Bræður minn

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Mes mains griffues se frayent un chemin crasseux vers la lumière. Où tous les secrets perdus dans ces yeux, que je ne reverrai jamais briller, guident mon existence. Porté par le faible rayonnement de la vengeance, occulté par mes doigts, je dérive dans le noir.

Shirô.

_______________

L'automne se meurt pour la quinzième fois dans les souvenirs de Kurô. Chevauchant Fogg, cliquetant sous le poids de ses plaques osseuses, la furie revient au camp. Shirô est à ses côtés, arborant fièrement les couleurs de la victoire.

On leur avait confié une escouade, quelques temps après la cérémonie de la Lune de Sang. Cela ne faisait qu'à peine trois ans qu'ils portaient le masque, en tant que Wendigowak du conseil. Une tragique bataille avait emporté Ludwig, un vaillant Dewin du Conseil, laissant ses hommes sans chef.

On avait confié la troupe à Grimm, en récompense à ses efforts au sein de la horde. Quant à Kurô, il se voyait promis à un avenir bien plus glorieux, devenir le successeur de Loki. À seulement 15 ans, les deux garçons impressionnaient leurs pairs et leurs hommes. Autant Kurô par sa sagesse et légèreté d'esprit, que Shirô, pour son sérieux et son incomparable instinct de meneur.

Ils avaient quitté la forêt, et migré vers les plateaux de Nicolaï, en raison de la dernière bataille qu'ils avaient menée contre les troupes de l'empire - dont il ne restait que de la charpie - . Le camp s'étendait sur plusieurs centaines de mètres de long et de large, dégageant aux alentours des relents de charogne et de corps brûlés dans la brume du matin.

Les jumeaux furent acclamés par les guerriers de l'armée, flattés de cris et de hurlements des démons des Sans Visages.

- Longue vie aux fléaux!

- Gloire à Grimm! Honneur à Phélès!

Kurô descends de sa monture, laissant son frère discuter avec ses hommes, une fois arrivé à destination. Il entre dans la tente de Loki, retire son masque et le balance dans un coin. Le jeune homme passe la main dans ses cheveux en pétards, s'agenouille devant le brasero.

- Loki ?

Il n'a pas encore remarqué - bien heureusement pour l'intéressé - que le bouc se trouve derrière le paravent de peaux, fricotant avec Bahnn. Les deux hommes s'étaient stoppés net dans leurs ébats en l'entendant pénétrer dans la tente.

- Loki ? T'es là ? Insiste t-il.

Le rouquin vas pour l'interpeller, mais Bahnn le fait taire d'un baiser fougueux. Baiser qu'il approfondit d'ailleurs.

- Loki?

Il s'avance dans la direction du paravent, sentant la présence de son maître. Les deux autres se tendent en le sentant approcher. Éclipse amorce un geste pour s'éloigner du bouc, mais c'est trop tard.

- Vous auriez pu faire ça ailleurs quand même !

La jeune furie écarte les peaux, planté devant les deux fautifs, les bras croisés. Il ne peut pas retenir cette expression mi-furieuse, mi-amusée, les sourcils froncés et le sourire en coin, à la vue des deux zigotos assis sur le sol, à moitié à poil et l'air déçu devant son regard.

Loki ne sait plus où se mettre, affichant une tête blasée - comme à son habitude - alors que Bahnn se relève, réajuste ses peaux déchirées autour de ses hanches et resserre les lanières de cuir qui les maintiennent en place.

- On ne pouvait pas savoir que tu reviendrais aussi vite avec l'escouade de ton frère. Et pis c'est pas ta tente, merde!

- Elle ne t'appartient pas non plus à ce que je sache Bahnn. Elle est la propriété de Loki et .....

Wendigo se lève, sans même prendre la peine de cacher son entrejambe. Faudrait pas le prendre pour une bille non plus.

- Et Loki il commence a en avoir plein le cul de vos conneries!!! Alors les trous du cul ils vont la fermer bien gentiment et me lâcher le jambon deux minutes! De un; machin - il tend un index accusateur vers le sombral - si t'es pas content on n'a qu'à baiser dans ta tente, pas la mienne. De deux, - il lève à la suite de son doigt le majeur - la pédale qui me sert de sous-fifre elle a qu'à pas couiner dès qu'elle voit une bite!

- Mais...

- Taratata! Le coupe Loki. Je baise qui je veux, quand je veux et quand j'ai envie. Comme ça Pheles reste ici et nous on vas chez toi!

