XIV : Alternatives magiques

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Chronologie :

2 mai 1998 : Bataille de Poudlard

31 décembre 2001 : Mariage de Ron et Hermione

26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny

20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique

17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter

04 janvier 2006 : Naissance de Rose Weasley

25 juin 2006 : Naissance d'Albus Severus Potter

Période couverte par le chapitre : 23 janvier – 12 avril 2008

Ce ne fut que trois mois après que Harry eut fait la démonstration de la nouvelle technique à ses collègues que les Aurors eurent l'occasion de présenter devant un tribunal la preuve constituée par une empreinte magique.

Eleanor Branstone, de la même promotion que Harry, et son partenaire Chad Yodel eurent à enquêter sur le cas d'un homme dont la fille s'inquiétait de le voir devenir agressif à son égard. Elle avait contacté les autorités car elle se demandait s'il n'avait pas été mis sous l'emprise d'un Imperium par sa gouvernante.

Un examen médical démontra que le père n'était pas sous l'influence d'un Impardonnable, mais d'une série d'Oubliettes qui lui avait fait méconnaître sa famille. Ainsi, il n'avait plus le souvenir de sa femme décédée l'année précédente et sa fille était devenue une étrangère pour lui. Il était sur le point d'épouser sa gouvernante qui, dans son esprit amputé, était la seule qui se souciait de lui et lui soit dévouée.

La domestique nia avec vigueur. Elle soutint que c'était la fille, jalouse de la voir occuper une place prépondérante dans le cœur de son père, qui avait voulu la transformer en inconnue aux yeux de son employeur. Le sort avait dû être lancé maladroitement et ne pas effacer les souvenirs désirés. Toujours selon la gouvernante, la descendante tentait maintenant de rattraper son erreur en faisant porter le chapeau à celle qu'elle considérait comme sa rivale. Chacune des deux femmes s'en tenant à sa version, Eleanor et Yodel les départagèrent en utilisant le Prehendo Magiam.

Au procès, Yodel, que cette enquête avait définitivement acquis aux nouveautés introduites par Harry, fit une démonstration de la technique de relevé d'empreinte magique. Il en expliqua le principe, montra comment on pouvait comparer les fluides colorés qui matérialisaient la personnalité magique des sorciers qui avaient lancé les sortilèges.

Ensuite, il présenta la mouvance violacée qui avait été extraite de la domestique. Son employeur quant à lui était personnifié par une couleur orange, entourée d'un halo dont la nuance était la même que celle de l'aura de la gouvernante. La descendante de la victime était complètement mise hors de cause par sa signature d'un rose profond.

— Nous savons que Mr Elkins a été soumis à des sortilèges d'Oubliette répétés, comme le médicomage qui a témoigné avant moi vous l'a expliqué, soutint Yodel en conclusion. Son aura montre deux couleurs bien distinctes, l'une qui est sa signature, l'autre celle d'une magie puissante qui s'attaque à la sienne. Et à qui appartient cette magie ? Son apparence est précisément celle qui caractérise Mrs Leach, la gouvernante de Mr Elkins. Nous avons donc apporté la preuve qu'elle est bien la responsable des sortilèges jetés sur Mr Elkins.

La défense tenta de récuser l'idée même d'utiliser les empreintes comme élément probant avant d'en savoir davantage sur cette technique. Le représentant du ministère, qui soutenait l'accusation, proposa alors le témoignage de Kiely, l'artisan chercheur qui avait mis au point la technique. Les juges se montrèrent très intéressés et lui posèrent de nombreuses questions, propres à définir les avantages et les limites de son invention. Kiely y répondit de son mieux, démonstrations pratiques à l'appui. Les magistrats purent admirer leurs couleurs respectives et la manière dont les sorts qu'ils s'envoyaient entre eux pouvaient se détecter.

Quand tout le monde se fut exprimé, la cour se retira pour délibérer. Au terme d'une heure et demie de discussion, preuve que les juges avaient hésité à créer un précédent qui consacrait une nouvelle forme de preuve, la gouvernante fut déclarée coupable.

Harry avait tenu à être présent lors de l'audience. Il s'y était rendu avec Audrey, le visage transformé pour ne pas attirer l'attention sur lui, et tous deux avaient suivi les débats avec passion.

— Dites, vous pouvez raconter ce qui s'est passé à toute la brigade, demanda-t-il à ses collègues quand il les rejoignit une fois le verdict prononcé.

— Plutôt deux fois qu'une, assura Yodel rayonnant.

