XV : Etre convaincant

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Chronologie :

2 mai 1998 : Bataille de Poudlard

31 décembre 2001 : Mariage de Ron et Hermione

26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny

20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique

17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter

04 janvier 2006 : Naissance de Rose Weasley

25 juin 2006 : Naissance d'Albus Severus Potter

Période couverte par le chapitre : 13 au 26 avril 2008

Au cours des semaines suivantes, l'équipe du futur journal progressiste travailla sur le numéro 0.

De son côté, Harry regretta de s'être engagé à écrire le premier éditorial. Trois jours seulement après la première réunion, il alla voir Hermione dans son bureau.

— Que dois-je mettre dans ce papier ? lui demanda-t-il.

— Je ne sais pas, c'est toi qui es supposé le rédiger, lui renvoya Hermione avec un sourire qui agaça prodigieusement Harry.

— Tu peux quand même me donner des idées ! insista-t-il.

Son amie se retirait de la rédaction du journal pour des raisons politiques, éthiques et familiales, mais c'était son projet. Elle avait choisi les intervenants et défini la ligne éditoriale. Il lui semblait naturel qu'elle décidât du contenu du premier article, même si c'était lui qui le signait.

— Enfin, Harry, tu as promis de le faire, lui rappela Hermione d'un ton patient.

— De mettre mon nom en dessous, corrigea Harry. Tu sais bien que les rédactions, ce n'est pas mon fort. Qu'aurais-je fait à Poudlard sans ton aide ?

Hermione ne se laissa pas attendrir :

— Tu t'es très bien passé de moi durant ta dernière année et tu as obtenu tes ASPIC par ton propre travail. Pff ! Tu es pire que Ron. Des fois, je me demande si son manque de confiance en lui n'est pas juste une inclinaison à la paresse qui ne veut pas s'avouer.

— Bon, bon, très bien, je vais me débrouiller, bougonna Harry vexé. Mais ne te plains pas si c'est mauvais.

— Ce sera très bon, répondit-elle avec assurance. Tu es trop perfectionniste pour ne pas y arriver.

C'est ainsi que Harry se retrouva le samedi après-midi suivant installé dans la bibliothèque du square Grimmaurd qui lui servait de pièce de travail. Une heure après, il avait soigneusement aligné ses plumes et stylos sur le cuir de son bureau, admiré avec quelle finesse Ginny avait accordé les attaches de rideaux en fils tressés à la couleur des voilages, au bois des meubles et aux lambris. Il avait contemplé la place Grimmaurd par la fenêtre et recensé le passage de treize voitures, quarante-six passants adultes et six enfants dont trois en poussette. Il avait également remarqué que le quatrième lampadaire en partant de la gauche avait la faveur des chiens du quartier.

Il finit par aller rejoindre Ginny qui jouait avec les petits au salon :

— Tu ne veux pas m'aider ? la pria-t-il d'une voix suppliante.

— Je ne suis pas le Survivant, moi ! rétorqua-t-elle sans arrêter de faire sortir des boules multicolores de sa baguette. Ce n'est pas à moi qu'on a demandé d'inaugurer cette nouvelle publication.

— Dis plutôt que tu n'as pas plus d'idées que moi, grogna Harry en reculant pour que James, qui tentait d'attraper les sphères irisées, ne lui marche pas sur les pieds.

— Comme quoi, ne pas être le Survivant est parfois un avantage, admit-elle sans une once de pitié. James, laisses-en un peu à ton frère.

— Tu es une femme cruelle, tu sais, lui lança Harry en récupérant à son tour une bulle qui était venue flotter sous son nez.

— Je sais. Tu m'as choisie pour ne pas perdre la main au cas où tu devrais reprendre du collier. La vie est dure pour les héros.

Elle envoya une autre bordée de bulles.

— Je ne serais pas opposé à un peu de compassion, fit-il remarquer.

— Tu es plus efficace quand tu te sens obligé de montrer le meilleur de toi-même, expliqua-t-elle en reportant son attention sur lui. Tu ne t'en rends pas compte, mais je fais mon possible pour t'aider, je t'assure.

Agacé, il retourna dans son antre en songeant que l'humour des Weasley était parfois pénible à supporter.

