XVII : La société des collectionneurs

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Chronologie :

2 mai 1998 : Bataille de Poudlard

31 décembre 2001 : Mariage de Ron et Hermione

26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny

20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique

17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter

04 janvier 2006 : Naissance de Rose Weasley

25 juin 2006 : Naissance d'Albus Severus Potter

16 mai 2008 : Naissance de Lily Luna Potter

Période couverte par le chapitre : 20 au 28 mai 2008

Harry n'ayant pu se rendre chez Lee et Padma pour le compte rendu du lancement d'Alternatives Magiques, c'est Hermione et Ron qui vinrent en famille voir les Potter, le lendemain du retour de Ginny avec Lily.

— Comment ça se passe ? demanda Hermione en montrant du menton les garçons qui jouaient avec Rose un peu plus loin.

— Rien à voir avec l'arrivée d'Albus, la rassura Ginny. Comme tu l'as constaté, James prend son rôle de grand-frère très au sérieux.

Quand les Weasley-Granger étaient arrivés, James avait saisi la main de Rose et l'avait entraînée auprès du berceau qui était dans le salon pour qu'elle dise bonjour à « sa sœur ».

— Et Albus ? s'enquit Ron.

— Très demandeur de câlins, répondit Harry, mais il en fait aussi beaucoup au bébé. Par contre, James n'est pas plus gentil avec son frère qu'avant.

La sourde hostilité de James envers Albus donnait des soucis à leurs parents. Il semblait bien que, malgré les deux ans écoulés, l'aîné n'ait toujours pas pardonné au cadet de s'être imposé dans son foyer. Punir James pour ses mesquineries envers Albus aurait encore ajouté à la difficulté qu'il ressentait à ne plus être fils unique. Harry et Ginny se sentaient souvent désarmés face à l'attitude de leur fils, d'autant que, par ailleurs, il était charmant et affectueux quand il n'était pas en compétition pour obtenir l'amour de ses parents.

Ginny faisait son possible pour donner à chacun d'eux toute l'attention dont ils avaient besoin. Elle se réjouissait que James aille au jardin d'enfants à partir du mois de septembre. Elle pourrait ainsi se consacrer totalement aux petits durant la journée et être à l'écoute du plus grand quand il rentrerait, en milieu d'après-midi. Peut-être qu'avoir une activité sociale non familiale l'aiderait à relativiser son besoin de solliciter sans cesse ses parents.

Elle tentait cependant de ne pas limiter son horizon à ses tâches maternelles, et avait pris très à cœur la sortie du nouveau magazine.

— Alors, ce journal ? questionna la jeune mère.

— Nous n'avons pas vendu grand-chose, reconnut Hermione. Mais d'après Lee et Padma qui ont laissé traîner leurs oreilles sur le Chemin de Traverse et à Pré-au-Lard, les gens en parlent pas mal. Ils ont même reçu quelques lettres d'encouragements et, encore mieux, des commandes d'espace publicitaire. La décision de proposer des prix plus bas que les autres publications est un bon investissement. Par contre, ils ont payé plein pot une page dans le Chicaneur pour que les lecteurs puissent commander leur second numéro et le recevoir par hibou.

— C'est une bonne idée la commande par correspondance, approuva Harry. Quels sont les sujets qui seront développés dans le numéro 2 ?

— Justin a suivi ta suggestion et a obtenu un entretien auprès de Bielinski. Il a fait un papier du tonnerre sur la réforme de notre système judiciaire. Ils auront fait leur possible pour que nos concitoyens en comprennent mieux le sens. Ils espèrent également que cela donnera lieu à du courrier, et que cela remplira leur rubrique Débats.

— Justin a eu la super idée de montrer comment l'ancien système avait aidé le gouvernement des Ténèbres à mettre notre société sous coupe réglée, sans même enfreindre les lois, précisa Ron.

— C'est bien d'avoir rapproché cette évolution de tout ce qui a été dit et écrit ces derniers temps avec la commémoration, apprécia Harry.

— Le Dossier portera sur les nouveaux vêtements, et confrontera l'opinion de ceux qui trouvent que les nouvelles coupes de robes sont indécentes et de ceux qui adorent la variété qui est maintenant proposée.

— La presse traditionnelle a-t-elle commencé à parler d'eux ? s'enquit Ginny.

— Pas encore, répondit son frère. Mais je ne m'en fais pas, cela ne va sans doute pas tarder.

*

La semaine suivante, il faisait nuit noire quand le poignet de Harry chauffa, l'arrachant au sommeil. À la lueur de sa baguette, il déchiffra le message qui s'était inscrit sur sa gourmette : le code correspondait à un mort, il y avait une adresse et les coordonnées de la cheminée la plus proche.

Il se leva, prit sa robe sur son valet et sortit de la chambre pour ne pas réveiller Ginny ni la petite Lily qui reposait dans son berceau contre leur lit. Il était à peu près correctement habillé quand il arriva dans la cuisine, où l'horloge lui apprit qu'il était près d'une heure du matin. Décidément, les gens n'avaient pas la décence de mourir aux heures de bureau !

