XVIII : Demander à Godric Gryffondor

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Chronologie :

2 mai 1998 : Bataille de Poudlard

31 décembre 2001 : Mariage de Ron et Hermione

26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny

20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique

17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter

04 janvier 2006 : Naissance de Rose Weasley

25 juin 2006 : Naissance d'Albus Severus Potter

16 mai 2008 : Naissance de Lily Luna Potter

Période couverte par le chapitre : 28 et 29 mai 2008

Atterrés, Harry et Owen contemplèrent un moment le corps de Patricia Dukelow avant de se mettre au travail.

Sans la sortir de l'eau pour ne pas brouiller les éventuelles preuves, Harry lança le sort qui permettait de récupérer les signatures magiques. Une émanation bleue, traversée d'éclats orange, s'éleva du cadavre de la femme, et l'Auror la transvasa dans une fiole.

Ensuite, Owen releva rapidement les empreintes digitales qu'il put trouver. Enfin, ils lancèrent les sorts qui leur permettaient de savoir si Patricia Dukelow avait reçu un sortilège. Ils n'eurent aucun mal à diagnostiquer un Stupéfix. Rien de bien compliqué, en fait. Miss Dukelow prenait son bain et, une fois sous l'emprise du sort, il avait suffi de la faire glisser un peu pour que l'eau remplisse son office.

— On file chez Roper, ordonna Harry, sans même prendre le temps d'envoyer un message au QG pour déclarer le nouveau cadavre et lancer l'enquête. Je veux que lui et Benson soient sous surveillance avant toute chose.

Au rythme où se produisaient les meurtres, il serait bien temps de se préoccuper plus tard de la procédure.

Kyle Roper dînait paisiblement en famille quand les Aurors firent irruption dans sa cuisine, après que son épouse leur ait ouvert la porte.

— Veuillez nous excuser, commença Harry. Mais nous avons des raisons de croire que vous êtes en danger.

— Mais qu'arrive-t-il ? s'affola la femme.

— Mr Purkiss et Miss Dukelow sont brusquement décédés, annonça Harry sans fioriture.

Roper accusa le coup en retombant assis sur sa chaise. Il secoua la tête comme s'il refusait de croire à cette nouvelle.

— Mr Roper, acceptez-vous que je relève votre signature magique ? questionna l'Auror.

— Ma quoi ?

— Votre signature magique. Cela ne fait pas mal, assura Harry.

— Mais... à quoi ça sert ? s'inquiéta Mrs Roper.

— C'est une nouvelle formalité, indiqua évasivement Harry.

— Si ça peut vous faire plaisir, accepta Roper en haussant les épaules.

Harry s'empressa de lancer un Prehendo Magiam sur l'homme. Son empreinte était à dominante rouge et jaune. Harry évalua mentalement les diverses possibilités qui s'offraient à lui :

— Demande deux collègues en urgence absolue, ordonna-t-il à Owen.

Pendant que son partenaire composait frénétiquement le message sur la montre à gousset qui lui servait de Communicant, Harry s'enquit auprès du membre de la SOCODAMARICO :

— À quelle heure êtes-vous rentrés chez vous, ce soir ?

— À six heures, comme toujours, répondit l'artisan d'une voix atone.

— Vous n'avez pas d'idée sur la personne qui a tué vos amis ? insista Harry.

L'autre garda le silence. Il secouait la tête, s'étreignant lui-même des deux bras. Il était manifestement en état de choc. Il fallut moins de cinq minutes à Horacius Hipworth et Anthony Goldstein pour arriver, prévenus par l'Auror de garde.

— Il faut garder cette maison et ne laisser personne y entrer, expliqua rapidement Harry. Il est possible qu'on cherche à tuer Mr Roper. Ah, j'oubliais, on a une enquête à lancer, suite à un meurtre.

Il leur donna l'adresse de Patricia Dukelow, et Hipworth promit de faire passer le message pour qu'on envoie d'autres Aurors sur place. En toute hâte, Harry et Owen se rendirent au restaurant où travaillait Adrian Benson. Dans la cuisine, cela semblait être la panique.

— Où est Benson ? demanda Harry en attrapant un marmiton au passage.

— Il n'est pas venu, le patron est furieux après lui, expliqua le jeune homme.