Il compta les livres de l'étagère la plus proche, dénombra les cent vingt-six cristaux du lustre – ou plutôt cent vingt-huit recompta-t-il pour vérifier. Il se demanda s'il ne devait pas recommencer une troisième fois pour en avoir le cœur net, avant de réaliser qu'il n'en avait rien à faire. Tout ce qu'il souhaitait, c'était d'en avoir terminé avec son pensum et passer à autre chose.

Finalement, enragé de se trouver enfermé par une promesse qu'il avait eu la faiblesse de se laisser arracher par sa meilleure amie, il décida de tout simplement indiquer pourquoi il était favorable à une ouverture sur le monde moldu. Si cela ne lui plaisait pas, Hermione pourrait toujours reprendre l'article en brodant sur ses arguments. Avec un peu de chance, ce serait tellement mauvais qu'elle ne lui demanderait plus jamais ce genre de service.

Il saisit son stylo et se lança. En un quart d'heure, il eut terminé. Sans se relire, de peur de tout déchirer et de se retrouver à la case départ, il plia la feuille de papier recouverte de son écriture et d'un certain nombre de ratures. Il monta d'un pas décidé à la volière qui se trouvait dans les combles pour charger son hibou de porter sa prose à Hermione.

— Tu as terminé ? demanda Ginny en le croisant dans l'escalier alors qu'il redescendait.

— Ouais.

— Je peux lire ?

— Quand le premier numéro sortira, lui rétorqua Harry qui n'avait pas retrouvé sa bonne humeur.

Sans se formaliser, sa douce moitié continua de son ascension en affirmant :

— Je n'ai pas l'intention de manquer ça !

*

— Harry ! Harry !

La voix d'Hermione l'arrêta dans son élan. Précédée par son ventre rond, elle se pressait pour le rattraper dans l'atrium du ministère, faisant tourner les têtes avec curiosité. Il l'attendit, ne voulant pas l'obliger à courir dans son état.

— Viens dans mon bureau, suggéra-t-elle un brin essoufflée.

Il la suivit dans l'ascenseur, puis dans le corridor qui menait à la pièce où elle travaillait. Il se demanda ce qu'elle allait lui dire. Son article était-il catastrophique ? Allait-elle le prier de le réécrire ? Il décida de refuser fermement. Il était hors de question qu'il doive se triturer une nouvelle fois la cervelle pour un exercice qui ne lui convenait pas.

— C'est brillant, Harry ! lança-t-elle dès que la porte se fut refermée derrière eux. C'est exactement ce dont on avait besoin pour faire comprendre quels sont nos objectifs !

— Tu crois ? fit Harry désarçonné. Ce n'est pas très long !

— Non, mais c'est percutant. Tu as une façon inimitable de t'exprimer, assura Hermione. Quelque chose qui est toi et que je ne peux pas copier. Je savais que tu serais excellent.

— Si c'est pour me demander un autre article... commença Harry méfiant.

— Ne t'en fais pas, je ne veux pas abuser de ton aide. Mais je suis quand même contente d'avoir insisté, car c'est exactement ce que j'espérais !

— Ah, bien, tant mieux.

— Ça t'ennuie si je recopie ton texte avant de l'envoyer à Lee ? Certains mots sont presque illisibles, justifia-t-elle avec tact. Il faut avoir une longue pratique de ton écriture pour deviner ce qu'il y a dessous.

— Pas de problème, fit Harry honteux de lui avoir expédié son brouillon. Tu pourras corriger les fautes d'orthographe, comme ça.

— Il est en effet possible que quelques erreurs d'inattention t'aient échappé, dit délicatement Hermione, en réprimant un sourire.

*

Comme prévu, le 26 avril, toute la petite compagnie se présenta chez Lee et Padma.

Solennellement, Lee dévoila le fruit de leurs efforts. La couverture leur arracha des exclamations enthousiastes. Le titre Alternatives Magiques s'étalait en un beau vert brillant sur un vert tendre plus clair. Dans le coin supérieur gauche, un petit sorcier, en chapeau pointu et robe traditionnelle rouges, tenait d'une main une baguette et de l'autre un stylo moderne. Sous le bandeau titre, les intitulés de rubrique étaient superposés sur un cliché représentant un bureau sur lequel se mêlaient plumes, parchemins, stylos et feuilles de papier multicolores.

— C'est magnifique, jugea Ginny. Ça donne envie d'acheter le magazine pour voir ce qu'il y a dedans.