Harry était bien tombé. Yodel était d'un caractère expansif et il mit en scène le récit du procès avec talent. Le temps qu'il arrive à la conclusion, toute l'assistance était suspendue à ses lèvres, même ceux qui avaient mis en doute l'intérêt de la nouvelle technique avec le plus de vigueur. Il termina son exposé sous les applaudissements enthousiastes qui laissèrent espérer à Harry moins d'hostilité de la part de ses collègues envers les innovations en cours.

*

Le 13 février 2008, Roxane arriva dans le foyer d'Angelina et George. Le sourire de Molly, quand elle prit la petite contre elle, prouvait qu'après sept enfants et autant de petits-enfants sa capacité à s'émerveiller de chaque naissance ne s'était pas émoussée. Harry savait qu'elle aurait la même joie à accueillir les bébés qui grandissaient doucement en Hermione et Ginny.

Deux semaines plus tard, Hermione leur fit part d'un sujet d'inquiétude :

— Molly, avez-vous entendu parler de la nouvelle école qui s'est ouverte ? demanda-t-elle un dimanche à sa belle-mère.

— Oui, vaguement, répondit celle-ci en faisant passer le sucrier pour ceux qui avaient pris un café après le dessert. Ce sont des familles qui ont mis en commun leurs précepteurs, je crois. C'est une bonne chose, non ? Cela montre que nos idées ont fait leur chemin.

— D'après mes informateurs, ce n'est pas aussi simple, protesta Hermione. Tout le monde ne pourra pas intégrer cet établissement et ce sera payant, contrairement à vous.

— Ceux qui n'en auront pas les moyens ou qui ne seront pas acceptés pourront toujours venir chez nous, tempéra Molly.

— Ce qui nous inquiète ce sont les intentions de ceux qui ont eu cette idée. Pourquoi ne continuent-ils pas à donner des cours familiaux ou privés chez eux ?

— Parce que nous les avons convaincus de la supériorité d'une scolarisation plus précoce, proposa Molly.

— Je crains qu'ils ne visent la concurrence davantage que l'inspiration, indiqua Hermione.

— La concurrence ? Faire mieux que nous ? Alors il ne nous restera plus qu'à les copier à notre tour, plaisanta Molly.

Elle vit l'expression de sa belle-fille et demanda :

— De quoi as-tu peur, exactement ?

— Qu'ils cherchent à faire le contraire de ce que vous faites : endoctriner les élèves pour qu'ils méprisent le monde moldu, par exemple. Ou leur faire croire que la magie donne tous les droits et que les lois du ministère peuvent être contournées.

— Mais, ma chérie, ils n'ont pas besoin d'une école pour ça. Ils ont toujours transmis leurs valeurs à leurs enfants et tout ce que nous pouvons faire c'est espérer que l'enseignement de Poudlard leur ouvrira l'esprit et les amènera à réfléchir par eux-mêmes.

— C'est vrai... reconnut Hermione.

— Du point de vue des valeurs que tu défends, cette nouvelle école est une bonne chose : elle permet aux parents d'avoir le choix dans l'éducation de leurs enfants, ajouta Molly.

— Vous avez raison. Mais je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter quand même.

— C'est dur quand la liberté de penser va dans les deux sens, la taquina Ron.

— Je suis pour la liberté d'opinion, répondit Hermione à son mari. Mais je trouve justement que nous manquons de vrais échanges.

— Je ne sais pas ce qu'il te faut, s'étonna Ginny en montrant La Gazette qu'elle était en train de parcourir.

Hermione n'était pas la seule à s'inquiéter de l'évolution de la société. Les nouvelles lois que le ministère de la Magie avait mises en place depuis la fin de la guerre s'inscrivaient dans un mouvement profond de modernisation du monde sorcier. D'autres changements s'étaient peu à peu immiscés dans la vie de tous les jours.

Ainsi, au cours des années passées, des objets d'inspiration moldue étaient apparus. Des techniques inédites pour produire du papier avaient été mises au point par la guilde des Imprimeurs et, désormais, ce support était fréquemment utilisé dans la vie courante au lieu de se limiter aux livres et aux journaux comme auparavant. Des stylos avaient fait leur apparition. Plus pratiques à transporter et plus ergonomiques, ils rendaient inutiles les sorts de séchage pour éviter aux plumiers ou aux poches de se retrouver maculés d'encre : il suffisait d'utiliser le bouchon. Certains étaient en outre enchantés pour être auto-encrables et vérificateurs d'orthographe. Ceux-ci avaient fait fureur auprès des élèves de Poudlard qui en délaissaient leurs plumes classiques.