Les deux Aurors transplanèrent immédiatement au manoir où Benson avait son appartement. Le même habitant du rez-de-chaussée qui leur avait répondu la veille leur ouvrit, et ils se précipitèrent au second étage où Benson était installé.

Ils frappèrent à la porte :

— Qu'est-ce que c'est ? fit une voix qu'ils reconnurent pour être celle du cuisinier.

Les Aurors échangèrent un regard soulagé. Ils n'étaient pas arrivés trop tard.

— Aurors Potter et Harper. Nous avons besoin de vous parler de nouveau, Mr Benson.

— Je ne suis pas visible !

Owen émit un grognement. Sans doute considérait-il qu'après avoir découvert deux cadavres dans la même journée – dont une femme nue dans sa baignoire –, ils ne pouvaient plus être choqués par grand-chose.

— Nous devons vraiment vous voir maintenant, insista Harry. Il est possible que vous couriez un grand danger.

— Je vais très bien.

— Mr Benson, ne nous obligez pas à défoncer votre porte, lança sèchement Owen.

Il y eut un silence, puis ils entendirent des pas traînants approcher. Il y eut le bruit d'un verrou vers le haut, puis un autre plus bas et enfin une clé tourna, permettant au battant de s'entrouvrir. Owen et Harry échangèrent un regard. Soit le bonhomme était paranoïaque, soit il avait des objets de valeur chez lui. Était-ce sa collection d'amulettes ?

— C'est à quel sujet ? grommela l'homme.

— Pouvons-nous entrer ? s'enquit Harry.

De mauvaise grâce, leur hôte involontaire s'écarta, laissant les Aurors pénétrer chez lui. L'endroit n'était pas impeccablement rangé mais la pièce semblait relativement propre et bien meublée. Une porte entrouverte donnait sur une salle de bains.

— Alors ? Qu'est-ce qui ne peut pas attendre demain ? grommela Benson.

— Nous avons le regret de vous annoncer le décès de vos amis Gulliver Purkiss et Patricia Dukelow, commença Harry. Nous pensons que vous pourriez être en danger, vous aussi.

L'homme les regarda tour à tour.

— Je n'ai peur de personne.

— Avez-vous une idée pour laquelle quelqu'un s'en prendrait aux membres de la SOCODAMARICO ? demanda Owen.

— Non, répondit Benson d'un ton catégorique.

Owen observa la pièce avant de fixer Benson. L'homme était vêtu d'une sobre robe marron, dont la dizaine de boutons étaient soigneusement fermés, et d'où dépassaient les pointes d'une paire de chaussures en cuir. Harry comprit que son coéquipier se demandait pourquoi le collectionneur avait prétendu ne pas être visible. Il n'avait matériellement pas eu le temps de s'habiller, et il était peu probable qu'il ait une bonne amie cachée dans un coin.

Owen tirait posément sa baguette de sa poche tout en priant le suspect de le laisser prélever sa signature magique. Il ne put terminer son geste : Benson en fit autant et pointa sa baguette sur l'Auror.

— Nous voulons juste faire une vérification, intervint Harry en avançant la main pour lui bloquer le bras.

En réponse, Benson le repoussa avec une telle violence que l'Auror fut projeté sur le sol. Il roula sur lui-même en dégainant à son tour sa baguette, mais il n'était déjà plus en danger. Owen avait stupéfixé Benson et s'avançait pour lui passer des menottes magiques.

Les deux Aurors se regardèrent. Cette enquête touchait sans doute à sa fin. Avec deux morts de retard, songea mélancoliquement Harry. Ils firent léviter le corps de Benson sur son lit et, après lui avoir pris sa baguette des mains, ils entreprirent de le fouiller au cas où il aurait une arme. Au début, ils ne trouvèrent rien de particulier – bourse remplie d'argent, un mouchoir – puis, d'une poche intérieure, Harry sortit un petit objet.

Il le leva pour mieux l'examiner à la lueur des bougies. C'était une amulette de forme ovale et d'une dizaine de centimètres de long, avec des runes dorées gravées dessus. À la couleur et à la texture, il reconnut qu'elle était taillée dans du jade. Malgré le caractère commun du matériau, elle était d'une rare beauté. Fasciné, Harry la fit tourner lentement entre ses doigts pour mieux l'admirer.

— Fais voir ! exigea abruptement Owen.