— Sur les conseils d'Hermione, je me suis adressée à Iselda Belleplume, avec qui elle avait déjà travaillé pour ses livres, et je lui ai demandé de nous concevoir une maquette, expliqua Lee. Cela nous a coûté plus d'argent que prévu, mais je pense que cela vaut le coup.

— Ça change des journaux en noir et blanc que nous connaissons, apprécia Harry, en feuilletant son exemplaire et en constatant que la couleur s'étalait sur toutes les pages.

— On voit qu'elle a bien compris l'image que nous voulions donner, se réjouit Parvati.

— C'est vrai que ça en jette, considéra Lee. Bon, je vous laisse lire l'éditorial.

Le silence se fit tandis que les participants déchiffraient le texte de Harry qui sentit le trac lui tordre le ventre. Était-ce vraiment aussi satisfaisant que l'avait affirmé Hermione ? Il jeta un regard à son magazine et estima que, bien présenté et imprimé, cela avait une bien meilleure allure que sur le papier raturé qu'il avait envoyé à son amie :

Je suis un sang-mêlé

Je suis un sang-mêlé et je n'en ai pas honte.

Quelle que soit la façon dont vous pouvez qualifier ma mère, née-Moldue, issue de Moldus, sang de bourbe, je suis fier d'elle, comme je le suis de mon père. Ma mère et mes grands-parents moldus font partie de ma lignée, au même titre que les Potter.

Sachez que je fréquente toujours mon cousin moldu et que je passe de bons moments hors du monde magique. Mes racines et ces liens que j'ai entretenus ne m'empêchent pas de me sentir pleinement sorcier.

Je ne suis pas une exception. Plus de la moitié des sorciers ont des liens de famille avec des non sorciers. Il est temps d'ouvrir les yeux sur ce que nous sommes et de l'accepter. À quoi bon obliger les sang-mêlés à s'amputer d'une partie d'eux-mêmes pour être acceptés par la société magique ? Pourquoi refuser de voir le monde qui nous entoure ?

Je fais confiance à la communauté sorcière pour s'ouvrir à une autre culture sans se perdre, pour apprendre sans oublier, pour évoluer en restant fidèle à ses valeurs.

Je vous invite à observer sans préjugés, à discuter sans a priori et à évaluer avec objectivité les idées de ceux qui veulent avancer.

Harry Potter

— C'est parfait, approuva Parvati.

— Ça reflète tout à fait notre opinion, renchérit Padma. Comme vous pouvez le voir, pour ce premier numéro, nous avons écrit une sorte d'introduction pour expliquer ce que nous avons l'intention de faire en lançant cette publication.

Docilement, ils entreprirent de lire l'article qui se trouvait sous celui de Harry :

Pourquoi Alternatives Magiques ?

Pour certains sorciers, défendre nos valeurs consiste à se conformer à nos traditions et à nos coutumes. Pour eux, admettre que nous vivons entourés de Moldus est une trahison. Certains même vont jusqu'à refuser l'existence des sorciers dont la famille est démunie de pouvoirs magiques.

Mais est-ce conforme à notre histoire et à nos traditions ? Qu'en pensaient nos ancêtres ?

Merlin, Morgane, Cliodna, Hengist de Woodcroft, Gregory le Hautain, la reine Maëva, Godric Gryffondor, Helga Poufsouffle, Salazard Serpentard et Rowena Serdaigle, sont d'illustres sorciers dont les hauts faits sont relatés par nos cartes de Chocogrenouilles. Ils ont fondé Pré-au-Lard, formé de jeunes sorciers, inventé des remèdes, édifié une école de sorcellerie.

Des siècles plus tard, leurs noms résonnent en nous et nous les considérons comme notre patrimoine, le creuset de notre communauté, notre histoire collective. Or, nous avons tendance à occulter qu'ils ont vécu avant l'avènement de la loi du Secret et qu'ils ont, de ce fait, passé leur vie au milieu de Moldus.

Ils ont partagé leur quotidien, se sont inspirés de leurs coutumes, ont copié leur système d'éducation et leur organisation politique. Cela amoindrit-il leur œuvre ? En sont-ils moins sorciers pour cela ?

