XVI : Partager ses souvenirs

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Chronologie :

2 mai 1998 : Bataille de Poudlard

31 décembre 2001 : Mariage de Ron et Hermione

26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny

20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique

17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter

04 janvier 2006 : Naissance de Rose Weasley

25 juin 2006 : Naissance d'Albus Severus Potter

16 mai 2008 : Naissance de Lily Luna Potter

28 juin 2008 : Naissance de Hugo Weasley

Période couverte par le chapitre : 02 – 16 mai 2008

Les festivités célébrant la chute des Ténèbres se tinrent du vendredi 2 au dimanche 4 mai 2008. Les Aurors y prirent part, non seulement en partageant les tâches de maintien de l'ordre avec la police magique, mais aussi comme témoins de ce qui s'était passé dix ans auparavant.

Clancy Pilgrim et Christopher Summers animaient un atelier sur ceux qui s'étaient enfuis à la campagne durant l'année des Ténèbres. Faucett assurait courageusement le devoir de mémoire en expliquant comment une grande partie des Aurors avaient obéi aux ordres émanant du ministre de l'époque. Il lançait une réflexion sur la notion d'ordres criminels et de désobéissance civique. Enfin, il évoquait les façons détournées que certains Aurors avaient adoptées pour prévenir les individus qui se trouvaient sur les listes des arrestations en expliquant que beaucoup de ses collègues n'avaient pu agir sans mettre leur famille en danger.

Un groupe de personnes soigneusement choisies représentaient les combattants de Poudlard. Les élèves qui étaient restés pour se battre étaient personnalisés par Neville et Lavande. Ceux-ci qui montraient fièrement leurs faux gallions de l'AD, soigneusement conservés depuis cette époque. La professeure McGonagall racontait comment elle avait activé les défenses magiques du château. Winky, remarquablement sobre, brandissait fièrement la poêle qu'elle avait utilisée à l'époque. Firenze avait accepté de sortir de sa forêt pour témoigner pour son peuple. Justin Finch-Fletchley était présent au nom des membres de l'AD qui s'étaient précipités sur place, et Surgis Podmore témoignait de l'action des membres de l'Ordre du Phénix. Enfin, des habitants de Pré-au-Lard et des parents d'élèves racontaient comment ils étaient venus en renfort pour l'assaut final. Parmi eux se trouvait le père d'Owen, à la grande fierté du partenaire de Harry.

Tous ceux qui avaient participé à la bataille avaient reçu un badge qui proclamait leur rôle dans la libération du monde sorcier. Les victimes des Mangemorts n'étaient pas oubliées : leurs familles avaient été contactées et avaient fourni des photos des disparus qui étaient exposées sur des panneaux. Les clichés pris par Colin Crivey durant les combats, que son frère Dennis avait envoyés, étaient également mis à l'honneur.

Des pavillons avaient été montés pour abriter les Pensines permettant aux visiteurs de voir les souvenirs préalablement transmis. Plus loin, on avait disposé des réceptacles pour qu'ils puissent y déposer les leurs. Ils seraient validés avant d'être rendus publics ultérieurement.

Sous un chapiteau se tenaient Harry et ses deux meilleurs amis. Ils devaient s'y trouver en permanence pour que chaque visiteur ait une chance de les voir et de leur serrer la main. Ron s'était inquiété pour Hermione, enceinte de sept mois et demi, mais celle-ci lui avait assuré qu'elle pourrait tenir le coup. Les trois héros avaient mis au point le récit de leur épopée, de façon à rester le plus près possible de la vérité sans révéler l'existence des Horcruxes.

Ils avaient décidé d'expliquer que le mage noir avait créé des objets pour augmenter son pouvoir. Ils narreraient qu'ils les avaient recherchés les mois durant lesquels ils avaient disparu. Cela justifierait leur incursion au ministère, leur intrusion à la banque des gobelins et, enfin, leur retour à Poudlard. Harry raconterait ensuite qu'il était allé rejoindre Voldemort dans la clairière, qu'il avait fait semblant de mourir pour ramener les Mangemorts vers le château et permettre leur arrestation, avant qu'il ne se charge de leur chef.

Harry avait beaucoup appréhendé ces trois jours, mais il les apprécia davantage qu'il ne l'avait anticipé.

Pour commencer, il revit des personnes qu'il connaissait et fut heureux d'apprendre ce qu'elles devenaient et d'admirer les enfants qui étaient arrivés dans leur foyer.

Ainsi, Harry reçut la visite d'une ex-joueuse de Quidditch, Valmai Morgan, qui s'appelait désormais Finch-Fletchley. Elle avait raccroché son balai après une carrière honorable et élevait maintenant les deux enfants qu'elle avait eus avec Justin.