Harry lui jeta un regard agacé. Parfois, son coéquipier semblait oublier qui était le chef.

— Occupe-toi de Benson, lui rétorqua-t-il sèchement. Relève son empreinte.

— Fais voir d'abord, insista son partenaire.

Harry crispa ses doigts sur sa baguette. Il vit Owen lever la sienne et eut la vision de ce qui allait se passer. Tous deux allaient échanger des sorts et le vainqueur pourrait récupérer cette magnifique...

Sans prendre le temps de réfléchir davantage, il fit la seule action qui pouvait leur éviter l'affrontement : il lança l'amulette en direction de la salle de bains attenante dont la porte était entrouverte. L'objet fila droit dans l'autre pièce.

Owen poussa un grognement rauque et parut sur le point de se jeter sur son partenaire, mais il infléchit finalement sa course et se précipita vers l'endroit où avait disparu l'objet de son désir. Rapidement, Harry fit claquer le battant et le scella d'un Collaporta. Ensuite, il lança un Experlliamus en direction de son coéquipier qui en fut réduit à tambouriner la porte de ses poings.

Constatant l'inefficacité de son action, il se tourna vers Harry, visiblement dans l'intention de reprendre sa baguette de force.

— Calme-toi, l'enjoignit Harry. Cet objet est ensorcelé, sans doute un maléfice de Convoitise. Il ne vaut rien en lui-même, c'est juste un sort. Reprends tes esprits, bon sang !

Durant quelques secondes, il ne se passa rien, les deux Aurors se contentant de se dévisager, le souffle court. Owen avait le visage dur, pas le moins du monde convaincu par les explications de Harry. Un hurlement les fit sursauter :

— Sales voleurs, rendez-la-moi ! Je vais vous tuer !

Le Stupéfix qui avait assommé Benson venait de prendre fin, et leur prisonnier se contorsionnait sur son lit pour se remettre sur ses pieds. Heureusement, il était entravé par les menottes magiques et clignait encore des yeux sous l'influence du sortilège qui l'avait abattu.

Les cris semblèrent éveiller Owen et le faire sortir de sa transe. Il regarda Harry d'un air horrifié :

— J'étais prêt à te tuer, souffla-t-il.

— Je sais. Moi aussi. Et lui, il l'a sans doute fait pour se l'approprier.

Ils considérèrent le cuisinier qui avait enfin réussi à se mettre debout. Harry lui lança un Bloque-jambe pour l'empêcher de se jeter sur eux. L'homme s'effondra au pied de son lit tout en continuant à les agonir d'injures et de menaces jusqu'à ce que Harry lui coupe le sifflet avec un Silencio.

— Je pense qu'on peut l'arrêter, jugea Owen. Je relève sa signature ?

— Oui, nous n'avons que trop tardé.

Owen s'exécuta, et ils retrouvèrent dans l'émanation qui s'éleva au-dessus de Benson le même bleu que celui qui avait signé le sort lancé sur Patricia Dukelow. Cependant, ils notèrent qu'il manquait les éclats orange qui caractérisaient la signature qu'ils avaient relevée.

— C'était peut-être la magie de l'amulette qui a coloré l'empreinte, supposa Owen. Si elle la tenait à la main quand elle a reçu le sortilège...

— C'est possible, reconnut Harry. En tout cas, on va le ramener au QG pour l'interroger.

— Et... ça ? s'enquit Owen en montrant avec répulsion la porte qui le séparait de l'amulette.

Harry inspira profondément. Il ressentait encore le besoin intense qu'il avait eu de s'approprier l'objet. Il craignait de se retrouver confronté à une telle magie, et Owen n'avait pas plus que lui l'expérience nécessaire pour y résister.

— On la laisse là, décida-t-il. Je vais renforcer les sorts de fermeture sur la porte de la salle de bains.

Il lança les sortilèges les plus puissants qu'il connaissait, puis ils prirent Benson par les épaules pour le faire transplaner au ministère.

*

Ils l'emmenèrent directement dans une salle d'interrogatoire. Ils rendirent sa voix à Benson qui avait arrêté de se débattre. Sans doute que son éloignement atténuait les effets de l'amulette.

— Voulez-vous qu'on appelle un avocat pour vous assister ? commença Harry.

— Je n'ai besoin de personne, grogna le cuisinier.

