'assoit au bord de mon lit. Sa main passe sur mon bras et il me caresse du bout des doigts. Je reconnais la même sensation que lorsque je dormais, telle une plume. Je la ressentais presque tous les jours. C'était lui. Il est resté près de moi tout ce temps et je l'ignorais.

— Merci d'avoir veillé sur moi Léo...

Il prend ma main et je tente de la lui serrer autant que je peux, mais en vain. De l'autre, il me caresse la joue.

— Je suis tellement content de voir que ça va... Je m'en suis voulu de ne pas avoir été là à ton réveil...

Il embrasse ma main puis je lui demande à boire. Il attrape le gobelet avec la paille et vient la mettre devant mes lèvres. Je bois lentement et c'est rafraîchissant.

Je repousse la paille avec ma langue une fois finie. Léo se rassoit aussitôt près de moi et ne me lâche pas la main, caressant mes doigts de son pouce.

— On est toujours le... Euh... vingt-cinq ?

— Oui, il est presque dix-neuf heures.

— Je suis encore un peu dans les vapes...

— C'est normal.

Je le regarde. Ses cernes font dix pieds de long. Depuis quand n'a-t-il pas dormi ? Et rasé également. J'aime le voir barbu, mais là c'est un peu trop. Même s'il est toujours aussi sexy.

— Tu es tout fatigué Léo... Tu devrais rentrer te reposer, et te raser. Tu dois faire peur aux enfants.

Il sourit en passant sa main sur mon bras en secouant la tête. Je poursuis.

— Alayna est partie ?

— Oui elle est rentrée se reposer.

— Est-ce que mes parents sont au courant ?

— Bien évidemment. Mais ils leur a été impossible de venir...

— Oh d'accord... Tu peux te coucher un peu avec moi ?

Je m'écarte doucement afin de lui laisser une place en veillant à ne pas tirer sur les fils de ma perfusion. Il hésite un instant puis finit par se glisser à mes côtés. Je réunis toutes mes forces pour me redresser légèrement afin de poser ma tête sur son bras. Il m'enlace de ses bras et me serre délicatement. Je respire son odeur en fermant les yeux.

— J'ai l'impression que ça fait une éternité que je ne t'ai pas vu...

— Ça m'a réellement paru une éternité ces quinze derniers jours. Tu sais Kaithlyn, je...

Le son de sa voix me berce et je n'entends pas la fin de sa phrase, apaisée par sa respiration et les battements de son cœur.

MARDI 26 MAI 2015

Ce matin j'ai été transférée dans un service de médecine étant donné que je ne nécessite plus la surveillance de la réanimation. J'ai repris l'alimentation au petit-déjeuner, j'ai eu une séance avec un kinésithérapeute afin de retrouver mes forces musculaires et de marcher. J'ai hâte de pouvoir prendre une vraie douche.

À la visite, le médecin m'a parlé d'une éventuelle sortie à la fin de la semaine en fonction de mon évolution avec une surveillance et un repos à domicile. Quand Léo a entendu qu'il était question de cela, il s'est immédiatement proposé pour que ce repos ait lieu chez lui, sous sa surveillance. Le tout avant même que je ne sois informée de ma potentielle sortie. Du coup, repos forcé exigé par mon Léo, le temps que je récupère. Il m'a vendu, comme argument majeur, que ma sœur avait dormi chez lui tout ce temps.

Léo passe l'embrasure de la porte alors que je suis en train de déjeuner. Je ne peux m'empêcher de sourire en le voyant, il égaye ma journée. Il s'est enfin rasé, ses cernes ont un peu disparues, je l'ai obligé à dormir. Il est beau comme un Dieu, notamment lorsqu'il porte ces chemises blanches qui lui collent à la peau.

Il vient embrasser ma tête tout en me déposant une boîte de chocolat sur la table de chevet.

— Je viens à peine de recommencer à manger, et tu m'apportes déjà des cochonneries ?

Il rit.