Sur le plan vestimentaire, la guilde des Tisserands avait continué à évoluer vers une mode moins traditionnelle. On trouvait maintenant des vestes et des manteaux pour remplacer les capes. Une fois habitués à être plus étroitement serrés, les sorciers les plus modernes avaient apprécié la liberté de mouvement que ces tenues leur procuraient. Même les pantalons moulants avaient tenté une timide apparition ailleurs que sur le quai 93/4, pour l'instant uniquement dans le monde sportif. L'équipe de course de balai des Éclairs de Leeds l'avait adopté et, dans la foulée, avait gagné la coupe, ce qui constitua une excellente publicité. Mais, selon Ginny, si certaines équipes de Quidditch hésitaient encore, c'est parce qu'elles craignaient de perdre en panache ce qui serait gagné en vitesse.

La guilde de la Table n'était pas en reste : certains magasins s'inspirèrent du monde moldu pour proposer des bocaux contenant des plats tout préparés de fabrication sorcière. L'existence de l'école pour petits sorciers ayant fait son chemin, davantage de mères de famille continuaient à travailler et ces produits avaient beaucoup de succès auprès des jeunes couples.

Enfin, la guilde des Tournois et Ménestrels cherchait à mettre au point une version évoluée des appareils photographiques magiques qui se rapprocherait de ce que les moldus appelaient caméra. Ce n'était pas encore sur le marché mais cela faisait déjà couler beaucoup d'encre, notamment de la part des comédiens de théâtre qui étaient très divisés sur le sujet. Certains pensaient que l'arrivée de l'équivalent du cinéma dans le monde sorcier allait mettre leur art en péril, d'autres mettaient en avant la possibilité de rendre immortelles leurs meilleures interprétations.

La Gazette du Sorcier avait servi de tribune autant aux défenseurs du progrès qu'aux traditionalistes. Au cours des mois, les propos et les positions s'étaient radicalisés de part et d'autre et les échanges s'étaient faits de plus en plus vifs. Cela avait bien fait l'affaire du journal, qui avait augmenté ses ventes car la plupart des sorciers se sentaient concernés par ce débat de société.

— Ce que tu es en train de lire n'est pas une vraie discussion, répondit Hermione à Ginny. Pour des raisons commerciales, l'intérêt de ce journal est d'entretenir la polémique, pas de se montrer pédagogue ni d'expliquer les enjeux en se basant sur des faits et non des préjugés.

— Si tu as des idées à apporter, pourquoi ne les envoies-tu pas à La Gazette ? Elle te publiera comme les autres, suggéra Bill.

— Non mais tu as vu le niveau des arguments ? Je n'ai aucun intérêt à me fourvoyer là-dedans, cela ferait perdre toute crédibilité aux valeurs que je défends.

— Dans un autre journal, alors, proposa Fleur.

— Lequel ? Sorcière-Hebdo ? Pour ses lecteurs, je suis une femme adultère.

Le Chicaneur ? avança Ginny.

— J'ai beaucoup d'estime pour Mr Lovegood, contra Hermione, mais il est trop délirant ! Personne ne me prendra au sérieux.

— Eh bien, crée ton journal, conseilla Harry. Au moins, il sera exactement ce que tu veux.

— Tu plaisantes ? Tu crois qu'on lance un titre de presse comme ça ?

— Mais c'est ce que tu as fait quand tu as voulu faire connaître la vérité sur les loups-garous et les elfes de maison, non ? Tu as écrit des livres et tu les as fait publier.

— Xenophilius a accepté de les éditer pour moi. Je ne peux pas lui demander de m'aider à faire paraître un journal concurrent ! Et puis c'est une chose d'écrire un livre, une autre de rédiger des articles dans la durée.

— Refais un livre alors.

— Il faudrait pouvoir parler de toutes les nouveautés qui sortent au fur et à mesure. Ce n'est pas adapté, opposa Hermione.

— Tu crois que tu es la seule à pouvoir informer les sorciers sur l'évolution de notre société ? avança Angelina. Quand Harry et Ginny se sont mariés, les articles les plus intéressants et les plus documentés ont été écrits par des journalistes qu'ils avaient invités en tant qu'amis.

— Ils ont fait des articles de chroniques mondaines, c'est tout, protesta Hermione. Ce sont des textes déterminants pour notre société que je voudrais lire dans la presse, pas seulement ce que pensent nos copains. Et en tout état de cause, je ne peux pas à la fois travailler au ministère et être directeur de publication.