— D'accord, fit Harry en notant le refus de son prisonnier sur un parchemin. C'est vous qui avez tué Gulliver Purkiss et Patricia Dukelow ? attaqua-t-il donc sans attendre.

— Je n'ai tué que Patricia. C'est elle qui a empoisonné Gulliver, affirma le suspect.

Harry et Owen se regardèrent. L'affaire commençait à prendre forme. Si l'amulette transformait tous ceux qui la voyaient en assassins, il suffisait de remonter la chaîne des meurtres pour suivre à rebours le chemin qu'elle avait parcouru. Patricia Dukelow avait été tuée par Benson, après avoir occis Purkiss, qui lui-même avait attaqué Ethelbard, qui l'avait obtenu on ne sait comment. Il faut absolument mettre cet objet hors d'état de nuire, décida Harry en son for intérieur.

— D'où vient cette amulette ? questionna Owen qui avait dû aboutir à la même conclusion et tentait d'avoir davantage de précisions.

— Ethelbard nous l'a montrée mercredi soir, exposa Benton. Il nous a nargués en nous la mettant sous le nez, fier de lui cet imbécile ! Après, il a vu qu'il était tard et il s'est levé pour partir. On n'a rien dit, on est sortis. Je sentais que les autres avaient autant envie que moi de faire disparaître le sourire suffisant d'Ethelbard. Patricia et Roper ont transplané très vite, j'ai pensé qu'il valait mieux que je suive leur exemple pour ne pas céder à la tentation. Mais j'ai vu le regard de Purkiss et, quand vous m'avez annoncé qu'Ethelbard s'était fait tuer, j'ai su que c'était lui.

— Il ne vous est pas venu à l'esprit de nous en parler ? ironisa Owen d'une voix dure.

— Pour que vous récupériez l'amulette ? protesta l'assassin. Et puis quoi encore ?

D'une certaine façon, Harry le comprenait : il était hors de question de laisser d'autres personnes admirer... Il se reprit. C'était l'effet du sortilège. Il se concentra pour chasser ce sentiment.

— Et ensuite ? continua Owen.

— Je suis allé voir Gulliver en fin d'après-midi, avant d'aller travailler. Il était déjà mort, et l'amulette n'était plus là, bien sûr. Je me suis demandé qui avait fait le coup. C'était forcément Patricia ou Roper. J'ai toujours trouvé Roper un peu mou, alors j'ai tablé sur Patricia. Je me suis dit qu'il valait mieux que je la surprenne et, pour rentrer chez elle, j'ai cassé le carreau de la fenêtre de la cuisine, à l'arrière de sa maison. Comme elle n'était pas au rez-de-chaussée, je suis monté à l'étage. C'était trop facile. Cette idiote était dans son bain, elle n'avait même pas sa baguette à portée de main. Elle n'avait que l'amulette et elle la regardait en gloussant. Je l'ai stupéfixée et elle a glissé d'elle-même dans l'eau. Ensuite, j'ai récupéré l'amulette avec un Accio et je suis rentré chez moi.

— Mordaunt Ethelbard vous a révélé où il s'était procuré cet objet ? demanda Harry.

Le cuisinier secoua la tête.

— S'il l'a fait, je n'y ai pas prêté attention.

Les deux Aurors avaient tous les éléments dont ils avaient besoin pour l'envoyer devant le Magenmagot. Ils lui firent signer ses aveux et l'enfermèrent dans une cellule.

— Finalement, je veux bien un avocat, leur dit le prisonnier avant qu'ils ne le laissent.

Il leur donna un nom, et les Aurors l'appelèrent en cheminée. L'homme de loi ne parut pas ravi d'être dérangé aussi tard, mais affirma qu'il se rendait tout de suite au ministère pour rencontrer son client. Harry et Owen retournèrent ensuite chez Roper. L'artisan était assis dans sa cuisine, l'air morose. Harry remercia ses collègues qui montaient toujours la garde et les releva de leur faction.

— Pourquoi ne nous avez-vous pas parlé de l'amulette ? demanda-t-il en s'installant près de Roper.

— Je ne sais pas, répondit l'artisan. J'aurais voulu, mais quelque chose m'en empêchait. Je... c'est dur à expliquer. Je crois que j'ai tout fait pour tenter d'oublier cette saleté. J'ai senti qu'elle était... dangereuse.