Les deux autres haussent les épaules, n'osant pas répondre au chaman. Il est rare que Wendigo se mette en colère, et encore moins pour pareille histoire. Et grand mal à celui qui répondra au Grand Chef.

- Alors? On fait comme ça? Tente le brun.

- Baaaaah....

- Bof, vous fatiguez pas, j'ai plus envie mes chéris. Grommelle Loki.

Sur ces mots, le chaman s'en retourne à ses vêtements et les rassemble, commençant à se couvrir. Bahnn s'en alla sans demander son reste, laissant la furie blanche plantée devant son maître, la mine pour ainsi dire gênée.

Un gros silence pèse dans la pièce, finalement rompu par l'aîné.

- Tu voulais me demander quelque-chose?

- Pas spécialement. Juste te dire que Shirô a trouvé une fille.

L'autre se stoppe net dans le bouclage de ses sangles. " Une fille? Et par quel miracle les jumeaux en auraient trouvé une? "

- Une fille?

- Oui.

Son maître s'assied auprès du brasero et invite son disciple à faire de même. Le petit s'exécute, et sans même que Loki ait à le lui d'amender, il se mit à lui expliquer en détails cette curieuse rencontre. Il est vrai que les femmes se font rares dans la horde.

- Elle était prisonnière du camp adverse. Enfin... Je l'ai vue s'échapper de sa cage - j'étais chargé de partir en éclaireur dans leur QG - et se mettre à courir vers le champ de bataille. J'ai voulu la rattraper, mais ce corniaud a cru que je poursuivrai un ennemi. Il lui a tiré dessus et l'as gravement blessée au ventre et à la poitrine. On l'as retrouvée après les effusions, et il a insisté pour la ramener au camp et la soigner.

La furie dégaina son sabre et commença à nettoyer la lame du sang de ses victimes. Kurô avait les yeux dans le vague, l'esprit ailleurs que sur son labeur.

- Et c'est tout?

- Oui. ... Enfin... Je comprends pas pourquoi il a fait ça. Shirô est sans merci d'habitude, ça ne lui ressemble pas. Quand il l'a vue, agonisant dans le fossé, il pouvait pas détacher ses yeux de son visage, de....

- C'est l'amour mon petit, l'amour...

Le chaman s'amusa de la face outrée et ignorante de son protégé. Il continua.

- Comprends le Kurô, à votre âge c'est normal de ressentir ça, vous n'en voyez pas tous les jours non plus, des gens du sexe opposé.

- Tu penses que c'est pour ça qu'il l'as ramenée au camp?

- Oh que oui.

Et cette femme allait poser bien plus de soucis que les garçons ne le pensaient. Imaginez un instant que l'un des jumeaux retire son masque devant elle? Ce serait la fin pour eux, le bannissement des fléaux Mephisto Grimm et Pheles de la Horde. Après quelques instants de réflexion, Loki se leva, alla chercher son masque et Fiadhúlracuimilt, son arc, qu'il fixa dans son dos.

- Amène moi à la tente de Shirô, il me faut la voir.

Kurô s'exécute, se lève à son tour, rengaine Sameinnalandið et conduisit son maître à la tente du sang de son sang.

Les tentures de peaux et les tissus de tapisserie râpés trouvés chez les humains qui la constituent forment un ensemble chaotique. Deux torches brûlent à son entrée, Storm est attaché à un piquet de bois près de celles ci, ruminant son foin. La bestiole tourne la tête à leur présence et souffle.

L'intérieur est sommaire, habillé de peaux d'ours et de loups, un feu de camp crépite dans un coin à l'abri de ses brûlures, près d'une table basse croulant sous des kilos de barbaque pourrie, puant la peste. Deux énormes défenses de rhinocéros laineux gravées, atteignant presque le mètre cinquante - restes d'une chasse fructueuse du jeune chef de guerre - , soutenaient les fondations d'un tas de couvertures, formant une sorte de rideau par dessus celui-ci, dans le coin opposé.

La furie noire n'est pas là, la fille non plus d'ailleurs.

Un vacarme du diable se fit entendre au dehors, élevant les voix des guerriers à proximité. Kurô se retourne, rabat son casque sur sa tête, sors de la tente. Il revient quelques secondes plus tard, aidant son cadet à trimballer une masse difforme et sombre, crachant et jurant, sous le regard hébété de Loki.

