XXIX : Un gout de cendres

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Chronologie : 2 mai 1998 : Bataille de Poudlard

26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny

20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique

17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter

04 janvier 2006 : Naissance de Rose Weasley

14 juin 2006 : Naissance d'Albus Severus Potter

16 mai 2008 : Naissance de Lily Luna Potter

28 juin 2008 : Naissance de Hugo Weasley

Période couverte par le chapitre : 18 au 25 février 2009

Avant de rentrer chez lui ce soir-là, Harry décida de faire une visite qu'il avait remise à plus tard depuis plusieurs semaines, à cause des évènements. Ainsi, au lieu de prendre la cheminée qui l'aurait amené dans sa cuisine, il transplana devant le perron de la maison de son ancien formateur, Stanislas Pritchard.

Le sourire de l'épouse de son mentor quand elle lui ouvrit la porte lui fit mesurer à quel point sa venue était attendue. Dans le salon, Pritchard était en train de lire le journal à côté du tricot abandonné de sa femme. Il se leva précipitamment pour accueillir son protégé :

— Comment vas-tu Potter ?

— Ça va ! répondit machinalement Harry avant de corriger. Enfin, ça pourrait aller mieux.

— J'ai l'impression que ton enquête n'est pas de tout repos, compatit Pritchard en montrant son journal qu'il tenait toujours à la main.

— Pas vraiment, non.

Mrs Pritchard leur apporta un plateau avec des tasses de thé. Souvent, elle s'asseyait avec eux et participait à la conversation. Cette fois-ci cependant, sentant qu'ils avaient besoin de parler sans témoin, elle prit ses aiguilles à tricoter et sa pelote de laine avant de sortir en fermant la porte derrière elle.

Harry put ainsi résumer toute l'affaire à son mentor. Pritchard écouta avec attention, posant régulièrement des questions pour se faire préciser un point. Quand Harry eut fini, il prit sa pipe et commença à la bourrer avec soin – il avait pris l'habitude de fumer après avoir quitté le corps des Aurors.

— Tu sais que tu ne t'y prends pas mal du tout, finit-il par déclarer. C'est bien d'avoir pu comprendre le moyen utilisé pour allumer les feux et déterminer les points d'approvisionnement. Tu as même un début de description de la personne qui s'en charge.

— Jusqu'à maintenant, cela ne nous a pas tellement servi, soupira Harry. J'ai une quarantaine d'hommes qui sont aux basques de personnes qui n'ont sans doute rien à voir avec cette affaire.

— Tu as au moins réussi à empêcher une utilisation irresponsable des Fuseboums, plaisanta Pritchard en faisant allusion à l'intervention des policiers la semaine précédente.

Harry sourit nerveusement avant de continuer :

— Je n'ai même pas réussi à empêcher que les parents d'un camarade ne soient blessés.

— Ce n'est pas de ta faute s'ils n'ont pas protégé leur maison. La mienne l'est, tu sais, même si je ne suis pas sang-pur stricto sensu.

— Tu as des Moldus dans ton ascendance ? s'intéressa Harry.

— Ma mère est la fille d'un sorcier de première génération. Et que donne ton autre piste, celle d'une vengeance contre les familles de Mangemort ?

— Toutes les personnes attaquées sont effectivement liées de façon assez directe avec des Mangemorts réputés, c'est vrai, mais qui se vengerait de ce qui s'est passé durant la guerre ? Ça fait plus de dix ans, maintenant.

— N'as-tu jamais été tenté de venger tes parents quand tu t'es trouvé devant Tu-Sais-Qui ? C'était plus de dix ans après leur mort, non ?

— Si, bien entendu, mais c'est vite passé. J'avais des choses qui me paraissaient plus importantes à faire.

— Mais si tu n'avais rien eu à faire, justement ? Ne serais-tu pas resté dans ta colère et ta rancune ?

— Tu penses que ce serait le fils de victimes des Mangemorts qui aurait enfin l'âge de mettre ses projets à exécution ? Mais la personne dont nous avons récupéré la description n'est plus de première jeunesse.

— C'est peut-être un complice, suggéra Pritchard.