— Non, mais tu peux contacter des personnes que tu estimes pour la qualité de leurs articles et leur suggérer l'idée de créer un nouveau journal avec une ligne éditoriale progressiste.

— Je suis certain que cela pourrait plaire aux sœurs Patil, fit remarquer Harry. Elles se plaignent toujours qu'on les cantonne à des sujets qui ne les intéressent pas. Lee pourrait participer, aussi.

— Mais il faudrait trouver un financement, une presse, des bureaux...

— Les guildes pourraient être intéressées, proposa Ron. Toutes celles qui financent des nouveautés aimeraient qu'on en parle de manière moins polémique.

— Dans le monde moldu, le mélange de l'information et des affaires n'est jamais une bonne chose à long terme, grimaça Hermione. Si on dépend de ton argent, on ne pourra plus critiquer tes inventions. Or ce journal ne doit pas être inconditionnel pour tout ce qui est nouveau, mais servir de réflexion pour se limiter à ce qui est bon pour notre communauté.

— À toi de te débrouiller pour ne dépendre d'aucune guilde et diversifier tes sources de financement, conseilla Ron. Comme ça tu garderas ta liberté de parole.

— Je vais y réfléchir, capitula finalement Hermione.

*

Six semaines plus tard, Harry et Ginny furent conviés à la première réunion de travail organisée par Hermione. Après avoir posé leurs enfants au Terrier où Rose était déjà arrivée, ils se rendirent chez les Weasley-Granger où ils retrouvèrent de vieilles connaissances.

Les sœurs Patil, pour commencer, qui avaient l'air très excitées. Lee, les yeux brillants, se tenait à côté de son épouse Padma. Dennis Crivey avait également répondu à l'appel. Harry serra ensuite la main de Justin Finch-Fletchley. Il y avait en outre trois autres personnes que Harry ne connaissait que de vue ou pas du tout.

— Harry, tu as reconnu Daisy Hookum, je suppose, lui dit Hermione en lui présentant une femme d'une quarantaine d'années.

— Bien sûr, je suis enchanté de vous rencontrer enfin, répondit hypocritement Harry en se demandant frénétiquement qui était cette femme.

— Elle a accepté d'écrire pour nous des chroniques qui compléteront son livre Ma vie de Moldue, lui indiqua Hermione, lui donnant les informations dont il avait besoin.

— Fantastique, approuva Harry.

Hermione lui avait déjà parlé de cette sorcière qui avait vécu un an chez les Moldus en se passant de la magie et qui avait ensuite écrit un livre qui avait eu un certain succès.

— C'est un honneur pour moi de vous rencontrer, lui assura l'écrivaine. Si vous avez besoin de quelqu'un pour rédiger votre biographie, n'hésitez pas à faire appel à moi.

— J'y réfléchirai, éluda Harry.

Hermione tapa dans ses mains pour indiquer que la séance de travail allait commencer.

— Merci à tous d'être venus. Je vous ai tous contactés pour que nous évoquions la possibilité de créer un nouveau magazine de fréquence hebdomadaire, qui aura pour ligne éditoriale d'ouvrir le monde sorcier sur le progrès et donner à nos concitoyens une meilleure connaissance du monde moldu. Nos pages seront également ouvertes à ceux qui s'opposent à ces idées, dans le but de permettre un débat sain et de qualité sur ces choix de société qui nous concernent tous. Vous avez été sollicités car vous travaillez déjà dans la presse en tant que journalistes ou photographes, que vous avez publié des ouvrages allant dans le sens d'une ouverture sur le monde moldu, ou bien que vous êtes en position d'écrire des articles juridiques ou techniques propres à rassurer les sorciers sur ce qui se passe de l'autre côté. J'ai aussi convié Harry Potter, qui a accepté de financer cette aventure. Il s'est également offert pour rédiger le premier éditorial, dans lequel il expliquera pourquoi il soutient notre publication. Je vous propose d'examiner ensemble la formule que j'ai établie en me fondant sur les discussions que j'ai eues avec chacun de vous ces dernières semaines.

Elle posa des feuilles de papier sur la table et chacun se pencha dessus.

— Je pense que dans un premier temps, il serait prudent de nous conformer à une présentation classique, commenta Hermione. Il sera toujours temps de nous personnaliser plus tard, quand nous serons plus connus. Donc en première page, le titre du magazine et celui des principaux articles. En page trois, l'éditorial, ensuite le sommaire de nos rubriques.