Harry le considéra avec intérêt. Il avait, semble-t-il, mieux résisté que les autres à l'influence pernicieuse de l'amulette. Étaient-ce ses attaches familiales qui le rendaient moins sensible à ce genre de sortilège ? Ou tout simplement sa force de caractère ?

— Bon, on va vous coller une accusation de faux témoignage, mais, vu les circonstances, vous devriez vous en tirer à bon compte, lui indiqua Harry.

L'artisan haussa les épaules comme si cela lui était indifférent.

— Et Benson ? Vous l'avez arrêté ? s'inquiéta-t-il.

— Oui. Il a avoué avoir tué Miss Dukelow qui elle-même avait assassiné Mr Purkiss.

Roper grimaça et dit simplement :

— Je pense que je vais me débarrasser de ma collection.

*

Après avoir indiqué à l'ébéniste qu'il serait convoqué ultérieurement au ministère pour déposer son témoignage, Harry et Owen retournèrent chez Benson pour récupérer la pierre. Ils s'introduisirent dans la chambre du cuisinier et firent une pause devant la porte de la salle d'eau. Harry sortit de sa poche une petite bourse consacrée à la conservation des preuves.

— On y va ? demanda-t-il inutilement à son coéquipier pour se donner du courage.

— On y va, lui répondit fermement Owen.

Harry annula les sorts de protection et de fermeture qu'il avait apposés sur la porte. Il prit une profonde inspiration et poussa doucement le battant. Dans un premier temps, il ne vit rien. Son regard glissa sur le carrelage du sol, le tapis de bain, la baignoire sur pied, la cuvette des W.C....

À ses côtés, il entendit le halètement d'Owen. Il ouvrit la bouche pour demander où se trouvait l'amulette quand il la repéra à son tour, contre le pied du lavabo. De leur propre chef, ses pieds commencèrent à se mouvoir dans cette direction. Dans son élan, il heurta son coéquipier qui poussa un grognement de rage. Serrant les dents pour résister à l'impulsion qui l'enjoignait d'envoyer un sort Paralysant en direction d'Owen, il dirigea au contraire sa baguette vers l'objet maléfique et fit apparaître un mur de flammes pour les empêcher de l'atteindre.

La chaleur provoquée par le feu et le reste de sa phobie due à leur combat contre le Feudeymon obligèrent Owen à reculer.

— C'est un sortilège de Convoitise, lui rappela Harry en sueur.

Il se força à sortir de la pièce. Au bout d'un instant, son coéquipier en fit autant. Avant de refermer la porte pour isoler l'amulette, Harry envoya un Aguamanti pour ne pas faire flamber toute la maison. L'envie de s'approprier l'objet se fit moins fort quand il ne fut plus dans leur champ de vision, mais ne disparut pas pour autant.

— Nous voilà bien, souffla Owen en s'épongeant le front.

— Bon sang, on ne peut pas la ramener au QG, toute la brigade va s'écharper. Et je ne te parle pas du procès. Tu imagines les juges et l'avocat en train de se battre pour récupérer cette magnif... cette horreur ?

— Hors de question qu'on la leur montre, grogna Owen.

— Hors de question qu'on la garde pour nous, martela Harry autant pour lui que pour son équipier.

— On fait quoi, alors ? demanda finalement Owen.

— Il faut la détruire, décida Harry.

— C'est une pièce à conviction, rappela son partenaire.

— Qu'on ne peut pas présenter sans déclencher une guerre, compléta Harry. Elle a trop de pouvoir pour qu'on puisse se permettre de la conserver. De toute manière, on a les aveux du meurtrier et le témoignage de Roper.

— C'est quand même dommage de la détruire, fit Owen d'une voix plaintive. Elle est si belle !

Harry ne pouvait pas lui donner tort, mais cet engouement était bien la preuve qu'il avait pris la bonne décision. Owen parut recouvrer le contrôle sur lui-même et demanda :

— Comment comptes-tu t'y prendre ?

— Mhum, répondit Harry en réfléchissant au problème. Il est évident que l'attraction qu'elle représente devient particulièrement forte quand on a l'objet sous les yeux.

— Ça ne résout pas tout, grogna Owen d'un ton douloureux.