Quand il parvint sur les lieux, un petit hameau sorcier, Owen y était déjà ainsi qu'un médicomage.

— Je viens d'arriver, lui indiqua son partenaire. J'ai juste eu le temps d'écarter les curieux et de constater que le médico a sans doute effacé toutes les pistes.

Quand Harry avait présenté les nouvelles techniques d'enquête, il avait négligé un élément important : bien souvent, lorsqu'un mort était découvert, les témoins appelaient Ste-Mangouste – au cas où on pourrait encore sauver la victime –, et le temps qu'un Auror se rende sur place, un guérisseur avait lancé des sortilèges pour tenter de réanimer le sujet ou confirmer son décès.

Ils en avaient pris conscience, quelques semaines auparavant, quand les Aurors avaient été alertés suite à la découverte d'une femme poignardée. Alicia Spinnet et Yann Plumpton, qui avaient été mis sur l'affaire, avaient récupéré une signature magique sur son corps, ainsi que des traces de stupéfixion.

Deux semaines plus tard, un suspect était arrêté, identifié grâce à un témoin qui l'avait vu quitter les lieux du crime. On avait retrouvé chez lui le couteau qui avait servi à tuer la victime et, devant toutes ces preuves, il avait rapidement avoué sa culpabilité.

Alicia avait relevé son empreinte magique et avait constaté, avec consternation, que l'émanation ne correspondait pas du tout avec celle qu'ils avaient prélevée sur le corps. Elle et son partenaire s'étaient précipités vers Harry pour lui soumettre leur problème. Il n'avait pu expliquer une telle divergence. C'est Primrose Dagworth, qui s'était rapprochée et avait ainsi participé à la réunion improvisée, qui avait posé la bonne question :

— Vous avez bien récupéré la signature avant de lancer vos sorts de repérages ?

— Bien entendu ! s'était offusqué Alicia. On n'est pas stupides.

— Mais qu'on est bêtes ! avait soudain compris Plumpton. Le guérisseur est arrivé avant nous sur les lieux. Il a sans doute utilisé sa magie pour certifier le décès et son empreinte a dû se mêler à celle de l'assassin.

Le guérisseur ayant confirmé cette supposition, Faucett et Harry avaient été voir le directeur de Ste-Mangouste pour lui exposer leur problème. Le guérisseur avait promis de faire passer le message auprès de ses médicomages pour qu'ils limitent leur intervention aux sorts de guérison s'il y avait lieu d'en donner. Malheureusement, certaines habitudes avaient la vie dure, et les pratiques médicales post-mortem n'avaient visiblement pas encore évolué dans le sens souhaité par les Aurors.

Un groupe d'une petite douzaine de personnes était agglutiné contre une des maisons, à quelques mètres d'eux et de la forme humaine allongée par terre.

— Vérifie qu'il ne reste pas d'indices et prend des photos, demanda Harry à son équipier. Je m'occupe des témoins.

En s'approchant du groupement, il repéra une femme en train de pleurer dans les bras d'une autre.

— Auror Potter, se présenta-t-il à la cantonade. Connaissez-vous l'identité du défunt ?

— Il s'appelle Mordaunt Ethelbard, le renseigna un homme. C'est sa femme qui est là, compléta-t-il en désignant l'éplorée.

— Savez-vous ce qui s'est passé ?

— Kathleen a mangé avec nous car son mari était encore à l'une de ses réunions. Elle est partie vers minuit pour rentrer chez elle, la maison juste là, et on l'a entendue crier. Alors on s'est précipités et on a vu ce pauvre Mordaunt. C'est moi qui ai vérifié qu'il n'y avait plus rien à faire et j'ai appelé l'hôpital. Je ne savais pas quoi faire d'autre, conclut-il d'une voix étranglée.

— Vous avez bien fait, commenta gentiment Harry tout en pensant que cela lui ferait des empreintes supplémentaires sur le cadavre. Merci pour votre témoignage.

Il s'approcha de la veuve qui sanglotait toujours.

— Excusez-moi, Madame, je suis l'Auror Potter et je suis là pour déterminer ce qui est arrivé à votre mari.

Elle le regarda à travers ses larmes.

— Je vais devoir vous poser quelques questions, continua-t-il.

Harry se tourna vers son premier témoin qui se trouvait toujours à ses côtés.

— Toutes les personnes autour de nous habitent dans les environs ?

— Oui, nous sommes tous voisins.

— Pouvez-vous me noter sur ce papier le nom et l'adresse de tout le monde ?

Pendant que l'homme s'exécutait, Harry utilisa un Sonorus léger :

— Y a-t-il quelqu'un qui a des renseignements sur ce qui s'est passé ?

Tous se tournèrent dans sa direction, mais personne ne répondit.

— Avez-vous vu quelqu'un s'enfuir ? Avez-vous croisé une personne qui n'est pas résidente de ce village, quelque chose d'inhabituel ?

Ils secouèrent négativement la tête. Une fois que Harry eut sa liste, il pria l'assistance de se disperser, ne retenant que la veuve, à qui il demanda de l'attendre. Il revint vers Owen et le médicomage :

— De quoi est-il mort ? questionna-t-il.