— Tu as raison, réalisa Harry. On a déjà commencé à établir la liste de toutes les familles partiellement décimées par les arrestations et les expéditions punitives. Je vais donner l'ordre de reprendre cette piste.

— Au moins, tu seras certain de n'avoir rien laissé de côté, l'encouragea Pritchard.

*

Dès le lendemain, Harry mit une équipe mixte d'Aurors et de policiers sur la recherche des familles ayant des morts à venger. Ce fut moins compliqué qu'il ne l'avait craint, car à la fin de la guerre, le ministère avait établi la liste des pertes civiles à déplorer et des familles endeuillées à assister.

Ils se focalisèrent sur ceux qui avaient laissé derrière eux des enfants atteignant maintenant l'âge adulte ou comportant des adultes qui auraient désormais l'âge apparent de l'homme triste. Cela leur laissa une cinquantaine de noms sur lesquels ils commencèrent à se renseigner.

Harry reprit la liste des personnes qui étaient actuellement sous surveillance. Il décida de rayer les acheteurs de polygonum qui en avait acquis de façon raisonnable compte tenu de leur profession. Il fit aussi le tri parmi les amateurs de Fuseboum, écartant les clients habituels de Ron et George. Il libéra ainsi un certain nombre d'enquêteurs.

Le lundi suivant, Augustin arriva visiblement soulagé. Sa mère allait nettement mieux et était sur le point de sortir de l'hôpital. Toute l'équipe se réjouit avec lui, et Harry mesura à quel point son jeune collègue était maintenant bien intégré parmi les Aurors.

Ils continuèrent leur morne travail : analyse des comptes rendus rédigés par les Aurors et policiers en planque, recherche des rescapés des familles endeuillées et enquête sur leur compte.

Ce ne fut que le mercredi, en fin de matinée, que le miroir de Harry vibra. La figure de Ron se découpa dans la glace lorsqu'il répondit :

— Il sort d'ici ! s'exclama son ami. Le mec aux yeux tristes. Il a racheté deux boîtes d'Halloween !

— Vous lui avez collé un traceur ?

— Oui, oui ! Éloïse a été impeccable. Elle a utilisé le numéro 7.

— Parfait, on prend le relais. Merci Ron.

Tous les membres de l'équipe rapprochée de Harry étaient installés autour de la grande table qui avait été aménagée au QG des Aurors. Leurs regards étaient brillants d'anticipation.

— On y va tous, décida Harry. On ne sait pas ce qu'on va trouver au bout, alors autant être en force.

Il fourragea dans la boîte des portoloins pour repérer le jumeau de celui qui avait été fixé sur le paquet de Fuseboums et en prit un autre, pas encore utilisé.

— Ils sont trop petits pour qu'on puisse se mettre tous ensemble sur le même, exposa Harry quand ils se rassemblèrent autour de lui. Je pars avec Owen, Janice et Augustin.

Il tendit une des parties du second portoloin jumeau à Wellbeloved en précisant :

— Je garde le traceur correspondant sur moi. Active-le dans trente secondes pour me rejoindre avec les autres.

— Compris.

Harry tendit son portoloin devant lui pour que ceux qui l'accompagnaient puissent le saisir. Quand il fut certain que tout le monde était en place, il activa l'objet.

Il sentit la traction habituelle au niveau de son nombril, puis la secousse de l'arrivée. Baguette au clair, il tenta de s'orienter le plus vite possible.

— Putain, on est chez les Moldus ! s'exclama Janice à ses côtés.

— Transformez vos vêtements ! ordonna Harry en joignant le geste à la parole.

Il regarda fébrilement autour de lui pour vérifier que personne ne les avait vus surgir du néant. Une femme se tenait à quelques mètres d'eux, les yeux écarquillés, son panier à provisions tombé à terre. Harry lui lança un sort de Confusion et fit signe à sa troupe de se rassembler dans un recoin pour sortir de son champ de vision.

Par chance, ils avaient atterri dans une rue peu passante et personne d'autre n'était en vue. Des voitures empruntaient la voie, mais toutes avaient continué leur route, comme si rien d'inhabituel ne s'était passé.