Comment pouvons-nous tourner le dos à l'immense source d'inspiration que constituent ces Moldus avec lesquels nous partageons le pays dans lequel nous vivons ? Eux aussi ont une histoire : ils ont bâti des empires, survécu à l'effondrement d'antiques civilisations. Comme nous, ils ont tenté de maîtriser la nature, de rendre leurs voyages moins longs et moins fatigants, de communiquer au-delà des distances, de se nourrir en toutes saisons, de se chauffer en hiver, de résister aux maladies.

Et ils y sont arrivés. À leur façon, sans avoir recours à la magie, de par leur ingéniosité et leur opiniâtreté. Il n'est pas question de copier aveuglément les Moldus. Simplement mieux les connaître et les considérer avec le respect qu'ils méritent. En apprenant à partager leur espace, c'est le nôtre qui sera démultiplié. Abattons les murs que nous avons construits autour de nous et ouvrons-nous à l'humanité !

Cette ouverture va amener de nouvelles idées chez nous. Notre défi est de décider ce qui est bien pour nous. Les pages de ce journal vous invitent à en débattre, à reconsidérer votre environnement et à relire notre histoire.

Nous vous offrons ce magazine pour vous permettre d'exposer vos valeurs et vos souhaits, pour définir une société moderne, adaptée à son temps et aux sorciers que nous sommes aujourd'hui !

Toute l'assemblée approuva cette profession de foi. Satisfait par l'accueil fait à l'article, Lee continua d'un ton enjoué :

— Ensuite, on a le sommaire puis deux doubles pages pour le dossier de la semaine. Le sujet que nous avons développé pour ce premier numéro est Plume ou stylo ?. On est allé interroger des sorciers dans la rue sur leurs habitudes d'écriture et on leur a aussi demandé s'ils utilisent du papier ou du parchemin. On a ensuite été voir les artisans qui produisent ces articles pour expliquer les procédés de fabrication.

Ils lurent le travail du couple de journalistes et trouvèrent la façon dont les arguments étaient présentés très intéressante. Les tenants des parchemins et de la plume exprimaient la sensation spéciale qu'ils ressentaient quand ils les utilisaient et leur préférence pour le résultat graphique. Leurs opposants arguaient du côté pratique de la finesse du papier et du caractère transportable des stylos. Côté artisans, il y avait une comparaison entre les coûts de fabrication, la facilité à trouver les matières premières, les spécifications de la confection et des enchantements appliqués sur les objets. Harry, qui ne s'était jamais posé toutes ces questions, apprit un certain nombre de choses sur ces objets courants, à sa grande satisfaction.

Ils déchiffrèrent ensuite la rubrique Histoire des techniques que le chercheur Jasper Forskare avait écrite. Le scientifique avait retracé l'histoire des transports chez les sorciers. Dans un premier temps, l'invention des balais volants et des cheminées reliées les unes aux autres avait conféré aux sorciers une véritable avance sur les moldus. Mais quand les Moldus s'étaient intéressés aux transports collectifs, la tendance s'était inversée et les sorciers avaient visiblement été inspirés par les diligences, les trains et, enfin, les autobus moldus.

— Une semaine sur deux, mon article traitera des avantages et des inconvénients d'une technique nouvellement mise au point, exposa Forskare.

Justin Finch-Fletchley avait rédigé sa première fiche juridique sur une comparaison entre l'état civil sorcier et moldu, montrant que les sorciers spontanés et les enfants de couples mixtes pouvaient voir leur identité établie des deux côtés.

— Je pense, moi aussi, alterner d'un numéro à l'autre, précisa-t-il. La prochaine fois, ce sera une explication sur le droit purement sorcier.

— Vas-tu parler de la réforme judiciaire ? demanda Harry.

— Oui, bien entendu.

— Tu devrais interroger l'instigateur du projet.

— St-John Bielinski ? Il est très pris. Je ne sais pas s'il acceptera de me répondre.

— Je vais lui envoyer un mot et le prier de te recevoir, s'engagea Harry.

— Tu le connais bien ? s'étonna Justin.

— Je le croise régulièrement de façon professionnelle, éluda le Survivant.

On passa ensuite à l'article de Daisy Hookum. Elle s'était penchée sur les moyens de communication chez les Moldus : le courrier, le téléphone à fil et portable, les courriels et enfin les forums et les conversations instantanées sur internet.

— Ça fait rêver, jugea Ron. J'espère que la guilde des Imprimeurs va mettre des chercheurs sur ce sujet. On a vraiment pris du retard !