— Il a une blessure grave au ventre et présente aux mains et à une jambe des traces de désartibulage, lui résuma le guérisseur. La rigidité cadavérique a commencé, mais est loin d'être complète. Cela s'est passé il n'y a pas plus d'une ou deux heures, à mon avis.

— C'est un accident de transplanage ? se fit préciser Harry.

— J'ai l'impression qu'il a reçu un coup de couteau, infirma le médicomage. En tout cas, ce n'est pas le transplanage qui lui a fait un trou comme ça.

— Cette blessure est-elle antérieure ou postérieure au déplacement ?

— Je vous dirai ça demain. Votre collègue ne veut pas que je touche à mon client ! grogna le guérisseur. Bien la peine de m'avoir tiré de mon lit !

— On va vous le rendre le plus vite possible, merci pour votre patience et pour ces premières informations. Tu en as encore pour longtemps ? demanda Harry à Owen.

— Cinq minutes à peu près.

— Je vais interroger Mrs Ethelbard, indiqua Harry, rejoins-moi quand tu auras fini. Bon courage pour la suite, fit-il au médicomage qui accueillit ces paroles conciliatrices d'un mouvement de tête grognon.

Il revint vers la femme qui l'amena d'un pas mécanique vers sa maison qui se dressait tout à côté. Kathleen Ethelbard le conduisit dans son salon et se laissa tomber sur une chaise. Harry s'installa en face d'elle et commença :

— Quand et dans quelles circonstances avez-vous découvert le corps de votre mari ?

— Comme Mordaunt n'était pas là, je suis allée dîner avec mes voisins, les Klegg. Quand je suis rentrée chez moi, j'ai buté sur un obstacle et... c'était lui !

Elle se raidit, luttant contre les larmes.

— Qu'avez-vous fait alors ? interrogea doucement Harry.

— J'ai cru qu'il était tombé ou que son transplanage s'était mal passé et j'ai essayé de le ranimer. Mais il ne respirait plus et il y avait du sang. Je me suis mise à crier, je crois. Louisa et Hans sont arrivés... Voilà, conclut-elle d'une voix brisée.

— Où était votre mari, ce soir ? demanda Harry.

— Aux Trois Balais, pour sa réunion de la Socoda.

— Pardon ? fit-il pensant avoir mal entendu.

— Il fait partie d'un club qui s'appelle la SOCODAMARICO, la Société des Collectionneurs d'Amulettes contre les Maladies Ridicules et Cocasses, explicita-t-elle d'un ton las. Ce n'est pas très connu.

Et pour cause, songea Harry qui se demanda s'il devait présenter la candidature de Luna ou en parler à Xenophilius pour qu'il puisse écrire un article sur le sujet.

— Vous connaissez les autres membres de cette société ?

— Oui, ils ne sont pas nombreux. J'ai cru comprendre qu'ils ne seraient que cinq à participer ce soir. Ils se rencontrent une fois par mois dans un pub de Pré-au-Lard.

— Vous avez leurs noms et leurs coordonnées ? s'enquit Harry.

Elle se leva avec lourdeur et alla chercher un carnet d'adresses. L'Auror recopia les indications se référant aux lignes qu'elle lui montra : Gulliver Purkiss, Patricia Dukelow, Kyle Roper et Adrian Benson.

— Quand avez-vous vu votre mari pour la dernière fois ? demanda-t-il à Mrs Ethelbard.

— Ce matin, avant qu'il ne parte. Quand il va à son club, Mordaunt mange avec ses amis. Il s'y est rendu directement après son travail.

On frappa à la porte. C'était la voisine, Mrs Klegg, qui venait proposer à la veuve de dormir chez elle cette nuit-là. Mrs Ethelbard regarda l'Auror, hésitante :

— Allez-y, lui conseilla Harry. Pouvez-vous me laisser votre clé ? Mon partenaire doit me rejoindre ici. On verrouillera quand on aura terminé et on mettra la clé sous votre paillasson.

Encore sous le choc, elle ne s'opposa pas à la demande et partit, entraînée par son amie. Les deux femmes croisèrent Owen qui attendit qu'elles soient hors de portée de voix avant d'indiquer :

— Le médico emmène le corps à Ste-Mangouste. Il a confirmé le coup de poignard mais on ne saura que demain si c'est avant ou après le transplanage.

— Très bien. Bon, puisqu'on a le champ libre, on va fouiner un peu dans les affaires du bonhomme, décida Harry.

Ils ne trouvèrent rien de remarquable dans la maison, si l'on exceptait un meuble ventru, composé de plusieurs dizaines de petits tiroirs dans lesquels des centaines d'amulettes étaient soigneusement classées. Il y en avait de toutes les tailles, de toutes les formes et elles étaient fabriquées dans de multiples matériaux. Elles allaient de la plus grande rusticité – un simple bâton sur lequel étaient gravées des runes – à de jolies sculptures en pierre dure représentant des objets ou les parties du corps à traiter.

