Finalement, ce n'était pas si difficile de parler normalement en présence de Tamara, décida François. Elle consacrait la majeure partie de son attention à leur fils, tout en l'incluant suffisamment dans la conversation pour se montrer polie.

« Leur fils ». C'était la première fois qu'il pensait en ces termes, réalisa-t-il. Il s'était toujours vu comme un « père unique », pour reprendre la terminologie que Julien avait une fois proposée dans son enfance quand il avait éprouvé le besoin de définir leur étrange famille.

François regarda Julien. Ce dernier était manifestement ravi que ses parents acceptent enfin de se parler. D'excellente humeur, il parlait beaucoup, avec de grands gestes. Il était en train de décrire un promontoire qui se trouvait à une trentaine de kilomètres, d'où on avait une vue magnifique.

— C'est le dernier jour demain, remarqua l'adolescent à l'intention de sa mère. Ce serait chouette d'y aller. J'aimerais te le faire découvrir. On peut s'y rendre en moto ?

— Je ne peux pas t'y emmener si tu n'as pas d'équipement, indiqua-t-elle. Personne ne monte derrière moi sans être protégé.

— Mon copain Marc a un casque. Tu sais, celui qui a un scooter. Il pourrait me le prêter.

— Il a un blouson aussi ? Tu as une paire de jeans ?

— Maman, il fait chaud !

— Tu ne montes pas avec moi sans protections, répéta-t-elle fermement.

— Papa, fit Julien sans se démonter, on peut emprunter ta voiture ? Maman, tu as un permis voiture aussi, non ?

— Je suis certaine qu'il y a d'autres endroits très intéressants où on peut se rendre à pied ou en transports en commun, tenta Tamara.

Mais Julien regardait son père avec détermination, et ce dernier sentit qu'un refus entraînerait une discussion très désagréable. Ce n'est pas cela qui le décida, cependant. Il avait vraiment envie de faire plaisir à son fils.

— Je peux vous y conduire, proposa-t-il. J'aime bien me promener dans ce coin.

Julien en resta muet. François sourit devant sa stupéfaction ravie.

— Merci, dit Tamara d'une voix mesurée.