Tout le monde l'écoutait avec attention, certains prenant même des notes.

— Je précise tout de suite que chacun de nos articles sera illustré par des photographies que Dennis Crivey a accepté de réaliser pour nous, poursuivit Hermione.

Le photographe sourit à la cantonade.

— Chaque numéro traitera à fond un sujet, sous la rubrique Dossier. Nous tenterons d'interviewer des personnes opposées à l'évolution de notre mode de vie et de recouper ce qu'elles diront pour vérifier si leurs arguments reposent sur des faits avérés. Nous pourrons aussi débattre des obstacles réels qu'elles objecteront. Notre but sera davantage d'offrir une analyse impartiale que de prouver à toutes fins que nous avons raison.

— Du vrai journalisme, quoi, soupira d'aise Padma.

— J'espère bien, lui sourit Hermione. Ce dossier sera sous ta responsabilité et celle de Lee. Ensuite, nous publierons une page Historique, dans le but d'exposer, semaine après semaine, que nous utilisons beaucoup d'objets inspirés du monde moldu et adaptés à notre culture : lave-linge, lunettes de vue, télescopes, photographies. Nous montrerons aussi comment nos propres inventions ont été exploitées par les Moldus, sans qu'ils ne soupçonnent notre existence. Jesper Forskare, qui travaille comme chercheur pour l'Artisanat magique, a accepté de prendre cette rubrique en main. Il sera aussi responsable de la rubrique Nouvelles techniques qui expliquera comment marchent les produits récemment mis sur le marché. Il fera éventuellement une fiche avantages/inconvénients par rapport aux équivalents plus traditionnels.

Forskare sourit timidement, visiblement impressionné de se retrouver en présence de trois héros de guerre.

— Ensuite, nous aurons une page juridique, poursuivit Hermione, que Justin, qui est avocat, prendra en charge. Il fera des articles de fond sur nos lois en vigueur. Il donnera également des conseils aux sorciers issus de famille moldue ou mariés hors du monde sorcier. Héritages, déclaration des enfants à l'état civil, tout ce qui intéressera ces familles sera abordé petit à petit. Il répondra s'il y a lieu aux cas concrets qui lui seront posés par les lecteurs.

— J'ai déjà commencé à rédiger des fiches, précisa-t-il.

— Parfait. Parvati assurera la rubrique Mode et travaillera aussi sur les dossiers. Pour les pages sportives, on va faire découvrir les sports moldus. C'est pour cela qu'Alasdair Maddock est parmi nous.

— Merci d'avoir pensé à moi, se réjouit le joueur.

Ginny avait raconté à Harry que Maddock avait essayé un jour de dribbler avec le souaffle comme si c'était un ballon de basket. À une autre occasion, il avait fait une tête avec la balle, comme un joueur de football. Ses excentricités avaient fini par lui coûter sa place de poursuiveur chez les Pies de Montrose et il travaillait maintenant dans un magasin de Quidditch sur le Chemin de Traverse. La Gazette du Sorcier l'avait surnommé le Moldumaniaque.

— Daisy tiendra une chronique qui parlera du monde moldu de façon thématique, pour que les sorciers se sentent moins perdus quand ils s'y rendent.

— Je vais développer des concepts que j'ai juste pu effleurer avec mon livre, expliqua la sorcière.

— On pourrait aussi demander à des conjoints moldus de nous raconter des épisodes de leur jeunesse, la façon dont ils ont rencontré leur époux sorcier et leurs premiers pas dans notre monde, proposa Parvati.

— Je rajoute la rubrique Témoignage, proposa Hermione. Elle est pour toi.

Tout le monde hocha la tête et Hermione nota l'idée.

— Pour finir, nous aurons une partie Courrier des lecteurs, poursuivit-elle. Cela nous permettra de montrer que nous sommes soutenus par des sorciers et de répondre à ceux qui nous critiqueront.

— Cela me paraît une bonne base, jugea Lee. De forme classique mais avec un contenu très novateur.

— Tu penses que cela a des chances de marcher ? demanda Harry.

— Aucune idée, admit Lee. Beaucoup de monde achètera le premier numéro pour se rendre compte de ce que l'on va traiter, mais je ne sais pas si le concept va plaire.

— Ça devrait attirer les jeunes et ceux qui ont de la famille moldue, non ? émit Ginny.

— Oui mais nous n'apprendrons rien à ceux qui vont régulièrement chez les Moldus, fit remarquer Lee. Et ceux qui font comme s'ils n'avaient que du sang sorcier ne vont pas vouloir attirer l'attention sur eux en lisant ce genre de magazine.