- Mais bon sang Shirô, qu'est ce que tu nous as rapporté là?! Hurle son frère, évitant les coups de pied de la furie humaine.

- Je pouvais pas la laisser sur le carnier, elle aurait cre ...

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase, la jeune femme lui asséna un coup de talon dans la mandibule, lui clouant le bec et le sonnant quelque peu.

- Elle était pas sensée être à moitié morte!?

- Salope! Fille de puta....

Loki empêcha la situation de dégénérer, plaqua le jeune démon au sol du pied, et stoppa la bête humaine d'un tour de sorcellerie vaudoue. Pendant que Kurô la maintenait difficilement d'une clé de bras, il se mordit l'index au sang et incanta après avoir passé son doigt sur le front de la fille.

- Súile Blóð, brennir sál þína.

Des miasmes putrides sortirent de la paume de sa main, vinrent étouffer sa victime avant de se retirer. Elle perdit presque connaissance, cessant toute résistance.

- Bien.... Les femmes sont des créatures monstrueuses. N'est-ce pas Grimm?

Il relâcha son prisonnier qui se releva en se frottant le menton par dessous son masque. Les trois démons la portèrent vers la couche du brun, l'allongent avec la plus grande délicatesse dont ils purent faire preuve.

"Une jeune humaine ne dépassant pas les vingt ans" Pensa le bouc. Il la détailla quelques peu, son oeil allant de celle-ci aux jumeaux.

Kurô n'affichait aucun signe particulier. Accroupi à son chevet, les bras sur les genoux, le jeune homme l'observait avec une certaine forme de curiosité désintéressée, les sourcils froncés.

Mais son cadet la dévorait du regard. Il était comme hypnotisé par son teint porcelaine - aussi pâle qu'un mort - perlé de sueur, sa chevelure ébène ondulée comme des vagues, ses lèvres chair, pâles. Ses yeux émeraude à peine visibles entre ses paupières mi-closes font sur lui l'effet d'un aimant.

Il s'assoit sur les peaux où elle est allongée, écarte ses vêtements, ne prenant pas la peine de défaire la ficelle du corselet qui retient ses seins. Du sang a encrassé la trame du tissu, la plaie est profonde, un liquide putride - fruit du rayon Mach 2 qu'à lancé Shirô sur elle - remonte de la crevasse au rythme de sa respiration. La furie tourne la tête vers son maître, implorant une aide quelconque. Il le regarde d'une mine amusée, piquée d'une pointe d'inquiétude, les bras croisés sur son maigre poitrail.

- Tu sais très bien ce que tu dois faire. Lui lance-t-il.

- Loki...

- Je ne t'aiderai pas cette fois ci Grimm. Fais ce qu'il te plairai avec elle. Commence par lui demander son nom, cela facilitera la communication.

Il regarda ensuite son frère.

- Tu viens Pheles?

L'autre hoche la tête et suivi son maître, saluant son frère d'un signe de tête, avant de disparaître derrière les tentures.

- Ah, j'oubliais. Relance le chaman. Ne retire jamais ton masque devant elle. Sous aucun prétexte.

" Tu sais ce qu' il t'en coûtera... "

Shirô soupira. Il continua d'observer la fille quelques minutes, un grand combat silencieux se livrant dans son esprit. Finalement, il décida d'agir pour le bien, reniant le peu de bonne conduite qu'il lui restait de sa nature humaine, avant de sortir de sa tente pour aller demander de l'eau propre - il avait fini de salir son sceau précédent en découpant des carcasses - et des bandages auprès de Bahnn.

Il croisa le sombral au détour d'un chariot de viande, terminant son troc pour recevoir sa ration de bidoche du jour. Son aîné l'interpella, lui demandant de l'accompagner jusque dans sa tente.

- Alors, cette fille ? Ricana le vieux en remballant sa viande dans un sac.

- Je n'ai jamais eu affaire à un diable pareil ! Elle ne cessait de se tortiller dans tous les sens pour s'enfuir...

- Tu m'étonnes, avec nos masques, c'est tout à fait normal.

L'autre leva les yeux au ciel.

- Bref, souffla Shirô. Je viens justement te demander de l'eau propre et des bandages.

- Pourquoi ?

- Je l'ai blessée lors de la bataille, elle a besoin de soins de toute urgence.

Bahnn haussa les sourcils. Une chose étonnante que cette femme puisse encore se débattre en ayant été blessée par une des attaques de Grimm, réputées pour être fatales, paralysantes et extrêmement douloureuses.

