4. Ses mains

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La consigne du jour : rendre sensuel une chose banale grâce aux sentiments

***

Quand Timo m'a fait la morale après la soirée et conseillé d'accorder une dernière chance à Daniel, je m'attendais à ce que ce dernier rétropédale et botte en touche, qu'il me sorte une excuse bidon pour se défiler à nouveau.

Mais contre toute attente, Daniel a accepté le resto.

Contre toute attente, Daniel n'a pas fui. Il se tient là, face à moi, un plateau de makis entre nous, avec des excuses au bord des lèvres et une tentative d'explications bancale.

— J'ai été qu'un con, il répète. Je n'aurais pas dû te gueuler dessus devant tout le monde. Je n'aurais pas dû te laisser filer ce jour-là. Je m'en mords les doigts tous les jours depuis, Liam.

Il fait tourner nerveusement ses baguettes entre ses doigts.

— Mais je sais aussi que nous deux, ce n'est pas simple. Tu as Timothée, et puis il y a Nolan... Je veux faire les choses bien, tu comprends ? Je veux régler mes embrouilles en cours et... m'habituer à l'idée de votre fonctionnement. Sans compter les autres dont j'ignore encore l'existence...

— Il n'y a que Timo, je le coupe.

— Quoi ?

— Je n'ai pas de harem, ni une dizaine de gars planqués chez moi, contrairement à ce que tu crois. En ce moment, il n'y a que Timo. J'ai pris mes distances avec Max qui devenait trop con avec ses idées politiques fascistes. Les autres, c'est rien de sérieux. Et puis il y a toi, c'est tout.

Il déglutit, se concentre sur ses baguettes pour éviter mon regard.

— Je n'ai pas dit oui, Liam.

— Mais t'es là...

Timo m'a raconté leur soirée improbable de la veille pendant le vernissage, leur discussion autour de notre relation polyamoureuse, et les questions sincères de Daniel. À croire que je l'ai mal jaugé...

J'étais persuadé qu'il prendrait ses jambes à son cou quand il comprendrait que Timo est bien plus qu'un plan cul.

Mais il est là, à essayer de comprendre avec une patience déroutante.

Il repose les baguettes qu'il faisait jouer entre ses doigts, repousse la sauce salée-sucrée et se concentre sur la nappe pourtant parfaitement lisse de la petite table.

Il soupire et garde le silence un moment.

Il a fait des pas de géant depuis notre rencontre sur l'exploitation. Le Daniel de cet été se serait barré sans un mot pour cogiter et ruminer dans son coin. Aujourd'hui, ça ne le dérange pas d'abaisser ses barrières et d'accepter d'étaler sa vulnérabilité devant moi.

Alors je me contente de fermer ma gueule pour une fois et de le laisser à son manège nerveux sur la nappe de la table.

Il défroisse méticuleusement les plis du tissu, tire les fils qui dépassent de la nappe.

Je n'arrive pas à détourner les yeux de sa main, large et puissante. Une main de travailleur, pétrie de callosités et tannée par le travail sous le soleil. Une main qui s'est pourtant faite douce et attentionnée quand elle est venue explorer mon corps cette nuit-là.

Ses mains baladeuses sur ma peau me manquent tellement que c'en est douloureux.

La douceur de la soirée à scruter les étoiles filantes sous le ciel d'été me revient comme une bouffée de nostalgie dans la poitrine. Les souvenirs explosent comme des bulles d'air en remontant à la surface un par un : les premiers papillons dans le ventre face à son corps dénudé au bord de la rivière, notre premier baiser enivré et maladroit, et puis cette longue nuit chaude sous les toits, durant laquelle ses grandes mains, d'abord hésitantes, se sont avérées diablement habiles pour me tirer des gémissements de plaisir infini.

L'odeur de son corps sous ma langue me revient, entêtante, et je me frotte les paupières pour chasser les souvenirs de cet été. L'envie insistante de retrouver la sensation de ses mains partout sur mon corps cogne dans ma poitrine.

Quand je lève à nouveau mon regard vers lui, il me détaille avec une lueur étrange au fond des yeux.

J'ai soudain envie de saisir sa main devant toute la salle du resto et d'entrelacer mes doigts aux siens pour le rassurer et l'encourager dans ses hésitations. Mais je ne peux qu'être patient. Je ne peux pas faire le reste du chemin à sa place.

S'il veut arrêter là, ne pas s'embarquer dans une relation polyamoureuse, je n'ai pas mon mot à dire.

Sauf que sans prévenir, c'est lui qui tend sa main vers moi, frôle mes doigts posés sur la nappe avant de les retirer aussi vite. Je mesure pourtant l'importance de son geste.

— J'ai besoin que tu me laisses un peu de temps, Liam. Tu comprends ? 

***


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