— Les autres vont arriver, rappela Harry. Restons vigilants.

Effectivement, le groupe de Wellbeloved, composé d'Angelina, Primrose, Michael et du capitaine Thruston surgit à trente mètres d'eux, heureusement derrière la pauvre femme qui rassemblait d'une main tremblante les oranges échappées de son panier.

Les nouveaux arrivés eurent un moment de panique en découvrant leur environnement puis se dépêchèrent de s'occuper de leurs vêtements, avec plus ou moins de bonheur en fonction de leur familiarité avec les Moldus.

Le temps qu'un homme en costume et muni d'un attaché-case emprunte la chaussée, tous s'étaient rendus présentables. Le Moldu jeta un regard intrigué au groupe hétéroclite qu'ils formaient, mais se contenta de presser le pas. À son tour, la ménagère continua son chemin d'une démarche hésitante.

Harry les héla discrètement pour qu'ils le rejoignent.

— Prim, ta tenue est vraiment voyante, chuchota Janice à sa collègue qui s'était affublée d'une combinaison de ski bleu pervenche.

— Quoi, ce n'est pas moldu ? grogna l'Auror pendant que Janice lui modifiait son vêtement de façon plus conforme.

Angelina, sans mot dire, transforma la houppelande de son coéquipier en imperméable Burberry, et Harry aida Thruston, dont le costume de golf était un peu léger pour la saison, à invoquer un manteau.

— Bon et maintenant ? demanda Michael après avoir attendu qu'un enfant en uniforme d'écolier et avec un cartable sur le dos ait dépassé le coin où ils se tenaient.

Harry regarda la rangée de maisons jumelles décrépites qui se dressaient des deux côtés de la chaussée.

— Je ne sais pas où on est, mais on n'est manifestement pas à côté du Chemin de Traverse, raisonna Harry. Il a dû transplaner, donc c'est un sorcier. Ça m'étonnerait qu'il n'utilise jamais de sorts chez lui. On n'a qu'à vérifier les signatures magiques de chaque maison.

— Rien ne dit qu'il habite ici, nota Augustin.

— Il doit toujours avoir le traceur avec lui. On le retrouvera même s'il a déjà quitté les lieux, le rassura Harry. Mais il y a quand même de grandes chances qu'il soit allé directement là où il avait l'intention de se rendre. Allez, mettez-vous discrètement au boulot.

Il les déploya sur les deux trottoirs et ils entreprirent de lancer des Prehendo Magiam sur les habitations des alentours. Il ne fallut pas dix minutes pour que l'équipe Primrose, Michael et Thruston ne perçoive une lueur caractéristique en retour. Michael siffla et tous les autres convergèrent vers eux.

— On encercle la maison et on pose un anti-transplanage, ordonna Harry. Grouillez-vous avant qu'on ne soit repéré par lui ou un voisin. Manquerait plus que la police moldue entre dans la danse.

Ils sautèrent par-dessus les barrières mal entretenues qui protégeaient les passages entre les maisons et furent rapidement en place. D'un nouveau coup de sifflet, Harry donna le signal et ils lancèrent le sort. Harry conjura une casquette qu'il rabattit sur son front pour ne pas être reconnu tout de suite, et choisit Janice pour venir sonner à la porte avec lui.

Il y eut un bruit de pas traînants puis un silence pendant que la personne les examinait sans doute à travers l'œilleton qui se trouvait sous le heurtoir.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda une voix masculine.

— Service de l'hygiène, improvisa Harry. On nous a signalé des rats et on inspecte la rue. Nous avons l'impression que vous en avez un nid chez vous.

— Je n'ai pas vu de rats, affirma l'homme.

— Normal, ça sort la nuit, répliqua Janice avec aplomb.

— Nous allons juste vérifier que vous n'avez pas de trous dans le mur, Monsieur, reprit Harry. On est envoyés par le service de la ville, ajouta-t-il en tirant une lettre de sa poche, veillant à n'en montrer que le côté écrit, car sur l'autre s'étalait le dessin qu'Albus lui avait donné le matin avant qu'il ne parte de chez lui.