Ils tournèrent la page pour lire la partie Témoignages. Padma était allée interroger le père de Seamus Finnigan qui racontait la façon dont son épouse lui avait révélé ses origines sorcières après leur mariage et ses premiers contacts avec le monde magique.

Ensuite, on arrivait à la mode, la rubrique tenue par Parvati. Elle mettait en avant le mélange des genres et présentait des croquis de robes sorcières agrémentées d'accessoires moldus. Le résultat parut très attrayant même à Harry, qui n'avait pas beaucoup de connaissances en la matière. Il vit que Ginny examinait les images avec attention et il se dit qu'il pourrait profiter de la nouvelle mode prochainement chez lui.

Sur la page suivante, Alasdair Maddock indiquait les grandes catégories des sports moldus et décrivait les règles de deux d'entre eux, le rugby et le cent mètres haies.

— Je veux montrer la diversité qui existe chez nos voisins, développa-t-il. Peut-être que cela fera des émules chez nous.

— Ensuite, il y aura le courrier des lecteurs, mais là, on a juste mis les coordonnées pour que les personnes qui veulent réagir puissent envoyer leur lettre, conclut Lee.

— C'est fantastique, s'enthousiasma Ginny. Je suis certaine que ça va marcher. C'est bourré d'informations intéressantes, c'est proche des préoccupations des gens et ce n'est pas racoleur comme Sorcière-Hebdo.

— On devrait peut-être ajouter des recettes de cuisine, proposa Harry en plaisantant.

— Si ça marche, on rajoutera plein de choses, promit Lee.

— Parfait, nous n'avons plus qu'à commencer l'impression. Je propose de lancer le premier numéro le mercredi 14 mai.

— Pourquoi le mercredi ? demanda Ginny.

— Aucun autre hebdomadaire ne sort ce jour-là, expliqua Padma.

— Et pourquoi le 14 ? insista Ron. Il ne faut pas deux semaines et demie pour imprimer cette maquette.

— Nous voulons que l'émotion qui fera suite à l'anniversaire de la bataille de Poudlard soit un peu retombée, justifia Lee. Ce titre est tourné vers l'avenir, alors que la commémoration appartient au passé. Ne mélangeons pas tout.

— Comment pensez-vous vous faire connaître ? s'inquiéta Harry.

Lee prit sur la table une feuille de papier qui faisait la moitié de la taille du magazine. On y retrouvait le bandeau de titre – avec la silhouette du sorcier – et en dessous était noté : Débats de société - Exprimez-vous sur des sujets d'actualité ! Quoi de neuf dans le monde magique ? Soyez un sorcier averti !

— Je vais faire imprimer ces tracts et nous allons profiter de notre prise de contact avec les artisans et les commerçants en vue de remplir nos espaces publicitaires pour leur demander de les afficher, expliqua Lee. J'espère éveiller la curiosité et amener les gens à essayer le premier numéro.

— C'est une excellente idée, apprécia Alastair.

— Ensuite, on tablera sur le bouche-à-oreille. Parlez-en autour de vous et soyez convaincants ! conclut le rédacteur en chef.

*

L'anniversaire de la bataille de Poudlard, qui avait peu à peu envahi les conversations et les médias sorciers les mois précédents, était maintenant imminent. Tous ceux qui avaient combattu à Poudlard avaient été approchés plusieurs semaines auparavant pour être inclus dans les festivités qui allaient marquer cette commémoration. Au début, Harry avait exprimé sa réticence à participer à une manifestation populaire, mais, comme lui avaient fait remarquer les membres de sa famille, il ne pouvait pas se soustraire à ses obligations.

— T'avais qu'à pas dégommer Voldemort, lui avait rétorqué Ron un peu brutalement quand le sujet fut abordé au Terrier la première fois.

— Il est important que tu dises publiquement à quel point tu approuves tous les changements qui sont intervenus durant les dix dernières années dans notre société, avait formulé plus délicatement Hermione. Tu es un modèle pour beaucoup d'entre nous.

— Tu vas gâcher la joie de tout le monde si tu restes dans ton coin, avait renchéri Ginny.

