Chapitre 3

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  Mon appel désespéré resta sans réponse. Quelle heure était-il, donc ? Je tirai ma montre, mais je n'avais point d'allumettes. J'écoutai le tic-tac léger de la petite mécanique avec une joie inconnue et bizarre. Elle semblait vivre. J'étais moins seul. Quel mystère ! Je me remis en marche comme un aveugle, en tâtant les murs de ma canne, et je levais à tout moment mes yeux vers le ciel, espérant que le jour allait enfin paraître ; mais l'espace demeurait noir, tout noir, plus profondément noir que la ville.

Quelle heure pouvait-il être ? Je marchais, me semblait-il, depuis un temps infini, car mes jambes fléchissaient sous moi, ma poitrine haletait, et je souffrais horriblement de la faim.
Je me décidai à sonner à la première porte cochère. Je tirai le bouton de cuivre, et le timbre tinta dans la maison sonore ; il tinta étrangement comme si ce bruit vibrant eût été seul dans cette maison. J'attendis, on ne répondit pas, on n'ouvrit point la porte. Je sonnai de nouveau ; j'attendis encore, rien.

J'eus peur ! Je courus à la demeure suivante, et vingt fois de suite je fis résonner la sonnerie dans le couloir obscur où devait dormir le concierge. Mais il ne s'éveilla pas, et j'allai plus loin, tirant de toutes mes forces les anneaux ou les boutons, heurtant de mes pieds, de ma canne et de mes mains les portes obstinément closes.

Et tout à coup, je m'aperçus que j'arrivais aux Halles. Les Halles étaient désertes, sans un bruit, sans un mouvement, sans une voiture, sans un homme, sans une botte de légumes ou de fleurs. Elles étaient vides, immobiles, abandonnées, mortes !

Une épouvante me saisit, horrible. Que se passait-il ? Oh ! Mon Dieu ! Que se passait-il ?
Je repartis. Mais l'heure ? L'heure ? Qui me dirait l'heure ? Aucune horloge ne sonnait, ni dans les clochers ni dans les monuments. Je vais ouvrir le verre de ma montre et tâter l'aiguille avec mes doigts. Je tirai ma montre... elle ne battait plus... elle était arrêtée. Plus rien, plus rien, plus un frisson dans la ville, pas une lueur, pas un frôlement de son dans l'air. Rien ! Plus rien ! Plus même le roulement lointain du fiacre, plus rien ! J'étais aux quais, et une fraîcheur glaciale montait de la rivière. La Seine coulait-elle encore ?

Je voulu savoir, je trouvai l'escalier, je descendis... Je n'entendais pas le courant bouillonner sous les arches du pont... Des marches encore... puis du sable... de la vase... puis de l'eau... j'y trempai mon bras... elle coulait... elle coulait... froide... froide... froide... presque gelée... presque tarie... presque morte.

Et je sentais bien que je n'aurai plus jamais la force de remonter... et que j'allais mourir là... moi aussi ; transi de faim, de fatigue et de froid.

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