Il y avait potentiellement de quoi guérir de beaucoup de maladies effectivement ridicules et cocasses : l'auris caerulus (poils bleus apparaissant dans le creux de l'oreille), la cornulis (cornes poussant sur la tête de façon incongrue), la fumerolle (vapeur sortant du nez en permanence). Mais l'affection qui avait généré les amulettes les plus intéressantes et variées était sans conteste l'impuissance masculine. Les sculptures associées étaient des plus représentatives.

— Y'a des gens doués, quand même, fit remarquer Owen en admirant une de ces œuvres d'art d'un genre un peu particulier.

Ils lancèrent des sorts pour vérifier qu'il n'y avait pas de trace de magie noire dans ce lieu, mais ne découvrirent rien d'autre que des sortilèges ménagers. Ils en profitèrent aussi pour relever les empreintes de doigts. Harry avait fait bien attention de ne pas mettre les siennes sur le carnet d'adresses que lui avait tendu la veuve, et il put récupérer une magnifique marque appartenant à celle-ci.

Bien que le témoignage des voisins mette pratiquement Mrs Ethelbard hors de cause, ils firent également une recherche de présence de sang humain sur tous les couteaux qu'ils purent trouver, mais en vain. Enfin, ils estimèrent que l'endroit ne pouvait plus rien leur apprendre et convinrent de remettre les interrogatoires au lendemain.

*

Quand le réveil sonna à sept heures du matin, Harry, qui s'était recouché à cinq heures et demie, eut du mal à s'arracher du lit où dormaient Ginny et le bébé, que sa mère avait nourri puis gardé près d'elle. L'esprit embrumé, il n'oublia cependant pas de faire chauffer deux biberons de lait qu'il déposa à côté des oreillers de ses fils qui pourraient ainsi commencer de petit-déjeuner sans réveiller leur mère.

En arrivant au QG, il constata que le médicomage avait bien travaillé et qu'un rapport préliminaire l'attendait sur son bureau. Il ramena deux cafés et s'installa avec Owen pour prendre connaissance des informations récoltées sur le corps.

Ethelbard était décédé des chocs additionnés de sa blessure au ventre et des dégâts dus à un désartibulage important. La lésion principale avait été causée par un coup de poignard porté avec force. Selon le médecin, il était pratiquement certain que son patient avait d'abord reçu le coup de couteau, puis avait transplané mais n'y était pas très bien arrivé à cause de la vive douleur qu'il avait dû ressentir. La recherche de poisons s'était révélée négative. La mort était intervenue au moins une heure avant la découverte du corps.

— Bon, il faut voir si on a des dossiers sur la victime et sa femme, et puis on passe aux interrogatoires, indiqua Harry. Il va falloir enquêter du côté des petits copains collectionneurs aussi.

Ils étudièrent pour commencer ce qu'ils avaient retrouvé sur le corps : une bourse peu remplie et une dizaine d'amulettes, couvertes d'empreintes digitales, comme si un grand nombre de personnes les avaient manipulées.

Ils allèrent interroger les Klegg, qui confirmèrent la présence de la veuve chez eux la veille au soir et assurèrent qu'elle ne les avait pas quittés de la soirée. Ils indiquèrent également que le couple était visiblement très uni. Les Aurors décidèrent de laisser en paix Mrs Ethelbard qui était encore sous le choc.

Les collectionneurs qui avaient dîné avec la victime étaient sur leur lieu de travail quand les Aurors arrivèrent à les joindre. Malgré l'originalité de leur violon d'Ingres, tous exerçaient de respectables professions.

Gulliver Purkiss tenait un petit magasin d'objets domestiques enchantés sur le Chemin de Traverse. Il les fit passer dans l'arrière-boutique quand ils demandèrent à lui parler. L'endroit n'était pas très grand, et ses murs étaient tapissés d'étagères sur lesquelles se trouvaient les réserves du commerçant. Mais dans un coin, un espace chaleureux avait été installé : un guéridon, deux fauteuils et une desserte avec une bouilloire magique et des boîtes en fer de diverses tailles qui devaient contenir du thé et des gâteaux.

Purkiss invita les Aurors à s'asseoir et leur proposa un thé qu'ils refusèrent. Il prit ensuite place sur un tabouret et s'enquit de ce qui les amenait. Il sembla choqué par l'annonce du décès de son ami.

— Mort, vous êtes certain ? répéta-t-il deux fois de suite. Qu'est-il arrivé ?

— C'est ce que nous cherchons à découvrir, fit remarquer Harry. Quand l'avez-vous vu la dernière fois ?

— Je... je pense que c'est quand nous sommes sortis du pub. Comme tous les premiers mercredis du mois, on avait loué un salon particulier pour tenir notre petite réunion. Nous collectionnons les amulettes, enfin... bref. Je ne sais pas trop à quelle heure ça a fini. Quoi qu'il en soit, nous nous sommes dit au revoir dans la rue et chacun a transplané chez lui. Il n'est peut-être pas rentré directement.

— L'avez-vous vu transplaner ?

— Je crois, oui.

— Et vous-même, vous êtes rentré directement chez vous ? questionna Harry.

— Oui, il était tard. Pourquoi me demandez-vous ça ?