Peu à peu, le programme avait été dévoilé. Il y aurait une reconstitution des temps forts de la bataille par Christopher Perks, le marionnettiste auquel Harry avait fait appel pour l'affaire du petit garçon qui avait reçu un Sectumsempra, un tournoi amateur de Quidditch, une démonstration avec des dragons et un carrousel de chevaux ailés. Pour clôturer les festivités, un grand bal serait donné avec un spectacle de Feuxfoux Fuseboum à la clé.

— Ça va être sensationnel, leur avait dit George. On leur a fait un prix par patriotisme, mais on a quand même doublé notre chiffre d'affaires du trimestre.

Le ministère avait mis les guildes à contribution pour financer les trois jours de fête. Ces dernières avaient livré des prestations en nature, puis puisé dans leur caisse pour indemniser ceux qui avaient fourni le matériel et les produits alimentaires mis à disposition. Ron avait choisi de montrer l'exemple, et avait demandé en échange de sa livraison un prix sensiblement inférieur à celui pratiqué en magasin.

— Vos feux vont raconter la bataille comme à notre mariage ? s'était enquis Harry.

— Non, c'était une vision familiale que nous avions faite, et on ne l'a jamais commercialisée comme telle, lui avait indiqué Ron. La seconde version qu'on a finalement mise en vente a eu un gros succès et trop de personnes la connaissent pour qu'on puisse la présenter de nouveau. Ce qu'on a prévu pour le bal sera purement distrayant, mais on a donné ce qu'on avait de mieux.

— Et nous, on veut voir les dragons, avait coupé Victoire.

— Je vais faire mon possible pour vous réserver de bonnes places, avait promis Charlie.

Des conférences sur l'année des Ténèbres seraient tenues et toutes les personnes qui le désireraient pourraient déposer des souvenirs de cette période dans des Pensines, pour préserver la mémoire. Les offrandes seraient ensuite triées et vérifiées pour être conservées dans la bibliothèque de Poudlard où des chercheurs et les élèves du cycle supérieur pourraient les consulter.

On avait demandé à ceux qui avaient joué un rôle particulier dans la résistance ou la libération de partager une scène qu'ils trouveraient marquante ou significative. Tous ces moments seraient mis à la disposition du public qui pourrait les visionner pendant les trois jours de fête.

Ceux du clan Weasley qui avaient été sollicités avaient discuté entre eux de ce qu'ils allaient offrir comme témoignage :

— Moi, je pense montrer comment la bataille a réuni plusieurs races, avait déclaré Hermione. Les elfes sortant des cuisines avec leurs poêles à frire, les centaures envoyant leurs flèches sur les Mangemorts, le frère de Hagrid lançant des rochers.

— Moi je vais témoigner sur la résistance au ministère, avait indiqué Arthur. J'ai vu des collègues faire disparaître des dossiers et en prévenir d'autres que leur famille allait être arrêtée. Et toi, George, tu vas te souvenir d'une de tes émissions de Potterveille ?

— Non, c'est Lee qui racontera comment on en a eu l'idée. Je vais montrer les cours de Défense que donnaient Remus et Tonks aux anciens de l'AD qui venaient nous retrouver.

— Tout le monde va voir ce que mes parents ont fait ! s'était réjoui Teddy.

— Ils vont te voir aussi, avait soupiré sa grand-mère d'une voix attendrie et émue. Ta mère a continué jusqu'à ses huit mois de grossesse. Je me souviens que je l'avais suppliée de renoncer car j'avais peur qu'elle prenne un sort perdu de ses élèves, mais elle n'en faisait toujours qu'à sa tête !

— Et toi, Ron ? s'était enquis Molly.

— Je pense que je vais montrer le moment où Malefoy a essayé de nous capturer dans la Salle sur Demande pour nous amener à son maître et sauver sa peau, avait exposé Ron.

— QUOI ! avait glapi Hermione. Mais il n'en est pas question !

— Il a fait ça ? s'était exclamé Bill.

Harry avait réalisé qu'il n'avait jamais raconté cet épisode aux Weasley, excepté à Ginny.

— Ron, avait-il commencé, c'est supposé souder notre communauté, pas la diviser...

— Ha ha ! Vous y avez cru ! s'était esclaffé Ron. Je ne suis pas irresponsable. Non, je vais témoigner sur la résistance à Poudlard. Je vais repasser le moment où Neville nous a expliqué comment ça se passait au château, puis la façon dont nous avons été accueillis par les élèves qui se cachaient. Ensuite, je pense raconter comment ils ont demandé à Harry de prendre la tête du soulèvement. Mais j'éviterai de montrer qu'il a commencé par refuser, évidemment !