Un verrou fut tiré puis la porte s'entrouvrit. Janice poussa brusquement le battant, et Harry leva la baguette qu'il avait tenue cachée dans les plis de ses vêtements pour lancer un Stupéfix. Avant de prononcer le sort, il eut le temps de reconnaître dans la personne qui se tenait devant lui l'homme triste qui avait été décrit par les commerçants.

Les deux Aurors se dépêchèrent d'entrer pour ne plus être visibles de la rue. Laissant leur victime sur le sol, ils lancèrent des Hominum Revelio pour vérifier qu'il n'y avait personne d'autre dans la maison, puis firent rentrer leurs collègues. Pendant qu'ils entreprenaient de fouiller les lieux, Harry et Janice traînèrent leur proie sur le canapé, lui passèrent les menottes magiques et attendirent que le sort s'annule de lui-même.

— J'ai retrouvé les Fuseboums, clama Angelina de la cuisine.

— Et moi le polygonum, se réjouit Owen.

L'homme se mit à s'agiter et Harry lui demanda :

— Comment vous appelez-vous ?

— Wilhelm Wigworthy, dit l'autre d'une voix effrayée.

Harry et Janice se regardèrent. C'était une des familles saccagées par la guerre qu'ils avaient repérées.

— Vous n'êtes pas à Ste-Mangouste ? s'étonna Augustin qui avait suivi cette partie de l'enquête de près.

— J'en suis sorti il y a six mois.

Ce qui explique le délai avant de mettre en œuvre sa vengeance, songea Harry. Bravo Pritchard.

— Qui êtes-vous ? lui retourna Wigworthy. Vous ressemblez à Harry Potter.

— Je suis Harry Potter. Je vous arrête pour meurtre, blessures volontaires et incendies criminels.

— Vous ne pouvez pas faire ça ! Les Mangemorts ont soutenu celui qui a tué vos parents. Vous ne pouvez pas les défendre ! Vous les détestez !

— Pas au point de massacrer leurs familles, le contredit Harry. Qui vous a aidé ?

— Vous ne pouvez pas m'arrêter ! s'obstina l'homme.

— Qui vous a aidé ?

Le suspect se replia sur lui-même et se mit à geindre :

— À qui j'aurais pu le demander ? Je n'ai plus personne, maintenant. Je suis seul, seul, seul...

Ils ne purent tirer de lui davantage. Harry et Owen le ramenèrent au QG tandis que les autres terminaient de passer la maison au peigne fin. Wigworthy refusa un avocat et se mura dans le silence.

Harry prit enfin le temps d'appeler Ron qui avait sans doute tenté de le joindre, car son miroir avait vibré plusieurs fois durant les deux dernières heures. Harry, trop occupé, n'y avait pas répondu.

— Alors ? demanda le maître de guilde.

— Ce n'est pas encore officiel, mais on a bien avancé grâce à vous ! lui apprit Harry.

— Vous les avez arrêtés ?

— Je ne peux pas t'en dire plus.

— Au moins, George et Éloïse pourront récupérer des confidences sur l'oreiller, les veinards, grogna Ron.

— Ce sera pour une autre fois, mon chou, fit Harry en clignant de l'œil.

— Harry, sans tes sourcils, ça fait plus peur qu'autre chose.

— Ce n'est pas ce que dit ta sœur !

Il referma son miroir sans attendre la réponse de son beau-frère préféré.

*

Vers six heures du soir, l'équipe de Harry se retrouva avec Faucett et Kingsley Shacklebolt dans une grande salle, sans doute celle où les chefs de département se réunissaient chaque semaine. Chacun donna les éléments qu'il avait rassemblés :

— Il s'appelle Wilhelm Wigworthy, commença Augustin. Il était marié à une Moldue et père d'un garçon de quatorze ans. Il a écrit le livre Vie domestique et habitudes sociales des Moldus britanniques qui est utilisé à Poudlard pour le cours d'Étude des Moldus.

Hermione l'avait possédé, se souvint Harry. Elle avait admis qu'il était plus proche de la vérité que ce que leur assénait le professeur qui, lui, n'avait manifestement jamais mis les pieds en dehors du monde sorcier.