— Je suis content de vous revoir, lui assura Harry en saluant la petite famille. Justin vous a transmis notre invitation à dîner ?

— Bien sûr ! répondit Valmai. J'ai hâte de retrouver Ginny. Je ne comprends pas comment on a fait pour se perdre de vue aussi vite.

— Vous avez été bien occupées toutes les deux, lui rappela-t-il en dévisageant les deux bambins qui l'accompagnaient.

— Oui, mais c'est dommage quand même, soupira la jeune femme. Il faut essayer de renouer plus durablement nos liens.

— Je suis certain que c'est ce dont Ginny a l'intention, affirma l'Auror.

Il eut ensuite la surprise de voir arriver Audrey Giordiano, venue avec sa sœur et son beau-frère. Emma et Stanley Gumboil furent ravis d'être présentés au Survivant. Harry n'avait pas tellement vu Audrey ces derniers mois et il n'avait donc aucune information sur les relations que la jeune femme entretenait – ou non – avec Percy. L'intéressé se faisait de plus en plus absent au Terrier le dimanche, au grand déplaisir de sa mère. Selon Ginny, c'était le signe qu'il se passait quelque chose dans sa vie sentimentale. Elle avait même affirmé trouver son frère moins grave qu'auparavant. Harry pensait que cela ne regardait personne d'autre que les intéressés, mais se gardait cependant bien de contredire sa femme, ne serait-ce que par égard pour ses huit mois de grossesse.

Ils laissèrent la place à Neville qui s'était échappé de son stand pour dire rapidement bonjour à ses amis.

— Tu me signes un autographe ? quémanda Ron en lui faisant un clin d'œil.

— Ne m'en parle pas, je ne sens plus mon poignet droit. Qu'est-ce que les gens vont en faire, je me le demande ! s'exclama-t-il à voix basse pour ne pas être entendu de ceux qui attendaient leur tour pour serrer la main des héros.

— Le ressortir pour montrer qu'ils y étaient et faire bâiller d'ennui leurs petits-enfants, répondit Ron sur le même ton.

Pierre Belléclair n'avait pas voulu rater la fête. Janice étant de service, c'est en compagnie d'Andromeda et de Teddy qu'il vint visiter la tente où se trouvait Harry.

— Quel monde ! fit-il remarquer. Je suppose qu'il y en avait beaucoup moins le fameux jour.

— Heureusement, on se serait marché sur les pieds, répondit Harry. Déjà que c'était la confusion entre les cris et les sorts qui volaient de tous les côtés.

Deux heures plus tard, une autre ancienne collègue de Ginny lui fonçait dessus :

— Salut Harry, lui fit Gwenog Jones, en lui tapant dans le dos. La vie est belle ?

— Ça pourrait être pire, convint Harry. Et toi ? Ça te plaît toujours d'écrire pour Balai Magazine ?

Selon Ginny, l'ex-batteuse avait la dent dure contre ceux qui avaient été ses adversaires, et ses jugements acides n'étaient pas passés inaperçus. Cependant, ses descriptions étaient justifiées sur le fond, il était donc impossible de taxer la chroniqueuse de malveillance ou de partialité.

— Ouais, c'est sympa de démonter la façon dont les autres jouent ! affirma l'incorrigible Galloise. C'est dingue, ces petits nouveaux qui rentrent dans les équipes et qui croient tout inventer.

— C'est pareil avec les aspirants Aurors, lui assura-t-il en riant.

Entre deux interlocuteurs, Harry aperçut Mondingus Fletcher. Il lui sembla que l'escroc se servait discrètement sur les tables qui vendaient des rafraîchissements et des souvenirs, mais il ne dit rien. C'était un jour de fête, et Mondingus, dix ans auparavant, en avait fait davantage que beaucoup d'autres pour que cette célébration puisse avoir lieu.

Harry salua aussi des personnes dont il avait fait connaissance au cours de ses enquêtes comme Meghan Wiggleswade, qu'il avait libérée de son kidnappeur il y avait déjà trois ans, ou l'épouse de Devlin Whitehorn, le fabricant de balais qui avait trouvé la mort dans son atelier quatre années plus tôt. Celle-ci était toujours trésorière de la guilde de l'Artisanat magique.

Plus tard, la devineresse Dione Pennifold vint à lui.

— Comme c'est étrange de me retrouver ici après toutes ces années, reconnut-elle. Cela fait bien quinze ans que j'ai eu mes ASPIC.

— Vos rêves ne vous y ramènent pas ? plaisanta Harry.

— Pas dernièrement. Mais dans un sens, je préfère. C'est abominable de voir ce qui peut arriver de mauvais à un enfant. Par contre, j'ai eu de jolies visions vous concernant.