— Nous essayons de reconstituer ce qui s'est passé, le tranquillisa Harry.

— Lui connaissez-vous des ennemis ? interrogea Owen.

— Non, aucun. Mais nous ne nous fréquentons pratiquement que dans le cadre de notre activité de collectionneur. Je ne sais rien sur ses relations.

— Hier soir, n'a-t-il pas parlé de quelque chose qui pourrait expliquer ce qui s'est passé ? reprit Harry. Une rencontre, une discussion qu'il aurait eue, une dispute ?

— Non, je ne vois pas, répondit Purkiss après quelques secondes de réflexion.

— Nous avons trouvé ces amulettes sur lui, continua Harry en les sortant de sa poche et en les posant sur le guéridon. Vous les a-t-il montrées durant la soirée ?

— Évidemment, c'est le but de nos réunions : exhiber nos dernières acquisitions et échanger des infos sur le sujet.

— Les aviez-vous toutes vues ? insista Harry.

Purkiss prit le temps de les examiner.

— Oui, je crois.

— En manque-t-il une ?

Le collectionneur secoua la tête.

— Je ne pense pas.

— Pourrait-on l'avoir tué pour les lui voler ? demanda Owen.

Gulliver Purkiss eut un nouveau geste de dénégation.

— Ce que vous me montrez là vaut à peine dix gallions. Par contre, je ne sais pas ce qu'il avait comme argent sur lui.

Harry secoua la tête à son tour. La bourse du mort n'avait pas été touchée et ne contenait que trois gallions.

— Y avait-il des personnes dans la rue, quand vous êtes sortis ? demanda Owen.

— Je n'ai pas spécialement fait attention. (Il resta songeur quelques instants.) Vous pensez que Mordaunt aurait été la victime d'un voleur qui passait par là, et qui a profité qu'il soit le dernier d'entre nous à transplaner pour l'agresser ?

— Nous n'excluons aucune piste, répondit Harry. Et nous n'avons pas dit qu'il avait été agressé.

— C'est ce que j'ai cru comprendre, vu qu'il est mort. Ce n'est pas ce qui s'est passé ?

— Si, en gros, convint Harry sans entrer dans les détails.

Ayant posé toutes les questions qu'ils avaient en tête, les deux Aurors prirent congé.

Ils se rendirent ensuite à la Poste de Pré-au-Lard où Patricia Dukelow était guichetière. Pour ne pas faire de vagues, ils se placèrent dans la file d'attente la plus courte et patientèrent.

— Bonjour, les accueillit l'employée quand ce fut à eux, le regard baissé sur le parchemin qu'elle terminait de compléter.

— Nous aimerions parler à Miss Dukelow, indiqua Harry.

— C'est moi-même, leur apprit-elle en levant les yeux. Mais... vous êtes Harry Potter !

— Et voici mon collègue l'Auror Harper, acquiesça Harry. Pouvons-nous trouver un endroit plus tranquille ?

Elle ferma son guichet, à la grande indignation de la matrone qui attendait derrière – le chapeau à larges bords de Harry lui conférait un vague anonymat –, et les Aurors furent menés dans la salle de pause des postiers, vide à cette heure-là.

— Il y a un problème ? s'inquiéta Patricia Dukelow.

Ils lui apprirent le décès d'Ethelbard. Elle les regarda un moment sans expression, comme figée. Pourtant, Harry eut vaguement l'impression qu'elle n'en était pas si surprise.

— Quand est-ce arrivé ? demanda-t-elle enfin.

— C'est ce que nous cherchons à savoir. Êtes-vous rentrée directement chez vous après votre sortie du pub ?

— Oui, j'étais fatiguée.

Elle fit une pause de quelques secondes puis ajouta :

— Je suis désolée, mais comme je vis seule, personne ne peut confirmer l'heure à laquelle je suis revenue.

— Vous pensez que nous enquêtons sur vous ? demanda Owen.

— Je le suppose puisque, d'après ce que vous m'avez dit, je fais partie des dernières personnes à avoir vu Ethelbard vivant.

— L'avez-vous vu transplaner ?

— Non, je suis partie la première.

Harry remarqua qu'elle frottait nerveusement ses mains l'une contre l'autre. Un bref coup d'œil vers son coéquipier lui assura qu'il n'était pas le seul à l'avoir noté.

Miss Dukelow non plus n'avait aucune idée de la raison pour laquelle quelqu'un aurait pu en vouloir à Ethelbard et affirma qu'il ne manquait aucune amulette dans celles qui avaient été trouvées sur la victime. Non, elle n'avait pas remarqué d'autre personne dans la rue. Après quelques minutes d'interrogatoire supplémentaire, les Aurors la laissèrent retourner travailler.

— Pas évident de poser les bonnes questions alors qu'on est dans le noir, résuma Owen en repartant.

— Que penses-tu de Dukelow ? lui demanda Harry.

— Elle en sait plus qu'elle ne nous en dit, jugea Owen. J'avais envie de la fouiller et d'en faire autant chez elle, mais comme nous ignorons ce qu'il faut chercher...

— Par contre, on sait ce qu'on va trouver, plaisanta Harry. Je suppose qu'elle a tout un stock d'amulettes.