— En octobre 1997, Caïn Selwyn et Pessimus Travers sont venus pour chercher sa femme et son fils qui ne s'étaient pas présentés au ministère, malgré la convocation qui leur avait été envoyée, poursuivit le jeune Auror. Leur fils a tenté de fuir, et a été abattu sous les yeux de ses parents, qui ont ensuite été arrêtés. Mrs Wigworthy est morte à Azkaban et Wilhelm était dans un tel état de faiblesse, lorsque la guerre s'est terminée, qu'il a été interné à Ste-Mangouste. Il est resté durant de longs mois catatonique et a été placé dans le service de pathologie des sortilèges. Quand on a fait l'enquête sur la famille, l'hôpital nous a indiqué qu'il était toujours chez eux. Du coup, on l'a écarté des suspects potentiels.

— Je suis repassé tout à l'heure à Ste-Mangouste et j'ai interrogé une des infirmières de ce service, éclaircit Thruston. Elle m'a confirmé qu'il avait été considéré comme rétabli car il parlait et raisonnait normalement. Ils n'avaient aucune raison de le garder et le guérisseur Hippocrate Dalemberg a signé son bon de sortie en juin dernier. On a regardé son dossier. Effectivement il manquait le papier, ce qui explique qu'on nous ait mal renseignés l'autre jour.

Wellbeloved prit le relais :

— On a retrouvé chez lui, non seulement les Fuseboums, mais aussi tous les ingrédients qui devaient y être ajoutés pour fabriquer la torche incendiaire. Il avait installé une sorte de laboratoire dans sa cuisine. On a pris des photos et fait des prélèvements pour des analyses plus poussées. Je pense que nous avons toutes les preuves nécessaires pour établir sa culpabilité, même s'il prend un avocat et tente de nous embobiner.

— Sa cheminée n'est pas connectée au réseau, continua Primrose. Nous n'avons pas vu de courrier, il n'a pas de miroir communicant ni de chouette, enfin rien qui puisse lui permettre de correspondre avec d'autres sorciers. Par contre, il avait sur sa table de nuit un carnet avec des informations sur toutes les familles touchées par les incendies, ainsi que d'autres auxquelles étaient sans doute destinés les Fuseboums achetés aujourd'hui. On a aussi trouvé des coupures de journaux relatant les procès de l'après-guerre et des livres de chimie moldue.

— Il n'a pas de téléphone non plus, précisa Angelina. Et j'ai inspecté sa boîte à lettres, elle est dégoûtante et ne semble pas avoir servi depuis longtemps. Il n'avait vraisemblablement pas de contacts du côté moldu.

— La famille de sa femme ? interrogea le ministre.

— Nous ne savons rien sur elle, reconnut Michael. Il semble que le ministère n'ait pas réussi à l'identifier quand le dossier sur les Wigworthy a été établi après la guerre. Il faut dire que le nom de jeune fille de Mrs Wigworthy est relativement répandu et, sans connaître la région d'où elle est originaire, elle n'est pas facile à retrouver. Mais nous allons essayer, ajouta-t-il précipitamment, se souvenant sans doute soudainement à qui il était en train de parler.

Kingsley hocha la tête et reporta son attention vers Harry, qui céda la parole à Janice.

— Nous sommes repassés chez les Sorciers Facétieux pour leur soumettre une photo de l'individu que nous avons arrêté. Smiley Guffy a immédiatement reconnu son client d'il y a trois mois et Mrs Harper celui de cet après-midi. Je suis aussi allée voir le vendeur de polygonum qui nous avait fait une description du bonhomme, et il a également été formel. Nous pouvons donc rajouter trois témoins oculaires à nos preuves matérielles.

— Pour ce qui est des incendies proprement dits, indiqua Owen, nous avons comparé l'empreinte de pas retrouvée sur le terrain de Mr Yaxley la semaine dernière avec les chaussures que Mr Wigworthy portait lors de son arrestation. C'est d'ailleurs sa seule paire. Tout correspond parfaitement. Les pièces ont été ajoutées au dossier.