— Oh ! Eh bien tant mieux, mais je crois que je préfère que cela reste une surprise.

— Vous avez raison. Il faut savoir vivre dans le présent, l'approuva-t-elle.

Harry ouvrit de grands yeux en voyant arriver Dudley avec Sarah qui tenait contre elle leur fils Markus, âgé de quatre semaines.

— En vadrouille dans le monde sorcier ? s'étonna Harry en serrant la main de son cousin.

Il avait lu que les sorts Repousse-Moldus seraient levés pour permettre aux conjoints non sorciers de se joindre à la fête, mais il n'avait pas pensé à inviter Dudley.

— Il paraît que c'est un évènement historique, sourit le Moldu. Sarah m'a affirmé qu'on ne pouvait pas rater ça.

— Ça aurait été dommage, convint Harry en saluant sa cousine par alliance et en se penchant pour mieux voir le bébé qui faisait une petite sieste.

— Ça m'intéressait aussi de me rendre compte de l'endroit où tu as été envoyé pour faire tes études, ajouta Dudley.

— Je crois que des visites du château sont organisées, lui indiqua Harry.

— Oui, nous avons pris des billets, lui apprit Sarah. J'ai hâte de lui montrer ma salle commune.

— Je ne suis jamais allé dans celle des Poufsouffles, réalisa Harry. Vous direz bonjour à la Grosse Dame pour moi.

Les professeurs et les élèves de septième année patrouillaient dans la foule pour vérifier que tout se passait bien et donner des renseignements sur l'emplacement des diverses activités. Des elfes – dont un grand nombre arboraient le badge attestant qu'ils avaient participé à la bataille – passaient également parmi l'assistance pour offrir des rafraîchissements gratuits et des bonbons aux enfants.

D'autres elfes étaient là en visiteurs. Harry vit se promener son employée Miffy en compagnie de son mari, le fringant Cracky. Quelques centaures se hasardèrent à sortir de la forêt, mais ils restèrent à l'écart de la foule, se contentant d'observer de loin. Par contre, Harry ne vit aucun gobelin. Il semblait que les relations entre les sorciers et leurs banquiers n'étaient pas assez détendues pour que ces créatures se sentent les bienvenues.

Lors de l'une de ses rares pauses, Harry s'approcha du capitaine Thruston qui surveillait l'assistance.

— Tout se passe bien ? demanda Harry.

— Oui, tout est calme.

— Quand est votre jour de repos ?

— Ce sera dimanche.

Les policiers, comme les Aurors, s'étaient tous vus accorder une journée de liberté sur les trois que durait la fête, mais ils étaient considérés comme d'astreinte et devaient être sur place pour intervenir si besoin était.

— Votre famille va-t-elle en profiter pour vous rejoindre ? s'enquit poliment Harry.

— Oui, tout à fait. À ce propos, je voulais vous demander... cela vous ennuierait-il si je passais dans votre tente avec mon épouse ? Elle meurt d'envie de vous rencontrer.

— Aucun problème. Moi, je suis occupé les trois jours, mais ma femme viendra avec les enfants vers quinze heures demain. Elle sera enchantée de faire votre connaissance, vu que j'ai eu l'occasion de lui parler de vous.

Le capitaine parut ravi et, à l'heure dite, Harry fut présenté à Mrs Thruston. Elle plut beaucoup à Ginny qui invita le couple à dîner deux semaines plus tard.

— On n'a plus une soirée de libre ce mois-ci, prévint-elle Harry quand le policier fut reparti avec son épouse. J'ai profité de l'occasion pour renouer avec tous nos amis et ils vont défiler à la maison, tiens-toi prêt.

— Tu as bien fait, avalisa Harry qui savait que Ginny étouffait parfois de rester au Square Grimmaurd avec les enfants.

Ils avaient plusieurs fois discuté de la reprise d'activité de la jeune femme, mais ils s'étaient décidés pour un troisième enfant. Ginny avait préféré attendre cette naissance avant de prendre de quelconques dispositions. Qu'elle lance des invitations pour sortir de la routine dans laquelle elle s'était engluée était une bonne chose.

Harry parla à beaucoup d'inconnus. Il s'efforça de répondre aux questions qu'on lui posait sur ses actes durant l'année des Ténèbres en s'en tenant à la trame qu'il avait élaborée avec ses amis. Il accepta également de bonne grâce de signer des centaines d'autographes, de serrer encore davantage de mains et même de se laisser photographier.

À sa grande surprise, un certain nombre de personnes vinrent à lui, non pas pour lui demander de raconter ses exploits, mais au contraire pour témoigner de ce qui leur était arrivé pendant cette triste période. On lui montra la photo de proches disparus dans la tourmente des Ténèbres et on lui narra les arrestations et les brutalités qui avaient été monnaie courante au cours de cette année-là. D'autres, enfin, lui indiquèrent comment l'idée que le Survivant continue à échapper aux Mangemorts avait représenté un espoir auquel ils s'étaient accrochés durant de longs mois.