— Il faut bien le poids que tu as perdu. Comment tu vas ce matin ?

— Mieux merci. Le kiné m'a fait un peu travail, il faut que j'essaye de me mobiliser au maximum dans mon lit avant d'envisager de marcher.

— C'est une bonne nouvelle alors. Léa m'a dit qu'elle t'avait envoyé un message ce matin et que tu ne lui répondais pas.

— En fait... Mon téléphone est dans le placard et je ne peux pas me lever seule...

Celle qui m'a lavée ce matin n'a pas voulu fouiller dans mes affaires, mais elle ne s'est pas gênée pour me faire des remarques sur des choses qui ne la regardaient absolument pas.

Je le remercie lorsqu'il me tend mon téléphone. Je l'allume pendant qu'il s'assoit sur le fauteuil près de moi et j'en profite pour finir mon yaourt.

Je regarde mes messages et vois la notification de mon calendrier. Merde c'est l'anniversaire de Léo ! Je me l'étais noté car avec mon cerveau de poisson rouge j'aurais oublié à coup sûr. À vrai dire, je note tout, mais je me souviens toujours des choses. Cependant j'ai une excuse pour avoir oublié de lui souhaiter. Je le regarde sur le côté et il hausse son sourcil.

— Oui Kaithlyn ?

— Je... J'ai oublié.

— Tu as oublié quoi ?

Son regard se fait plus interrogateur. Je me redresse difficilement pour m'asseoir au bord du lit, les pieds ballants. Il se lève rapidement sans vraiment trop comprendre.

— Où comptes-tu aller comme ça Kaithlyn ?

Je passe mes mains sur son torse maladroitement et relève ma tête vers lui.

— Joyeux anniversaire Léo... Je suis désolée je ne savais plus qu'on était le vingt-six.

Il rit en penchant sa tête légèrement en arrière puis pose ses mains sur les miennes en me regardant de nouveau. Je lève les yeux au ciel.

— Ce n'est pas drôle... Je déteste oublier ce genre de truc...

— Merci bébé.

Il sourit, ses yeux se plissant légèrement puis ses lèvres se posent sur les miennes avant de les entrouvrir et de venir caresser ma langue de la sienne. J'adore ce Léo tellement attentionné et câlin. On a presque l'air d'un couple. Mais nous n'en sommes toujours pas un. C'est difficile de se dire ça. Je suis avec lui sans être avec lui, notre relation ne veut rien dire. Il peut s'en aller quand il le souhaite, aller coucher avec d'autres filles sans problème, me laisser tomber sans prévenir. Il n'a pas dû rester seul bien longtemps ces derniers jours. Et rien que d'y penser, j'en ai mal au cœur.

Il caresse mon visage après avoir relâché mes lèvres et me regarde avec un léger sourire. Je dois avoir une tête à faire peur, en ce qui me concerne. Il dépose un nouveau baiser sur mes lèvres et passe le bout de son nez contre le mien. Un geste insignifiant pour beaucoup, pas pour moi...

— Je vais devoir y aller ma belle. J'aurais préféré passer l'après-midi avec toi.

— Moi aussi. Mais on a besoin de toi ailleurs. Bon courage.

— J'essaie de repasser te dire au revoir ce soir.

— Rentre te reposer directement, s'il te plaît. Tu en as besoin.

— Si tu me le demandes si gentiment. Mais sans toi dans mon lit, je ne dors pas bien. Ton corps nu contre le mien me manque.

— Ah je me disais aussi !

Je ne peux m'empêcher de rire et lui aussi. J'aime tellement l'entendre rire.

J'ouvre le paquet de chocolat qu'il m'a ramené pour en grignoter un. Je vais m'ennuyer jusqu'à ce qu'Alayna vienne me rendre visite. Les heures sont longues à l'hôpital. Notamment l'après-midi où ils ne me font rien. Alors je regarde tous les programmes de la télévision. J'ai hâte de rentrer à la maison.

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