Harry fit la synthèse de tout ce qui avait été exposé :

— Au moment de son arrestation, Wilhelm Wigworthy a avoué être le responsable des incendies et a déclaré avoir agi seul. Il avait un mobile et tous les ingrédients et connaissances nécessaires à l'accomplissement des crimes. Nous n'avons en outre retrouvé aucun élément indiquant qu'il aurait des liens avec d'autres personnes. Son carnet de notes tend à prouver qu'il a lui-même procédé aux recherches sur les victimes potentielles.

Harry marqua une courte pause avant de conclure :

— Sauf avis contraire du commandant Faucett, je considère l'enquête close et le dossier sera transmis au Magenmagot dès qu'il aura été mis en forme.

Le silence retomba dans la pièce. Ils attendaient le verdict du ministre. Harry se fit la réflexion qu'il paraissait encore plus fatigué et vieilli que le samedi où il était passé les voir, un mois auparavant.

Kingsley se racla la gorge et dit :

— Je vous remercie tous pour les efforts que vous avez fournis depuis cinq semaines. Je sais à quel point il est nerveusement épuisant d'être sur une enquête aussi compliquée et aussi sensible. Je vous félicite pour le travail accompli et pour les excellentes investigations que vous avez menées. Vous pouvez être fiers de vous.

— Je ne vois pas de quoi je pourrais être fier, riposta amèrement Harry. Je n'ai pas traité sérieusement l'incendie des Goyle et je suis parti sur une fausse piste pour celui de Malefoy. Quand on a eu les triples incendies, j'avais tous les éléments, mais je les ai laissés de côté pour me lancer dans des spéculations politiques erronées. Il a fallu que des commerçants me mâchent le boulot pour qu'on retrouve le criminel. Toute mon équipe a très bien travaillé, je leur en suis reconnaissant, mais j'ai très mal mené cette opération.

Wellbeloved soupira d'un air agacé, Janice leva les yeux au ciel, Angelina le contempla avec consternation. Thurston parut soudain gêné d'être là, Owen secoua la tête comme s'il n'en croyait pas ses oreilles et Augustin ouvrit la bouche de stupéfaction. Michael eut une sorte de hoquet et Primrose un petit sourire. Seuls Faucett et Shacklebolt demeurèrent impassibles, comme si la sortie de Harry ne les étonnait pas.

— Et si tu étais resté sur l'idée d'une vengeance contre les Mangemorts, demanda Faucett, penses-tu que ton enquête aurait été plus rapide ou qu'il y aurait eu moins d'incendies ?

— Il y a des chances.

— Mais non, opposa Janice. Même avec le nom du type, sa description et son mobile, on n'aurait pas pu le trouver puisqu'on n'avait pas son adresse.

— Il est rare que l'on connaisse vraiment les mobiles des criminels avant de les arrêter, souligna Kingsley. Le plus souvent, l'enquête et les témoignages permettent de les identifier et nous ne comprenons réellement de quoi il retourne que dans la salle d'interrogatoire.

— Donc c'est normal que je sois passé totalement à côté de cette affaire ? ironisa Harry.

— Tu as trouvé des indices sur les lieux du crime, tu les as analysés, tu as déterminé comment le criminel agissait et identifié où il devait se fournir. Tu as fait en sorte de pouvoir le coincer s'il revenait, rappela Faucett.

— Sans les portoloins liés... commença Harry.

— Très bonne remarque ! le coupa Shacklebolt. Qui a eu l'idée de ces portoloins spéciaux qui nous ont rendu un fier service ?

— Owen ! répondit Harry refusant d'entrer dans le jeu.

— On les a imaginés ensemble, mais tu étais le seul à y croire pour de bon, rappela Owen.

— Je t'ai dit que c'était trop compliqué à faire fabriquer, appuya Faucett. Et trois mois après, on les avait.

Harry secoua la tête et écarta les mains, incapable de trouver comment répliquer.

— Une enquête réussie est celle où on arrête le bon coupable, conclut Shacklebolt. Donc bravo à tous.