En général, Harry évitait de penser à la décision qu'il avait prise de se sacrifier en allant au-devant de Voldemort. Il avait l'impression de ne pas mériter d'admiration pour cet acte, car il estimait que c'était les souvenirs soigneusement préparés par Dumbledore qui l'avaient poussé à agir comme il l'avait fait. Mais les récits que lui firent ses interlocuteurs ravivèrent sa mémoire et l'indignation qu'il avait éprouvée à l'époque en étant témoin des exactions de ceux qui œuvraient pour le compte du mage noir. Il se souvint aussi des sentiments cruels et inhumains qui animaient son ennemi et du dégoût que cela provoquait chez lui quand il se laissait envahir par leur lien mental.

Cela l'obligea à voir la vérité en face : il n'avait pas accepté de mourir uniquement parce qu'il croyait que son mentor l'avait manipulé. Il voulait à tout prix mettre fin à l'hégémonie des Ténèbres et libérer sa communauté.

Le choc fut rude pour Harry : oui, il s'était vraiment conduit en héros !

Cependant, son combat n'était pas terminé. Quand il avait déposé ses souvenirs pour les partager, il avait suivi sa conscience. Or celle-ci lui rappelait de temps en temps qu'il ne faisait pas beaucoup d'efforts pour faire connaître une vérité qu'il était pratiquement le seul à détenir : le rôle déterminant du professeur Rogue dans sa victoire sur les Ténèbres. Quand il avait réalisé l'importance qu'allait prendre la commémoration de la bataille de Poudlard pour les sorciers britanniques, il s'était dit que c'était une occasion à ne pas manquer.

Il n'avait cependant pas fondé de grands espoirs sur ce témoignage. Il espérait juste remettre en cause quelques a priori sur le professeur Rogue. Il n'avait pas prévu qu'une partie des personnes qui allaient venir le voir seraient auparavant allées dans le pavillon des Pensines et qu'elles allaient lui demander de confirmer ce qu'il avait montré dans ses souvenirs.

C'est ainsi qu'il passa autant de temps à justifier la conduite du précédent directeur de Poudlard qu'à répondre aux questions sur ses propres agissements. L'un de ses interlocuteurs, qui n'avait manifestement pas apprécié cette version, l'apostropha violemment :

— Je ne comprends pas que vous puissiez défendre un individu qui a lancé des Impardonnables sur nos enfants !

— Il ne pouvait pas s'opposer de front aux Carrow, expliqua patiemment Harry pour la cinquième fois de la matinée. S'il l'avait fait, il aurait été tué et n'aurait pas pu continuer à protéger discrètement les élèves comme il s'est efforcé de le faire.

— Il n'a protégé personne, s'entêta l'homme qui devait être le père d'un étudiant maltraité.

— Quand c'est lui qui infligeait les punitions, c'était de façon à mettre les élèves hors de portée des Carrow, le contredit Harry. D'ailleurs, aucun des autres professeurs n'a démissionné. Cela les rendait malades de voir ce qu'il se passait, mais ils savaient que s'ils partaient, ce serait encore pire.

— Oui, mais eux se sont battus pour empêcher Vous-Savez-Qui d'entrer dans le château, insista le père en colère. Alors que Rogue est allé rejoindre son maître, lui !

— Il n'avait pas le choix. Il lui restait quelque chose à faire pour m'aider et c'est parce qu'il a réussi à accomplir cette tâche que j'ai pu mener la mienne à bien, affirma Harry.

— Et quelle était cette tâche ? demanda son interlocuteur sans se laisser démonter.

— Me donner les dernières instructions du professeur Dumbledore. Il me semble que j'ai été bien inspiré de les suivre, vous ne trouvez pas ?

Il sentait qu'il ne convainquait pas l'homme, mais il ne pouvait faire mieux. Il avait livré ses souvenirs et il les avait expliqués autant qu'il était possible, sans révéler ce qui devait rester secret.

Harry serra la main de ceux qui la lui tendirent, signa quelques autographes et son public s'éloigna.

— Vous pensez vraiment qu'il a défendu les élèves ? fit une voix que Harry connaissait.

L'Auror s'aperçut que le professeur Brocklehurst avait fait partie du groupe de visiteurs avec qui il venait d'argumenter.

— Oui, j'en suis persuadé, assura-t-il. Quand Ginny et Luna sont allées chercher l'épée de Gryffondor dans son bureau, il les a punies en les confiant au professeur Hagrid, qui est un ami notoire de la famille Weasley. S'il avait réellement voulu les châtier, il les aurait livrées aux Carrow.