— Non, mais nous arrivons à nous contrôler, ce qui est déjà un progrès, commenta Harry. Par contre, je ne vois pas comment l'anéantir à distance.

— Si on la mettait dans un pentacle ? proposa Owen.

C'était une excellente idée. En fonction du dessin, les pentacles bloquaient la magie dans un sens ou dans l'autre. Ils pourraient donc se protéger, tout en lançant des sorts de destruction sur l'objet. Harry laissa son coéquipier dessiner un pentagramme sur le sol, car Owen était meilleur que lui dans cette discipline. Ils avaient décidé de le placer juste devant la salle de bains, pour avoir la possibilité de repousser l'amulette et de refermer la porte en cas de problème.

Quand le pentacle fut terminé, Owen recula et Harry rouvrit la salle d'eau. Par un sortilège d'Attraction, il amena l'amulette dans le dessin protecteur. Il fut soulagé de constater que l'emprise de l'objet sur sa volonté était largement atténuée, et qu'il pouvait envisager de le détruire, alors même qu'il l'avait sous les yeux. Owen s'éloigna encore de quelques pas : il était chargé de renvoyer l'amulette dans la salle de bains si Harry semblait avoir une conduite aberrante.

L'Auror commença par des sortilèges simples, qui furent sans effet. L'amulette bénéficiait de solides défenses. Harry n'en fut pas surpris. Il avait remarqué que la protection attachée aux objets était proportionnelle aux maléfices dont ils étaient investis. Progressivement, il augmenta la puissance de ses sorts. Mais gêné par l'action de l'amulette, qui pour être diminuée n'avait pas complètement disparu, ainsi que par la fatigue de cette journée qui s'éternisait – l'aube n'allait pas tarder à pointer –, l'objet restait intact.

Harry comprit l'inanité de ses efforts et abaissa sa baguette. Il ne connaissait rien de plus puissant que ce qu'il avait déjà lancé.

— Peut-être qu'un briseur de sorts y arriverait mieux que nous, avança Owen, les yeux rougis par l'épuisement.

— On était tombé d'accord sur le fait qu'il ne faut pas monter cette chose à quiconque, rappela Harry.

Il regarda l'objet avec rancœur et affirma les dents serrées :

— Je n'ai pas dit mon dernier mot ! J'ai dit que je la détruirais et j'ai bien l'intention de le faire !

— Mais comment ?

Harry rassembla ses souvenirs. Après tout, il avait une certaine expérience en éradication d'artefacts infestés de magie noire :

— On peut la faire brûler dans un Feudeymon, commença-t-il, ça devrait marcher. Je t'accorde que c'est ensuite un peu difficile à maîtriser mais c'est très efficace.

Owen grimaça, visiblement très réticent à utiliser ce genre de moyen.

— Le crochet de basilic, ce n'est pas mal non plus, continua Harry. J'en connais justement un qui pourrait nous fournir ce qu'il faut. Par contre, comme je ne parle plus fourchelangue et que je n'ai pas le don des langues de Ron, j'ai peur de ne pas accéder à l'endroit où il se trouve.

Harry laissa planer un petit silence avant de conclure :

— Je pense que le plus simple serait de demander à Godric Gryffondor s'il veut bien nous prêter son épée.

Owen mit quelques instants à digérer le discours de Harry, mais c'est d'un ton presque dégagé qu'il s'enquit :

— Eh bien, qu'attendons-nous ?

*

Une demi-heure plus tard, ils débouchaient de l'âtre du bureau de Brocklehurst à Poudlard, après lui avoir passé un bref coup de cheminée pour lui annoncer leur visite.

— Puis-je vous aider ? demanda un Brocklehurst en robe de chambre.

Par la fenêtre, les premiers rayons du soleil entraient timidement, éclairant les lieux d'une lumière blanche qui parut agressive aux yeux épuisés de Harry.

— Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, nous aurions besoin de l'épée de Gryffondor un petit moment, exposa Harry.

— Je pense que vous avez davantage de droits sur elle que l'humble Poufsouffle que je suis, répondit le directeur.

— Je n'en suis pas certain, opposa l'Auror. J'aime à croire que cette épée nous évalue à la hauteur de nos actes et de nos motivations, plutôt qu'à la couleur de nos blasons. Ce que vous avez accompli ici pour réconcilier les maisons aurait sans doute emporté l'adhésion de Godric, et vous pourriez, tout comme moi, invoquer son assistance.