— Mais comme cette collection n'est pas nécessairement liée au meurtre..., soupira Owen.

— On a encore du travail, confirma Harry. Bon, qui est le suivant ?

Kyle Roper était artisan du bois. Ils l'interrogèrent devant l'atelier qu'il partageait avec des collègues. Leur témoin n'ajouta pas grand-chose au témoignage des autres. Ethelbard mort ? Mais comment ? Oui, ils s'étaient quittés vers 23 h 30 sur le seuil des Trois Balais où ils avaient passé la soirée. Dans quel ordre avaient-ils transplané ? D'abord Patricia Dukelow, puis lui. Oui, quand il les avait quittés, il restait Purkiss, Benson et Ethelbard. Non, il ne manquait aucune amulette par rapport à celles qu'Ethelbard leur avait montrées.

Ce fut enfin Adrian Benson qui reçut leur visite. Le collectionneur était cuisinier dans un restaurant huppé dans les landes du pays de Galles. Il les fit asseoir dans un coin tranquille et les mit d'autorité devant une assiette de délicieux amuse-gueules avant de consentir à répondre à leurs questions.

Les informations qu'il leur apporta recoupaient celles des autres. Il confirma l'ordre de transplanage. Selon lui, les trois derniers, dont il faisait partie, avaient dû plus ou moins partir en même temps. Non, il n'avait rien remarqué de particulier chez Ethelbard, il n'avait aucune idée de la raison pour laquelle quelqu'un avait jugé bon de le tuer ni vu de suspects aux alentours. Il ne les laissa pas le quitter sans leur avoir fourré dans les mains des petits pâtés à la viande soigneusement enveloppés. Compte tenu de la saveur de ce qu'ils avaient grignoté durant l'interrogatoire, aucun des deux Aurors n'eut la force de refuser.

— Tu crois qu'il cherche à nous soudoyer ? demanda Owen en goûtant une succulente bouchée farcie.

— Je dirais que oui, jugea Harry en mordant dans un mini-beignet. Mhm, j'espère que ce n'est pas lui le coupable, cela m'ennuierait qu'un homme ayant autant de talent aille en prison.

Ils se rendirent ensuite aux Trois Balais. Madame Rosmerta tenait toujours le légendaire établissement. Même si elle devait être en fin de quarantaine, Harry songea qu'elle devait encore faire fantasmer les jeunes étudiants qui venaient se réchauffer avec une Bièraubeurre les week-ends de sortie.

Elle certifia que les collectionneurs étaient bien partis vers 23 h 30.

— C'est toujours vers ce moment qu'ils s'en vont, affirma-t-elle.

— Ils viennent souvent ? demanda Owen.

— Ils réservent un de mes salons privés tous les premiers mercredis du mois. Ce sont de bons clients, ils payent la location à l'avance, consomment un repas, puis deux ou trois chopes de Bièraubeurre, laissent l'endroit impeccable et n'oublient pas le pourboire. Des clients comme ça, on aimerait en avoir plus souvent.

— Ce sont toujours ces cinq-là qui se réunissent ? se renseigna Owen.

— Ce sont les plus réguliers, mais il y en a d'autres qui viennent moins fréquemment.

— Saviez-vous ce qu'ils font ensemble ? s'enquit Harry.

— Oui, ils collectionnent des amulettes. On les voit sur la table, quand on fait le service.

Les Aurors interrogèrent ensuite le garçon de salle qui s'était occupé d'eux, la veille. Il n'avait rien remarqué de spécial, pas de dispute, pas de tension particulière ce soir-là.

— Mais une fois leur dernière tournée apportée, comme ils ont payé la note, je n'y suis plus retourné, précisa-t-il. Ils sont partis une bonne demi-heure plus tard.

Harry et Owen firent ensuite un peu de porte-à-porte pour vérifier que les habitants du coin n'avaient rien entendu d'étrange. Mais non, cela avait été une soirée calme et cela faisait longtemps qu'ils ne se penchaient plus aux fenêtres quand des ivrognes se battaient devant leur porte.

*

Tous ces entretiens avaient pris la journée. Les deux Aurors firent le point le soir, au QG.

— Je pense qu'on peut établir avec certitude que Ethelbard et ses amis Gulliver Purkiss, Patricia Dukelow, Kyle Roper et Adrian Benson sont sortis du pub à 23 h 30, commença Harry. Ethelbard a été trouvé une demi-heure plus tard. Il semble qu'il ait été poignardé puis, une fois blessé, qu'il ait transplané chez lui. Ensuite, il est mort de l'hémorragie découlant de sa blessure, aggravée par la désartibulation.

— Il n'a reçu qu'un seul coup, qui était en lui-même, sinon mortel, du moins propre à mettre sa vie en danger, continua Owen. Il semble qu'on ne lui ait rien pris. Donc, soit le but de cette agression était uniquement de le blesser ou le tuer, soit le vol était prévu, mais n'a pu être mené à son terme à cause de la fuite de la victime.