— C'est possible, admit l'actuel directeur de l'école.

— À ce propos, en profita Harry, j'ai remarqué que le portrait du professeur Rogue n'était pas parmi ceux des anciens directeurs. Il serait juste de l'y intégrer.

— Cela ne va pas ravir tout le monde, hésita Brocklehurst.

— Phineas Nigellus a été en son temps le directeur le plus impopulaire de Poudlard, et il a tout de même son portrait, plaida Harry.

— C'est exact, reconnut Brocklehurst en écartant les bras comme pour admettre sa défaite.

— Vous n'êtes pas obligé de commander un grand tableau, remarqua Harry. Ce n'était pas quelqu'un qui aimait attirer l'attention sur lui.

— Le problème c'est qu'il faut un artiste qui ait rencontré le modèle, opposa le directeur. Tous les autres ont fait faire leur portrait de leur vivant et Minerva m'a déjà conseillé de m'occuper du mien.

— Je connais un peintre qui a été élève en même temps que moi et qui pourra donc restituer la personnalité de Rogue, proposa Harry. Vous vous souvenez de Dean Thomas ?

— Cela me dit quelque chose, convint le directeur. Je le contacterai quand tout ceci sera terminé, conclut-il en montrant la fête qui battait son plein autour d'eux.

— Merci beaucoup, fit Harry qui se sentait satisfait d'avoir avancé sur ce point.

C'est avec soulagement que Harry et ses amis quittèrent la tente sous laquelle ils avaient reçu leur public durant trois jours. Ils auraient juste le temps de manger un morceau avant le début du bal. Ils se rendirent dans la Grande Salle où tous les organisateurs et les participants aux diverses activités proposées pouvaient se restaurer.

— Harry, Ron, Hermione ! s'entendirent-ils interpeller.

C'était Kingsley qui dévorait rapidement un sandwich en compagnie de sa secrétaire Mandy Brocklehurst. Ils s'installèrent en face de lui :

— Tout s'est passé comme prévu ? demanda Harry.

— Oui, les gens ont l'air contents de l'organisation, se réjouit le ministre de la Magie.

— De quoi être reconduit aux prochaines élections, plaisanta Mandy.

Kingsley avait fait sa première campagne électorale en décembre 1999, quelques mois après la bataille de Poudlard. Il avait été réélu sans réel concurrent cinq ans plus tard, juste après le mariage de Harry et Ginny. La prochaine échéance était pour la fin de l'année et ne serait peut-être pas aussi facile : avec toutes les nouveautés introduites dans la vie sorcière lors de son second mandat, des articles et des courriers de lecteurs mécontents se retrouvaient plus fréquemment dans les journaux. Selon Hermione, il faudrait que Kingsley reparte en campagne comme la première fois. Harry se demanda s'il devait lui proposer son soutien.

— Merci pour votre contribution, leur disait justement Kingsley. Votre disponibilité a été très appréciée.

— Je suppose qu'on peut se dévouer une fois par décennie, fit Ron grand prince.

— Si on peut faire autre chose, insista Harry, n'hésitez pas à nous en parler.

— J'ai cru comprendre que vous alliez encourager un débat plus équilibré en donnant la parole à ceux qui se réjouissent de ce que nous avons accompli. C'est déjà un grand service que vous me rendez, lui assura le ministre.

— Cela ne tournera pas forcément en votre faveur, remarqua Ron d'un air sérieux.

Lui-même avait encore un an avant de devoir se représenter devant ses électeurs.

— Si les sorciers ne veulent pas de ce que je peux leur apporter, je n'ai plus rien à faire au ministère, affirma Kingsley.

— Nous ne nous battons pas seulement pour vous, opposa Hermione. Il est hors de question de nous laisser débarquer comme ça !

Sous le regard étonné des quatre autres, elle précisa :

— Je ne parle pas de tricher, mais de faire notre possible pour convaincre nos concitoyens du bien-fondé de nos réformes.

— Tu m'as fait peur, ma chérie, feignit de défaillir Ron. Je me voyais déjà partir faire du camping sauvage avec deux enfants.

— Oh, mais comme tu as fait des progrès en cuisine, ce sera moins pénible, riposta son épouse.

— Vous avez entendu, King ? On est prêt à tout, conclut Ron.

— En attendant, intervint Mandy, je vous conseille de vous dépêcher de dîner si nous ne voulez pas rater le début du bal.

Ils s'y rendirent ensemble un quart d'heure plus tard. Ce furent les professeurs McGonagall et Brocklehurst qui s'élancèrent sur la piste en premier pour donner l'exemple.