Saisissant que cela signifiait la fin de la réunion, les Aurors se levèrent et commencèrent à sortir. Quand Harry passa devant le ministre, Kingsley le retint par le bras. Il attendit que tout le monde ait quitté la pièce pour dire :

— Je comprends que tu ne te sentes pas victorieux. Il est vrai que tu n'as pas correctement interprété les faits alors que tu l'aurais pu. Mais par ailleurs, tu as mis en place des méthodes d'investigation efficaces et tu as consulté les bons experts. C'est pour cela qu'on te félicite.

— Mais... commença Harry sans pouvoir dire ce qui le rendait si mal à l'aise.

— Tu ne te sens pas fier d'avoir arrêté un pauvre type qui a déjà subi tant de deuils et de malheurs, dit doucement Kingsley. Mais tu sais que tu ne pouvais pas faire autrement, car on ne pouvait pas le laisser continuer à brûler des maisons. Certaines victoires laissent un goût de cendres.

Harry hocha la tête, heureux d'être compris.

— Pour vous, c'est mieux que si on avait arrêté des ultra-progressistes criminels, tenta-t-il de positiver.

— C'est moins mauvais, convint Shacklebolt. Mais je suis en train de me dire que trois mandats c'est une trop longue période pour le même homme au pouvoir.

— Vous allez abandonner ? s'effara Harry.

— Non, je ne peux pas laisser Higgs prendre cette place. Mais j'aurais dû former un successeur bien plus tôt. Je n'ai pas vu le temps passer. Enfin, demain sera un autre jour ! Je te laisse rejoindre ton équipe. Ne sois pas trop dur avec toi-même, conseilla-t-il. Personne ne s'attend à ce que tu sois parfait et infaillible.

— Je crois entendre parler Ginny, protesta Harry.

— Ça montre que tu as bien choisi ta femme.

— Oui, sans doute. Au revoir Kingsley.

Au QG, son équipe l'attendait autour de Faucett :

— Demain, l'arrestation paraîtra dans la presse, exposa le commandant. Il serait plus correct de prévenir dès ce soir ceux qui ont été victimes de l'incendiaire. Potter je te laisse organiser ça.

Harry envoya Michael Corner chez les Flint, Primrose chez les Avery, Richard Wellbeloved chez Selwyn, Janice chez les Rookwood, Angelina chez les McNair, Owen chez Yaxley, le capitaine Thruston chez les Goyle et Augustin chez ses parents. Il se garda la famille Malefoy.

*

En patientant devant la grille du jardin de Drago qui pivotait lentement sur ses gonds, il se dit qu'en tenant à annoncer lui-même l'arrestation de l'incendiaire au Serpentard, il faisait preuve d'une grande immaturité. Mais, comme avait remarqué Kingsley, on ne pouvait pas attendre à ce qu'il soit toujours parfait.

Il remonta l'allée et se retrouva devant Malefoy qui lui avait ouvert la porte de sa maison une serviette à la main. Une fois de plus, il arrivait à l'heure du repas – le dîner cette fois.

— Désolé de te déranger, dit-il poliment.

— Pas de problème. Tu as quelque chose à me dire ?

— Oui. Nous avons arrêté le pyromane.

Drago resta un moment silencieux, comme pour digérer l'information.

— Entre, se décida-t-il.

Harry hésita mais il y avait des nouvelles qu'on ne peut délivrer sur le pas d'une porte.

— Je t'amène à la cuisine, prévint Drago sans même faire semblant de s'excuser de le recevoir aussi cavalièrement.

Astoria Malefoy lui sourit quand il entra dans la pièce à la suite de son mari. Elle était en train de peler une pomme. Elle posa le fruit, s'essuya avec sa serviette et se leva pour l'accueillir.

— Ne bougez pas, la pria Harry. Je suis simplement passé vous dire que la personne qui a mis le feu à votre maison a été arrêtée aujourd'hui.

— Ah, c'est un soulagement ! s'exclama-t-elle. Mais asseyez-vous, je peux vous offrir quelque chose ?

— Je ne reste pas longtemps.

— Pourquoi a-t-il fait ça ? demanda Drago d'une voix brusque.

— Il a perdu les siens pendant la guerre, et a décidé de se venger sur les familles des Mangemorts.