— Pourquoi tu as refusé, Harry ? s'était étonnée Angelina.

— Je n'étais pas venu pour ça, mais finalement, on a pu tout faire en même temps, avait éludé Harry qui n'avait pas envie de parler des horcruxes à sa belle-sœur même si elle était Auror.

Elle lui avait jeté un regard acéré, mais il lui avait opposé une expression ferme. Il y avait des éléments qu'il ne pouvait pas divulguer, il fallait qu'elle s'en fasse une raison.

— Et toi Arry ? avait demandé Fleur inopinément. Que vas-tu nous raconter ?

— Je pense mettre des souvenirs de Dumbledore m'expliquant ce qu'il faisait et me donnant des directives pour la suite. De Rogue aussi. Cela fait des années que je souhaite le réhabiliter mais je ne sais pas comment m'y prendre. C'est enfin l'occasion.

— C'est supposer nous souder, pas nous diviser, lui avait retourné Ron d'une voix ironique.

— Tu vas te mettre à dos tous ceux dont les gosses se sont pris des Doloris à Poudlard cette année-là, avait jugé Percy.

Harry avait haussé les épaules :

— Eh bien si ça les gêne, ils n'ont qu'à pas me demander de participer, avait-il rétorqué.

— Tu as raison, fais comme tu penses devoir le faire, l'avait soutenu Hermione. Si tu n'avais pas suivi ta conscience il y a dix ans, on n'aurait rien à fêter aujourd'hui.

Ron n'avait rien ajouté, mais il donna discrètement un petit coup de coude à Harry pour lui indiquer qu'il n'avait fait que plaisanter et qu'il comprenait ce qui le motivait. Harry lui signifia d'un clin d'œil qu'il savait pouvoir compter sur son appui.

Toute cette agitation avait amené la famille à raconter aux plus jeunes les évènements de la guerre et les actes de résistance que cela avait engendrés. Teddy, qui avait dix ans, et Victoire, qui en aurait tout juste huit le jour anniversaire, pouvaient être instruits dans les détails de ce qui s'était passé, des enjeux de la lutte et du rôle de ceux qu'ils connaissaient dans la libération.

Dominique, qui allait sur ses cinq ans, et Frederick, quatre ans et demi, eurent droit à une explication simplifiée sur les méchants qui avaient tué le papa et la maman de Teddy et les gentils qui les avaient mis en prison. James, Louis, Rose et Albus, qui avaient entre deux ans et deux ans et demi, assistèrent à la séance mais on ne sait trop ce qu'ils en retirèrent. La petite dernière de George et Angelina, Roxanne, était encore bébé et n'était intéressée que par l'heure des tétées et les câlins que lui prodiguaient ses parents et sa famille.

En répondant aux questions posées par les plus grands, Harry avait soudain songé que, dans tous les foyers sorciers, on devait être en train d'expliquer aux enfants comment Le Survivant avait mené la lutte et terrassé le Seigneur des Ténèbres. Et il en avait frissonné.

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Merlin : Sorcier le plus célèbre de tous les temps (Cartes des Sorciers célèbres)

Morgane : Aussi connue sous le nom de Morgana, cette Animagus capable de se transformer en oiseau était la demi-soeur du roi Arthur (Cartes des Sorciers célèbres)

Cliodna : Célèbre druidesse irlandaise. Elle était un Animagus oiseau. Elle découvrit aussi les propriétés de la rosée de lune (Cartes des Sorciers célèbres).

Hengist de Woodcroft : Chassé de son domicile par des persécuteurs moldus, Woodcroft se serait installé en Écosse où il fonda le village de Pré-au-Lard. Certains disent que l'auberge des Trois Balais serait son ancienne demeure (Cartes des Sorciers célèbres).

Gregory le Hautain : Célèbre inventeur médiéval de la pommade pommadante Gregory. Contemporain du Roi Arthur. A une statue le représentant à Poudlard (Cartes des Sorciers célèbres).

Reine Maëva : Sorcière médiévale qui forma de jeunes sorciers et sorcières longtemps avant la fondation de Poudlard (Cartes des Sorciers célèbres).


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