Harry suivit un moment les circonvolutions des danseurs, confortablement installé à une des tables parsemées autour de la piste de danse, en compagnie de ses amis et de Ginny qui était venue les retrouver avec leurs deux fils et Rose dont elle s'était occupée durant les trois jours. James alla vite rejoindre les enfants présents qui s'étaient regroupés dans un coin pour se trémousser au son de la musique.

— Tu devrais aller danser, mon chéri, conseilla Ginny. Tout le monde va croire que tu fais la tête sinon.

— Toi aussi, Ron, renchérit Hermione impitoyable.

— Tu veux essayer ? proposa Harry à son épouse.

— Je ne préfère pas, j'ai peur d'être bousculée dans la foule, répondit-elle en regardant son ventre avec résignation.

Hermione déclina également l'invitation et les deux amis durent se chercher une cavalière. Ron offrit une danse à Mme Rosmerta et Harry jeta son dévolu sur Andromeda puis continua avec toutes les femmes de la famille, ses amies de Poudlard, ses anciennes professeures et ses collègues féminines. Ayant très chaud, il alla se réhydrater au bar qui était gratuit. Ce qu'il avait pris pour un simple jus de fruits s'avéra être légèrement alcoolisé. Au bout de plusieurs passages, il perdit quelques inhibitions et s'enhardit à inviter des cavalières qu'il connaissait moins : Penelope Deauclair-Meadowes, Mrs Thruston, Elaine Turpin – la traductrice du ministère –, Mrs Pritchard – qu'il était allé chercher auprès de son mari installé à une table –, les joueuses de l'équipe de Ginny, les épouses et petites amies de ses connaissances masculines...

À minuit, le spectacle pyrotechnique venant de la boutique de Ron et George illumina le ciel. Ce fut un déluge de lumière, de formes féériques, d'histoires courtes et amusantes racontées sous forme de croquis, de plaisanteries écrites par des cierges sur la voûte céleste. Considérant que les activités proposées durant les trois jours avaient suffisamment rappelé les évènements passés, les frères Weasley avaient opté pour le pur divertissement. Aux rires et aux cris de joie autour de lui, Harry jugea que c'était un choix judicieux.

Les danses reprirent ensuite de plus belle. Vers deux heures du matin, dans la bonne humeur générale, Harry se mit à danser avec les cavalières se trouvant près de lui au moment où l'orchestre entonnait une nouvelle mélodie. Il avait croisé certaines d'entre elles sous le chapiteau où il avait stationné durant les derniers jours mais d'autres lui étaient complètement inconnues.

À sa grande surprise, il apprécia énormément ces rencontres informelles. Entre le punch du buffet et la musique entraînante, il n'y avait pas de place pour la timidité ou l'embarras qui caractérisait souvent ses contacts avec les personnes qui ne faisaient pas partie de ses familiers. Chacun était là pour passer un bon moment, et la circonspection habituelle entre deux inconnus semblait être complètement abolie. Vers trois heures du matin, la musique se fit langoureuse, et Harry considéra qu'il était temps d'être plus prudent dans le choix de ses danseuses.

Ginny et Hermione avaient disparu depuis un bon moment avec les enfants. Il repéra Arthur et Molly qui, enlacés, semblaient être seuls au monde. Percy avait dû passer un certain nombre de fois au buffet, lui aussi, car il embrassait Audrey Giordiano avec passion près de l'orchestre. Charlie était hors de vue et Harry se demanda s'il était parti avec une de ses cavalières ou si, comme le prétendait Ginny, sa légèreté en ce domaine n'était qu'une apparence pour calmer les ardeurs matrimoniales de sa mère à son égard.

Luna, au centre de la piste, se trémoussait sur un rythme qui ne paraissait avoir aucun rapport avec la musique. Harry s'approcha d'elle et lui tendit la main en souriant.

— Je danserais bien une polka, répondit-elle à son invite.

— Je ne suis pas certain de savoir faire ça, regretta Harry.

— Oh, ce n'est pas grave, je vais te montrer. Allez, viens. Talon, pointe, pas d'polka ! donna-t-elle le rythme. Tu vois, ce n'est pas bien difficile.

Docile, Harry la suivit et ils coupèrent le chemin des autres danseurs en grands pas chassés, sur une mélodie qui n'existait que dans l'esprit de la meilleure amie de Ginny.

*

Les jours suivants, cette commémoration fut au centre de toutes les conversations. La plupart des sorciers y avaient fait au moins une apparition et, dans l'ensemble, ils étaient satisfaits de la façon dont cela s'était déroulé. Harry était conscient qu'il y avait une part politique dans ces louanges : c'était une manière pour les sorciers de prouver leur opposition au gouvernement des Ténèbres. Pour certains c'était légitime, mais pour d'autres c'était pour laisser entendre qu'ils avaient résisté alors qu'il n'en était rien, voire de faire oublier qu'ils avaient eu une indulgence coupable pour le régime de l'époque.