Brocklehurst, visiblement touché par ce jugement, invita du geste son interlocuteur à se servir dans la vitrine où était présentée l'arme. L'Auror ouvrit la porte vitrée et s'empara de l'épée.

— J'ai besoin de ton aide, indiqua-t-il à la relique enchantée.

Il ne reçut aucune réponse, mais aucun des objets ayant appartenu à Gryffondor ne lui ayant jamais fait défaut, il n'eut pas de doute sur le soutien qu'il obtiendrait. Des yeux, il chercha un endroit dégagé pour officier. La place devant la cheminée lui parut convenir. Après réflexion, il fit apparaître une sorte de billot en pierre pour servir de support.

— Professeur Brocklehurst, je suis désolé, mais il vaut mieux que vous nous laissiez, maintenant, pria Harry. Nous allons manipuler un objet très dangereux et je préfère ne pas vous y exposer.

— Je comprends, fit le directeur même s'il ne pouvait cacher sa déception d'être si cavalièrement mis à l'écart.

Tout en regardant par-dessus son épaule, il regagna ce qui devait être ses appartements privés par une petite porte qui se trouvait derrière son bureau.

— Tu crois qu'il va nous espionner par le trou de la serrure ? chuchota Owen quand l'huis se referma dans le dos du directeur.

— Si c'est le cas, tâche de ne pas lui faire trop mal quand il fondra sur nous, répondit Harry sur le même ton.

Il jeta un regard aux murs et remarqua que près de la moitié des tableaux étaient réveillés et les observaient avec curiosité. Il se demanda dans quelle mesure l'amulette pouvait agir sur eux.

— Bon, inutile de traîner, s'encouragea-t-il lui-même.

De sa poche, il sortit la bourse dans laquelle il avait fait voyager l'amulette. Sur une idée d'Owen, ils avaient redessiné un pentacle sur le cuir, pour protéger son porteur. Grâce à cette technique, Harry avait pu résister à l'envie d'estourbir Owen pour le punir de convoiter la magnifique œuvre d'art.

Quand il la fit glisser de son étui sur le billot, l'amulette étincela à la lueur des flammes. Il recula en serrant le poing sur la garde de l'épée. Il leva la lame, mais au moment d'agir il fut envahi par le doute. Elle était si belle, n'était-ce pas un crime de la détruire ? Ne serait-il pas heureux de la garder et de pouvoir profiter de ses qualités curatives ?

Un mouvement à la périphérie de son champ de vision attira son attention. Il vit que Owen, les traits torturés, tremblait comme s'il luttait contre ses jambes qui voulaient avancer et sa main qui cherchait à tendre vers l'amulette. Il éprouva à son égard une colère glacée et dut repousser la pulsion qui lui dictait de le décapiter sans coup férir.

Il serra les dents et, rassemblant toute sa volonté, il se détourna et abattit de toutes ses forces la lame de Gryffondor sur l'enclume improvisée. Il y eut un craquement sec puis l'amulette vola en éclat, projetant des fragments de jade aux alentours. Harry tourna la tête vers son partenaire qui était tombé à genoux, tentant de reprendre son souffle.

Précautionneusement, Harry se baissa pour ramasser un des débris qui avait atterri à ses pieds.

— Encore envie de me trucider ? demanda-t-il.

Owen eut une moue mi-gênée, mi-dégoûtée en réaction à son attitude et essaya de dissiper ses sentiments en ironisant :

— Pas davantage que d'habitude.

Avec sa baguette, Harry rassembla soigneusement les morceaux de l'amulette qui se trouvaient autour de lui et les jeta dans le feu. Enfin, il fit disparaître le bloc de pierre qui présentait une large fissure.

Harry allait remettre l'épée en place quand Owen demanda d'une voix presque timide :

— Je peux la tenir ? J'en ai souvent entendu parler.

Harry la lui tendit, la garde en avant. Son ami la prit avec révérence et la leva à la verticale pour en admirer le fil et la poignée incrustée de joyaux.

— De la belle ouvrage, commenta-t-il.

— Travail de gobelin, répondit Harry. Ce sont les meilleurs en orfèvrerie.