— Mais je suis d'accord pour dire que, dans un premier temps, ce sont les jeunes qui seront notre plus probable lectorat, continua Padma. C'est donc à eux que nous devons penser en choisissant notre mise en page.

— À ce propos, je n'aime pas l'idée de commencer avec une présentation classique, en profita Lee. Nous revendiquons la modernité et le refus des préjugés. Cela doit se voir du premier coup d'œil. Sinon nous aurons l'air de ne pas assumer ce que nous écrivons. Je penche donc pour le choix d'une couverture qui tranche complètement avec ce qui existe pour le moment sur le marché. Puisque nous ne serons pas lus par les plus classiques, pourquoi tenter de leur plaire ?

— Mais le but n'est-il pas de convaincre ceux qui sont le moins attirés par la nouveauté ? opposa Harry. Les autres sont déjà acquis à notre cause.

— On n'achète pas un journal pour y trouver le contraire de ses opinions, lui contra Parvati. Par contre, si nous offrons de bons arguments à ceux qui pensent comme nous, ils pourront les diffuser autour d'eux, et ce ne sera déjà pas si mal.

— Donc vous allez faire une maquette orientée vers les jeunes, résuma Hermione.

— Sauf si tu y vois un inconvénient.

— C'est vous les professionnels, reconnut Hermione. Je vous fais confiance. D'ailleurs, j'aimerais préciser tout de suite certains éléments me concernant. Je vous ai contactés pour vous soumettre l'idée de créer un nouveau magazine et j'ai réuni chez moi aujourd'hui tous ceux qui pourraient constituer une équipe pour le réaliser. Mais après cela, je ne m'occuperai plus de rien. Je pense que c'est incompatible avec ma fonction au ministère de la Magie, sans compter que je risque d'être très accaparée par un autre projet au moment où sortira le premier numéro, ajouta-t-elle en posant la main sur son ventre gravide. Vous serez donc complètement libres de faire ce que vous désirez et en assumerez l'entière responsabilité. Surtout Lee, qui s'est porté volontaire pour être directeur de publication et rédacteur en chef.

Le journaliste leva les mains comme pour demander l'arrêt d'acclamations inexistantes, ce qui fit rire l'assemblée.

— À ce titre, commença-t-il, je vais tout de suite aborder un sujet délicat, qui est notre financement.

Toute l'assistance se tourna vers Harry, en réponse au rôle qu'Hermione lui avait attribué au début de la réunion.

— Avant toute chose, indiqua Lee, je voudrais préciser que j'ai eu l'occasion de me pencher sur ce sujet pour La Gazette et que je sais que les principaux acheteurs d'espace publicitaires sont les guildes. Du coup, je m'interroge sur l'opportunité d'utiliser cette source de financement car nos sujets vont souvent traiter de ce que les guildes produisent et vendent. Que se passera-t-il quand on critiquera certains produits ou que nous reprocherons à certaines guildes de ne pas assez soutenir le progrès ?

— Certains mettront leurs réclames ailleurs, répondit honnêtement Ron.

— Tu ne ferais pas ça, Ron ! s'inquiéta Justin.

— En fait, ce n'est pas de mon ressort, expliqua le maître de guilde. Les publicités sont faites à la demande d'artisans particuliers qui n'ont pas tous les mêmes valeurs ni les mêmes priorités. En fonction de ce que vous direz, certains vous laisseront tomber mais cela peut plaire à d'autres.

— Tu veux te passer de cette source de financement ? demanda Hermione à Lee.

— Je m'interroge à ce sujet, avoua le journaliste.

— Il n'y a pas tellement de journaux donc peu d'espace publicitaire, développa Hermione. De ce fait, c'est vous qui êtes en situation de force et qui êtes en position de choisir qui pourra avoir accès à vos pages.

— À ce sujet, remarqua Ron, beaucoup de mes petits artisans déplorent que les prix pratiqués par La Gazette soient prohibitifs pour eux. Si vous leur proposez des tarifs plus raisonnables et favorisez les petites activités, vous vous ferez connaître à peu de frais par des centaines de personnes.

— Oui, comme ça, ça me va, convint Lee. Tout le monde est d'accord ?