Comme l'avait indiqué Ginny, elle avait lancé beaucoup d'invitations et un dîner était organisé pratiquement tous les soirs au Square Grimmaurd. Cela représenta beaucoup de travail pour les elfes, et l'absence de Kreattur se fit sentir. Le vieil elfe avait une grande expérience des réceptions et, même s'il n'était plus très vaillant sur la fin, il donnait des directives avisées qui permettaient aux soirées de se dérouler sans heurts. Il y eut donc de petits contretemps, mais les Potter recevaient sans prétention et personne ne s'en offusqua.

Deux semaines plus tard, Alternatives Magiques fut mis en vente. Le matin, en se rendant à son travail, Harry fit un crochet pour en acheter un exemplaire qu'il déposa sur la table où les Aurors se ravitaillaient en thé et en café. Du coin de l'œil, il vit que, attirés par les couleurs vives, un bon nombre de ses collègues le feuilletaient en sirotant leur boisson chaude. On lui jetait des regards entendus en découvrant son nom sous l'éditorial.

De façon assez prévisible, Muldoon lâcha le magazine comme s'il l'avait brûlé dès qu'il comprit de quoi il retournait. Par contre, Chad Yodel et Ed Stroulger, que Harry avait vus évoluer suite à l'introduction des sortilèges d'identification, lurent attentivement le sommaire mais leur visage ne laissa pas paraître ce qu'ils en pensaient. Owen parcourut deux articles le temps qu'ils prennent leur café et commenta :

— Je m'disais aussi ! Ça faisait bien trois mois que tu n'avais pas proposé une nouveauté ! Voilà de quoi tu t'occupais.

— À ton avis, comment cela va-t-il être reçu dans les milieux traditionalistes ? l'interrogea Harry.

Owen réfléchit un moment avant de répondre :

— Dans d'autres circonstances, ça aurait pu passer inaperçu. Mais, entre les débats en cours et la prochaine désignation du ministre de la Magie, beaucoup vont le critiquer sans même l'avoir lu, car ils craindront l'appui que ce journal peut apporter à la politique actuelle.

Il vérifia qu'aucun de leurs collègues n'était à portée d'oreille et dit à voix basse :

— Tu es au courant que des factions isolées sont en train de s'unir pour tenter de renverser Shacklebolt ?

— Non, reconnut Harry. Mais je pense qu'il en est conscient, ajouta-t-il en se remémorant ce que Kingsley avait confié le soir du bal et la réponse qu'avait faite Hermione.

Ce qu'il avait pris pour des paroles en l'air était plus sérieux qu'il ne l'avait imaginé sur le coup. Dès qu'il le put, il se précipita dans le bureau d'Hermione et lui rapporta l'échange qu'il avait eu avec son partenaire.

— Nous avons bien compris tout cela, lui assura Hermione. J'ai longuement parlé avec Kingsley de l'impact que la sortie de notre journal aura sur la campagne. Malgré le risque de voir nos adversaires se radicaliser et s'unir contre nous, nous pensons qu'il est de notre devoir de donner aux sorciers une possibilité de poser clairement le débat : Quel monde magique pour demain ? Comment nous adapter aux techniques moldues qui rendent la loi du Secret de plus en plus difficile à appliquer ?

Présenté comme ça, Harry n'était plus aussi certain que ce journal était une bonne idée.

— Tu as des retours sur les ventes ? demanda-t-il à son amie.

— Pas encore, il faut attendre quelques jours avant de savoir si les gens achètent ou non. Je pense qu'on va sûrement passer par hasard chez Padma et Lee, le week-end prochain, pour en parler.

*

Harry ne se rendit pas à cette réunion. Le vendredi soir, Ginny commença à haleter en fin d'après-midi et elle décommanda Dean Thomas qui était invité ce soir-là. Harry fut alerté par cheminée et il arriva en hâte du ministère, juste avant Molly qui avait été appelée pour s'occuper de James et Albus.

— Allez-y vite, mes enfants, recommanda-t-elle à sa fille et son gendre. Pour un troisième, ça peut venir très rapidement.

Ginny, qui était en train d'embrasser ses fils, s'extirpa du fauteuil où elle était assise et prit la valise qu'elle avait préparée. Harry se souvint de leur premier départ pour l'hôpital. Ils étaient alors nerveux et le trajet s'était fait un peu dans la panique. Cette fois-ci, ils avaient l'impression d'avoir la situation en main et prenaient tout leur temps.

— À bientôt, les garçons, fit Harry. Je reviens vous voir dès que le bébé sera arrivé.

— Tu nous l'amèneras ? demanda James.