Owen lui proposa l'arme mais Harry désigna la vitrine où il l'avait prise. Owen rangea la relique avec des gestes précautionneux. Harry lança un clin d'œil au portrait de Dumbledore qui n'avait pas perdu une miette de la scène :

— Pouvez-vous dire à Monsieur le Directeur que nous avons terminé et que nous souhaitons le saluer avant de partir ?

Son ancien mentor se tourna et frappa plusieurs coups rythmés contre la toile du tableau dans son dos. La porte par laquelle Brocklehurst avait disparu s'ouvrit immédiatement.

— Ce sera sans doute dans les journaux quand notre enquête sera bouclée, répondit Harry à ses questions muettes. Désolé pour le dérangement et merci de votre coopération.

— Ravi d'avoir pu vous rendre service, même indirectement, assura gracieusement le directeur. Oh, j'y pense, j'ai pris contact avec Monsieur Thomas pour le portrait du professeur Rogue.

— C'est vrai ? Merci, professeur, je suis très touché par votre geste.

— Vous savez être convaincant, Monsieur le Survivant, sourit Brocklehurst.

Harry lui accorda un sourire fatigué qui se termina par un énorme bâillement.

— Je crois qu'il est temps d'aller dormir, fit Harry. Owen, on se retrouve à quatorze heures au QG. Je me charge de prévenir Faucett qu'on a clos cette affaire.

— Entendu, fit Owen en bâillant à son tour. À plus tard.

Il salua le directeur et plongea dans les flammes. Harry appela son commandant en utilisant la cheminée, remercia une dernière fois Brocklehurst et cria le nom de sa maison dans le conduit.

*

Quand l'Auror émergea dans sa cuisine, Miffy était en train de passer un tablier, et Trotty mettait l'eau à chauffer pour le thé.

— Bonjour, leur dit-il.

— Bonjour, Monsieur Harry, répondirent les créatures. Monsieur Harry veut-il déjeuner ?

Monsieur Harry avait eu l'intention d'aller se coucher immédiatement, mais il ne parvenait plus à se souvenir de quand datait son dernier repas, et il jugea plus prudent de se remplir l'estomac avant de dormir.

— Oui, je veux bien une bonne tasse de thé et des œufs, accepta-t-il.

Il commençait à attaquer son déjeuner quand une voix s'éleva derrière lui.

— Tu es enfin rentré ?

Il se tourna pour voir Ginny arriver, bébé Lily dans les bras. La mère portait une robe de chambre légère sur sa chemise de nuit, mais la petite avait été habillée avec une minuscule robe sorcière et une culotte qui couvrait les langes.

— Les deux femmes de ma vie, commenta Harry.

— Tu as l'air épuisé, mon chéri, découvrit son épouse en se penchant pour l'embrasser.

— Tu manges avec moi ? proposa-t-il.

Elle lui sourit et s'installa sur la chaise à côté de la sienne.

— Ça va ? s'inquiéta-t-elle en le regardant plus attentivement.

— J'ai eu deux morts supplémentaires sur mon enquête, énuméra-t-il, et j'ai dû me colleter avec un objet de magie noire assez coriace. Mais sinon ça va !

— Je sais que tu es un héros et que tu as une image à entretenir, plaisanta Ginny, mais tu n'es pas obligé de faire tout ça avant le petit-déjeuner.

Il lui sourit à son tour, savourant le bonheur qu'il éprouvait à partager sa vie. Elle avait le don de dissiper ses tensions d'une phrase humoristique, tout en faisant comprendre par le ton de sa voix qu'elle prenait ses soucis au sérieux. Sortant du lit, elle était encore échevelée et ses yeux étaient gonflés de sommeil. Deux semaines après son accouchement, elle n'avait pas complètement retrouvé sa taille de jeune fille et, à l'entendre, elle avait pris quelques kilos après la venue d'Albus. Mais son mari ne s'en souciait guère : se laisser bercer par sa voix joyeuse, se perdre dans la couleur chocolat de ses yeux, être entouré par sa tendresse suffisait à son bonheur. Que sa taille soit moins marquée et son bassin plus lourd l'indifféraient.

Il termina son repas, effleura d'un baiser la tête duveteuse de son bébé puis les lèvres pulpeuses de son épouse et monta enfin se coucher.

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Chat avec J.K. Rowling, 30 juillet 2007

o [Harry] perd [la capacité de parler Fourchelangue], et il en est très content.


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