87 - Discussion

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Annie vit venir son fils à elle. Son air contrit la ramena trente ans en arrière, quand il était un garçonnet de dix ans qui brûlait de se faire pardonner sa dernière insolence. Elle aurait voulu revenir à cette époque, où il suffisait d'un gros câlin pour que tout soit oublié.

— Qu'est-ce qui t'arrive, François ? demanda-t-elle doucement.

Il haussa les épaules.

— Je ne sais pas, la crise de la quarantaine, peut-être.

Annie s'était promis de ne jamais intervenir dans la vie amoureuse de son fils. Elle n'avait rien dit quand il s'était marié, alors qu'elle avait des doutes sur le choix qu'il avait fait. Elle n'avait pas commenté son retour chez elle ni son divorce. Elle ne faisait aucun commentaire quand il passait ses nuits ailleurs que dans son lit et ne l'interrogeait jamais sur ses relations sentimentales.

Mais là, il était au bord de la rupture et les notes de Julien s'étaient mises à baisser vertigineusement. Elle ne savait pas exactement ce qu'il s'était passé avec Tamara, mais elle était certaine que François sombrait depuis qu'elle ne venait plus.

— J'ai l'impression, commença-t-elle précautionneusement, que tu as pris dernièrement une décision qui n'était peut-être pas la bonne.

Il accusa le coup, tournant la tête comme s'il ne pouvait supporter son regard.

— Peut-être qu'aucune décision n'aurait pu convenir, finit-il par répondre.

— Je ne sais pas ce qui s'est passé entre vous deux, mais es-tu certain que c'est irrattrapable ?

— Je ne sais pas, je n'ai pas vraiment compris ce qu'il s'est passé. Au début, j'ai eu l'impression qu'on allait dans la bonne direction, puis quelque chose est parti de travers, et on n'a plus réussi à communiquer.

— Tu ne sais vraiment pas ?

Il haussa les épaules avec gêne.

— On s'y est mal pris, c'est certain.

— Tu as tenté de discuter avec elle ? voulut savoir Annie.

— Je n'ai pas l'impression qu'elle veuille me parler.

— Qui a décidé qu'elle ne devait plus venir ? essaya de comprendre Annie.

— Moi, soupira François. Mais on n'avait plus le choix. Ça lui faisait plus de mal que de bien de continuer comme ça.

— Et à toi, ça faisait quoi ? insista Annie.

François haussa les épaules sans répondre, le regard toujours fuyant. Sa mère réfléchit. Elle se souvenait de la mine défaite de Tamara le dernier matin. Elle était maintenant certaine que les parents de Julien s'étaient vus durant la nuit précédente et elle imaginait bien que, si rencontres nocturnes il y avait, ce n'était pas uniquement pour parler.

— As-tu envisagé une nouvelle relation avec elle ? finit-elle par demander.

— Après ce qu'elle m'a fait ? s'exclama François d'une voix choquée, reportant son regard vers sa mère.

— Dans ce cas, pourquoi la voyais-tu la nuit ? lui répliqua Annie du tac au tac.

Elle vit son fils rougir violemment avant qu'il ne regarde en direction du plafond d'un air inquiet. Mais Julien ne pouvait rien entendre avec la musique de sauvage dont il faisait profiter toute la maison.

— La situation nous a échappé, convint-il d'une voix embarrassée. Mais je ne peux pas me forcer à l'aimer !

— T'es-tu donné la peine d'analyser ce que tu éprouvais pour elle ? douta Annie. S'il n'y avait rien de sérieux entre vous, pourquoi serais-tu dans cet état depuis qu'elle ne vient plus ?

François ne répondit pas tout de suite, prenant le temps de réfléchir.

— Je le saurais, si j'étais amoureux, finit-il par trancher.

— J'ai surtout l'impression que tu ne sais plus du tout où tu en es ni ce que tu éprouves pour elle, remarqua sa mère.

Il hocha la tête, reconnaissant la véracité de l'analyse.

— Commence par l'appeler, conseilla Annie. Vous déboucherez bien sur quelque chose, que ce soit une relation amoureuse ou amicale. En tout cas, tu ne peux pas rester comme ça.

— Et si ça ne marche pas ? fit-il d'une voix inquiète.

— François, si tu ne veux pas finir ta vie tout seul, tu vas devoir prendre des risques, décida-t-elle de le secouer. Que ce soit avec elle ou avec une autre.

— Quand il s'agit d'elle, c'est difficile, dit-il d'un ton douloureux qui lui serra le cœur. Je n'arrive pas à être rationnel.

Elle sentait qu'il perdait pied, mais il fallait bien qu'il sorte de cette situation. Elle enfonça le clou :

— C'est bien la preuve que tu éprouves des sentiments forts pour elle. Je ne pense pas que ce soit de la haine.

— On s'aimait, la dernière fois, et ça ne s'est pas vraiment bien terminé !

— Cette fois-ci, c'est toi qui as les cartes en main, François. Essaie de les jouer correctement.

— Je n'aime pas ce jeu.

— Personne ne t'a obligé à retourner t'asseoir à cette table là, rappela-t-elle sévèrement. Et maintenant, il faut bien que tu termines la partie.

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