— Non, je t'ai déjà expliqué qu'il faudra attendre quelques jours pour qu'il puisse sortir. Mais on tâchera de faire en sorte que vous voyiez Maman le plus vite possible.

— Soyez bien sage, recommanda Ginny. Obéissez bien à Papi et Mamie.

Albus se mit à pleurnicher, mais Molly le prit dans ses bras et, le temps que Harry et Ginny prennent la cheminée, il était déjà calmé. Le couple arriva sereinement à Ste-Mangouste et ils se présentèrent à l'accueil. La réceptionniste, par contre, fut très impressionnée en les reconnaissant et partit en courant chercher un médecin à qui les confier. Une fois installée, il ne fallut que trois heures à Ginny pour mettre au monde une petite fille, dont la tête était couverte d'un duvet roux.

Harry n'avait pas eu à l'arrivée d'Albus la même vague d'émotion que celle qui l'avait soulevé à la naissance de James ; l'arrivée d'un premier né est un moment unique. Mais, comme pour le bébé grimaçant et rougeaud qui se tortillait à présent sur la poitrine de sa mère, il s'était senti rempli d'amour pour le nouveau venu.

— Ne pleure pas mon bébé, chuchotait doucement Ginny à sa fille en la caressant du bout des doigts. Papa et Maman sont là.

— Elle est adorable, chuchota Harry. Bonjour Lily !

Au matin, il laissa sa femme et son bébé, auprès desquelles il avait dormi, et alla chercher ses autres enfants chez Molly qui partit aussitôt rencontrer sa nouvelle petite-fille. Une fois au Square Grimmaurd, Albus demanda :

— Bébé ?

— Tu as fait une photo ? s'enquit James.

— J'ai mieux que ça, lui indiqua Harry.

Il les entraîna dans sa chambre et sortit sa Pensine. Il se concentra pour évoquer les souvenirs qu'il voulait partager avec les deux garçons puis les prit sur ses genoux pour les guider dans les volutes de brume. Il leur montra leur sœur, après qu'elle ait été lavée et habillée. C'est lui qui la serrait dans ses bras puis il la tendait à Ginny qui l'embrassait tendrement avant de la mettre au sein.

— Elle a drôlement faim, commenta James.

— Toi aussi tu étais vorace, se souvint Harry.

Il entraîna alors les garçons vers la naissance de James qu'il avait déposée dans la bassine de pierre quelques jours après l'arrivée de son aîné. Il lui montra la joie que lui et Ginny avaient éprouvée en l'accueillant et fit défiler la scène où Teddy avait fait la connaissance de son filleul. Ensuite, il passa à l'arrivée d'Albus. Il avait oublié à quel point il avait été heureux en découvrant la chevelure Potter sur la tête de son second fils. Que les traits distinctifs de son père soient transmis une fois de plus l'avait étrangement touché.

— On était tous petits, constata James.

— C'est normal, répondit Harry en ramenant les enfants au présent. Sinon, ce serait trop lourd pour maman de vous avoir dans son ventre.

— Bébé, redit Albus d'une voix satisfaite. Maman ? continua-t-il.

— Vous pourrez la voir cet après-midi et le bébé aussi, lui affirma Harry. Bon, là, papa ferait bien une petite sieste parce qu'il n'a pas tellement dormi la nuit dernière !

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Chat avec J.K. Rowling, 30 juillet 2007

o [Les membres de l'AD ont gardé les faux Gallions]. Ce serait comme des badges ou des médailles d'honneur – la preuve que le possesseur avait combattu Voldemort dès le début ! J'aime m'imaginer Neville la montrant à ses élèves admiratifs.

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J.K. Rowling au Carnegie Hall, 19 octobre 2007

o Certains m'ont demandé pourquoi le portrait n'y était pas apparu immédiatement. Il n'y est pas. La raison derrière cela est que le château lui-même et les personnes qui s'y trouvent pensent que, parce Rogue a si bien gardé son secret, qu'il a abandonné son poste. Tous les portraits que vous trouvez dans le bureau du directeur sont tous des portraits de directeurs et directrices qui sont morts alors qu'ils étaient encore en fonction, c'est comme les membres de la famille royale britannique. Vous n'obtenez de bonnes opinions de la part de la presse que si vous mourrez en fonction. L'abdication n'est pas acceptable, particulièrement si vous épousez un Américain. Je plaisante ! [Rires] Je divague. J'avais pensé à cela depuis longtemps, c'était très important pour moi, je savais que Harry aurait insisté pour que le portrait de Rogue soit sur ce mur, directement à côté de celui de Dumbledore. [Applaudissements] Quant à savoir si Harry retournerait à Poudlard pour lui parler, je pense, je ne suis pas sûre qu'il ait fait ça. (...)

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