- Je te donne ça tout à l'heure.

Ils continuèrent leur petit périple en déambulant entre les ordures, les carcasses, les guerriers du camp pendant une petite minute, avant d'arriver chez Éclipse.

- Fait comme chez toi. L'invita le Dewin en leur servant de l'hydromel.

Il lui donna sa corne d'alcool et s'assied en tailleur près du feu.

- Mahra prévois de donner une fête pour votre victoire.

- Encore ?

- Ça occupe les hommes....

Il lui tendit des bandages, de quoi recoudre les plaies et un onguent à base de camphre.

- Et quand ?

- Dans deux nuits. Ça animera le début de l'hiver.

Grimm termina d'un trait sa boisson, se releva et sortit de la tente, lançant un vague " merci " et s'en retourna à sa trouvaille.

_____________________

Le crépitement d'un feu de camp la réveilla. Son esprit embrumé par la douleur et la fatigue lui donnait une image floue de l'endroit où elle se trouvait.

Quelques dizaines de secondes suffirent à clarifier sa vision et soulager son mal de crâne. Elle était allongée sur un monticule de peaux de bêtes mal tannées, puant les relents de fauve, au centre d'une pièce qui lui était inconnue, réchauffée par un brasero, près d'un tas de barbaque pourrissant depuis des lustres.

Un bandage enserre sa poitrine et ses flancs, du sang encore frais les entache. On lui a retiré ses vêtements, qui sont empilés dans un coin. La jeune femme se lève avec quelques difficultés, portant la main à son flanc. La plaie, bien que profonde et mal placée, s'était refermée. Mais cela n'atténuait nullement la douleur.

" J'ai soif... Je veux de la viande... "

La faim la fait se traîner près de l'entrée de la tente lugubre, a l'aide d'un étrange sabre, qu'elle avait ramassé sur un présentoir en chemin.

Les tentures s'écartent brusquement devant elle, laissant apparaître une masse noire d'os et de fourrure. Prise de panique, l'humaine s'écroule au sol, lâche sa canne, les yeux rivés sur le monstre.

Ses yeux voient une tête de démon aux mâchoires hérissées de dents effilées. Des orbites pleurant un sang gras, dénuée de toute chair, couronnée de deux cornes démesurément longues, gravées de signes, de dessins rudimentaires, un roncier de crinière emmêlée, descendant sur des épaules voûtées, osseuses. Des fourrures mitées, arrachées à même l'animal, couvrent le reste d'un corps qu'elle ne peut pas distinguer, mais qu'on devine taillé pour tuer.

Il se baisse, sors des mains étonnement fines des fourrures qui l'étouffent. Des mains rattachées à des bras humains. La peur s'atténue, pas la méfiance. Elle recule brusquement, rouvrant ses blessures. Un cri s'échappe de sa bouche, alors que la douleur la mord profondément sur le côté droit.

- Hey, hey, du calme, je vais pas te bouffer.

La voix grave et tiède qui sors du démon la fait douter. C'est un homme qui lui parle, alors que c'est un monstre qui se tient devant elle. La fille ne répond pas.

Il se rapproche, bougeant à la manière d'une bête. Sa tête se tourne vers le sabre, reviens vers son visage. Il souffle. Ses mains saisissent l'objet, le dégaine à demi de son fourreau, laissant entrevoir une lame nervurée de noir et rouge. Il le rengaine.

- Ça fait mal hein ?

Elle lui adresse un regard ahuri, effrayé. Sa voix est devenue froide, menaçante. Il se relève, approche sa tête aux orbites vides au plus près de son visage. Entre les trous de ses mâchoires, elle distingue de la chair humaine. C'est un masque.

Le monstre dégaine lentement son arme devant son regard effrayé. La voir comme cela l'amuse. Grimm rapproche le fil de la lame du cou de l'humaine.

- Ce n'est pas un jouet....

Le monstre fait luire les veines rouges de la lame avec les flammes du brasero.

- Himminin pourrait t'arracher la tête sans même que j'aie besoin de lui en donner l'ordre. Il effleure l'alliage de métaux du bout des doigts, laisse passer quelques secondes. Il serait dommage de trancher une si jolie gorge...

La bête se retire, lève sa garde et s'accroupit devant elle, rengainant Aogreinnahiminnin.