Quand il eut récolté l'accord de tous les rédacteurs, Lee continua :

— Heureusement, les frais de fonctionnement devraient rester réduits. Vous avez tous accepté de travailler gratuitement le temps que l'affaire se lance et, par l'intermédiaire de Ginny, nous nous sommes entendus avec Mr Lovegood du Chicaneur. Il prêtera sa presse pour imprimer nos numéros aussi longtemps que nous en aurons besoin. Nous n'aurons qu'à amener le papier et l'encre et la faire marcher nous-même.

Passant outre les hésitations d'Hermione qui trouvait déloyal de requérir l'aide d'un journal dont ils pourraient devenir les concurrents, Ginny était allée voir le père de sa meilleure amie qui lui avait répondu : « Harry, Ron et Hermione peuvent me demander ce qu'ils veulent. Ils ont fait sortir ma Luna de chez les Malefoy, et je n'aurai pas assez de toute ma vie pour les remercier ».

Hermione avait continué à froncer le nez, mais Ron lui avait rappelé que Xenophilius n'avait pas hésité à les livrer au ministère en échange de sa fille. Le journaliste ne s'en souvenait peut-être plus suite au sortilège d'Amnésie qu'il avait accidentellement reçu, mais il avait malgré tout une lourde dette à leur égard.

— Ce n'est pas comme si nous en profitions pour nous-mêmes, avait ajouté Harry. Je suis certain que ce que nous projetons de faire n'est pas en contradiction avec ses valeurs.

Hermione s'était laissée convaincre.

— Le temps que nous atteignions notre vitesse de croisière, révéla Lee, Harry a généreusement proposé de nous prêter 5 000 gallions à taux zéro.

Tout le monde se mit à applaudir pour remercier le mécène. Harry tenta de limiter cette manifestation en secouant la tête pour assurer que ce n'était pas grand-chose, mais il fallut que Lee reprenne la parole pour mettre fin à ces témoignages de gratitude qui l'embarrassaient tant.

— Cependant, il faut du temps pour un journal avant de générer des bénéfices et il faut que nous trouvions d'autres sources de financement. C'est à nous de prendre notre magazine en main et de nous battre pour qu'il ait une chance de s'installer. Alors voilà ce à quoi j'ai pensé. Je propose que tous ceux qui écrivent régulièrement avancent un peu d'argent et prennent des participations dans ce journal. Quand nous aurons des recettes, on commencera par payer notre impression à Lovegood, puis par rembourser Harry. Ensuite, nous nous rémunérerons nous-mêmes pour nos articles. Dans l'hypothèse où on arrive à dégager des bénéfices excédentaires, on discutera entre nous de la façon de l'investir et, éventuellement, on emploiera d'autres personnes.

Il se tut laissant les autres méditer sur ce qu'il avait proposé.

— Que se passera-t-il si quelqu'un ne veut plus participer ? demanda Hermione après quelques instants de réflexion.

— Les parts ne seront pas cessibles, sauf à un autre membre de la rédaction, indiqua fermement Lee. Le but est que nous nous autogérions et que tous les journalistes aient une prise d'intérêt dans notre publication. Par contre, il est hors de question que des étrangers puissent mettre leur nez dans nos affaires.

— Les artisans montent régulièrement ce genre de coopératives pour mutualiser certains frais, commenta Ron.

— On n'a pas forcément beaucoup d'argent à donner, fit remarquer timidement Forskare.

— Comme je le disais, une fois les premiers frais acquittés grâce à l'avance de Harry, on n'a que le papier et l'encre à payer, le rassura Lee. Nous sommes huit contributeurs, ça n'ira pas chercher loin, ne t'en fais pas. Notre indépendance sera dans nos moyens.

Les chroniqueurs se consultèrent du regard et, les uns après les autres, témoignèrent leur accord.

— Vous pouvez aussi solliciter des souscriptions auprès de vos lecteurs, proposa Hermione. Nous ne sommes pas les seuls à vouloir soutenir l'ouverture sur le monde extérieur. Je vous conseille d'ajouter un article en ce sens.

— Oui, on ne sait jamais, approuva Padma, mais Harry eut l'impression qu'elle ne comptait pas trop sur cette forme de financement.

— Cette entreprise n'ayant aucune garantie de succès, les mit en garde Hermione, je souhaite que tous ceux qui sont journalistes fassent attention à garder leur place dans les maisons pour lesquelles ils travaillent actuellement. Dans la mesure du possible, utilisez des noms de plume inédits, je ne voudrais pas ruiner votre carrière.

— Ne t'en fais pas pour nous, la rassura Lee. On sait ce qu'on fait. Ça fait des années qu'on a envie de le faire, mais on ne trouvait pas de concept qui vaille le risque de perdre notre place. Maintenant, on sait où on va et on le fait pour nous, parce qu'on y croit !