Le regard d'Astoria alla vers son mari, mais Malefoy ne cilla pas, alors que son passé s'imposait de nouveau à lui.

— Ce n'était pas un groupe d'ultra-progressistes comme le laissaient entendre les journaux ? interrogea Drago.

— Non.

Harry n'avait pas du tout envie de commenter cette interprétation erronée.

— Vous êtes sûrs que c'est lui ? s'inquiéta Astoria.

— Il a avoué et on a retrouvé chez lui ce qu'il utilisait pour enflammer les maisons. Ainsi qu'un carnet où votre nom et votre adresse se trouvaient parmi ceux des autres victimes et d'autres familles associées aux Mangemorts.

— Dix ans après, murmura Astoria avec tristesse.

— Il est certaines cicatrices... commença Harry.

Il s'interrompit quand il vit le regard du couple monter à son front.

— Certaines blessures, reprit-il, qui ne se referment jamais.

Sans y prêter attention, il frotta sa manche, là où la marque de Nagini refusait de s'effacer. Quand il utilisait trop sa baguette magique durant les entraînements du samedi, il n'était pas rare que son bras ne le lance douloureusement.

— C'est une information officielle ? demanda encore Drago.

— Oui, il y aura sans doute une conférence de presse demain. Le temps de rassembler les derniers éléments.

— Merci de nous avoir prévenus à l'avance, dit Astoria.

Harry accepta ses remerciements d'un signe de tête et se leva.

— Je ne vous dérange pas plus longtemps.

— Je te raccompagne à la grille, dit Drago en se levant à son tour.

Alors qu'ils parcouraient l'allée à la lueur de la lune, Harry se demanda si son hôte voulait lui dire quelque chose, mais Malefoy ne fit pas mine de parler. Peut-être avait-il tout simplement besoin de marcher pour assimiler ce qu'il venait d'apprendre.

Harry regarda subrepticement vers le Serpentard et remarqua une fine cicatrice rosée qui lui barrait le visage. Elle était à peine perceptible, et il fallait une lumière rasante pour l'apercevoir.

— Un problème, Potter ? demanda Drago d'une voix légèrement agressive, sans doute mis mal à l'aise par le regard insistant de Harry.

— Non...

Harry hésita, mais trouva important de faire cette confidence :

— Le sort que je t'ai lancé dans les toilettes de Mimi geignarde, le Sectumsempra, eh bien... je ne savais pas ce qu'il faisait.

Il fallut quelques secondes à Drago pour comprendre de quoi l'Auror parlait.

— Tu veux dire que j'ai failli crever parce que tu as été assez idiot pour balancer sur quelqu'un un sortilège dont tu ne connaissais pas les effets ? demanda-t-il d'une voix traînante qui rappela de mauvais souvenirs à Harry.

— Tu étais toi-même en train de me jeter un maléfice, se défendit l'Auror.

Malefoy ne répondit pas tout de suite, signe que la réplique de Harry avait fait mouche. Il finit tout de même par dire d'un ton ironique :

— J'espère que tu as appris à frapper avant d'entrer dans les toilettes des dames.

Ils échangèrent un petit sourire crispé avant de détourner la tête, aussi gênés que surpris par cet instant de complicité.

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Wilhelm Wigworthy : Auteur de Vie domestique et habitudes sociales des Moldus britanniques (Le prisonnier d'Azkaban).

Caïn Sewyn et Pessimus Travers : Sewyn et Travers sont les deux mangemorts qui sont venus chez Xenophilius Lovegood dans le tome 7 pour chercher Harry. Je leur ai inventé des prénoms. Caïn est un cousin de celui qui a lancé le mouvement MQT.

Hippocrate Dalemberg : Magicomage inventé par Melusine2 dans Esprit de famille.

Alors, voilà, comme vous le voyez, rien de transcendant. La piste avait déjà été évoquée, puis abandonnée à cause d'éléments nouveaux. Je sais que l'art de faire des romans policiers c'est surprendre le lecteur, mais dans la vraie vie, les indices sont souvent trouvés très vite, juste noyés dans le reste.


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