— Concernant l'agresseur, poursuivit Harry, cela peut être l'une des personnes avec qui Ethelbard avait passé la soirée, sachant que Patricia Dukelow et Kyle Roper ont transplané avant les autres, selon leurs dires et ceux d'Adrian Benson.

— Mais ils ont pu revenir tout de suite après ou plus simplement transplaner dans la rue d'à côté et attendre qu'Ethelbard se trouve seul, avança Owen. L'ordre de départ n'est pas exonératoire.

— C'est effectivement possible, reconnut Harry. L'autre hypothèse est que l'agresseur n'a rien à voir avec cette soirée : un malfaiteur qui s'en est pris au dernier qui restait, ou un ennemi d'Ethelbard qui guettait l'occasion d'avoir une explication avec lui.

— Rien ne dit que ça s'est passé à la sortie du pub, songea soudain Owen. Ethelbard a pu transplaner à un autre endroit puis rencontrer volontairement ou non une personne qui ne lui voulait pas du bien.

— Ce qui nous donne toujours trois types d'agresseurs : l'un de ses copains collectionneurs, un malfaiteur qui l'a choisi par hasard, un ennemi qui s'en est pris à lui pour une cause que nous ignorons. Il est à noter que la régularité des réunions rend possible qu'on l'ait attendu.

— Sauf que son ennemi ne pouvait avoir la certitude qu'il transplanerait en dernier, réfléchit Owen. Il est vrai qu'il aurait pu se faire remarquer par Ethelbard pour qu'il reste sur place pour lui parler.

— Sans que les autres collectionneurs ne le voient ? douta Harry.

— Ils ont admis eux-mêmes ne pas avoir fait attention à ce qui se passait autour, rappela Owen.

— Bon, reprenons. Mettons que cela soit lié à ce club. Des impressions sur les auditions ?

— Tu as remarqué que Miss Dukelow n'a pas vraiment semblé étonnée de la nouvelle que nous lui avons apportée ? Peinée, mais pas étonnée.

— Oui, j'ai vu. Mais ils ont tous affirmé que rien de ce qui a été dit durant la réunion ne laissait prévoir cette issue.

— Ils pourraient se couvrir, proposa Owen. Il s'est passé quelque chose qui leur a donné envie de le zigouiller. Ils sortent à 23 h 30, l'un d'eux lui donne un coup de couteau, il s'échappe en transplanant et ils se servent mutuellement d'alibi.

— Alors pourquoi ne couvrent-ils pas Purkiss et Benson ? Il leur suffisait d'affirmer qu'Ethelbard était parti le premier et le tour était joué.

— Ils ne sont peut-être pas très doués, ou au contraire très subtils s'il s'avère que Purkiss et Benson ont un super alibi provenant d'autres personnes. Il faudra demander à la veuve s'il y avait eu par le passé des disputes entre eux, nota Owen en griffonnant sur son carnet.

— Il faut qu'on rencontre aussi les autres membres du club, ceux qui viennent moins régulièrement, proposa Harry.

— Aussi, soupira Owen. Que dirais-tu de lancer un appel à témoin pour déterminer si quelqu'un a remarqué quelque chose de suspect dans le coin hier entre 23 h 30 et 00 h 30 ?

— C'est une bonne idée. Envoyons tout de suite un hibou à La Gazette du Sorcier.

— Et demain, nous avons seulement à revoir la veuve, poser des questions au boulot d'Ethelbard pour savoir si tout se passait bien là-bas et faire une enquête de proximité pour déterminer à quelle heure exactement les amateurs d'amulettes sont rentrés chez eux...

— Du gâteau, ironisa Harry. Je me demande comment on va occuper notre journée ! Bon, j'y vais. J'aimerais bien voir un peu mes enfants et me coucher tôt.

*

Ethelbard était très apprécié par le cordonnier chez qui il travaillait. Il était habile pour travailler le cuir et aimable avec la clientèle. Le patron du défunt parut sincèrement désolé d'apprendre ce qui était arrivé à son employé.

La veuve d'Ethelbard ne connaissait pas de disputes au sein du club de collectionneurs :

— Il était si heureux à l'idée de revoir ses amis, sanglota-t-elle.

Elle leur donna la liste des autres membres de la SOCODAMARICO et ils retournèrent au QG vérifier si ceux-ci n'étaient pas dans leurs archives – ils avaient déjà établi que les quatre personnes qui avaient partagé la dernière soirée de la victime avaient un casier judiciaire vierge.

Dans l'après-midi, Harry et Owen décidèrent de vérifier les alibis des quatre collectionneurs qui avaient passé la soirée avec Ethelbard.

La maison de Patricia Dukelow était effectivement assez isolée et aucun voisin ne pouvait confirmer ou infirmer sa version. L'épouse de Kyle Roper par contre, un enfant calé sur la hanche, leur affirma que son époux était rentré bien avant minuit. Adrian Benson habitait un manoir divisé en plusieurs copropriétés modestes. L'un des habitants, qui occupait un appartement au rez-de-chaussée, confirma avoir parlé à Adrian Benson à son retour l'avant-veille, vers 23 h 30.

Gulliver Purkiss vivait seul, mais une gouvernante prenait soin de sa maison. Elle parut très impressionnée de rencontrer le grand Harry Potter.