— C'est la meilleure des motivations, admit Hermione.

— Dans une semaine, Padma, Parvati et moi devrions avoir mis au point une maquette détaillée et nous pourrons vous indiquer le sujet et le format de vos premiers articles. Nous présenterons le résultat final d'ici quinze jours. Puisqu'Hermione ne veut plus être mêlée à ça, je propose que ça se passe chez moi. Si des amis nous rendent visite juste ce jour-là, rien ne nous empêche de les utiliser comme cobayes pour soumettre notre travail en prélecture.

— Je note sur mon agenda, avalisa Ron. Le 26 avril, se retrouver par hasard près de chez Lee et Padma.

Tout le monde éclata de rire.

— C'est dommage qu'on ne puisse pas lancer le premier numéro pour les dix ans de la bataille de Poudlard, regretta Parvati. Ça aurait été de circonstance.

— En trois semaines, c'est impossible, confirma Lee. Mais la plupart d'entre nous sont invités pour témoigner de ce qui s'y est passé. Nous pouvons en profiter pour faire un peu de promotion. À ce propos, Hermione, tu ne crois pas que tu as oublié un élément fondamental ?

Hermione vérifia ses fiches mais secoua la tête :

— Je ne vois pas, assura-t-elle.

— Le titre, Hermione, c'est presque le plus important ! lui rappela Lee en levant les yeux au ciel.

Des rires fusèrent chez les participants.

— Alors, Hermione ? demanda Padma.

— C'est à moi que vous demandez ça ? s'étonna-t-elle. Vous savez bien que je suis nulle pour les noms !

— Hermione, nulle pour quelque chose, je n'aurais jamais imaginé qu'un tel concept soit possible, plaisanta Parvati.

— Quand on pense au S.A.L.E., c'est quand même plausible, reconnut Padma.

— Bon, quand vous aurez fini de vous moquer de moi, vous ferez des propositions, suggéra Hermione.

Les suggestions fusèrent de tous côtés :

Le Progrès !

Magie et Moldus !

Alternatives Magiques !

Inspiration Moldue !

Sorcier Moderne !

Ma vie chez les sorciers !

Hermione leva les mains :

— Merci, merci. Bon, maintenant on en a trop, comment on fait ? On vote ?

— On discute d'abord, lui proposa Lee. Je pense qu'il ne faut pas prendre de titre trop réducteur ou qui fasse peur. Magie et Moldus, Inspiration Moldue va faire croire que nous voulons nous rapprocher de la vie des Moldus, alors que ce n'est pas le but que nous recherchons, enfin si j'ai bien compris.

— Nous prenons acte de l'existence des Moldus autour de nous et n'hésitons pas à adapter leurs idées à notre convenance, mais nous restons des sorciers, séparés d'eux par la loi du Secret, confirma Hermione.

— Je n'aime pas Le progrès, fit Jesper Forskare, parce que la presse nous surnomme déjà les progressistes et que ça a acquis un côté extrémiste, dans l'esprit du sorcier moyen.

— Il reste Sorcier moderne, Ma vie chez les Sorciers et Alternatives Magiques, résuma Hermione qui avait toujours eu une excellente mémoire auditive.

Ma vie chez les sorciers ferait un excellent titre de livre, mais c'est trop long pour un titre de presse, jugea Lee. Désolé, Daisy.

La sorcière indiqua qu'elle retirait sa proposition.

— Pour les deux derniers, quelqu'un a une remarque à faire dessus ? demanda Hermione.

Personne n'en avait, alors on passa au vote.

— Sept voix pour Alternatives Magiques et six pour Sorcier Moderne, compta Ron qui avait l'habitude des scrutins à main levée.

Hermione reprit son verre de jus de fruits qu'elle avait reposé sur une petite table et le leva. Les autres l'imitèrent et ils s'écrièrent tous en chœur :

— Longue vie à Alternatives Magiques !

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Daisy HOOKUM : Ecrivit le best-seller Ma vie de Moldue, après s'être privée de magie pendant un an (Sorcière du Mois du site de JKR en juin 2006)

Alasdair MADDOCK : Poursuiveur des Pies de Montrose, fasciné par les sports Moldus (Gazette du Sorcier)

Alternatives Magiques : inspiré du magazine Alternatives économiques, mensuel français qui tente de parler de l'économie d'une autre façon (accessible à tous, même si vous n'y connaissez pas grand chose)


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