- Ne t'avise plus jamais de toucher à ce sabre. La menace-t-il.

Grimm s'en retourne poser son arme sur le présentoir en os, se dirige vers le panier qui contient des bandes, du fil et des aiguilles en arêtes de poisson.

- Tes plaies se sont rouvertes avec tes mouvements.

Il repart chercher un sceau d'eau. Il en verse dans un petit chaudron sur le feu, s'accroupit près de celui-ci, remet des rondins sur les braises. Son masque se tourne vers la silhouette de la jeune femme. Elle est nue.

- Vas te rallonger.

Elle essaye tant bien que mal de se tenir sur ses jambes, mais les muscles ne peuvent pas supporter la douleur de ses plaies. Elle s'écroule.

" Tu fais pitié à voir... " Pense Mephisto. Il la détaille un peu plus alors que ses mains préparent instinctivement le fil pour recoudre la plaie. Quand on appartient à la horde, on se soigne seul. Grimm a l'habitude de refermer ses propres blessures.

Son corps amaigri par plusieurs jours sans nourriture montrait d'anciens signes de maltraitance. Un ruisseau de cheveux sales, gras et épais couvraient son poitrail bandé, un abdomen musclé pour une femelle, dissimulé par une fine couche de graisse lui donnent une silhouette généreuse, des hanches larges, des formes harmonieuses.

Il finit par jeter une peau de bête sur ses flancs. Elle lui adresse un regard endolori, hargneux et compatissant. Un étrange mélange d'émotions qui donnent à sa face une expression indéchiffrable.

En haut de sa cuisse, un tatouage. La Vague Faucheuse. La marque avait déjà attiré la curiosité de la furie. Celle que portait son père Black Dog sur la hanche. Celle que portait sa mère à l'épaule gauche. La marque de Spirit Lord.

- Tu appartiens à Spirit Lord?

Elle ne répond pas. Elle n'a pas envie de répondre.

L'autre se lève, ayant fini de préparer ses aiguilles. Il s'agenouille près d'elle, elle amorce un mouvement de recul, mais le démon l'arrête de la main. Shirô sort de sous ses peaux le flacon de pommade anesthésiante, en prends des deux doigts.

De l'autre main, il tente de défaire les bandages de la jeune femme. Celle-ci l'arrête brusquement en saisissant fermement son poignet.

- Lâche moi.

- Que fais-tu?

C'est la première fois qu'il entend sa voix. Plus haut perchée que celle des guerriers, plus légère, agréable à entendre, mais pas moins agressive.

- Je retire tes bandes. Faut recoudre tes plaies.

Sa face pour le moins crispée se tordit dans un rictus presque risible a l'entente de ces quelques mots.

Elle le laissa faire, et retirer les pansements de la main gauche par des gestes courts, rapides, précis. Mephisto a l'habitude. Il commence à appliquer l'onguent, qui arracha à la jeune femme un grognement de douleur.

- Ton nom?

- Et le tient ?

- Quel intérêt à nommer la créature qui se trouve sous ce masque et ces peaux? Tu ne t'adressera qu'à une moitié de mon être. Nos noms sont employés en de rares occasions, par le sang de notre sang, notre cœur, nos mentors. Ceux qui ont vu nos visages.

- Alors comment appeler le monstre et l'homme?

Shirô ricana. Elle est loin d'être idiote.

- Le monstre se nomme Himinnin, l'homme se nomme Shirô. Le démon se fait appeler Mephisto Grimm.

- Alors je m'adresse à Grimm ?

Il hocha la tête. Du premier coup, elle avait adopté quelques codes simples des Sans Visages. La notion de nom, leur appartenance à un cercle de guerriers vivant en autarcie, l'intégralité des monstres à la nature démoniaque.

- Alors tu parles à Yumi Marche-brume.

La furie posa deux doigts sur l'emplacement du cœur de l'intéressée, la saluant selon les codes.

- Bróðir minn.

Elle l'interroge du regard. Ses yeux d'un vert émeraude encore laiteux se posant sur le crâne de Grimm. La jeune femme posa à son tour deux doigts hésitants sur le cœur du monstre.

- Je suppose que je ne suis pas sensée répéter tes mots.

- Est-tu des nôtres pour un temps?

Mephisto laissa passer un blanc, le temps qu'elle comprenne le sens de ces paroles.

- Alors dis-le nous.

- Bræður minn.

Reapers, partie 4 - Bræður minn - fin.

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