— Puis-je vous demander un autographe ? demanda-t-elle.

— Eh bien, j'aurais juste eu besoin d'un petit renseignement, éluda-t-il. Je ne sais pas si vous êtes au courant du décès d'un des autres membres du club de Mr Purkiss, la euh... SOCODAMARICO. Nous cherchons à savoir à quelle heure cela s'est passé, et pour cette raison, nous sommes venus vous demander si vous savez à quelle heure votre patron est rentré il y a deux soirs. L'auriez-vous vu ?

— Je ne sais pas ce que vous imaginez, mais même si je suis logée ici, ma chambre est complètement séparée de l'habitation de Mr Purkiss. J'ai une entrée particulière pour m'y rendre. Cela n'empêche pas les cancans, mais j'ose espérer que vous n'y prêtez pas une oreille attentive.

— Loin de nous l'idée de croire les rumeurs, affirma Owen. Donc vous ne pouvez pas nous renseigner ?

— Je n'ai pas dit ça, se récria-t-elle. En fait, la porte du jardin grince, et il me réveille à chaque fois qu'il entre.

— Et à quelle heure a-t-elle grincé ?

— C'était un peu avant minuit, car le clocher du village moldu d'à côté a sonné juste après. Il rentre de plus en plus tard, ajouta-t-elle en secouant la tête avec désapprobation. Non seulement il rapporte des amulettes poussiéreuses et bizarres, mais en plus ses fameuses réunions se terminent à des heures indues.

Ils compatirent encore un petit moment sur la difficulté de son métier, puis prirent congé.

— Je pense qu'une petite visite à Gulliver Purkiss s'impose, avança Owen. Je meurs d'envie de savoir ce qu'il a fait entre vingt-trois heures trente et minuit.

Il était six heures du soir quand ils se rendirent sur le Chemin de Traverse. Le magasin d'objets ménagers enchantés était vide quand ils arrivèrent, mais la porte donnant sur l'arrière-boutique était entrouverte. D'instinct, les deux Aurors sortirent leur baguette.

— Mr Purkiss ? appela Harry en poussant la porte d'un sort tout en gardant ses distances.

Seul un profond silence leur répondit.

Prudemment, ils avancèrent jusqu'au seuil de la réserve. Gulliver Purkiss s'y trouvait effectivement, effondré dans un de ses fauteuils. Sur le guéridon se trouvaient deux tasses de thé. Ils vérifièrent que personne d'autre n'était présent, puis se rapprochèrent du marchand pour lui porter secours.

Il n'y avait plus rien à faire, le cœur de Purkiss ne battait plus.

*

Ils relevèrent ce qu'ils trouvèrent d'empreintes magiques et digitales. Ils constatèrent également que la porte de derrière n'était pas verrouillée et que la personne qui était venue – ainsi qu'en témoignait la seconde tasse – avait pu sortir par là.

Ils appelèrent ensuite Ste-Mangouste pour prendre en charge le corps et faire analyser le contenu des tasses.

— Deux membres de ce club loufoque tués en quarante-huit heures, grogna Owen. Faut peut-être interdire de collectionner les amulettes.

— Autant pour l'hypothèse d'un criminel ayant frappé au hasard ou d'un ennemi personnel d'Ethelbard raisonna Harry. S'il y a un ennemi, il en veut à tout le groupe.

— Il est également possible qu'ils s'entretuent entre eux, compléta Owen. Quoi qu'il en soit, je propose de tous les boucler. Cela nous permettra à la fois de les protéger et de les neutraliser dans le cas où l'assassin se trouverait parmi eux.

— Tu sais bien qu'on n'a plus le droit de retenir les gens sans davantage d'éléments, rappela Harry.

— S'ils acceptent de nous suivre pour qu'on puisse les protéger, cela résoudrait le problème. À cette heure-ci, ils doivent tous être rentrés chez eux, raisonna Owen. Par qui on commence ?

— Patricia Dukelow vit seule, et sa maison m'a l'air relativement isolée. Il y a des chances qu'elle accepte notre protection, décida Harry.

Ils s'y rendirent immédiatement. Personne ne répondit quand ils frappèrent à la porte.

— Juste sortie manger ou en train de tuer un autre membre du club ? demanda Owen entre ses dents.

Harry recula un peu et leva la tête. Une des fenêtres de l'étage était éclairée.

— Non, elle a l'air d'être là...

Les deux Aurors se regardèrent et d'un même geste tirèrent leur baguette et envoyèrent un sort pour défoncer la porte. Sous l'effet des deux sortilèges conjugués, le battant se détacha violemment de son cadre et tomba à la renverse. Ils vérifièrent que personne ne se trouvait au rez-de-chaussée avant de se précipiter à l'étage.

Le Hominum Revelio ne leur indiqua aucune personne vivante au niveau où ils se trouvaient. Il ne leur resta plus qu'à se laisser guider par le rai de lumière qui filtrait sous l'une des portes donnant sur le palier.

Dans la salle de bains, complètement immergée, Patricia Dukelow gisait au fond de sa baignoire.


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